AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,48

sur 323 notes
Ce livre présenté à mon sens la quintessence de Modiano. Il n'y a pas d'histoire véritablement, juste des bribes, des évocations, rencontres et déambulations. Pourtant que de phrases bouleversantes, qui nous délivrent les obsessions de l'auteur, la quête de la mémoire, un temps suspendu. Une tension se fait plus on approche de la fin de ce livre court et dense, on trouve des phrases magnifiques, si vraies! Tout Modiano est là.
Commenter  J’apprécie          130
Pas facile de commenter un livre de Modiano : on a l'impression d'avoir à commenter toujours le même livre et donc de se répéter...
On retrouve donc l'homme habité par ses souvenirs, ou ses brins de souvenirs qu'il fait réactiver comme on rallume un feu en soufflant sur des braises.
Ici, le livre est consacré à quelques femmes rencontrées dans sa jeunesse, femmes mystérieuses, apparemment un peu froides mais sans doute aimantes (ça, il ne le dit pas!), disparues puis réapparues.
Ce court travail de mémoire (110 pages) n'est sans doute pas son meilleur ouvrage.
Qu'importe : pour tout dire, le lis Modiano quand je suis fatigué de lire.
Cela me rince ! Et c'est flatteur.
Commenter  J’apprécie          110
Un Modiano qui m'a moins emporté que d'autres (Dora Bruder, L'Horizon, Dans le café de la jeunesse perdue...). J'y ai néanmoins retrouvé tout ce qui fait le charme de cet auteur : la limpidité de la plume et la virtuosité avec laquelle elle entretient le contraste entre, d'une part, des décors, des accessoires et une mise en scène d'une grande netteté et, d'autre part, un flou etudié, qui nimbe les personnages, leurs intentions, leurs motivations et, bien sûr, leurs souvenirs.
Ajoutez à cela une touche de mystère, des interrogations et des inquiétudes universelles, un narrateur indolent, spectateur de sa propre vie et englué dans son passé et, surtout, des fragments de Paris ; un Paris lointain, estompé par les décennies... Alors, il n'y a plus aucun doute : c'est bien du Modiano.
Commenter  J’apprécie          110
C'est le plus ésotérique des romans de Patrick Modiano que j'ai lu. Parce qu'avec "Souvenirs dormants" on se retrouve littéralement emporté.
Une nouvelle fois on arpente les rues de Paris pour se retrouver devant la librairie de la rue Geoffroy Saint-Hilaire où le narrateur a offert des livres de sciences occultes à Geneviève Dalame. C'était il y a bien longtemps. Il tente de se souvenir de ses rencontres de jeunesse et d'y mettre de l'ordre en reconstituant le puzzle de son passé.
Avec ce nom dont il se souvient, Geneviève Dalame, des détails très précis lui reviendront en mémoire. Elle travaillait au studio Polydor et habitait une chambre d'hôtel à une époque où ça se faisait encore souvent. Ils fréquentaient ensemble la mystérieuse Madeleine Péraud, rue du Val-de-Grâce.
Ces femmes vont disparaître de la vie du narrateur durant plusieurs années puis réapparaitront, comme d'autres.
Ce qui est bien avec Patrick Modiano c'est que je ne me lasse pas de ses promenades parisiennes centrées ici sur le sud, essentiellement le 13ème arrondissement.
Il m'a fait plaisir aussi en évoquant des échanges téléphoniques sur les anciennes lignes désaffectées, sujet centrale du roman de Marguerite Duras "Le navire night".
Et puis, ce qui ressemble à des anecdotes sont beaucoup moins futiles qu'il n'y paraît car elles permettent des réflexions profondes. C'est de la haute volée et Modiano sait poser les bonnes questions comme dans ce roman : est-ce que dans la vie on prend les bons chemins? Mais heureusement il n'y répond pas.


