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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Bohème des années 30 à Paris, dans un Montmartre à cent lieues de la carte postale.
Joey/Henry et son comparse Carl, apprentis écrivains, multiplient les rencontres plus ou moins louches, les arnaques mesquines en manquant le plus souvent du minimum vital : un estomac plein.

Ecrire, créer, oui, plutôt moins que plus, plus tard peut-être. Il faut dire que les femmes occupent le plus clair de leur temps. Elles défilent, et même si parfois mal traitées par ces jeunes mufles qui font leurs armes, elles sont plutôt vivantes, superbes, pathétiques : Mara, Colette ou Nys entre autres…

On l'imagine on est pas chez Martine (ou alors un rêve sale: « Martine déambule Place Clichy »), mais chez Miller, alors oui c'est plutôt vert, plutôt cru, mais avec du style, un style vif et mordant.
Possible que la patine du temps nous fasse apparaitre pittoresque ce qu'aujourd'hui on nommerait misère sociale et nous masque ce que ces chroniques peuvent avoir de sordide.

Et pourtant, cette jeunesse exilée volontaire dans les bas-fonds parisiens possède un élan vital qui emporte le morceau. Ces perpétuels affamés semblent surtout assoiffés d'un absolu, à la poursuite d'un rêve hédoniste. In extremis la plume de Miller, des années plus tard, se teinte de nostalgie.
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Jours tranquilles à Clichy ? Heu .... pas si tranquilles en vérité !
2 potes, l'un américain,l'autre tchèque, tous deux écrivains et fauchés, vivent d'amour et d'eau fraîche, non en fait de sexe et d'alcool, ce qui est beaucoup plus excitant.
C'est la vie au jour le jour, sans projets, en perpétuelle errance, en quête incessante de bonnes fortunes féminines dans la fréquentation des bas fonds. Les rencontres ce sont des putains, des filles un peu frappadingues ou complètement paumées. Certes, il n'y a pas une once d'amour ici, et parfois même une certaine cruauté, mais aussi de la tendresse et de l'empathie.
Les scènes de sexe, contées crûment et sans fioritures, n'en sont pas vulgaires pour autant.
Henry Miller sait écrire, c'est d'une évidence criante, on le lit, non on le boit comme du petit lait, c'est dire !
Son style sonne percutant, incisif et plein d'humour et je ne puis résister à l'envie de vous en livrer quelques exemples :
"C'était un endroit tranquille, replet, qui se vautrait dans la musique allemande ; le visage de ses habitants portait l'estampille d'une espèce de béatitude bovine."

"On resta trois jours au Luxembourg, mangeant et buvant tout notre soûl, écoutant les excellents orchestres allemands, observant la vie terne et tranquille d'un peuple qui n'a aucune raison d'exister, et qui en réalité n'existe pas, sinon sur le mode des vaches et des moutons."

"On passa toute une journée dans la vallée des moines, le Pfaffenthal. Une paix de mille ans paraissait régner sur ce vallon somnolent. On aurait dit un couloir que Dieu avait tracé avec son petit doigt pour rappeler aux hommes que, lorsque leur insatiable soif de sang serait apaisée et qu'ils seraient las du combat, ils trouveraient ici la paix et le repos."

