Jours tranquilles à Clichy ? Heu .... pas si tranquilles en vérité !
2 potes, l'un américain,l'autre tchèque, tous deux écrivains et fauchés, vivent d'amour et d'eau fraîche, non en fait de sexe et d'alcool, ce qui est beaucoup plus excitant.
C'est la vie au jour le jour, sans projets, en perpétuelle errance, en quête incessante de bonnes fortunes féminines dans la fréquentation des bas fonds. Les rencontres ce sont des putains, des filles un peu frappadingues ou complètement paumées. Certes, il n'y a pas une once d'amour ici, et parfois même une certaine cruauté, mais aussi de la tendresse et de l'empathie.
Les scènes de sexe, contées crûment et sans fioritures, n'en sont pas vulgaires pour autant.
Henry Miller sait écrire, c'est d'une évidence criante, on le lit, non on le boit comme du petit lait, c'est dire !
Son style sonne percutant, incisif et plein d'humour et je ne puis résister à l'envie de vous en livrer quelques exemples :
"C'était un endroit tranquille, replet, qui se vautrait dans la musique allemande ; le visage de ses habitants portait l'estampille d'une espèce de béatitude bovine."
"On resta trois jours au Luxembourg, mangeant et buvant tout notre soûl, écoutant les excellents orchestres allemands, observant la vie terne et tranquille d'un peuple qui n'a aucune raison d'exister, et qui en réalité n'existe pas, sinon sur le mode des vaches et des moutons."
"On passa toute une journée dans la vallée des moines, le Pfaffenthal. Une paix de mille ans paraissait régner sur ce vallon somnolent. On aurait dit un couloir que Dieu avait tracé avec son petit doigt pour rappeler aux hommes que, lorsque leur insatiable soif de sang serait apaisée et qu'ils seraient las du combat, ils trouveraient ici la paix et le repos."
Il n'y a pas que du sexe dans ce court récit, n'est-ce pas ?