Nous retrouvons dans ce roman le Commissaire Renan Pessac, qui a quitté la PJ à la suite d'une affaire douloureuse, qui s'est soldée par la mort de son indicatrice Tania (cf «
Les loups blessés »). Il est maintenant le patron d'un commissariat de quartier à Levallois, et reprend peu à peu ses marques avec la vie.
Il y a là Coline, une jeune gardienne de la paix qui brûle de faire ses preuves, et d'intégrer la prestigieuse Police Judiciaire. Appelée pour faire les premières constatations sur les lieux d'un suicide présumé, certains détails attirent son attention. La scène du crime et le profil de la « suicidée » sont étrangement similaires à d'autres suicides qu'elle a eu à constater. Même type de jeunes femmes, minces et blondes, mortes par pendaison, habillées d'une fine robe blanche, et les cheveux tressés de la même façon. Coline y voit là les indices de meurtres maquillés en suicides, l'oeuvre d'un tueur en série. Elle s'en ouvre à son patron, le Commissaire Pessac. Quelque peu réticent au départ, Pessac, devant la ténacité de la jeune femme, et les indices concordants qu'elle lui soumet, l'autorise à creuser un peu plus cette affaire.
Appuyée par Pessac, Coline trouvera de l'aide auprès de Sophie, analyste criminelle au SALVAC, pour le fastidieux travail de recherches nécessaires pour étayer son dossier.
Parallèlement à cela, nous découvrons le quotidien de Philippe Lelouedec, ancien adjoint de Pessac à la P.J, entre une prise d'otage, et une enquête visant à prendre en flag une bande de manouches, spécialistes du braquage de guichets automatiques de banque.
Et pendant ce temps, dans l'ombre, le meurtrier tient en laisse son chien noir, dans l'attente de sa prochaine victime.
Christophe Molmy, chef de la BRI, est tout à fait à son aise pour nous décrire un milieu qu'il connaît bien. le roman est très réaliste, sans sombrer dans la surenchère de violence ou de sang. Les procédures d'enquête sont très bien décrites, ainsi que le travail bien souvent ingrat et répétitif de recueil et de recoupement des informations, qui constitue le socle de toute enquête.
Au travers des querelles de territoire qui peuvent exister entre les différents services de police, Coline, simple fliquette d'un commissariat de quartier, éprouve la crainte d'être dessaisie de son enquête, au profit de la grosse machine que représente la PJ.
Tous les personnages, aussi bien les « bons » que les « méchants », sont très fouillés et traités avec beaucoup de soin et d'humanité. Certains d'entre eux nous sont diablement attachants.
La narration, très rythmée, alterne les points de vue des différents protagonistes, policiers, braqueurs et manouches. L'auteur nous fait partager les états d'âme du tueur, qui n'en peut plus de maîtriser son chien noir… L'écriture est fluide et précise, émaillée de nombre de termes du jargon policier, et ponctuée d'expressions en langue manouche, qui apportent à cette histoire un supplément d'authenticité.
C'est aussi un constat sur le machisme et la misogynie qui existent encore dans certains milieux essentiellement masculins, la difficulté pour une femme de s'y faire une place et d'être reconnue à sa juste valeur.
L'ensemble donne un roman tout à fait percutant, au suspense constant, qu'on a du mal à lâcher avant d'en avoir tourné la dernière page.
Une très belle découverte que ce roman. Je recommande!
Éditions La Martinière, 2008
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