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Le Dr Shiomi Kasunori est un psychanalyste jouissant d'une bonne renommée dans le Tokyo du milieu des années soixante, où cette pratique commence à devenir, sinon populaire, du moins courante. Il reçoit un jour à son cabinet la très belle Yumikawa Reiko, qu'il va d'ailleurs comparer à une apparition enchantée. Celle-ci lui a été adressée par un confrère médecin qui ne trouvait pas l'origine de ses troubles, parmi lesquels des tics nerveux qui intriguent le le Dr Shiomi. Ce dernier commence le traitement de sa patiente, ce qui va le mener de surprise en surprise. En effet, Reiko va passer son temps, consciemment ou non (et c'est toute l'ambiguïté de ce roman) à mentir au médecin, entretenant avec ce dernier un curieux jeu de séduction, alors même que le symptôme principal de Reiko, qu'elle tente d'abord de dissimuler en affirmant qu'elle « n'entend pas la musique », est la frigidité.
Le Dr Shiomi va devoir enquêter, avec son assistante et amante Akemi ainsi qu'avec le concours de Ryūichi, le malheureux petit ami de Reiko, pour découvrir l'origine des troubles de la jeune femme et réussir à l'en délivrer.

Mishima présente ce roman, paru au Japon en 1965 sous le titre « ongaku » (Musique), et traduit chez Gallimard en 2000, comme un « compte rendu » scientifique rédigé par le Dr Shiomi au sujet d'un cas particulièrement complexe de frigidité. Toutefois, il est surtout l'occasion, pour Mishima, outre de mettre en lumière le Tokyo des années soixante, ses quartiers plus ou moins reluisants et sa faune insolite ; d'explorer les méandres de la sexualité féminine, plus ou moins guidé de par les pères de la psychanalyse. Nous sommes  tout de même très loin d'un savant exposé : le Dr Shiomi, trop sensible au charme de sa belle et froide cliente, va devoir entreprendre une vraie enquête policière, fertile en rebondissements, qui est l'occasion pour Mishima de souligner les contradictions des passions humaines.
Mishima présente ce roman, paru au Japon en 1965 sous le titre « ongaku » (Musique), et traduit chez Gallimard en 2000, comme un « compte rendu » scientifique rédigé par le Dr Shiomi au sujet d'un cas particulièrement complexe de frigidité. Toutefois, il est surtout l'occasion, pour Mishima, outre de mettre en lumière le Tokyo des années soixante, ses quartiers plus ou moins reluisants et sa faune insolite ; d'explorer les méandres de la sexualité féminine, plus ou moins guidé de par les pères de la psychanalyse. Nous sommes  tout de même très loin d'un savant exposé : le Dr Shiomi, trop sensible au charme de sa belle et froide cliente, va devoir entreprendre une vraie enquête policière, fertile en rebondissements, qui est l'occasion pour Mishima de souligner les contradictions des passions humaines.

Plusieurs critiques, confirmant la quatrième de couverture des éditions Folio, soulignent l'humour de l'histoire. Je n'ai pas trouvé ce roman à l'écriture précise et limpide particulièrement amusant, ni présentant un caractère humoristique marqué. Bien au contraire, il offre l'occasion de plonger en profondeur dans les ressorts qui animent un personnage féminin, car Reiko est « la » véritable star du roman, héroïne ballottée entre ses mensonges incessants, ses dissimulations et son passé trouble (Mishima a souvent réalisé de superbes descriptions de personnages féminins — voir « après le banquet » ou « l'école de la chair », par exemple).

Enfin, un personnage secondaire, Hanai, nous renvoie à l'auteur lui-même : il apparaît seul, sur un rocher, en pull-over noir, face à la mer, empli d'interrogations, image de la force virile, mais fragile au point de songer au suicide pour échapper à ses difficultés avec les femmes : comment ne pas y voir l'image de Mishima lui-même tel qu'il se décrit dans une scène de « confession d'un masque » ? Mishima s'amuse d'ailleurs à lui faire rédiger une « lettre de menace » reprenant une idéologie et une phraséologie nationalistes qu'il ne connaissait que trop bien.

