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Qu'il est ambigu ce vieux roi mêlant cruauté et indulgence. Fatigué du pouvoir mais n'y renonçant pas. N'aimant plus son fils mais le regrettant.

Le roi Ferrante sent la mort venir. Mais il juge son fils incapable de régner et songe à le marier avec l'Infante d'Espagne dont il pense que c'est elle qui aurait dû être son fils. Pedro a bien une maîtresse mais qu'importe ! D'ailleurs l'Infante n'en prend pas ombrage, elle méprise les sentiments, seul lui importe l'honneur.
Malheureusement Pedro est marié secrètement à sa maîtresse Inès de Castro. Lorsque Ferrante l'apprend il emprisonne son fils “pour médiocrité”. Ses conseillers lui recommande de tuer Inès. Mais le roi ne trouve pas que cela serait juste, elle n'est pas coupable selon lui et il sait que ses conseillers ne parlent que selon leur intérêt.
Pourtant il finira par enjoindre à un de ses capitaines de la tuer “mais sans qu'elle souffre” en sachant que cela est inutile et sans bien savoir finalement pourquoi.

C'est une pièce sur la raison d'état contre la vie individuelle mais si le roi parle souvent de ses obligations de monarque, de la charge de son peuple il me semble qu'elle porte surtout sur le choix de chacun entre le Bien et le Mal.



