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Hélène Monsacré (Directeur de publication)
1296 pages
Albin Michel / Belles Lettres (13/11/2019)
5/5   3 notes
Résumé :
Sous la direction d'Hélène Monsacré, directrice du Département des Sciences humaines des Éditions Albin Michel et qui a publié, notamment, Les Larmes d'Achille (1984, 2010).

Avec les contributions de Victor Bérard, Manon Brouillet, Eva Cantarella, Michel Casevitz, Adrian Faure, Xavier Gheerbrant, Giulio Guidorizzi, Jean Humbert, Christine Hunzinger, Pierre Judet de La Combe, Gérard Lambin, Silvia Milanezi, Hélène Monsacré et Heinz Wismann.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
MONUMENTAL
Voilà le mot qui me vient à l'esprit une fois ce livre refermé.
Et pour 2 raisons, la première pour la qualité éditoriale de cet ouvrage. Plus de 1300 pages, pas moins de 13 contributeurs, des découvertes par dizaines, des heures de lecture, 1 nouvelle traduction. du haut de ce volume 3 siècles de littérature nous contemplent,
"Une occasion unique d'embrasser la beauté de cette oeuvre fondatrice et d'en mesurer toute sa modernité."

Oublions ce que nous savons sur Homère pour mieux s'en souvenir, comme le dit Hélène Monsacré dans son introduction :
"Nous pensons être familiers de toutes ces légendes d'un autre temps (on situe le moment de la composition des deux poèmes autour du VIIIe siècle avant notre ère), mais, en fait, nous connaissons bien peu des richesses que contient cette poésie. Il faut y entrer, la parcourir, la fréquenter pour goûter l'incomparable beauté qu'elle recèle.
Comme Pénélope, il faut ruser pour échapper au sentiment de familiarité, et se laisser porter par le souffle de cet imaginaire ancien qui ne se présente pas à nous de manière linéaire : emprunter les détours, souvent désordonnés et contradictoires, qui offrent un début et une fin à l'Iliade. Car sous l'étiquette commode de poésie d'Homère réside en réalité un vaste ensemble de textes, de légendes, de morceaux épars qui, écrits avec le vers épique, l'hexamètre dactylique, évoquent un monde de héros, un monde révolu, celui des temps de l'effondrement de la civilisation mycénienne, autour de 1200 avant notre ère, celui de la guerre de Troie.
Les causes de cette guerre entre Grecs et Troyens, la description de la mort d'Achille, le héros central du poème, nous les apprenons d'autres récits épiques, plus ou moins contemporains d'Homère : ceux du Cycle troyen, dont seuls quelques morceaux nous sont parvenus. Ces légendes de la geste troyenne, qui racontaient certains épisodes absents d'Homère étaient connues dès la plus haute Antiquité et participaient de la même tradition : le combat d'Achille avec Penthésilée, la reine des Amazones, alliée des Troyens, l'exécution brutale de Priam, le vieux roi de Troie, par Néoptolème, le fils d'Achille, le retour des Grecs dans leur patrie, etc. Rassemblée pour la première fois en un seul volume, à côté du texte d'Homère, cette collection de légendes offre à l'amateur de littérature ancienne, mais aussi, et surtout, à un public plus large que celui des spécialistes un ensemble qu'il n'a jamais approché dans son entier."

