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sur 2185 notes
Un thème grave, une histoire non moins dramatique et une lecture dure.

Le flash back entremêle les souvenirs des uns et des autres, le vécu et l'imaginaire, l'oublié et le remémoré, la raison et la folie.
L'écriture sert l'idée, la phrase se soumet à l'oral, le récit à l'esprit.
S'il est parfois rien moins que facile à suivre, le cours de l'histoire emporte comme un flux qui noie, refoule et laisse sur le bord, puis reprend.
L'émotion étreint et désempare.

anne.vacquant.free.fr/av/
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Un rendez-vous totalement manqué.
Cette lecture m'a été particulièrement pénible. C'est le deuxième roman que je lis de Toni Morrison et je n'arrive pas à plonger dans son style que je trouve totalement décousu.
C'est très frustrant quand je vois à quel point elle est aimée et que je passe à côté à chaque fois.
Mais cette lecture a été subi d'un bout à l'autre.
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Lu en 2016. Un roman envoûtant du début jusqu'à la fin, entre imaginaire, ésotérisme et réalité historique, servi par une plume percutante et infiniment émouvante !
Une maison hantée de cauchemars et de fantômes abrite une mère et sa fille. L'intrigue est lancinante, les secrets lourds et les souvenirs effroyables. L'esprit reste prisonnier des souffrances qu'il renferme, des souvenirs refoulés entravant la parole, des mots ne pouvant raconter l'indicible.
Un récit qui raconte évidemment l'histoire d'un peuple martyr, privé de sa liberté, ainsi que la barbarie des hommes et son implacable férocité.
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Ce que je retiens pour l'instant des romans de Toni Morrison, c'est la souffrance. J'ai du mal à savoir quoi dire sur ce roman ; je ne l'ai pas trouvé difficile, mais dur, je ne l'ai pas trouvé obscur, mais lent, je ne l'ai pas trouvé tout simplement. J'ai une sensation de vague, même des jours après avoir terminé la lecture – il est profond et plein de douleurs, rempli de fantômes qui se répètent et hantent les esprits et les coeurs, de souvenirs qu'on aurait préféré oublier probablement, mais ce serait laisser aux lîmbes ceux qui auraient pu vivre s'il n'y avait pas eu la misère et la condition noire (esclavage, racisme, pauvreté). L'écriture … en réalité je ne saurais pas dire si l'écriture m'a émue ou laissée tomber. Ce n'est pas le vide que je ressens habituellement lorsque j'ai lu une oeuvre qui m'a tellement émue qu'elle a pompé toute émotion en moi pour s'en abreuver. Tout ce que j'arrive à dire de Beloved, c'est que cette oeuvre existe et je m'en sens tellement détachée que je ne trouve rien à en dire de positif ou négatif.
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En résumé : 1873 Etats Unies. Belved est un roman historique mâtiné de fantastique horrifique, qui retrace le parcours d'esclaves, d'affranchis et de fugitifs.

En détail :

Ce récit est extrêmement dur dans ses thématiques, qui sont nombreuses même si l'esclavage est prédominant. Tous les narrateurs sont esclaves ou anciens esclaves et sont confrontés à l'injustice et à la cruauté de leur condition. La survie côtoie de près la folie. Celle de connaître l'exact prix de sa vie en dollars, celle de savoir que ses enfants ne seront pas les siens. Ne pas s'attacher, ne vivre que de petits amours, n'avoir que de petites joies, des plaisirs cachés car toujours éphémères. Quand Sethe, esclave fugitive, préfère tuer son enfant plutôt que de le voir retomber dans les griffes des esclavagistes venus la reprendre, elle montre ainsi à tous l'issu de ce système inhumain.

Cet acte questionne sur la valeur de la vie, si une vie d'esclave vaut mieux que pas de vie du tout. Les personnages se posent tout le long la question de leurs limites, à chaque nouveau palier dans l'inhumanité, est-ce qu'ils doivent, peuvent endurer cela, il y aura-t-il encore pire ?

A cela s'ajoute un élément fantastique, la maison de Sethe est maudite, hantée par le bébé décédé, que l'on continue d'entendre monter les escaliers, déplacer et briser des objets. Les habitants se sont habitués à cette situation, mais l'arrivée d'une jeune fille à l'attitude étrange va finir de faire basculer le récit dans le fantastique. Sans passé ni souvenir, elle va pourtant évoquer des choses qu'elle ne devrait pas connaître et qui vont peu à peu révéler son identité.