Challenge ABC 2017-2018
Challenge théâtre 2017-2018

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Arrivant à la fin de sa vie, le puissant roi Ferrante souhaite marier son fils Don Pedro à l'infante de Navarre, mais il voit sa volonté contrariée en apprenant que l'héritier du trône du Portugal vient d'épouser en secret une jeune roturière, une bâtarde, Inès de Castro. Au centre de cette pièce créée en 1942 par Pierre Dux au Théâtre-Français, nul thème dominant : c'est la vie tout entière, dans ses multiples rapports de forces, qui s'y trouve évoquée, disséquée. Conflits de générations et d'intérêts, vérité et dissimulation, pouvoir politique et raison d'État, paternité et maternité, amour et liens du sang, relations père-fils, etc., les sentiments humains sont, ici, comme passés au crible, avec une impitoyable intelligence. Si la langue De Montherlant, dans sa première pièce, peut paraître aujourd'hui boursouflée de coquetteries, elle n'en reste pas moins somptueuse, et admirable. Un texte à lire, à relire, et à voir sur scène à la première occasion car elles sont devenues rares, le réalisateur Pierre Boutron ayant toutefois adapté ce texte pour un téléfilm diffusé en 2009 sur France 2.
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Cette tragédie fort shakespearienne rappelle le vieux Roi Lear, mais aussi l'opposition entre Philippe II et Don Carlos, avec en toile de fond le vieux thème du conflit entre amour et raison d'Etat. Dans nombre d'opéras, les pères veulent imposer à leur fille le gendre de leur choix. Ici, c'est son fils Pedro que le vieux roi Ferrante du Portugal voudrait contraindre à épouser l'infante de Navarre pour consolider les alliances de son pays. Pedro refuse car il est amoureux d'une roturière, Inès de Castro (jouée lors de la création, le 8 décembre 1942, par Madeleine Renaud). Qu'à cela ne tienne lui répond son père, rien n'empêche de cumuler une épouse dynastique et un amour moins officiel. Rien de plus simple! Et l'infante, mise au courant, n'y verra pas d'inconvénient! Là encore, refus de Pedro, mais aussi d'Inès avec qui le Roi a une conversation au cours de laquelle il est subjugué par la bonté et les qualités d'Inès, mais ça ne suffit pas à lui faire abandonner son projet de mariage d'Etat.
Il apprend bientôt par Inès, plus courageuse que Pedro, que les jeunes gens ont été mariés secrètement par l'évêque de Guarda. Ferrante enrage car le pape n'acceptera pas facilement l'annulation du mariage. Il va réagir différemment envers les trois «coupables». Pedro est arrêté, Inès reste libre, et l'évêque de Guarda devra être exécuté. Trois conseillers de Roi se relayent pour lui conseiller cyniquement de faire plutôt exécuter Inès («Lui faire donner quelque viande qui ne soit pas à sa complexion, serait très à l'avantage de votre Majesté... Les actes ne demeurent pas aussi longtemps qu'on le croit... un seul être vivant, qu'il suffirait de supprimer pour que tout se dénouât...»). Si vous ne le faites pas, lui disent-ils en touchant son point faible, vous montreriez votre faiblesse. Il résiste, mais à la sortie du conseil, commence à hésiter. Ses conseillers ont visé juste. Il doit se montrer fort et peut-être changer d'avis («Aujourd'hui et demain ne sont pas fils de la même mère».
Inès apprend le danger par l'infante, à qui s'est confié un jeune page qui écoute aux portes. La belle figure de l'infante propose à Inès de la suivre en Navarre où elle serait en sécurité (« La chaine de vos médailles a appuyé sur votre cou et l'a marqué d'une raie rouge. C'est la place où vous serez décapitée»), mais la jeune femme refuse courageusement «Si j'avais une aile, ce ne serait pas pour fuir mais pour protéger». Bientôt, on apprend plus qu'un détail par une réplique de Pedro à Inès «Je n'ai osé lui avouer que nous étions déjà mariés, ni que ce mariage allait faire en vous son fruit». C'est à nouveau Inès, plus courageuse, qui informe le Roi, et cette fois, il cède à la colère et donne ses ordres, mais à regret: «Faites la chose d'un coup... je veux qu'elle ne souffre pas». Bientôt, on ramène le cadavre d'Inès sur une civière, et le Roi, au corps usé (et l'âme aussi) meurt à son tour, disant à son perfide conseiller: «Dans un instant, je serai mort, et la patte de mon fils se sera abattue sur toi».
«Le cadavre du Roi reste seul»: dernière ligne de la pièce.
L'infante et le Roi sont les deux grands caractères de la pièce. L'infante ne se pose pas en rivale d'Inès qui est douce, et lui propose en vain son aide.
Montherlant écrira 12 ans après : «Toute la pièce est dominée par la figure du roi Ferrante, qui grandit à chaque acte et semble lentement se séparer de l'humain jusqu'à l'instant où il tombe... L'inconsistance de Ferrante est une des clés de la Reine morte».
«Vouloir définir le Roi, c'est comme vouloir sculpter une statue avec l'eau de la mer» dira Pedro dans une des répliques fortes de la pièce.
Autres répliques du Roi Ferrante: «J'ai remarqué que l'on tue presque toujours trop tôt. Encore quelques jours et le tué n'était plus si coupable. Beaucoup d'assassinats sont des malentendus» et «Aux chefs d'Etats, on demande volontiers d'avoir de la charité. Il faudrait aussi en avoir un peu pour eux. Lorsqu'on songe aux tentations du pouvoir absolu, cela demande le respect».
La pièce De Montherlant, est d'une magnifique écriture, pleine de verve. Elle se fonde librement sur l'assassinat du roi du Portugal Alphonse IV (Ferrante), père de Pedro 1er, qui a fait assassiner Inès de Castro.
Quel bonheur de relire ces classiques en ces temps de confinement!
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A la cour du Portugal, le prince Pedro a épousé en secret Inès de Castro, qui attend un enfant de lui. Mais celle-ci est de basse extraction et le prince se doit, sous la pression du protocole et du roi Ferrante son père, d'épouser l'infante de Navarre.
Ce drame en trois actes d'Henry de Montherlant est un bijou, maintenant classique, du théâtre contemporain. Les mots sont, à l'image des personnages, forts, tragiques et brillants. La recherche d'absolu et les tourments sont, comme à l'accoutumée dans l'oeuvre théâtrale De Montherlant, formidablement appuyés par une plume de grand style.
La tragédie se noue et la jeune femme et le vieux roi mourront pour que le prince accède au trône où il y hissera son deuil et son désespoir.
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La pièce : impeccable !
Les circonstances de cette pièce, quand elle a été écrite, et qui l'a jouée en font un patrimoine de l'humanité ! A mon goût !
Lisez le quatrième de couverture de cette édition, tout est dit, et par un connaisseur, M. Maeterlinck. 100 % d'accord avec lui et rien à ajouter, d'autant que je suis un ignare en ce genre, et lis pour apprendre, donc merci M. Maeterlinck pour ce quatrième et vous fais de la pub: Lisez "les fourmis" de M.Maeterlinck, vous verrez qui pompe pour ses bouquins ! A bon lecteur... (le masculin vaut pour le féminin ça va de soi, mais j'aime bien préciser!)
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C'est du grand style ! du magnifique français sobre, clair et sans la moindre scorie. Ne serait-ce que pour cette raison ce fut un très agréable moment de lecture. Cette virtuosité stylistique a cependant quelque chose de stérilisant, comme si l'action qui se déroulait était vidée de toute substance. Les personnages ne présentent guère d'évolution, leur destin est tracé. Certes Montherlant cherchait à faire revivre la tragédie, avec des personnages dont la destinée est inexorablement fatale, mais il y a quelque chose de factice dans sa tentative. Par moment j'avais l'impression de voir des statues marmoréennes qui s'agitaient sur les dunes sahariennes sous un ciel nocturne privé de toute vie.