La traduction de Dominique Palmé (assisté de Claude Pamé-criset et Kyôkô Satō), est précise, mentionnant plusieurs mots que Mishima a volontairement laissés en anglais, peut être pour souligner le côté « occidental » de l'approche du Dr Shiomi, qui par ailleurs utilise aussi des termes allemands, cette langue étant celle par laquelle la médecine moderne a pénétré au Japon (par l'entremise d'un personnage qui sera le héros du roman que je suis en train d'écrire, et qui sera mon quatrième ouvrage de fiction sur le Japon). Toutefois, une formulation maladroite en début d'ouvrage laisse entendre que Mishima a « inventé » les ouvrages de référence listés à la fin, ce qui n'est pas le cas, car ils existent réellement.

L'édition Folio de ce roman compte 314 pages, imprimé sur un papier de qualité modeste (comme tous les folio) et a été imprimée en Espagne, sans doute pour réduire les coûts, bien qu'elle atteigne 8 €10.

Au final, un roman intéressant, qui démontre que Mishima pouvait écrire sur tous les sujets et raconter une histoire simple d'apparence, en se documentant dans un domaine « technique », tout en ne faisant pas l'impasse sur la profondeur des sentiments humains. C'est aussi une peinture vivante du Tokyo des années 60, très éloigné de la mégalopole actuelle.
Lien : https://litteraturedusoleill..
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J'avais lu 2 ou 3 livres de Y.Mishima il y a bien longtemps, et en avais gardé le souvenir d'un univers difficile d'accès et plutôt rasoir.
J'entends souvent parler de psychanalyse dans mon environnement immédiat et suis tombé sur "La musique", qui m'a beaucoup plu. La lecture est facile ; il s'agit d'une enquête, presque au sens d'un roman policier, avec des rebondissements, des contre-pieds, une réalité aux contours flous, des manipulations, un suspens final.
Je vais retenter les romans que j'ai lus il y a quelques décennies. (.... et ouais !)
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Mishima, cet écrivain aux multiples facettes s'est glissé dans la peau d'un psychiatre, à étudié la question comme il tiens à le faire savoir en publiant la liste des ouvrages dont il s'est servi, et en à conçu un livre très différent de se qu'il avait l'habitude d'écrire. On ne retrouve ni le style, ni les obsessions, ni la noirceur dont il nous avait habitué dans ce roman, qui est beaucoup plus léger même si le le récit s'intensifiera progressivement.

Un psychiatre le docteur Shiomi Kazumori nous fait un compte rendu et une étude de cas d'une patiente qui là particulièrement marquée au point de dépasser la cadre de la consultation et d'entrer dans sa vie privé. Dans cette enquête psychologique le praticien s'investira personnellement et n'en ressortira pas indemne.

