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Nouvelles romaines est un excellent recueil de nouvelles signé par Moravia qui fait voyager le lecteur au coeur de l'Italie des années 50.

Toutes ces histoires sont très courtes mais habilement construites et l'on prend beaucoup de plaisir à découvrir ses tranches de la vie quotidienne. Trente-six nouvelles qui se succèdent sur un peu plus de 300 pages comme des scènettes de vieux film en noir et blanc. On découvre différents personnages : du mari en passant par le voleur, du chauffeur de taxi au gérant d'un salon de coiffure..... Mais toute ont en commun la période d'après guerre.

La plume de Moravia est belle, soignée et apporte une fluidité au texte. On dévore ces nouvelles avec plaisir et si vous ne connaissez pas encore l'auteur, je vous recommande ce titre pour le découvrir.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Dans les vieilles ruelles romaines quand la poussière du soleil n'ose pas épouser les ombres des passants, un parfum de néo-réalisme se distille à chaque pas. C'est un retour en arrière, en noir blanc. Nous pourrions nous croire dans « Le voleur de bicyclette » de Vittorio de Sica ou dans "Bellissima" de Luchino Visconti. Les petites histoires d'Alberto Moravia sont des anecdotes que l'on se raconte autour d'un café près de la Piazza Navona. C'est l'après-guerre. La population ouvrière ou chômeuse de Rome et de ses environs essaie de survivre. Chacun sa méthode, chacun son destin et sa chance. En employant le « je » Moravia aboli la distance avec son sujet ; il raconte « il fatti » sans fioriture, sans démonstration littéraire. Un journal intime du proletariat italien. Ils sont tous pauvres, parfois même misérables, souvent un peu ridicules ou carrément grotesques, presque toujours malchanceux, rattrapés par leur maladresse, leur bêtise ou un destin implacable. Moravia décrit ce peuple de Rome oscillant entre la farce et le tragique, orgueilleux, harassé par le quotidien de la vie. Anciens assassins, voleurs, chômeurs au long cours, petits commerçants, petits ouvriers, employés anonymes, les narrateurs d'Alberto Moravia rêvent d'ailleurs. Même si l'ailleurs n'est qu'avoir de quoi nourrir les siens. Dans ces histoires, l'amitié se délite, les femmes ne sont pas des saintes. Souvent inaccessibles, putes ou harpies, le trait est assez cruel. le portrait des hommes n'est guère plus flatteur. Pourtant, miracle à l'italienne, le sordide ne les habille pas ; une noblesse amère se dégage de l'ensemble. Ce peuple trimant du matin au soir, avide d'amour, de bien-être, de répit, Alberto Moravia ne le juge pas ; il a de la sympathie pour lui, presque de la tendresse. L'environnement, la nature, hostiles, magnifiés, rarement apaisants sont un écrin pour ces tribulations romaines. Tout est laid et tout est beau, comme ces ruelles lépreuses de Venise. Tout est sombre et tout est lumineux comme la lumière dorée sur les murs médiévaux de Bologne.
Ce n'est pas la douceur désespérée de Gorgio Bassani, la belle mécanique humaniste de Primo Lévi, les rêveries philosophiques d'Italo Calvino, la vibrante peinture fantastique, réaliste et métaphysique de Dino Buzzati ; c'est une lucidité parfois un peu cruelle et contemplative de la vie, une ironie mordante et désenchantée sur la nature humaine, tirée vers le haut. Une écriture dépouillée, fluide, combattante et souverainement seule.
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Bien loin de l'aboutissement et des grandes problématiques de ses romans, Moravia, se contente dans ces nouvelles de décrire des situations de la vie quotidienne romaine dans les années 50. Pas inintéressant mais vites parcourues. Lues en VO pour l'apprentissage de la langue, il ne m'en reste que peu de souvenirs.
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Une lecture très agréable! Les nouvelles (assez courtes) se déroulent toutes dans le Rome des années 50. Moravia ne manque pas de préciser à chaque fois le nom des rues et lieux de l'action. C'est un vrai plaisir de visiter Rome, retrouver le nom de ces rues et se dire "Eh, eh!'y étais" :)

Moravia traite essentiellement de la pauvreté, des femmes et de la criminalité (qui en découle tristement). Les protagonistes sont des petits ouvriers miséreux et sans beauté, des époux malheureux ou des apprentis bandits.

