Il s'agit d'un roman que j'ai lu très vite, parce que sa structure a cette perfection : à aucun moment je ne me suis ennuyée. La scène d'exposition est plutôt courte : Romain arrive dans son village natal, on comprend assez bien d'où il vient, où il en est, il a des nouvelles du « gang », on sait où ils en sont eux aussi. C'est clair, net. L'élément perturbateur arrive assez rapidement ; on est plongés dans ce problème au bout de quelques pages. Les péripéties commencent d'une manière que j'apprécie beaucoup : l'auteur alterne passé et présent, petit micmac temporel très bien senti qui permet de mieux appréhender le présent grâce au passé. le dénouement m'a plu aussi, il est satisfaisant, propre ; le livre se termine sur un chapitre du passé, laissant en suspens ce que le livre parvient à résoudre. J'ai trouvé ça très intéressant. Niveau structure, rythme, on peut dire que
Benoît Minville m'a convaincue.
Juste avant
Rural Noir, j'avais lu
le Coeur du Pélican de
Cécile Coulon. Je suis actuellement passée de tout à rien. Je vous avais dit que j'avais sauté quelques passages dans ma précédente lecture ; ici, j'ai eu l'impression qu'il me manquait beaucoup de détails, beaucoup. Par exemple, au début du roman, Romain vient de retrouver son frère Chris. Ce dernier lui annonce que Julie, sa compagne, devrait rentrer sans tarder. Et là, sans crier gare, Julie est dans la pièce. Mais qu'a-t-on fait du crissement des pneus de sa voiture ? Et la manière machinale de pousser la porte d'entrée ? Et le regard qui passe de fatigué à surpris ? Julie n'a pas vu Romain depuis dix ans ! J'avoue que j'aurais apprécié des retrouvailles un peu plus marquées… Et tout au long du roman, j'ai eu ce problème. Parfois, je ne comprenais pas vraiment comment les personnages étaient arrivés là, j'ai trouvé que l'auteur faisait pas mal de raccourcis. Ensuite, j'ai trouvé également que les personnages étaient très cohérents dans l'ensemble, mais que les femmes manquaient de consistance. En tant que bonne vieille féministe, je déplore le fait qu'elles ne soient que des sortes de « mamans » (elles sont protectrices, douces, savent comment calmer les hommes) et des victimes (oui, toutes !). Un peu de profondeur, que diable ! Les hommes, eux, sont assez caricaturaux aussi : bagarreurs, colériques, aventuriers, Chris coupe du bois à la hache dans la forêt, emmitouflé dans sa barbe (!). Enfin, dernier problème qui n'en est pas vraiment un, c'est plus une question de goût réellement, je ne suis pas fan de la thématique qui revient. Quand Romain découvre que Vlad a été roué de coups, il s'intéresse un peu à ce qu'il a fait en dix ans… Et on glisse sur les magouilles de Vlad, à la tête d'un trafic. Et franchement, toutes les histoires qui tournent autour de la drogue et des armes ont tendance à vite me gonfler (mais ce n'est qu'une partie de l'histoire, donc je nuancerai quand même).
En bref.
Rural Noir est un roman ultra fluide, avec une intrigue intéressante et bien menée du début à la fin, que les sauts dans le temps éclairent positivement. J'ai ressenti une vraie cohérence chez ses personnages, mais je regrette qu'ils ne soient pas un peu plus complexes, surtout les femmes. Les détails me manquent pas mal malgré le rythme qui en ressort plutôt soutenu.
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