Listopád

Le livre « Listopád » est le sixième livre de l'écrivaine tchèque Alena Mornštajnová publié en 2021. le nom du livre est une modification du mot tchèque « listopad » qui signifie « novembre ». Par un jeu de mots l'auteure a modifié ce titre en ajoutant un accent sur sa deuxième partie « pád » ce qui signifie en tchèque « la chute ». Il s'agit donc d'un mot inventé qui pourrait être traduit comme « la chute en novembre ». Il évoque les événements de Novembre 1989 où a commencé en Tchécoslovaquie (à cette époque on parle encore de la Tchécoslovaquie) la révolution appelée « La Révolution de Velours » qui a entraîné la chute du communisme et a permis la démocratisation du pays avec l'arrivée au pouvoir de Vaclav Havel, le premier président démocratique qui a été apprécié par de nombreux représentants des pays démocratiques étrangers.

Il s'agit d'un roman dystopique qui imagine comment la vie en Tchécoslovaquie aurait pu tourner si le communisme n'avait pas lâché les rênes et si au lieu d'avoir fait place à la démocratie il avait instauré une dictature avec la mise en place des persécutions des citoyens qui se sont opposés publiquement au régime pendant le petit créneau de liberté où ils ont cru que le communisme tomberait.

Les personnages principaux sont Maja et Magda dont les chemins vont se croiser un jour.

Maja est une jeune mère qui habite avec son mari Joska, sa fille Lenka et son fils Kubik dans une petite ville dans la région de Moravie en Tchécoslovaquie. Ils vivent leur petite vie simple et paisible en obéissant au système et en faisant l'effort de ne pas se faire repérer.

En novembre 1989, quand il semblait que le régime communiste tomberait, elle s'est engagée avec son mari dans les protestations contre le régime. Par le revirement de l'histoire elle a tout perdu et s'est retrouvée éloignée de ses proches pendant de longues années. Elle a subi beaucoup de souffrance psychologique et des conditions de vie déplorables. Malgré toute défaveur du destin, elle gardait l'espoir de retrouver un jour ses proches ce qui lui donnait la force de se battre et de survivre.

Magda est une petite fille de 4 ans qui a été abandonnée par ses parents en janvier 1990. Elle a été prise en charge par l'Etat et été placée dans un foyer pour enfants abandonnés où tout était organisé et géré pour élever des prochains hauts fonctionnaires et fidèles du régime communiste. Magda en voulait à ses parents de l'avoir abandonnée et croyait que l'Etat et le système étaient les meilleures choses qui pouvait lui arriver, ainsi elle voulait les servir sans faille.

Nous en apprenons beaucoup sur la vie dans ce foyer. La vie a été organisée pour favoriser les dénonciateurs et punir ceux qui ont osé douter ou penser un peu librement. Les enfants ont été élevés sous une cloche où régnaient l'idéologie, la discipline et la morale de travail dure. Magda devient progressivement une jeune femme, une communiste fidèle et dévouée avec tous les mauvais traits de caractère l'accompagnant. Elle se marie, a des enfants, travaille comme rédacteur en chef dans un magazine et écrit des livres pour les enfants. Elle a bien réussi sa vie mais son histoire la rattrape un jour. Aussi, elle sera obligée de remettre toute sa vie en question.

Est-ce que le livre nous donnera un happy-end, Maja va-t-elle retrouver ses proches et sa liberté ? Ou en revanche elle va-t-elle rater sa vie en finissant mal ? Son amour maternel pourra-t-il être exprimé ? Sera-t-il réciproque ou les larmes vont-t-elles couler sur nos joues en lisant les dernières lignes ?

A mon avis, il s'agit d'une histoire très touchante. Ce qui est marquant est la description de l'amour d'une mère pour ses enfants, cet amour qui donne la force de tout pardonner et de survivre à tout. le rythme de la narration est agréable et fluide. J'ai apprécié qu'il n'y ait pas de descriptions fastidieuses, juste autant que nécessaire pour bien comprendre l'histoire. Les dialogues ont été également en quantité suffisante et bien écrits.

En revanche, la narration est parfois un peu naïve et laisse certains points sans les approfondir, par exemple le destin du fils de Maja qui a disparu avec son père biologique. L'enchaînement d'histoires tristes est parfois dur à encaisser mais il est compréhensible car l'auteure voulait exprimer le désespoir des protagonistes et aussi la perte de maîtrise de leur destin. Un autre point négatif qui ne concerne que moi est que j'avais parfois un peu du mal à croire que tout ça pouvait se passer en Tchécoslovaquie à la fin du 20ème siècle, même si c'était bien écrit, car on a pris l'habitude de vivre en démocratie et d'être libre.

L'amour de Maja pour sa fille qui est restée sans retour et sans compréhension nous touche au coeur et nous fait comprendre qu'il faut être indulgent envers nos parents parce que parfois ils n'ont pas eu d'autres choix, ils ont dû se soumettre aux situations et circonstances extérieures de la vie. Les enfants ont parfois du mal à comprendre leurs parents et à leur pardonner leurs erreurs du passé. Être un parent est décidément un rôle difficile et on n'en sort jamais complétement intact malgré toutes nos bonnes intentions et toute notre bonne volonté.