Même si Moravia était considéré comme un artiste décadent ayant connu la censure sous Mussolini, il ne semble pas y avoir dans ces nouvelles quelconque ambition idéologique. C'est principalement un condensé d'histoires sur le petit peuple Romain tentant de faire face à la crise et leurs rêves de richesse et de bonheur vite avortés.

J'ai découvert un grand conteur romain et un vrai surdoué (ayant écrit son premier roman "les Indifférents" âgé de 17 ans seulement). Une belle trouvaille et une excellente lecture pour s'évader un peu dans les fameuses rues de Rome.

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J'ai lu avec plaisir ce recueil de trente-six nouvelles mais avec plaisir seulement, sans y rester totalement accrochée. Certaines nouvelles, écrites avec virtuosité, sont très touchantes ou drôles, mettant au jour les petites faiblesses humaines et leurs défauts en laissant entrevoir les caractéristiques d'un personnage progressivement. D'autres sont trop quelconques à mon goût, n'allant pas au fond des choses ou confondant réalisme et banalité, trop prévisibles aussi.
Les meilleures (à mon humble avis), si vous souhaitez en lire quelques-unes seulement, sont “Le bébé”, “Pluie de mai”, “Un crime parfait”, “Tabou”, “Romulus et Remus” et “Un panier percé”, “N'approfondis pas...” et “Pilleurs d'église”.
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J'ai pris plaisir à lire certaines nouvelles qui pourraient tout aussi bien être des courts-métrages des années 50 avec toute la pesanteur , la noirceur et la concision d'un cinéma italien d'après-guerre, avec ses ruines et sa misère.
Les phrases sont incisives, pures et très visuelles. Pas de fioritures ni d'états d'âmes.
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Nouvelles :
Le bébé
Fanatique
N'approfondis pas...
Jour de chaleur
Le pitre
Le camionneur
L'avorton
L'intermédiaire
Une bonne soirée
Au revoir
Salon de coiffure
Pluie de mai
Les bijoux
Pilleurs d'église
Les lunettes
Caterina
Le chow-chow
Un crime parfait
Mario
Le trésor
Un vieil imbécile
Tabou
Le gardien
L'infirmière
Jeux de Ferrgosto
La ruine de l'humanité
Je ne dis pas non
L'appétit
Le nez
Romulus et Remus
Une lettre attendrissante
Un panier perçé
La terreur de Rome
Le pique-nique
La Ciociara
La revanche de Tarzan

Des nouvelles très courtes, entre 5 et 10 pages, une galerie de portraits savoureuse. Cela se passe dans les années 50.
Ces histoires se passent dans les quartiers très populaires de Rome et ont pour héros des gens modestes, des voyous, de jeunes coquettes ou naïves, des gens vivant d'expédients ou des personnes vraiment misérables.
Les héros ont rarement un physique d'Apollon et ne sont pas très chanceux.
Ils se débrouillent comme ils peuvent. On se sent pris de sympathie pour tous ces personnages et on aimerait que la chance tourne un peu.
Ces nouvelles dégagent un certain parfun de nostalgie pour une Rome qui essaie de se reconstruire tant bien que mal.
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La Feuille Volante n° 1246
NOUVELLES ROMAINES- Alberto Moravia – Flammarion.
Traduit de l'italien par Claude Poncet.

Moravia était romain, sans doute amoureux de la ville où il vivait, il n'y avait donc aucun raison pour qu'il n'y situât pas ces trente-six courtes nouvelles des années 50 ce qui est aussi une invitation à la balade pour son lecteur. Pour autant le livre refermé, il m'apparaît que ce regard porté sur la société italienne de cette époque déborde largement de la Ville Éternelle et s'applique à l'humanité. J'observe que toutes ces nouvelles sont écrites à la première personne ce qui renforce l'idée d'universalité. D'ordinaire notre auteur met en scène des gens aisés, c'est à dire qui n'ont guère besoin de travailler pour vivre, mais ici ce sont de petites gens dont il choisit de parler et qui nous confient leurs difficultés et leur gêne quotidiennes.

