La place de l'étoile

N'ayant lu qu'un Modiano, le café de la jeunesse perdue, j'ai souhaité approfondir ma connaissance de cet auteur encensé en commençant par son premier roman, paru en 1968. Cette lecture m'a laissé quelque peu perplexe, en tout cas pas enthousiaste... Belle écriture, très originale, avec, de temps en temps, une phrase magnifique que l'on relit plusieurs fois. Mais un sujet ô combien grave, s'agissant du sort des juifs sous l'occupation et de la collaboration, traité avec un mélange de bouffonnerie et d'érudition cryptique qui m'a trop décontenancé pour que j'adhère sans réserve au bouquin.

Le premier livre de Patrick Modiano est déroutant à souhait, tant il prend à contre-pied le lecteur, qui se demande où l'auteur veut l'emmener. Certaines pages mettent vraiment mal à l'aise, mais justement n'est-ce pas le but, car comment se sentir confortable avec tous les personnages mis en scène, au sommet de l'antisémitisme.

Très très loin de la douce légèreté de son dernier "Souvenirs dormants".

Attendons le prochain dans quelques jours

Pas facile d'entrer dans ce roman fou, grave, drôle, profond, déjanté, désespéré, léger, terrifiant... Les 200 pages pourraient lasser au bout d'un moment, quand on en a compris le principe. Plusieurs passages sont un régal de drôlerie cynique. J'ai aimé la rencontre avec le père, cette complicité immédiate exempte de tout ressentiment et tout reproche, cette distance bravache lorsqu'ils repartent chacun de leur côté. Les personnages historiques et les auteurs de la littérature française peuplent l'histoire comme une multitude de figurants ou de seconds rôles. Modiano nous jette à la figure tout à la fois la difficulté d'être juif, la cruauté des hommes et son amour de la culture française.

LA PLACE DE L'ETOILE , Modiano, Ed. Gallimard, 1975

SYNOPSIS : Au mois de juin 1942, un officier allemand s'avance vers un jeune homme et lui dit : "Pardon, monsieur, où se trouve la place de l'Etoile ?" le jeune homme désigne le côté gauche de sa poitrine.

MAIS DE QUOI PARLE DONC CE LIVRE ? ce livre est une auto critique, du narrateur, personnage principal. Ceci dit il n'est en rien narratif. de la réalité aux délires, des poncifs sur le judaïsme à des remarques pertinentes, des mises en scène de personnages historiques, pas de repères temporels mais des incessants vas et viens… difficile de se situer et de classer ce livre. Certes il fourmille de réflexions intéressantes et d'allusions fines, mais il m'a épuisé et désorienté. Peut-être était-ce le but ? Une prouesse littéraire saluée le Nobel en2014. Je n'ai pourtant pas aimé du tout.
2/5

Quelle surprise.
Depuis longtemps la quatrième de couverture m'intriguait et m'aimantait.
Je devais un jour ou l'autre plonger dans ce livre.
Et là, wouaouh.
Un récit ou parfois plutôt une logorrhée étourdissante (et inattendue) mélangeant l'identité, la collaboration, le fascisme, la mémoire...
L'ensemble (très bien écrit, pensé, érudit) donnant le tournis, mais avec un sentiment d'une grande homogénéité et s'intégrant dans un immense puzzle à la limite du nauséabond.
Un exorcisme intérieur peut être.

La place de l'Étoile est un singulier roman. Récit surréaliste et halluciné, il fait l'objet d'une dérive parfaitement maîtrisée entre plusieurs eaux tumultueuses : les styles alternent, le narrateur passe du je, au tu, revient au il et passe même parfois par le nous ! Les époques et les lieux se mélangent, la fiction se superpose à la réalité, le fantasme à l'histoire mais tout concourt à nous dresser un stupéfiant portrait fantasmé du juif errant au sortir de la seconde guerre mondiale.

Le récit est construit avec de nombreux sauts dans le temps et dans l'espace ce qui en rend la lecture assez déconcertante au démarrage. Une fois que l'on a compris que tout ceci n'était qu'une farce noire mêlant réalité et imagination, on apprécie pleinement le roman. Avec ce premier livre, Modiano inaugurait son oeuvre centrée sur la guerre, la collaboration et la shoah. Dans cet ouvrage inaugural, il cite à plusieurs reprises Kafka et les Marx Brothers. Ces deux références résument bien l'esprit du roman qui se situe à mi-chemin entre ces deux univers, absurde, désespéré et drôle à la fois. Si on sort des références littéraires, j'ajouterai qu'on n'est pas loin non plus de l'univers de Tarantino dans Inglorious Basterds ou celui du Nazi Rock de Serge Gainsbourg.

J'ai terminé ce roman il n'y a pas si longtemps (environ deux à trois semaines), mais le souvenir que j'en garde est déjà vague...
Il faut dire que même pendant ma lecture, j'ai trouvé ce récit sinon confus, du moins difficile à "cerner". D'ailleurs, le personnage principal -et narrateur- de "La place de l'étoile" peut lui-même être qualifié d'impalpable...

Raphaël Schlemilovitch est juif. Hanté par les horreurs de la guerre, il relate, dans l'Europe des années 40 et cinquante, les tribulations qui le mènent de situations cocasses en aventures parfois périlleuses, la distinction entre faits réels et ceux issus de son imagination étant souvent difficile.
Ce faisant, il endosse de multiples identités : juif collabo, écrivain, étudiant génial, émigré en Israël, membre d'un réseau de traite des blanches, tour à tour victime et bourreau... le lecteur a de quoi s'y perdre !

Les incohérences chronologiques flagrantes, la célébrité des personnages qu'il a censément rencontrés (de Maurice Sachs à Marcel Proust, en passant par Brasillach ou Eva Braun...) démontrent cependant que Raphaël ne se soucie guère de la crédibilité de son récit.
Inconvenant, paillard, tantôt cynique, tantôt amoureux, mais toujours, semble-t-il, profondément malheureux, il joue sur le registre de l'absurde, de l'extrême caricature, pour dénoncer l'ineptie qui consiste à considérer les individus en fonction de leur appartenance raciale ou religieuse.

Récit halluciné, schizophrénique, je crois avoir compris que "La place de l'étoile" est entre autres un roman sur la difficulté à se construire une identité propre, qui ne vous soit pas imposée par le regard d'autrui.
Mais j'imagine que sa complexité en fait un roman propice aux interprétations multiples...
Je l'ai personnellement trouvé assez déroutant, et parfois même un peu fastidieux.
Sans doute peut-on dire qu'il s'agit là d'une première oeuvre ambitieuse, mais qui ne me marquera certainement pas comme l'a fait "Dora Bruder", par exemple.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..

Ce premier roman nous montre un tout autre Modiano que celui qui écrit toujours la même histoire du personnage en errance à la recherche de ses souvenirs. Ici, le style est tout sauf lénifiant. le problème, c'est que je ne parviens jamais à entrer véritablement dans les écrits de Modiano qui m'apparaissent tous aussi ennuyeux les uns que les autres. Dans "La Place de l'Etoile" ou plutôt "La place de l'étoile", les visions délirantes du narrateur "halluciné", comme le précise le préambule, sont prétexte à un exercice de style qui, s'il n'est pas dénué de qualités littéraires, n'en demeure pas moins vain.

La belle écriture de l'auteur ne sera pas parvenue à effacer totalement l'ennui qui m'a gagné à la lecture de ce roman.