Challenge Nobel illimité
Commenter  J’apprécie          110
Comme dans beaucoup de livres de Patrick Modiano, le narrateur de «Souvenirs dormants » se remémore sa jeunesse par bribes. Ses souvenirs sont fragmentaires, comme les pièces d'un puzzle qu'il ne parvient pas à reconstituer. Il écrit des scènes qu'un lieu, un nom lui rappelle. On retrouve cette poésie des noms désuets : Geneviève Dalame, Madeleine Péraud, Martine Hayward et celle des rues et des quartiers de Paris. L'écriture est toujours aussi belle, ouatée, en sourdine : « Au cours de ce travail que l'on fait à tâtons, certains noms brillent par intermittence tels des signaux qui vous donneraient accès à un chemin caché. » (p. 59)
De Geneviève Dalame, il écrit (p.21) : « Je l'avais rencontrée dans une librairie de sciences occultes de la rue Geoffroy-Saint-Hilaire. Elle s'intéressait beaucoup à ces sciences-là. Moi aussi. Et ce n'était pas pour me plier à une doctrine ou devenir le disciple d'un gourou, mais simplement par goût du mystère. » On retrouve dans tout le livre ce goût du mystère et aussi des rencontres et de la déambulation dans Paris, qui font penser aux Surréalistes et à leurs descendants. Les rencontres peuvent être mystérieusement bienfaisantes, ou au contraire sourdement menaçantes. Partout rêve et réalité se frôlent, le passé se dérobe. Les souvenirs dormants ne sont pas endormis, ils restent actifs comme des rêves que l'écriture tente de rendre tangibles. L'écriture est comme une magie, une « science occulte » qui ranime les fantômes, fait résonner l'écho des êtres disparus. Mais tout reste hasardeux, incertain, flouté.
Commenter  J’apprécie          110
On entre dans un livre de Modiano comme dans un lieu incertain. le cadastre en est rigoureux, mais les avenues partent sans promesse d'arriver quelque part. Il n'y a plus qu'à se laisser prendre par la main et suivre l'auteur au gré de son écriture…
D'autant qu'il s'agit ici d'absence et de souvenirs, parfois de souvenirs d'absences : « J'avais quitté mon collège de Haute-Savoie avec trente-neuf de fièvre, pris un train pour Paris, et échoué, vers minuit, dans l'appartement de ma mère. Elle était absente et elle avait confié la clé à Mireille Ourousov, qui habitait là pour quelques semaines, avant de retourner en Espagne. »
Dans ce livre, Modiano nous présente les femmes qui ont accompagné plus que comblé ces absences. On découvre un groupe de disciples de Gurdjieff, le « gout du mystère » ou l'art de diriger les rêves. D'ailleurs ce cadavre, sur le tapis du salon de Martine Hayward, et le poids du revolver à étui de daim dans la main, est-ce autre chose qu'un rêve ?
Le mot « roman » n'apparait pas en couverture de ce livre. Dans sa déambulation nostalgique et allusive dans le Paris des années 60, dans son obsession de se retrouver dans ses souvenirs, Patrick Modiano tente de « recopier au propre (le) manuscrit couvert de ratures » de sa jeunesse. « Si l'on pouvait revivre aux mêmes heures, aux mêmes endroits et dans les mêmes circonstances ce qu'on avait déjà vécu, mais le vivre beaucoup mieux que la première fois, sans les erreurs, sans les accrocs et les temps morts… »
Lire Modiano, c'est cultiver l'art du lâcher-prise. Il faudrait pouvoir dévorer les 105 pages de ce livre d'une traite, pour ne jamais briser le charme. Vous voyez Alice retraverser le miroir toutes les dix pages pour vérifier la cuisson du gratin dauphinois ? Il faut laisser les phrases éveiller un écho en nous. Et nous ramener à nos propres fantômes : « Mille et mille sosies de vous-même s'engagent sur les mille chemins que vous n'avez pas pris aux carrefours de votre vie, et vous, vous avez cru qu'il n'y en avait qu'un seul. »
Commenter  J’apprécie          100
Un livre sur les souvenirs qui remontent à la surface, ceux que l'on pensait avoir oubliés, ceux que l'on avait fait exprès d'oublier, et ceux qui sont là dans un coin pour toujours.
Patrick Modiano retrace certains de ses souvenirs lorsqu'il était adolescent et jeune adulte dans ce court récit qu'est Souvenirs Dormants.
L'écriture est d'une fluidité remarquable, on se retrouve embarqué dans le Paris des années 60, et c'est ainsi que j'ai trouvé cette lecture agréable.