Alors dans cet ouvrage on y retrouvera bien les 2 oeuvres maîtresses de l'aède : l'Iliade dans une nouvelle traduction de Pierre Judet de la Combe ;
l'Odyssée dans sa traduction "canonique" de Victor Bérard ;
Mais également
les Hymnes homériques qui forment un corpus bigarré de trente-trois textes, de longueur inégale (de 3 vers pour l'Hymne II à Déméter à 580 pour l'Hymne I à Hermès) et de contenu divers, et qui ne sont ni plus ni moins que des offrandes poétiques au(x) Dieu(x). Des oeuvres "À mi-chemin entre la poésie théogonique et la poésie héroïque" ;
Les Scholies qui méritent une petite explication : "Le texte homérique nous est parvenu sur des fragments de papyrus et surtout sur des manuscrits, dont la plupart présentent, outre le texte lui-même, des notes, explications, commentaires discontinus, qui constituent les scholies ; le nom grec [skholion,-ou], neutre, est un dérivé de [skholè,-ès], féminin, « loisir » d'où « occupation de loisir, étude », et signifie « commentaire, notice ». ". Ces Scholies donnent un bon aperçu de la manière dont l'Iliade était lue et interprétée à l'époque de leurs rédacteurs ;
Le commentaire à l'Iliade d'Eustathe : évêque métropolite de Thessalonique, qui vécut au XIIe  siècle. Son commentaire à l'Iliade et son commentaire à l'Odyssée s'attachent à la forme des mots plutôt qu'au style. Il s'intéresse à l'étymologie, à la vie des mots et à leur histoire depuis les anciens jusqu'à son temps, tel un archéologue des mots ;
Les Divertissements homériques, pour lesquels il ne reste que des fragments. Les 2 plus complets sont la Batrachomyomachie. Un poème de près de trois cents vers, qui relate une guerre d'un genre peu commun, celle qui survient entre des grenouilles et des rats ;
Les Vies d'Homère : au nombre de 10 d'Hérodote à Jean Tzetzès (grammairien et poète byzantin du XIIe) ;
Un lexique des principaux personnages qui n'est pas de trop et tellement bien écrit ;
Une postface d'Heinz Wismann : philosophe franco-allemand, helléniste et philologue ;
Les fragments  du Cycle troyen : car surprise, le cycle troyen en ne se résume pas aux 2 poèmes que nous connaissons bien. Les poèmes sur la guerre de Troie, regroupait huit oeuvres : les Cypria ou les Chants Cypriens, l'Iliade d'Homère, l'Éthiopide d'Arctinos de Milet, la Petite Iliade de Leschès de Mytilène, le Sac de Troie d'Arctinos de Milet, les Retours d'Hagias de Trézène, l'Odyssée d'Homère et la Télégonie d'Eugammon de Cyrène. Et bien ici sont regroupés les fragments de ces oeuvres telles les pièces d'un puzzle qui malheureusement restera à jamais incomplet, mais qui grâce à cet ouvrage retrouve quelques-unes de des pièces. Cette partie est absolument jubilatoire car on a l'impression de redécouvrir ces textes ou plutôt de on en sait plus sur le Cheval de Troie, le sac de Troie car le récit de la chute de Troie ne figure pas dans l'Iliade et l'Odyssée.
C'est dans l'Énéide de Virgile qu'on va en trouver le récit le plus complet. Idem sur le destin des troyens rescapés.
Prenons l'exemple du cheval de Troie Il y est évoqué à deux reprises dans l'Odyssée (aux chants IV et XI)

"Dans le cheval de bois, je nous revois assis, nous tous, les chefs d'Argos qui portions aux Troyens le meurtre et le trépas." (Odyssée - Chant IV - traduction Victor Bérard)
"Et quand on s'embarqua dans le cheval de bois qu'avait fait Épeios ! Tous les chefs étaient là ; c'est moi qui commandais pour ouvrir ou fermer la porte de la trappe. Parmi ces conseillers et doges danaens, ah ! j'en ai vu plus d'un qui, s'essuyant les yeux, tremblait de tous ses membres ! Mais lui, pas un instant, je ne pus voir pâlir son beau teint ni couler sur ses joues une larme. Priant et suppliant qu'on sortît du cheval, tourmentant la poignée de son glaive, agitant sa lourde lance en bronze, il ne pensait, ton fils, qu'au malheur des Troyens. Quand nous eûmes, enfin, saccagé sur sa butte la ville de Priam et qu'avec son butin et sa prime d'honneur, il se remit en mer, il était sans blessure : coups des armes à pointe ou plaies du corps à corps, il avait échappé aux aveugles surprises que la fureur d'Arès sème dans le combat."
(Odyssée - Chant XI - traduction Victor Bérard). 

On devrait pouvoir, à de rares exceptions, donner 6 étoiles pour des livres qui vont au delà de nos espérances, au delà de ce que nous pouvons ressentir, au delà de nos connaissances .

Car dans le cas présent, et pour tout amateur de textes antiques, ouvrir les pages de ce livre c'est comme ouvrir un coffre au trésor....
Un coffre laissé trop longtemps fermé, ou
Un coffre qui aurait un double fond dans lequel on ne cesserait de découvrir des trésors trop longtemps cachés à nos yeux, encore et encore... .

