Grande déception : platitude et désolation au menu
La Sixième apparaît dans toutes les listes de recommandations de lectures pour collégiens. En tant que professeur de français, il me semblait donc logique de rattraper mon retard en lisant ce prétendu chef d'oeuvre de littérature jeunesse.
Je confirme que le niveau de langue, les structures syntaxiques et le thème pourront tout à fait convenir à des enfants de 9-12 ans. Ce livre étant relativement court, on arrive à la dernière page sans heurt. Néanmoins, l'impression finale n'est
pas si positive, pour les raisons suivantes :
1- L'héroïne, Margot, pense et parle comme une adulte, ce qui n'a rien de très crédible et qui est même agaçant par moments.
2- La famille de Margot n'est qu'esquissée : une mère bien brave qui donne à sa fille autant d'argent qu'elle le souhaite, la laisse sortir où et quand elle veut, sous le seul prétexte qu'elle est bonne élève, et qui radote un "tout ira bien" sans grande conviction ; un père transparent, qui ferait mieux de ne
pas exister du tout dans le livre, on gagnerait du temps ; il n'y a que la grande soeur qui paraisse un peu plus "consistante" dans son rôle de "j'y suis
passée, je sais mieux que tout le monde ce que tu dois faire".
3- Les seuls moments "forts" sont une réunion de classe ratée, un ciné gratuit et un baiser volé... C'est léger.
4- Les professeurs de Margot sont tous sévères, injustes voire méchants. Aucun ne semble aimer ni son travail ni les élèves (à part la prof d'histoire). Je comprends bien que l'idée est de rendre le point de vue de la jeune fille, mais je ne connais aucun élève réel qui soit à la fois aussi impliqué que Margot dans la vie de son établissement et à ce point négatif sur l'ensemble des adultes qui l'entourent.
Je lis dans les autres commentaires que ce livre peut permettre de dédramatiser la rentrée en sixième : je crois plutôt qu'il conforte dans la peur de se retrouver seul(e), entouré(e) de camarades de classe sans grand intérêt et d'adultes au mieux dé
passés, quand ce ne sont
pas des tortionnaires. En bref, je déconseille cette lecture.