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3,96

sur 812 notes
C'est le roman qui a révélé le talent de Mishima. On y suit le parcours des vingt premières années de vie d'un héros qui ressemble comme un frère à l'auteur. L'écriture en est à la fois limpide et affectée, les termes et les temps utilisés sont variés, mais le tout révèle une grande maitrise et, pour le dire, un énorme talent.

Avant, pendant et après la guerre, nous suivons les tourments du héros qui cherche comment vivre sa particularité, c'est à dire, clairement, son homosexualité. Pas de revendications ou de plaidoyer dans cet ouvrage, seulement la description d'un jeune homme qui, épouvanté et fasciné à la fois par ses désirs intimes, en vient à se construire un masque de normalité afin de tenter de vivre. On y suit, dès l'enfance, puis à l'adolescence, les efforts désespérés du héros pour nier, puis contrer la nature de ses désirs. Un homme qui veut passionnément aimer les femmes, et se désespère de voir que ces dernières n'éveillent en lui aucun désir, alors que les jeunes garçons font flamboyer son imagination…

La rencontre avec la soeur d'un ami, la belle Sonoko, va lui permettre de se fondre dans le masque qu'il s'est construit, d'en affecter en être la représentation, mais cette illusion, cette méprise où s'entremêlent une simple amitié, la volonté de séduire, le désir ardent de la normalité et l'amour sincère de la jeune femme à son égard le conduira à l'inéluctable dénouement où tombera le masque.

C'est un joli roman sur le thème de la difficulté à assumer son identité. Certes, le Japon des années 40 et 50 est un milieu particulier, mais les difficultés du héros restent d'actualité.

Ce roman n'a rien d'une oeuvre militante, d'une plaidoirie : c'est avant tout une oeuvre littéraire, un roman qui raconte magnifiquement l'histoire d'un homme qui essaye de se construire et de se comprendre. Toutefois, c'est peut-être aussi une lecture classique à conseiller à ceux qui pensent encore que l'homosexualité résulte d'un simple choix conscient ou l'assimilent à une maladie : cette « confession » leur apportera un cinglant démenti.

Lien : https://litteraturedusoleill..
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Désireux d'élargir mon horizon littéraire, je me suis décidé pour un des romans de Mishima dont j'ai pu lire différentes critiques positives dans des revues.

Confessions d'un masque était donc pour moi une totale découverte. En refermant ce roman, je suis plutôt dubitatif sur l'histoire que je viens de lire. Je n'ai pas particulièrement été sensible à ce roman autobiographique où les introspections de ce héros m'ont plutôt dérouté, voire gêné dans les pulsions de morts exprimées.

Même si la sincérité de l'auteur et la volonté d'être le plus honnête possible avec le lecteur sont patentes, il n'en demeure pas moins que l'évolution des sentiments décrite m'a ennuyé, le style poétique était, à certains passages, aussi insondable que les délires pulsionnels de cet adolescent.

J'ai également été assez surpris de la faible place du conflit mondial dans la jeunesse de cet écrivain qui n'a cessé de placer son orientation sexuelle comme prisme d'entrée de tous les autres aspects de sa vie.

Je ressors donc assez circonspect de cette lecture qui ne m'a pas fait voyager autant que j'aurais pu l'espérer.
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Yukio Mishima, qui a connu une fin tragique en se suicidant en public en 1970, livre ici un récit largement autobiographique.
Il décrit son parcours en tant qu'homosexuel au Japon, de ses premiers émois sensuels jusqu'à l'acceptation totale de son orientation sexuelle.
Un parcours semé de peur et d'incertitudes.

Le langage est charnel et rude, rendant la lecture parfois ardue. L'influence de l'ero guro ( mouvement artistique japonais liant érotisme et macabre) est bien présente et donne une vraie profondeur psychologique au roman.

J'ai été profondément touchée par ce témoignage. Cette lecture confirme à mes yeux l'importance de cet auteur dans la littérature japonaise.

