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sur 320 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai découvert Patrick Modiano, dans les années 80 à l'émission : Apostrophes de Bernard Pivot.
D'entrée de jeu, sans avoir lu aucun livre de Modiano, j'ai été fascinée par le charme et l'émotion tellement à fleur de peau qu'il dégageait, en cherchant avec beaucoup d'hésitation les mots qui lui correspondait.
Comme certainement beaucoup d'autres lecteurs, je suis entrée dans l'univers de Modiano, à pas doux et lents, découvrant cette oeuvre fabuleuse.
Patrick Modiano, c'est avant tout une petite musique qui nous berce dans le Paris des années 60 qu'il décrit si bien.
Souvenirs dormants, quel titre évocateur !
Oui, les souvenirs dorment souvent d'un sommeil léger, ils se ravivent avec un presque rien. Une brève rencontre, une odeur, une station de métro qui nous renvoie au passé qui se confond dans la nébuleuse" temps.
"Je notais scrupuleusement dans mes cahiers les rencontres sans avenir, en précisant l'endroit exact, et l'aspect physique de ces anonymes. Paris est ainsi constellé de points névralgiques et des multiples formes qu'auraient pu prendre notre vie"
Oui, Modiano est un scrupuleux, il note tout à l'encre bleue dans des cahiers, sa Recherche du temps prend une allure de témoignage de la vie.

En lisant Modiano, comment ne peut-on pas l'associer à Marcel Proust ?
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"Mais j'ai aussi la mémoire de détails de ma vie, de personnes que je me suis efforcé d'oublier. Je croyais y être parvenu et sans que je m'y attende, après des dizaines d'années, ils remontent à la surface, comme des noyés, au détour d'une rue, à certaines heures de la journée."

Un pur bonheur ! D'accord j'ai fait le grand écart, ça fait encore plus apprécié les belles lettres. C'est peut-être même mon préféré de Modiano celui-ci, quoique La petite bijou..
Encore une histoire de prises de notes, de mémoire floue, de souvenirs évanescents qui reviennent au devant de la scène des années après et cela vous fait un homme qui écrit. Des débris de vie comme des petits cailloux qui d'un coup vous montrent un chemin, vous font reprendre des rues parisiennes et les parcourir jusqu'au croisement et cette fois-ci, à droite ou à gauche ? On balance le pied sur le bord du trottoir, on gratte la semelle, on tangue entre deux images, entre deux noms, deux mots et ça vous reprend… comme avant. Tous ces fantômes qui peuplent les rêves et qui nous ont fait pour une partie de nous qui n'est pas toujours visible. Jean, tu les as remarqué toi.
"Au besoin, leur poser quelques questions discrètes, en douceur, sans éveiller leur méfiance, pour mieux les comprendre."
Personnellement, je te cerne un peu plus au fil des lectures qui se répondent, me répondent et te répondent grâce à ce petit carnet… "L'éternel Retour du même".
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Quelques dizaines de pages d'une écriture anodine et légère pour dire l'insondable gravité d'être au monde. Modiano fait revivre ses souvenirs dormants en somnambule, à tâtons, dans une nuit qui lui appartient, riche et profonde. Il parle dans les dernières lignes de son livre de ces images de routes qui reviennent, sans que l'on ne sache plus quelles provinces elles traversaient. Là s'inscrit le mystère de sa propre vie, interrogée en boucle dans son oeuvre, comme un « Éternel retour au même » pour traquer les fêlures qui l'ont blessé.
Jeux d'ombres donc, où se glissent des noms, surgis de très loin pour esquisser des visages, des livres, des rues, des soirées, des chambres. A la façon d'un puzzle éclaté, Modiano nous parle d'un temps de souffrance, celui de la fin de son adolescence, celui des fugues avec cette impression de n'être jamais à sa place là où il se trouve. Est-ce pourquoi les lieux ont tant d'importance ? ils jalonnent l'écriture de l'auteur et le lire c'est aussi emprunter avec lui les rues et les boulevards de Paris, dans un cheminement sans fin. L'angoisse pourtant finit par s'estomper, le lecteur accompagne ce passage imperceptible, au gré d'un fait divers tragique, comme au sortir d'un rêve, rien ne semble plus comme avant.