Il n'y a pas que du sexe dans ce court récit, n'est-ce pas ?
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Lecture ébouriffée, comme au sortir d'une nuit agitée, que celle de Jours tranquilles à Clichy !
Ce n'est pas voyeur ni obsédé ni ricanant : c'est une fresque sombre d'un petit paradis qui ne brillerait pas. L'évasion des prisons de la misère par le souillement des corps et la multiplication des expériences, voilà le parti pris de Henry Miller. Et tout y passe : les michetonneuses qui se révèlent sur le tard (et l'oreiller), les prostituées, les tout jeunes nubiles de quatorze ans insatiables, les femmes croisées dans les restaurants, la rue, les dédales...
Curieusement, malgré des scènes de sexe assez crues, on n'en ressort pas émoustillé, plutôt en demi-teinte : le sexe, sous toutes les coutures les plus sordides, ne serait-il qu'un passe-temps joué par des mufles et des dupes ? Ou ne serait-il pas la dernière joie parmi les innombrables cruautés que jette la pauvreté sur le paletot de ces forçats dilettantes ?
Un joli pied de nez aux pudibonds et à la bourgeoisie, un bras d'honneur aux puritains et aux épargnants, une langue tirée qui rapproche Miller de Céline et Bukowski plutôt que des pourtant fort parisiens Hemingway et Fitzgerald.
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Dans "Jours tranquilles à Clichy" les gens entrent dans la vie d'Henry Miller, au hasard, et cela donne un ton au récit de sa vie de bohème à Clichy quand il est venu en France dans les années 1930.
Le plus dévergondé des américains vivant en France, même s'il est dans un délire exhibitionniste sait rester excitant sans être vulgaire. C'est sans doute pour ça qu'il est un auteur culte.
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Joe, un écrivain Américain, vit sans le sou à Clichy dans une chambre sordide avec son ami Carl. Ils ramènent souvent des filles rencontrées dans la rue ou les bars dans lesquels ils traînent leurs guêtres et leur misère.
Le roman développe en dernière partie l'histoire de Mara-Marignan (nom du bar où il l'a rencontrée), une prostituée que le narrateur refuse de connaître charnellement par pitié ou par amour.
Largement autobiographique, Miller analyse le sentiment amoureux par le versant charnel. A l'esprit sans complexe de Carl, épicurien qui vit au jour le jour, s' oppose celui du narrateur qui analyse plus les situations et leurs conséquences. La femme apparaît alors comme la rappeleuse d'heures amoureuses. Ainsi le portrait de Mara s'imprime en filigrane sur celui de Christine, une danoise qu'il a connue et aimée. L'amour de la femme pour Miller a toujours un côté sombre (la nostalgie) et joyeux (l'aspect charnel). Ainsi les parties fines avec Carl où se mêlent le vin et les femmes sont de purs moments de félicité.
Il y a un motif répétitif dans ce livre; on a l'impression qu'il a été écrit rapidement. Or l'art de Miller est justement de rendre ce sentiment de l'urgence de la vie et de ses plaisirs, et les ralentis, les histoires plus développées s'étendent comme les langueurs des amants désunis.
On pourrait résumer en disant qu'on trouve dans cette trivialité toute célinienne, une beauté baudelairienne.
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Je n'ai pas un goût prononcé pour H. Miller ; c'est sans doute dû à la trivialité ou à la crudité (pour ne pas dire cruauté) de sa plume, surtout lorsqu'il est question des femmes.
Anaïs Nin fustigeait son besoin irrépressible de fréquenter des putains, (puis il lui revenait...).
Toutefois, dans cet opus où, inévitablement, il s'adonne avec son compère de misère ou de dèche à toute sorte de turpitudes avec des prostituées ou de pauvres femmes de passage, il est capable de trouver des accents pathétiques, tragiques ou mélancoliques, (parfois poétiques, s'agissant de Nys ou de Mara, par exemple) pour parler de la misère affective et matérielle de toutes celles qu'il a croisées dans ce Paris sordide des années 30 qu'il a beaucoup aimé...

Pat
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Je poursuis mon exploration de la littérature érotique avec un auteur devenu un classique du genre : Henry Miller. Dans cette édition, Jours tranquilles à Clichy est suivi d'un second texte encore plus court, Mara-Marignan.

Autant vous le dire tout de suite, c'est bien Jours tranquilles à Clichy qui est le texte le plus intéressant des deux. On y découvre un avatar de Miller, Joey, qui raconte ses rencontres et ébats sexuels avec une plus directe et crue certes, mais il nous fait aussi vivre revivre le Montmarte de cette époque à travers l'évocation de cafés, cabarets, ruelles où les femmes le troublent. On oscille alors entre une certaine délicatesse, une sorte de poésie dans les descriptions de la ville, et un langage cru, direct, sans hésitations dès qu'il s'agit de parler de sexe.

J'ai lu ici ou là des critiques quant à l'égoïsme de Miller dans le récit e ses ébats. Je pense qu'il ne faut pas perdre de vue que ce texte a été écrit en 1940, retravaillé et publié en 56, et le tout par un homme. Il ne faut pas oublier non plus que l'objectif premier des deux hommes au coeur de ces deux récits est le plaisir et la jouissance. Dès lors, il ne me semble pas choquant de lire Miller, de le voir tomber sous le charme de tant de femmes et d'en profiter. S'offusquerait-on de la même manière s'il s'agissait d'une femme racontait comment elle aime les "hommes objets" ? J'attends de voir...

Dans tous les cas, Jours tranquilles à Clichy a le mérite d'allier érotisme, voire pornographie, et qualité littéraire. Reste toujours à voir si les auteurs contemporains de ce type de littérature sont capables de faire de même !
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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Dans ce roman de Henry Miller nous suivons l'aventure de Joey et Carl, l'un américain ressemblant fortement à Miller lui-même et un tchèque. Ces deux hommes sont des écrivains fauchés dans un Paris d'avant-guerre. Ils cherchent l'inspiration pour écrire mais ne trouvent que des femmes. Elles défilent les unes après les autres, souvent pas traitées comme elles le mériteraient. le style de Miller est cru, les scènes de sexes sont assez explicites mais en restant loin de ce qu'est l'érotisme ou la pornographie. Un petit roman étonnant et percutant à lire à n'importe quelle occasion!
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Un roman sur la vie de bohème court et facile à lire un langage parfois cru mais sans abuser de vulgarité. L'atmosphère fait penser à chacun fait ce qui lui plaît de chagrin d'amour. Deux artistes pauvres parfois désoeuvrés qui vivent un hédonisme mélancolique.
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