Ce roman est facile à lire mais est loin d'égaler en intensité dramatique les autres oeuvres de Mishima.
Ecrit en 1965, il n'a pas vieilli et on se dit qu'il aurait pu êtres écrit la semaine dernière, lorsque l'on apprend dès la page 15 que l'argent fait parti intégrante de la cure analytique... Comme quoi ce cliché, s'il en est un, ne date pas d'hier !
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La musique  se présente comme un compte-rendu d'un cas psychiatrique : le narrateur est le Docteur Shiomi, éminent psychanalyste, raconte comment évolue la thérapie de l'une de ses patientes. Il s'agit de Reiko, venue le consulter pour divers troubles (nausées, perte d'appétit) et en particulier le fait qu'elle est incapable "d'entendre la musique".
Le médecin, à force de patience, usant des stratégies analytiques dont il a l'habitude, permet à Reiko de progressivement dire la vérité : elle ne ressent aucun plaisir sexuel, se revendique "frigide" pour mieux cacher ... Quelque chose, mais quoi ?
Le docteur Shiomi suivra Reiko pendant des mois, lira et écoutera nombreux mensonges, pour enfin aider sa patiente à arracher la vérité de son mal-être.
Si le personnage de Reiko m'a parfois exaspéré par ses stratégies de dissimulation, de déformation, et ses auto-analyses, le roman lui-même m'a beaucoup intéressé. Et amusé aussi, parce que l'auteur y glisse souvent des remarques bien misogynes : ce que nous, pauvres femmes, pouvons être simples finalement...
le narrateur est passionnant, il explique ses stratégies d'analyses, les méthodes sur lesquelles il base ses séances. Ce qu'il livre de sa vie même apporte au récit une base solide de "réalité" : il s'adapte, s'interroge, note ses états d'âmes et ses faiblesses avec honnêteté.
La musique a été publié pour la première fois en 1965, je n'ai ressenti aucun décalage en le lisant : il pourrait avoir été écrit hier. Les sujets tels que les traumatismes, les blocages, la recherche du plaisir, le "laisse-aller"... sont intemporels. Ce roman est une sorte d'enquête, une "chasse au trésor", pour mettre le doigt sur la blessure originelle, celle qu'il a fallu cacher à toute force pour que Reiko survive, mais qui l'empoisonne.
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Ce livre est une véritable enquête. le lecteur plonge dans l'esprit de Reiko. Il se surprend à se laisser convaincre par cette femme et ses histoires... juste avant de découvrir que, sur certains points, elle l'a mystifié. Il y a, comme dans une enquête, des rebondissements: par exemple, la rencontre du docteur et du petit ami de Reiko. Elle se fait dans des circonstances assez particulières, et a une suite à laquelle on ne s'attendait pas.

On se rend vite compte que ce que Reiko n'entend pas, au travers de la musique, c'est celle de la vie, celle qui fait qu'on se sent bien. Et lorsque le lecteur pensait avoir exploré tous les nombres méandres de l'âme tortueuse de la patiente, voilà que celle-ci entend à nouveau la musique dans un contexte déconcertant. L'attitude même de Reiko, en ces circonstances, est assez étrange.

Si l'intrigue est intéressante, si le lecteur s'y plonge avidement, la tête pleine de questions, elle s'essouffle un peu. Vers le milieu, je trouve que ça tourne un peu en rond.
[...]
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Une petite musique de nuit qui ne résonne plus et nous voilà embarqué dans un roman psychologique, thématique et inscrit dans la pudeur et le non-dit.
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J'avais beaucoup aimé "Confessions d'un masque", du même Mishima. Je suis moins enthousiaste sur cette Musique qui, si elle est bien construite, repose sur une vision de la psychanalyse plutôt farfelue. Certes le ton du livre penche vers l'ironie, donc tout n'est pas à prendre au pied de la lettre, mais quand même on voit bien que Mishima se soucie comme d'une guigne de cette discipline. le livre reste divertissant et pas désagréable.
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« La musique » sort des écrits habituels de Mishima.

L'auteur y démontre son intérêt pour les théories psychanalytiques des allemands Freud, Jung et Heidegger, émergentes dans les années 60 au Japon pratiquement en même temps qu'aux Etats-Unis alors qu'on aurait pu penser les japonais plus pudiques et moins enclins à livrer à la science occidentale leurs tourments psychiques.

Le sexe plane fortement sur le récit, mais est approché de manière déviante et pathologique au travers de la frigidité d'une jeune femme ou de l'impuissance d'un jeune homme.

On a donc affaire ici à une sexualité complexe, douloureuse, meurtrissant la vie des protagonistes jusqu'à l'altérer complètement.

Bien qu'intéressant, sinueux, bien construit et sans doute novateur en son temps, l'exercice est pour moi un peu trop classique pour un livre de Mishima.

Sans doute pas le meilleur Mishima, mais mention honorable tout du moins.
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