Le récit est dur à la compréhension dans ces premières pages. Il faut en effet prendre le coup de cette narration décousue, qui part dans le passé pour revenir au présent au détour d'une phrase. Les narrateurs changent, se répondent, interpellent tour à tour, comme s'ils ne voulaient pas livrer leur récit. Une histoire trop lourde, trop cruelle, dont ils ne veulent pas se souvenir et encore moins raconter tant elle blesse.

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"Elle ne put pas croire que Halle sut ce qu'elle ignorait ; que Halle, qui n'avait jamais respiré une bouffée d'air libre, sût qu'il n'y avait rien de meilleur au monde."

Une fois n'est pas coutume, j'ai dû lire la quatrième de couv' pour bien comprendre ce que j'avais sous les yeux. Ce n'est absolument pas un roman facile. Il demande d'entrer dans les limbes de personnages qui ne savent plus vraiment où ils en sont. La différence entre la liberté et la propriété n'est pas aussi nette que l'on peut le croire. Il ne s'agit pas de décréter quelqu'un de libre pour qu'il se sente responsable pleinement de sa vie. Il ne suffit pas d'être du bon côté des Etats-Unis pour enlever toutes peurs et asseoir toutes les certitudes d'un être conscient. Il y a d'un côté les corps et les âmes. Dans ce roman, les deux ne se rejoignent pas toujours. C'est ce que l'autrice tente d'expliquer, en tout cas c'est ce que j'ai cru comprendre à travers ces lignes.

Il y a dans chaque page des âmes en lambeaux qui ne savent même plus si elles souhaitent être recousues. Cet état d'errance est glaçant.

Une lecture pas facile car le sujet est dur mais pas que ! La narration est corsée. Il demande au lecteur de savoir quand il s'agit du passé ou du présent. C'est périlleux. Plus d'une fois je me suis sentie complètement larguée.

Nous suivons Sethe et sa fille qui accueillent un nouveau venu à la maison. C'est une ancienne connaissance de Sethe. Il découvre une habitation hantée. Les deux locataires se sont faites aux mouvements intempestifs. Quel fantôme hante ces lieux et pourquoi ?

Les révélations de ce roman racontent une part de l'histoire sombre des Etats-Unis. Elles s'attachent à mettre en lumière les traumatismes crus des anciens esclaves. Je me souviens d'un passage puissant où un des personnages comparent son existence à celle d'un coq - les émotions sont parfaitement imagées.

C'est un classique, à lire au moins une fois dans sa vie.

/!\ N'oublions pas que Beloved fait partie des livres menacés d'être interdit aux US. N'oublions pas que les livres et la lecture doivent TOUJOURS être protégés. /!\

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C'est un fait divers qui fut le terreau de ce livre, un terreau imbibé de sang, de sueur, de larme très certainement et empreint d'une mémoire qui nous dépasse.

Avec Beloved, Toni Morrison nous parle de cette période ambivalente de l'histoire américaine où petit à petit les esclaves sont affranchis. Leurs corps, marqués, sont libres, mais leurs esprits restent bel et bien entravés par leur passer et c'est de cela que l'autrice nous parle.

Tout juste évadé, Sethe commet l'irréparable en tuant sa fille, pour elle, la mort vos mieux qu'une vie d'esclave. Elle sera dès lors hantée par cette enfant qui, dans un premier temps, prendra la forme d'un esprit turbulent pour ensuite, apparaître sur le seuil de sa maison sous les traits d'une jeune fille du nom de Beloved. Et tel l'enfant prodigue, elle sera accueillie les bras ouverts sans aucune demande d'explication.

Teinté de surnaturel, le récit est également fragmenté par les réminiscences des personnages, on est donc ballotté dans un présent qu'on a du mal à appréhender et un passé qui surgit sans cesse et sans prévenir.

Ce fut donc une lecture qui n'a pas été de tout repos, j'ai souvent eu l'impression de ne pas tout saisir et la frustration à pointer le bout de son nez à plusieurs reprises, mais j'avais à coeur d'aller jusqu'au bout de cette histoire.