Qu'y a-t-il de plus banal qu'une femme quitte son mari (ou l'inverse), que la chaleur étouffante de l'été provoque des situations surréalistes, à moins qu'elles ne révèlent les arcanes de l'inconscient, qu'un homme choisisse d'en finir avec sa vie parce qu'il ne la supporte plus ou que, amoureux d'une femme, il soit simplement berné par elle parce qu'il est tombé sous le charme de sa jeunesse ou de sa beauté… ? Rien de plus commun en effet ! Quant à l'adage qui veut que plus le mensonge est gros plus il prend, surtout quand il est enveloppé dans la religion et qu'on invoque opportunément l'intervention de la Madone, cela passe beaucoup mieux, surtout dans l'Italie d'après-guerre, que le mariage ait des effets désastreux sur le caractère des époux qui change avec le temps, il n'y a rien là de bien original, quant aux projets qui foirent, aux châteaux en Espagne que nous nous bâtissons à l'aide de notre imagination débordante (après tout ça ne coûte rien et ça aide à vivre) et aux rapports nécessairement compliqués qui existent entre les hommes et les femmes, où la séduction est une arme irrésistible au service des intérêts de la personne qui en fait usage, là non plus rien de bien nouveau.

Notre auteur parle de la beauté des femmes qui est souvent engageante et énigmatique, mais ces nouvelles qui sont aussi une analyse psychologique fine comme il sait les faire, me fait inévitablement penser à cette phrase de François Nourissier qui nous rappelle que  « les hommes et les femmes qui sont faits l'un pour l'autre n'existent pas, (que) c'est une invention niaise des amoureux pour justifier leur entêtement ou leur optimisme » et on peut toujours se donner du courage ou de l'espoir, habiller le hasard qui a favorisé une rencontre avec des voeux, des intuitions et surtout des illusions, mais les promesses et les serments durent rarement longtemps et se brisent souvent sur les murs du mensonge, de la trahison et de l'adultère. La multiplication des divorces actuellement me paraît illustrer cette réalité.

Moravia n'oublie pas non plus que la société célèbre toujours ceux qui réussissent leur vie et les montre en exemple mais il n'oublie pas non plus qu'elle est surtout composée des cohortes de malchanceux, de ratés et de quidams qui survivent tant bien que mal dans l'anonymat de l'échec quotidien, quand ils ne subsistent pas de charité, de rapines ou d'expédients. Mais la morale veille, enfin pas toujours !

J'ai redécouvert avec plaisir cet auteur croisé il y a bien longtemps et ce fut un bon moment de lecture.


© Hervé GAUTIER – Mai 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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De très brèves nouvelles à l'écriture fluide, une ambiance "Italie années '50" restituée avec une étonnante économie de moyens stylistiques.
Ces nombreuses histoires sont contemporaines de l'époque où elles ont été composées par Moravia ; elles présentent - sans prétentions sociologiques qui alourdiraient leur déroulement - le quotidien souvent fait de débrouille au jour le jour des italiens moyens d'après-guerre.

La lecture de ce recueil m'a été d'autant plus agréable qu'étant fan du cinéma italien d'après-guerre, la plupart des histoires font bien sûr penser à d'innombrables films (comédies ou drames) de cette même période.
Il est d'ailleurs à noter que deux nouvelles de ce recueil sont å l'origine du magnifique film (pas très connu) de Mauro Bolognini intitulé "Ça s'est passé å Rome" / "La giornata balorda".

Un recueil idéal - je pense - pour qui voudrait découvrir ensuite les romans de Moravia.
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Il est très plaisant de pouvoir lire cet ouvrage composé de trente-six nouvelles. Je le recommande particulièrement aux personnes qui prennent les transports et qui souhaitent à la fois une lecture dépaysante - via cette plongée dans l'Italie contemporaine - et en même temps avoir le sentiment de ne pas devoir interrompre sans cesse leur lecture grâce au format très court des histoires. Alberto Moravia décortique très bien les sentiments des gens dans ces nouvelles aux thèmes divers qui donnent à réfléchir sur les relations filiales, amicales, amoureuses....Une très belle découverte !

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