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Il faut prendre ce petit livre de Patrick Modiano comme un bouquet délicieux puisque cet auteur nobélisé n'a pas son pareil pour puiser dans ses souvenirs, les reliant chaque fois à des lieux de sa bonne ville de Paris. Souvenirs dormants réveillent une époque lointaine. Il avait 14 ans et marchait dans les rues. C'était en 1959. Sa mère jouait au théâtre et son père vaquait à ses affaires…
« Paris, pour moi, est peuplé de fantômes » et les tableaux du métro avec des points lumineux qui s'allumaient lorsqu'on appuyait sur le bouton permettant de trouver une correspondance à ne pas manquer, lui rappellent cette femme, Mireille Ourousov et son mari, Eddie.
Plus loin, plus tard, en 1964, il continue à explorer Paris et Patrick Modiano (Dora Bruder) l'avoue : « Je m'étais inscrit à la Sorbonne juste pour prolonger mon sursis militaire, mais je n'assistais jamais aux cours. » Il travaillait pour quelques libraires et était inscrit à la SACEM (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) en tant que parolier pour des chansons.
Les mystères de Paris l'attirent. Une certaine Geneviève Dalarme qui travaille pour les studios Polydor, lui présente son frère, un drôle d'olibrius dont il aura toutes les peines du monde à se débarrasser.
Des noms reviennent à sa mémoire. Une sombre histoire de meurtre, de revolver jeté dans une poubelle pour sauver cette Martine Hayward qui dit avoir tué Ludo F. Puis, le temps s'écoule, inexorable : « À mesure que passent les années, vous finissez sans doute par vous débarrasser de tous les poids que vous traîniez derrière vous et de tous les remords. »
Un petit détour par les sciences occultes, quelques titres de livres de chevet et ces Souvenirs dormants m'ont procuré un moment de grâce aux côtés d'un auteur dont la lecture repose et enchante.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Ce livre présenté à mon sens la quintessence de Modiano. Il n'y a pas d'histoire véritablement, juste des bribes, des évocations, rencontres et déambulations. Pourtant que de phrases bouleversantes, qui nous délivrent les obsessions de l'auteur, la quête de la mémoire, un temps suspendu. Une tension se fait plus on approche de la fin de ce livre court et dense, on trouve des phrases magnifiques, si vraies! Tout Modiano est là.
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C'est le plus ésotérique des romans de Patrick Modiano que j'ai lu. Parce qu'avec "Souvenirs dormants" on se retrouve littéralement emporté.
Une nouvelle fois on arpente les rues de Paris pour se retrouver devant la librairie de la rue Geoffroy Saint-Hilaire où le narrateur a offert des livres de sciences occultes à Geneviève Dalame. C'était il y a bien longtemps. Il tente de se souvenir de ses rencontres de jeunesse et d'y mettre de l'ordre en reconstituant le puzzle de son passé.
Avec ce nom dont il se souvient, Geneviève Dalame, des détails très précis lui reviendront en mémoire. Elle travaillait au studio Polydor et habitait une chambre d'hôtel à une époque où ça se faisait encore souvent. Ils fréquentaient ensemble la mystérieuse Madeleine Péraud, rue du Val-de-Grâce.
Ces femmes vont disparaître de la vie du narrateur durant plusieurs années puis réapparaitront, comme d'autres.
Ce qui est bien avec Patrick Modiano c'est que je ne me lasse pas de ses promenades parisiennes centrées ici sur le sud, essentiellement le 13ème arrondissement.
Il m'a fait plaisir aussi en évoquant des échanges téléphoniques sur les anciennes lignes désaffectées, sujet centrale du roman de Marguerite Duras "Le navire night".
Et puis, ce qui ressemble à des anecdotes sont beaucoup moins futiles qu'il n'y paraît car elles permettent des réflexions profondes. C'est de la haute volée et Modiano sait poser les bonnes questions comme dans ce roman : est-ce que dans la vie on prend les bons chemins? Mais heureusement il n'y répond pas.


Challenge Nobel illimité
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Je retrouve un livre de Modiano comme je dégusterais une sucette Pierrot Gourmand au caramel de mon enfance. Alors je ne suis pas certaine d'être objective. Dans celui-ci toujours la même atmosphère entre rêve et réalité, balade et onirisme, calme et suspens, aujourd'hui et hier. de cette plume fine et précise. À déguster pour ceux qui aiment
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Un derniers livres de Modiano, précédant je crois le formidable roman "Encre sympathique".
Dans ce livre qu'on veut croire largement autobiographique, Modiano explore à nouveau les souvenirs de sa fin de l'adolescence à Paris, un monde troublé qui est à la racine d'une grande partie de son oeuvre.