Ce roman mérite qu'on s'y accroche, pour l'histoire qu'il raconte, mais aussi pour ses personnages que l'on rencontre véritablement, après un long chemin semé d'embûches, c'est vrai, mais je vous promets qu'on finit par recoller tous les morceaux de leurs esprits morcelés.
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La parution récente de cette nouvelle traduction de Beloved aux éditions Bourgois par Jakuta Alikavazovic m'a donné envie de me plonger dans ce roman. Toni Morisson, Nobel de littérature 1993, a obtenu le prix Pulitzer en 1988 pour Beloved, qui est considéré comme l'une des meilleures oeuvres de fiction américaine. Son histoire est inspirée d'un personnage et de faits réels.

Nous sommes en 1873, à Cincinnati dans l'Ohio, juste après la guerre de Sécession. Sethe vit au 124 Bluestone Road, une maison située en zone libre qu'elle avait rejoint avec ses enfants il y a dix-huit ans, alors qu'elle était fugitive. de cette famille il ne reste plus que Sethe, sa fille Denver et le fantôme de sa fille ainée assassinée, Beloved.

Toni Morisson écrit un roman très exigent pour son lecteur. Elle procède par ellipse narrative éclairant par touches successives le drame central du roman: la mort de Beloved. Pour cela, elle rassemble les souvenirs succincts de divers personnages, à des époques différentes, laissant le lecteur face à un récit éclaté.

L'écriture est laborieuse, mais ce n'est pas fortuit. Toni Morisson fait sans aucun doute souffrir son lecteur pour mieux faire passer son message: décrire la réalité cruelle de l'esclavagisme et la difficile réappropriation de sa liberté suite à l'abolition. Quand on est nié dans son humanité, toujours pourchassé par ses anciens maitres blancs ou encore persécuté, le traumatisme perdure, comme une plaie ouverte. On peut être amené à commettre l'irréparable, un sacrifice ultime, comme un acte d'amour désespéré…

Beloved est un grand roman, une expérience de lecture inoubliable, un plaidoyer universel et sans complaisance contre la cruauté et pour la dignité humaine. Bravo à Jakuta Alikavazovic pour cette magnifique traduction toute en finesse.
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Au travers de Sethe, sa famille d'avant et après, de sa maison, on découvre un pan de l'histoire qui m'etait peu connu de l'esclavage, pas en tant que phénomène sur la grande histoire, mais comme événement de vie tragique, cruel, marquant de ceux qui l'ont vécu du "mauvais" côté de l'histoire. Depuis ses racines jusqu'à son abolition, laissant des traces jusqu'au plus profond des êtres l'ayant subi. Leur quotidien, leur souvenirs toujours présents, leur culpabilité, l'amour, l'envie, la solitude, la vie, les morts. Tout est vu sous ce filtre.
Alors ça fait mal, ça fait vivre, pleurer, avancer.
Le tout sous une plume particulière, qui force le malaise, l'oppression, qui fait travailler son lecteur, le maltraite presque. le tout de manière intentionnelle.
On ne ressort pas indemne de cette lecture.
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Ma chronique sera plus longue que d'habitude, mais comment parler d'un chef-d'oeuvre en quelques lignes ? Je vais d'abord parler de la nouvelle traduction et de la postface de la traductrice qui fait corps avec le texte de Toni Morrison, puis résumer brièvement le roman de façon chronologique, ce qui peut éviter à certains lecteurs d'être rebutés par le côté éclaté de la narration (libre à vous de lire ou pas cette partie…). Je n'ai pas pu résister à donner des extraits de la postface de la traductrice dont l'analyse, brillante, magnifie encore un peu plus le texte de Toni Morrison. Pour terminer avec quelques citations dans cette traduction récente et dans celle de 1989, à titre de comparaison.

« Peut-être le roman parfait »… Ce n'est pas moi qui le dit mais la traductrice, Jakuta Alikavazovic, dans une postface enflammée, sous titrée de la liberté. Elle dit son éblouissement et son désir de ce roman dans une lecture qui adopte le temps de l'écriture… La traduction comme une lecture privilégiée : c'est beau pour celle ou celui à même d'atteindre ce Graal. Ainsi, le texte retrouve une nouvelle jeunesse, une nouvelle vigueur bienvenue, n'en déplaise aux bas-de-plafond instaurant de nouvelles formes de censures, proscrivant Beloved de nos jours dans certains établissements scolaires, aux États-Unis…