Commenter  J’apprécie          90
Inconditionnel de Modiano, j'ai parfois été déçu, "la mayonnaise n'a pas pris cette fois-ci" me disais-je alors...
Truffaut disait cela : parfois la mayonnaise ne prend pas et le film est mauvais.
Quand elle prend, avec Modiano, c'est, au détour d'une phrase, anodine d'apparence, quand une émotion vient vous submerger, émotion due au temps qui est passé, aux souvenirs perdus, à la mélancolie qui accompagne la vie, à une mortelle nostalgie.
Cette fois-ci, j'ai eu l'impression que Paris était devenu un tombeau glacé, que j'y errais sans joie possible, et les personnages évoqués n'étaient qu'improbables fantômes qui faisaient vivre à l'auteur toujours la même histoire inachevée...
Commenter  J’apprécie          99
Avec Patrick Modiano, on tâtonne toujours. On tourne en rond dans une mémoire frileuse et fragmentée. On se crispe dans l'effort pour accrocher un souvenir qui conduise à un fragment de récit, à un embryon de portrait. On cherche à débusquer le sens de tous ces tâtonnements. On trouve parfois quelques miettes d'univers mais l'ensemble échappe, se dérobe, se morcelle. On arpente les phrases comme le narrateur arpente les rues de Paris. On est ébloui de temps à autre par une phrase vibrante et puis on reste en plan... D'autres fois, on s'installe dans un paragraphe qui semble promettre une histoire, mais l'histoire se délite, s'esquive. On s'arrête. On repart. On accélère. On revient en arrière.
Immergé dans une mémoire assaillie de souvenirs troubles et flous, on tâtonne encore dans une pensée démantelée par le temps et on se cogne aux mots comme on peut se cogner dans le palais des glaces d'une fête foraine sans forains. Tout est déformé et informe et on lutte avec le narrateur pour trouver une issue.
Au bout du compte - heureusement les récits de Modiano sont courts - on en sort épuisé, fourbu, indisponible. Et pourtant, implicitement, on est invité à tenter l'expérience sur soi-même: faire remonter dans la conscience tout ce qu'on s'est efforcé d'en chasser. Et ces souvenirs "remontent à la surface comme des noyés, au détour d'une rue, à certaines heures de la journée". Alors tout s'éclaire et, de mémoire à mémoire, avec Modiano, on finit par se comprendre.
Un récit inutile à faire lire à de jeunes lecteurs, déroutant et riche d'enseignements pour leurs aînés, un peu usés et enlisés dans le temps.
Commenter  J’apprécie          90
D'après l'auteur, l'écriture de cet ouvrage serait inspirée par le titre d'un autre : « le temps des rencontres », découvert sur les quais à Paris. Selon moi, il fait suite à son texte autobiographique paru en 2006 : « Un Pedigree », où il se livre sur ses années d'infortune durant son enfance et son adolescence, dont il dira : « les blessures sont là, que les années ne cicatrisent pas ».
Ici et à l'instar des autres oeuvres de Modiano, on est porté par la nostalgie qu'il dégage et sait décrire, sans affectation. La narration des rencontres qu'il exhume de ses souvenirs, bien qu'ils soient très lointains, semblent prégnants car ils sont la trame du canevas de sa vie d'alors dans les années 1960 à 1965, esseulé dans un Paris aux relents d'une autre guerre, celle d'Algérie.
Les rencontres et leur souvenir ne sont pas hasardeux, ils sont ceux de personnages précis, évoluant dans un contexte et un environnement précis, qui ont modelé ou confirmé la structure intellectuelle et spirituelle de l'auteur. D'ailleurs, il n'hésite pas à faire émerger de ces confidences intimes, quelques petites ou grandes lâchetés, assumées (ou non). Acte d'humilité.
Dans son discours de prix Nobel reçu en 2014, il reprend la condition de la structuration de sa personnalité en ces termes :
« Cette volonté de résoudre des énigmes sans y réussir vraiment et tenter de percer un mystère m'a donné l'envie d'écrire, comme si l'écriture et l'imaginaire pourraient m'aider à résoudre enfin ces énigmes et ces mystères ».
Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (664) Voir plus



Quiz Voir plus

Patrick Modiano, presque...

La place de ... ?

l'étoile
la comète

5 questions
177 lecteurs ont répondu
Thème : Patrick ModianoCréer un quiz sur ce livre

{* *}