En tout cas une chose est certaine une fois la lecture terminée et le livre refermé, on se rend compte qu'Homère est un auteur que nous connaissons sans vraiment le connaître, tant il est pluriel. Comme le dit Heinz Wismann : "la multiplicité des éléments réunis dans le volume peut faire penser que, Homère, c'est une espèce de diversité ouverte sur un ensemble de variations et qu'il est impossible d'y trouver un principe d'unité."

"Lire Homère nous incite à nous interroger sur le rapport qui existe entre mythe, mythologie et philosophie. Homère n'est pas un état primitif antérieur à Hésiode, son oeuvre n'est pas un assemblage disparate de mythes, c'est une entreprise volontariste qui consiste à préserver la liberté de toutes les tensions, les contradictions qui peuvent exister dans une tradition transmise. Homère multiplie les possibilités de faire signifier les mythes. Dans l'univers du mythe, il y a une variété de chaînes causales, parce que tel événement est plus particulièrement rapporté à telle divinité qui loge plutôt ici que là.
Les deux poèmes sont faits pour que celui qui y pénètre perde pied. Entrer dans Homère, c'est faire l'expérience d'une forme de volupté poétique, de ne pas se laisser conduire à une signification unique.
Il potentialise le mythe, il est un absolu littéraire, c'est la littérature absolue…"

Et c'est bien de cela qu'il s'agit un coffre aux trésors, trésors absolus venu(s) de l'Antiquité,
on en ressort plus riches, reste à chacun d'y trouver sa richesse, richesse absolue .....
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
C’est l’Homme aux mille tours, Muse, qu’il faut me dire, Celui qui tant erra quand, de Troade, il eut pillé la ville sainte, Celui qui visita les cités de tant d’hommes et connut leur esprit, Celui qui, sur les mers, passa par tant d’angoisses, en luttant pour survivre et ramener ses gens. Hélas : même à ce prix, tout son désir ne peut sauver son équipage : ils ne durent la mort qu’à leur propre sottise, ces fous qui, du Soleil, avaient mangé les bœufs ; c’est lui, le Fils d’En Haut, qui raya de leur vie la journée du retour.
Viens, ô fille de Zeus, nous dire, à nous aussi, quelqu’un de ces exploits.

Traduction Victor Bérard / co-édition Les Belles Lettres - Albin Michel

Ô muse, conte-moi l'aventure de l'Inventif :
celui qui pilla Troie, qui pendant des années erra,
voyant beaucoup de villes, découvrant beaucoup d'usages,
souffrant beaucoup d'angoisse dans son âme sur la mer
pour défendre sa vie et le retour de ses marins
sans en pouvoir sauver un seul, quoi qu'il en eût :
par leur propre fureur ils furent perdus en effet,
ces enfants qui touchèrent aux troupeaux du dieu d'En Haut,
le Soleil qui leur prit le bonheur du retour...
À nous aussi, Fille de Zeus, conte un peu ces exploits !