C'est un très beau texte, trop sans doute, un peu guindé et corseté.
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Raison d'Etat, Roi de Portugal, menace espagnole, Dona Inès et Ferrante...souvenirs des années lycées et attention critique peu objective!
Relu il y a peu et la qualité de l'écriture, des dialogues fut mieux appréciée et goûtée. le côté noir de la pièce qui avait échappé à l'adolescent d'autrefois est revenu à la surface.
Mais rien ne vaudrait que de la voir jouée sur les planches.
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Cette pièce de théâtre, une des plus connues de Monterlant, fut écrite en 1942. Elle développe le thème, ô combien classique dans la tragédie, de l'amour contrarié par la raison d'état. C'est l'occasion d'une belle réflexion sur le pouvoir, l'usure de son exercice, la servitude qu'elle impose, paradoxalement. On sent que certains passages de l'oeuvre écrite pendant l'occupation, trouve des résonnances dans l'actualité d'alors. J'ai aimé le regard lucide et acéré, point cynique il me semble, porté sur la paternité et la relation père/fils.
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Je croyais trouver une sorte de Roméo et Juliette , tragédie de l'amour fou, impossible. C'est plutôt le Roi Lear!

Pedro et Inès ne sont pas les héros de la pièce.

Montherlant a campé la figure du roi Ferrante - roi vieillissant - qui impose un mariage politique avec l'Infante de Navarre à son fils qui ne peut le conclure puisqu'il est déjà secrètement uni à Inès de Castro. Ferrante est le personnage principal de la pièce, monarque, il incarne l'Etat et la raison d'Etat. La raison d'Etat s'opposant à l'amour, c'est classique dans la tragédie. Il ne s'agit pas uniquement de cela. Ferrante, vieillissant délire, il signe un pacte avec Aragon, sachant que ce traité lui sera défavorable, il convoque ses conseillers, courtisans flatteurs ou félons auxquels il n'accorde aucun crédit. Il exerce son pouvoir absolu et capricieux plus par le goût du pouvoir que par souci de l'intérêt du Portugal. Il se grise de son pouvoir, il méprise aussi bien son fils que ses courtisans. Il a pouvoir de vie et de mort sur l'évêque de Guarda, sur Lourenço Payva, sur Inès. S'il épargne l'évêque par politique vis-à-vis du Pape, il est seul maître du destin des deux derniers. Pourquoi ordonnera-t-il l'exécution d'Inès? Pour prouver qu'il est le roi? Parce qu'il a été défié par son conseiller? Parce qu'enceinte, elle porte la vie alors qu'il est au seuil du trépas?

L'infante de Navarre est l'autre personnage fort de la pièce qui commence par ses stances. Personnalité royale, elle aussi. Offensée par le refus de Pedro, elle ne cherche pas à nuire à sa rivale. Au contraire! Elle cherche à l'attirer à elle en Navarre. Elle en tombe amoureuse.

Inès est autant mère qu'amoureuse. Amoureuse, certes quand elle va voir Pedro en prison, mais c'est en tant que mère qu'elle irrite Ferrante. C'est l'évocation de l'enfant à venir qui cèlera son arrêt de mort.

La Reine morte m'a donc réservé des surprises!

J'ai été très intéressée par les présentations de la pièce de l'édition Folio THEATRE, imaginer Madeleine Renaud dans le rôle d'Inès, imaginer aussi l'impatience des spectateurs en 1943 sachant que le métro passait à 11h20 à Palais Royal. Allusion du film de Truffaut! J'ai hâte de voir la pièce en entier!

Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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J'ai retrouvé dans ma bibliothèque de théâtre cet exemplaire défraichi de cette pièce , lue en 1965 . J'avais trouvé ce drame en trois actes ,suranné mais non exempt d'une certaine grandeur .Plus tard j'ai lu "Les jeunes filles" et l'auteur m'est devenu violemment antipathique ( un type qui a écrit " Nausée de la femme ! Que ne peut-on supprimer ce sexe de la terre, et puisqu'il faut avoir des enfants que ne peut-on en avoir par des moyens chimiques ou par une opération. "). Et ne parlons pas d'autres aspects peu reluisants.
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