Maufra, c'est pas mal de peintures qui puisqu'il a une cote péremptoire, ont une cote, sinon elles rejoindraient le lot des croutes qu'on entasse dans des rebuts sans nom, ni étiquettes.
Bon d'abord il avait les faveurs de Gauguin qui l'a désigné de sa plume comme un précurseur. Et à mon sens une parole de Gauguin envers un pair ça vaut brevet.
Il me fait penser à ces joueurs de golf qui sont capables dans les grands rendez-vous de hisser leur niveau de jeu en allant puiser dans je ne sais quelle force insoupçonnée, mystérieuse qu'ils ont en eux. Dans ce tiers restant de toiles "valables", - il a beaucoup peint le cher homme - on va dire en gros, on y trouve des bijoux, des pépites, des joyaux qui forcent l'admiration. Et alors il y a tout ce secteur où Maufra est allé peindre sur le motif en Ecosse, ébloui par ces verts même moutarde, enrichis de verts rembrandt, ces bleus marine où la ligne est magique, généralement versée dans le côtier écossais en surplomb ou à mi-hauteur, magnifique par son découpage, sur les lochs nombreux vers Glen Coe, ces échancrures insolites qui vont ainsi jusqu'à la mer.
Je connais un peintre irlandais un peu dans cette veine, je veux parler de
Paul Henry, plus proche toutefois des paysages façonnés par la main de l'homme, je veux dire où il y a maison, champ cultivé au pied de la montagne. Je reviendrai ici, un jour, sur
Paul Henry que j'ai aimé il fut un temps quand j'allais trainer mes guêtres vers le Connemara : je ne vais pas vous faire une chanson !
Cette série de gouaches écossaises, de fusains exécutés en 1895 rehaussés d'aquarelle dans la région sublime de Glen Coe montre tout le potentiel moderniste du peintre, il ne se lasse pas de ces paysages aux ciels immenses et aux reliefs tourmentés adoucis, si je puis dire, par ces verts de pré-montagnes tondues par les moutons qu'on ne voit pas mais que l'on devine. A ma connaissance, cette oeuvre a comme un parfum d'inachevé, non pas chez l'artiste qui a globalement écumé la région, mais pour moi cette veine là est un peu restée en plan et aurait mérité une émulation comme une ancienne mine d'or réactivée par d'autres.
Alors qu'est-ce qui sauve Maufra finalement qui reste bien à flots dans l'histoire de l'art moderne, pour moi ce que je viens de dire et deuxio d'avoir accroché tout son barda au bon wagon de l'école de Pont Aven qui semble scellée dans le marbre pour l'éternité. Un avis tout de même aux conservateurs de musée, organisateurs d'expos, pensez un peu plus à
Maxime Maufra né à Nantes en 1861 et mort dans la Sarthe 58 ans plus tard terrassé par une crise cardiaque après avoir planté son chevalet dans un site qui avait sa préférence, où il se sentait bien, loin du tumulte de la ville. Oui elle est belle la Sarthe aussi !
Particularité : j'ai du mal à me faire à l'idée que
Maxime Maufra soit né en 1861, il me semble être plutôt 20 e, mais ce n'est qu'une impression que me laisse cet impressionniste qui va à la fois le rester et sûrement baigner dans des temps futurs.
Autre particularité. Maufra l'a dit lui-même, les ciels écossais sont immenses, je l'ai vérifié aussi. C'est peut-être parce qu'ils sont bas et chargés ! PG 9 07 2023