Traduction Philippe Jacottet / Éditions la Découverte
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L’Iliade est un océan de mots, une houle gigantesque de près de 16 000 vers qui arrache à son passé lointain et porte en elle l’événement que toute société grecque ancienne considérait comme fondateur : la guerre effrayante des Achéens et des Troyens. Ce flot charrie, transforme d’innombrables poèmes plus anciens ; il ne cesse de changer de cours, de refluer, de surprendre, d’alterner presque à l’infini les victoires et les défaites de deux adversaires déchaînés dans une guerre quasi mondiale. Le déferlement emporte tout ce qui dans le monde pouvait offrir un refuge ou une forme stable, un espoir. L’univers bien réglé des dieux de l’Olympe se disloque dans une histoire qui attise les haines et fait pleurer les dieux ; les héros ne sont plus eux-mêmes, pris dans des sentiments, des douleurs ou des illusions extrêmes, jusqu’au jour où ils disparaissent ; la ville magnifique de Troie, sorte d’âge d’or humain où se déploient richesses, fécondité et plaisirs, est vouée à sa perte, tandis qu’avant leur victoire finale les Grecs doivent subir massacre sur massacre.
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Hymne À Aphrodite
Je chanterai la belle Aphrodite à la couronne d’or, la déesse vénérée qui a pour apanage tous les hauts lieux de Chypre, l’île marine où le souffle puissant de l’humide Zéphyr la porta, sur les vagues de la mer mugissante, dans la molle écume : les Heures au diadème d’or l’accueillirent avec joie, et lui donnèrent des vêtements immortels. Sur sa tête divine elles placèrent une belle couronne d’or finement ciselée ; elles mirent à ses oreilles, dans les trous de leurs lobes, des fleurs d’orichalque et d’or précieux ; elles ornèrent son tendre col et sa gorge éclatante de ces colliers d’or dont se paraient elles-mêmes les Heures au diadème d’or, quand elles allaient se joindre au chœur charmant des dieux, dans la demeure de leur père.
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Mais l’un des « rois » dit qu’il s’opposait à la demande, surtout parce que, s’ils prenaient la décision de nourrir les « homères », ils auraient affaire à toute une foule de parasites. Ce fait malheureux est à l’origine du remplacement de Mélèsigénès par ce nom : Homère. Car les gens de Cumè appellent « homères » les aveugles. Celui que l’on appelait auparavant Mélèsigénès reçut donc le nom d’Homère, que les gens de passage répandirent en parlant de lui.

Le magistrat conclut son intervention en disant de ne pas entretenir Homère, [...] Homère souffrit d’entendre cela, et dit les vers suivants que :
 
De quelle destinée Zeus, notre père, m’a donné d’être la proie
En me faisant grandir, petit enfant, sur les genoux d’une mère vénérable
Que jadis fortifièrent, par la volonté de Zeus brandissant l’égide,
Les peuples de Phricôn, chevaucheurs de furieuses montures,
Plus vigoureux que le feu dévastateur lorsqu’ils décident de la guerre,
L’éolienne Smyrne voisine de la mer, l’auguste rivage
Traversé par l’onde éclatante du saint Mélès !
De là s’élancèrent les filles de Zeus, ses illustres enfants,
Qui voulaient célébrer une terre divine, la cité de ses hommes.
Mais eux refusèrent la sainte voix, la renommée du chant,
Par faute de réfléchir. L’un d’eux y repensera douloureusement,
Qui par ses offenses a fauché mon destin.
Mais le malheur que le dieu m’a donné à la naissance,
Je l’endurerai, en supportant les échecs d’un cœur patient.
Mon corps ne souhaite plus rester dans les saintes rues
De Cumè : un grand désir me presse
D’aller vers le pays d’autres hommes, malgré ma faiblesse.
 
Après cela, il partit de Cumè pour Phocée, en formant le vœu que jamais ne soit dans le pays un poète estimé, qui fasse la joie des habitants de Cumè.

Les Vies d’Homère - Vie I (Vita Herodotea)
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Si éloigné que soit de nous Homère, nous pouvons nous transporter sans le moindre effort dans le monde qu’il décrit, comme si nous vivions au milieu des dieux et des héros, car l’héroïsme des figures de l’Iliade ou de l’Odyssée reste résolument humain, dans ses ambiguïtés précisément. [...] Achille, ce héros tout de vaillance mais aussi de sensibilité, Achille, le plus grand de tous, possède une force surnaturelle et des armes divines, mais verse des larmes humaines. Et ses larmes, loin d’amoindrir sa virilité, la rehaussent et la confirment : elles sont puissantes. Supporter la souffrance, tout en la vivant intensément, est une des conditions de l’héroïsme.
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Vidéo de Hélène Monsacré
Une insolite curiosité Paul Veyne Hélène Monsacré, Hélène Monsacré, Christophe Ono-dit-Biot Éditions Robert Laffont Collection Bouquins
Recueil de textes dans lesquels l'historien étudie les sociétés anciennes, les mentalités grecques ou encore la philosophie et la pensée stoïciennes. Il évoque aussi son parcours, sa passion pour la littérature et la peinture. Contient également des articles et des extraits tirés de « L'empire gréco-romain », « La société romaine » et « L'élégie érotique romaine », entre autres. ©Electre 2021
https://www.laprocure.com/insolite-curiosite-paul-veyne/9782221249222.html
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