Un roman pour les lecteurs aventureux et qui aiment être bousculés par leurs lectures 💪
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Cela n'est jamais évident d'écrire une critique sur un livre qui touche ainsi.
Le texte est juste, bien rédigé ou du moins bien traduit.
Certains passages sont particulièrement impressionnant et ne laisse pas indifférent mais je laisserai le futur lecteur se faire son propre avis.
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Deuxième livre au bout duquel je n'irai pas. Ce n'est pas dans mes habitudes de ne pas finir un livre mais là… Je n'ai rien aimé.
Je n'ai pas adhéré à la plume de l'auteur, qui ne m'a pas touchée et que j'ai trouvée trop complexe. La lecture n'était donc pas fluide.
Le résumé m'avait donné envie mais finalement je n'ai pas été touchée par le vécu de l'auteur, et par sa manière de le raconter.
Je me suis beaucoup ennuyée.
Très déçue car bien noté et considéré comme un ouvrage important de la littérature moderne japonaise.
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Lecture qui me laisse un sentiment étrange…

Peut-on aimer un texte sans être intéressé par ce qu'il raconte?

Apparemment oui. Car j'ai aimé ce roman, même si dans le fond, la succession de souvenirs que Mishima relate ne m'a pas captivée.

Ce qui m'a captivée en revanche, c'est son style flamboyant, sa plume délicate et sensible. C'était beau à lire et rien que pour ce plaisir-la, j'y revenais avec envie.

Mishima déploie un magistral talent d'écrivain, tant dans la description des personnages, du décor, du contexte historique (le Japon au début du XXEME et notamment la période de la seconde guerre mondiale) que des émotions. Son style est sublime, irréprochable et il insuffle avec brio à ce qu'il écrit une tension narrative qui m'a faite frissonner à plusieurs reprises.

« j'entendis le bruit que faisait […] la neige qui fondait déjà. C'était la lumière même qui tombait - voilà la seule image qui me vint. La lumière, poussant soupir après soupir, se jetait dans les flaques formées sur le béton maculé par la boue des semelles, pour y mourir.»

Mishima explore ici la normalité de façon intéressante. Comment se construit-on quand on se sent en permanence coupable d'avoir des pensées jugées immorales, notamment aux périodes charnières de l'enfance et de l'adolescence ? Comment s'épanouir quand on joue en permanence un rôle pour masquer son moi profond ?

J'aurais pu m'attacher à ce personnage chétif, élevé par une grand-mère oppressante et autoritaire, et qui ne sait comment trouver sa place dans ce Japon codifié des années 40-50, mais je suis malheureusement restée à distance, indifférente à la mise à nu de ses fantasmes et ses pensées profondes. Sans doute le côté autobiographique, presque journal intime, qui n'est pas un genre que j'affectionne, m'a tenue en retrait.

J'en garde malgré tout le sentiment d'une belle découverte qui me donne envie d'approfondir l'oeuvre de cet auteur et je vous encourage également à le découvrir pour vous faire votre propre avis.
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Carl Gustav Jung nommait « persona » ce masque que l'on porte en société pour se définir aux yeux des autres, répondre aux normes sociales, s'adapter au monde dans lequel on vit. Dans ce premier roman magistral, certainement l'un des plus connus de Yukio Mishima, l'auteur explore les tréfonds de ses propres fantasmes sexuels et de sa douloureuse « inversion » derrière le masque qu'il s'est contraint à porter. Au sujet de ce récit autobiographique, Mishima confessa l'idée suivante : « écrire cette oeuvre, c'est évidemment mourir à l'être que je suis, mais j'ai aussi l'impression, au fil de l'écriture, de recouvrer peu à peu ma vie. »

Enfant malingre à la santé fragile, Kôchan découvre au seuil de l'adolescence ses premiers émois sensuels en contemplant les éphèbes des livres d'art, et notamment la figure du saint martyr Sébastien peint par Guido Reni. Ce torse d'une blancheur incomparable percé de flèches, ces bras robustes de centurion ligotés haut à un arbre, et ces yeux grands ouverts emplis d'une paix profonde ancrent dans l'imagination du garçon des images d'une implacable voracité. Nous plongeons alors dans les vertiges intérieurs de Kôchan qui cède avec délice à « ses mauvaises habitudes » tout en invoquant en esprit des scènes d'un sadisme sensuel et troublant. Il est d'ailleurs bouleversant de constater combien les descriptions de ces fantasmes font écho à la mort que Mishima s'infligera le 25 novembre 1970 à l'âge de 45 ans, en se faisant seppuku, suicide rituel par éventration. Une prophétie autoréalisatrice sans aucun doute, l'aboutissement de son fantasme de mort.