Comme toujours, cette exploration est magique. La façon dont l'auteur nous emmène dans la recherche de ce temps perdu, mais si fortement présent, dans une sorte de somnambulisme parfois angoissé, mais aussi de recherche d'identité, d'apprivoisement du passé, et avec ce style dépouillé, inimitable, est pour moi, extraordinaire.
Comme l'a écrit un autre critique, on y retrouve avec délice la même petite musique, comme on aurait plaisir à reconnaître à nouveau le langage de Mozart ou de Bach.
Mais, cette exploration du passé, c'est plus, comme chez Proust d'ailleurs, que la petite madeleine. C'est pour moi, vraiment d'essayer de comprendre qui je suis, qui j'aurais pu être aussi, et en ce sens, c'est très important et très profond.
Et je ne peux pas résister à citer cette phrase merveilleuse, et qui me parle tant, de ce petit livre, (mais on peut écrire peu de pages, si elles sont de cette qualité: pourquoi jouer tant de notes quand il suffit de jouer les meilleures disait le grand Miles):
«Mille et mille sosies de vous-même s'engagent sur les mille chemins que vous n'avez pas pris aux carrefours de votre vie, et vous, vous avez cru qu'il n'y en avait qu'un seul.»
Quand on atteint un certain âge, n'est-ce pas si vrai
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Depuis L'Herbe des nuits que j'avais présenté ici en 2013, je n'avais pas eu l'occasion de me remettre dans l'univers si particulier de Modiano.
Mettez Paris, quelques livres, quelques femmes, quelques souvenirs, quelques rêves dans un flacon et secouez comme on le fait avec une boule à neige et vous retrouvez le monde de Modiano. Enfin presque ! en réalité vous n'en aurez qu'une représentation approximative mais pas la quintessence.
Dans Souvenirs dormants, il me semble qu'on l'atteint un peu : Paris est là bien sûr, mais c'est surtout des noms de rues, de quartiers, de lignes de métro qui constituent autant des mélodies, des refrains que des images fugitives d'un Paris au mois d'août où on s'étonne à peine de retrouver une femme connue autrefois, réfugiée au fond d'un restaurant d'un autre temps nommée "La Passée", vêtue d'un manteau de fourrure. Dans ce Paris on croise et recroise des femmes dont on ne connaît pas grand chose. Des intrigues multiples commencent mais ne connaissent jamais de développement menant à une résolution. le narrateur intradiégétique écoute, observe, parfois intervient dans l'histoire de ces femmes avec lesquelles il se montre attentif, empathique sans qu'on puisse bien identifier ce qui les lie. Tout cela est dit sur un rythme lent, comme égrené, entrecoupé de multiples silences que matérialisent les blancs entre les très nombreux chapitres de ce roman.
En somme, lire Souvenirs dormants, c'est un peu comme traverser un rêve où des lambeaux du réel se croisent et se perdent de vue sans que cela soit inquiétant. D'ailleurs, où est le réel et où est le rêve ?

Lien : http://www.lirelire.net/2017..
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Patrick Modiano fait, grâce à sa plume, ressurgir ses souvenirs qu'il appelle « dormants ». On dit de source scientifique que notre cerveau n'oublie rien et il est facile de le vérifier en apprenant, comme je dois souvent le faire, des textes. Un texte appris le soir ressurgit de notre mémoire le lendemain matin. Il en est de même pour nos souvenirs. le nom d'une personne ou d'un lieu va doucement tirer le fil de la pelote de souvenirs. Voilà ce qu'il M. Modiano.
Par la même, il nous fait prendre des rues de Paris, des quartiers ; nous fait entrer dans des bars, des restaurants que certains d'entre nous ne pouvaient connaître en raison de notre âge. Eh bien curieusement, demain, on se souviendra de ces ballades à travers les pages. Un nom de rue nous rappellera notre Prix Nobel de littérature.
Chez Modiano, n'attendez aucun suspens, vous serez déçus. Attendez-vous à découvrir ce qu'il cache au fond de son crâne : ses souvenirs.
Replongez-vous dans l'émission de François Busnuel qui le réunissait à son ami Jean-Jacques Sempé. Vous aurez alors une très belle image de deux amoureux de la simplicité et du vrai.
Moi, un souvenir a ressurgi lorsque j'ai abordé la page 108 de l'édition Folio. « le réseau » qui permettait de téléphoner sans débourser le moindre centime, accessible avant tout aux employés des PTT dont j'étais. de l'utilisation non permise mais connue de tous.
Ce livre c'est simplement « écoutez mes souvenirs et faites ressurgir les vôtres ».
Génial Modiano
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