Luttant contre lui-même, Kôchan grandit ainsi en portant un masque. Il se met à fréquenter la charmante et naïve Sonoko, pour laquelle il éprouve une étrange attirance cependant dépouillée de l'envie sexuelle, car ses pulsions intimes s'ancrent ailleurs. Jusqu'à quelle mascarade Kôchan est-il prêt dans son illusion de normalité ? Quelles douleurs consentira-t-il à infliger, à soi-même et à l'autre ? Pourra-t-il vivre toujours caché derrière son masque ?
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L'auteur nous raconte sa jeunesse et sa liaison avec la soeur d'un ami, vers la fin de la seconde guerre mondiale au Japon. Tout ceci est rendu trouble par l'homosexualité du personnage principal. L'auteur, bien que japonais, est plein de références européennes: Huysmans, Proust, ... C'est une lecture agréable et intéressante.
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En citation qui ouvre le livre, j'ai découvert sans doute selon moi le plus beau passage écrit et lu jusqu'à ce jour sur la beauté, un extrait du roman Les Frères Karamazov de Fiodor Dostoïevski. Puissant déjà !
Confession d'un masque est avant tout un texte d'inspiration autobiographique sur l'homosexualité de son auteur Yukio Mishima. Se cachant derrière le narrateur Koshan, l'auteur évoque son enfance, son adolescence, sa jeunesse.
Il m'est difficile de mettre un peu d'ordre dans la confusion de mon ressenti après la lecture prégnante de ce livre. Je vais m'atteler à l'exercice si difficile de démêler mes sentiments, ce que j'ai beaucoup aimé de ce livre et ce que parfois je n'ai pas aimé, ce qui n'en fait pas un sentiment mitigé, mais bien deux ressentis nets et tranchés.
Les premières pages m'ont touchées, le narrateur évoquant la difficulté d'un enfant à assumer une homosexualité qu'il est contraint de refouler dans une société japonaise conformiste aux règles sociales codées et strictes, celle des années 1930 et 1940.
Gamin chétif, maladif, son attirance pour les déguisements de personnages féminins éveillent des plaisirs encore incertains, mais le regard déjà honteux de sa mère lui dévoile déjà une forme d'incapacité à accepter ce qu'il est ou ce qu'il doit être, jouer aux jeux de garçon, jouer gauchement à la guerre.
À l'âge où être enfant convoque l'insouciance, ici les plus lointains souvenirs du narrateur évoquent le chagrin comme déjà le pressentiment amer d'un plus grand chagrin, d'une exclusion à venir.
Devant l'image d'un livre qui représente un beau chevalier tenant une épée, il éprouve de la répugnance lorsqu'il apprend qu'il s'agit d'une femme, une dénommée Jeanne d'Arc ! Plus tard il découvre une sexualité « invertie », - ce sont ses mots, dans l'odeur de sueur de soldats qui passent dans la rue, dans le plaisir procuré par les silhouettes de jeunes hommes à demi-nus sur une plage ou bien encore des images de statues grecques d'une revue de musée que lui prête son père. C'est d'ailleurs devant la gravure d'un martyre chrétien, le célèbre Saint-Sébastien de Guido Reni, qu'il découvre l'éjaculation, scène fondatrice à la fois drôle et touchante. L'enfance, puis l'adolescence vont ainsi se faire, dans cette sexualité refoulée où il se heurte au jugement des autres, face à l'expression de son besoin d'affirmer sa vraie nature, dans ce devoir social où il doit représenter ce qu'est l'image attendue d'un homme, on lui affuble ce déguisement, ce masque qu'il accepte de porter, traduisant ainsi l'impossibilité d'assumer son moi véritable...
Alors grandir est une étrange et déchirante inquiétude. Dans cette impossibilité d'assumer ce qu'il est véritablement, sur ce chemin tortueux, il acceptera même de mêler ses pas au côté de ceux d'une femme...
Confession d'un masque est un texte très beau, très sensible. L'écriture est de toute beauté. La description de paysages d'enfance, la mer, la neige, le ciel de la nuit traversé par les lumières des bombes, ce sont des scènes d'une écriture très poétique.
Dans une société cadenassée comme celle qui est décrite dans le livre, comment ne pas y voir l'éloge, un plaidoyer universel et intemporel à la différence ?
C'est une longue et vertigineuse introspection psychologique sous la forme d'une confession. le masque des convenances tombe, celui des choses refoulées. Vient alors par l'entremise des mots ce coeur qui souffre, qui parle, les affres de l'âme et de sa souffrance, l'expression d'une joie parfois violente aussi dans le désir charnel qu'il ressent...
Il y a quelque chose de prémonitoire aussi lorsque la narrateur évoque le suicide.
Ce sont les confessions d'un masque que le narrateur s'est forgé pour affronter le monde, à commencer par celui des siens, survivre, tenir debout. Aborder la vie comme une scène de théâtre.
C'est un fulgurant et douloureux voyage introspectif d'une extrême acuité. D'une violence sourde aussi.
C'est aussi un texte qui dérange parfois non pas pour son thème, mais par le chemin que le narrateur emprunte parfois dans le dédale de ses émois.
C'est parfois un mélange de fascination et de répulsion qui façonne une lecture puissante et vous fait sortir de votre zone de confort.
Le malaise m'est venu à quelques endroits, lorsque le narrateur associe son désir sensuel et même sexuel à des images de souffrance, de morbidité, de sang et de mort... Mais ce malaise révèle aussi dans l'envers des choses toute la souffrance que l'auteur a pu éprouver dans sa chair presque à vif, cette chair taraudée par des pulsions qu'il tend difficilement à enfouir.
Et puis chez Mishima il y a parfois un côté extrêmement nombriliste dans sa façon d'écrire, qui peut agacer. À force, la confession devient ici narcissique... Mais ne compter pas sur Mishima pour déclencher de l'empathie, quoique les premières pages portant sur l'enfance douloureuse et des scènes pittoresques dans la seconde partie du livre, nous amènent parfois à regarder le narrateur avec émotion. Mais susciter l'empathie n'est pas ce que cherche l'auteur. Il veut nous livrer le monde tel qu'il le ressent, avec son intelligence, son acuité et ses mots.
Tandis que les autres autour de lui sont naturels, il lui faut jouer un rôle, jouer ce rôle jusqu'au bout, l'assumer, jusqu'à la scène finale du livre, comme celle de sa vie digne de la fin d'une tragédie antique.
Un texte âpre, exigeant, dérangeant, beau au final.
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Confessions d'un masque est une lecture plutôt ardue… sans être inaccessible. Il s'agit d'un livre exigeant écrit par une belle plume, cela va sans dire, mais pas toujours limpide. Si nous voulons suivre avec attention les méandres des confessions du jeune homme que l'écrivain était alors, il est nécessaire d'être très attentif. Mon intérêt pour le livre a été très inégal. J'ai parfois trouvé le temps long, lors de la première moitié de l'histoire, alors que la seconde a su me happer, les réflexions laissant place à quelques péripéties.

Le Japon est ravagé par la guerre, un événement majeur qui ne semble pas trop ébranler le jeune homme qui a une préoccupation en tête : l'orientation de sa sexualité. Celui-ci est un peu perdu, tentant de dissimuler sa nature, qu'il découvre peu à peu, à son entourage. Lors de sa quête d'identité, il ira parfois jusqu'à se mentir à lui-même, sous le choc de ses émotions, soucieux dans un premier temps de préserver les apparences dans un Japon traditionnel. Son obsession pour un jeune garçon lui fera perdre pieds. Les premiers émois…

L'atmosphère de ce roman (autobiographique) est particulière. Je trouve le terme » masque » du titre, tout à fait approprié. En effet, le protagoniste, pour lequel je n'ai ressenti que peu d'empathie, est difficile à cerner. S'il se livre, de nombreuses zone d'ombre persistent.

Une lecture dense et complexe qui me marquera par sa singularité et son ton.
Lien : https://labibliothequedeceli..
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