On a de plus en plus de nouvelles traductions de classiques, cela me réjouit. J'ai même du mal à résister à ce type de publication. Et pourtant j'avais toutes les raisons de reporter cette lecture avec les dizaines de romans reçus pour la sélection du Prix du livre Orange 2024... Mais je ne regrette pas de ne pas avoir résisté et de m'être plongé dans ces pages magnifiques. D'une certaine manière ce livre là, avec la postface qui se hausse au niveau de l'oeuvre, bénéficiant du recul de 25 ans, me sert de mètre-étalon pour élaborer un avis sur les romans tels qu'ils se publient actuellement. J'ai comparé de longs passages de la traduction de 1989 avec celle-ci. Je préfère de loin celle-ci, sans être en mesure de dire laquelle respecte l'originale… Mais est-ce la question si l'esprit du texte est respecté ? Toute traduction est une interprétation et on l'admet facilement pour la musique de Bach, Beethoven, Mozart… Ici l'écriture et le rythme sont plus vifs, le texte plus resserré donnant une musique favorisant l'accueil du sens, de cet amour retiré et donné à la fois à Beloved.

Résumé chronologique :

1855 : Sethe, esclave dans la plantation de Sweet Home, s'est enfuie pour rejoindre la mère de son mari, Baby Suggs, la seule dont la liberté a pu être rachetée par son fils. Avant sa propre fuite, Sethe a envoyé chez sa belle-mère ses trois enfants : deux garçons et une petite fille qui commence à peine à ramper. Au cours de sa fuite, Sethe, enceinte, accouche d'une autre petite fille qu'elle prénomme Denver. Elle se croit tirée d'affaire, mais les Blancs qui recherchent les fuyards, finissent par les trouver. Cachée dans la grange, désespérée, elle tue sa fille de deux ans afin de lui épargner une vie d'esclave. Denver, elle, sera sauvée in extremis. Sethe sera emprisonnée, puis libérée et retournera vivre chez Baby Suggs où elles seront accompagnées du fantôme du bébé...

1873, Ohio, où la protagoniste Sethe et sa fille Denver essayent de reconstruire leur vie après la fin de la guerre de Sécession et l'abolition de l'esclavage. La belle-mère de Sethe, Baby Suggs, a vécu avec elles jusqu'à sa mort huit ans plus tôt. Juste avant la mort de Baby Suggs, les deux fils de Sethe, Howard et Buglar, s'étaient enfuis. Sethe croit qu'ils se sont enfuis à cause de la présence malveillante qui a hanté leur maison au 124, chemin Bluestone, pendant des années. L'histoire s'ouvre sur une introduction au fantôme : « Le 124 était habité de malveillance. Imprégné de la malédiction d'un bébé. Les femmes de la maison le savaient et les enfants aussi. » Un jour une jeune fille perdue, mystérieuse, se présente à leur porte. Elle a dix-huit ans et prétend s'appeler Beloved comme l'inscription sur la tombe du bébé que Sethe a tué des années auparavant.
Extraits de la postface:

Jakuta Alikavazovic : « Qu'est-ce qu'un livre parfait ? La question, à première vue, n'a pas plus de sens que celle de savoir ce qu'est un séisme parfait. Et pourtant. »…
La liberté est le thème principal de l'oeuvre de Toni Morrison. « Qui, dans l'histoire des États-Unis, en a été privé d'avantage que quiconque ? A partir de là elle écrit l'histoire de Sethe. Un roman sur la liberté. Et sur son prix. »
« … une vision. Une fille qui sort de l'eau, un chapeau sur la tête. Qui est-elle ? » Au coeur du livre apparaît non l'assassine d'un bébé, mais l'assassinée, a l'âge qu'elle aurait alors, 18 ans... »

« Sa source d'inspiration : l'histoire vraie d'une ancienne esclave, Margaret Garner, qui tente de tuer ses enfants (et, pour l'un y parvient) plutôt que les rendre à la captivité. Toni Morrison est la première à le revendiquer : au-delà de ce point de départ historique, elle s'affranchit des faits. S'en remet à son imagination. On pourrait le dire autrement : pour écrire sur la liberté, il lui faut une forme libre. Et la forme suprême que prend la liberté au vingtième siècle, c'est peut-être le roman. Un roman comme une rivière en crue, qui quitte le lit du réalisme et même, semble-t-il parfois, celui de la prose. Une langue qui marie les contraires et dont l'effet ne se laisse circonscrire que par d'apparents oxymores : ainsi parle-t-on pour Beloved, de réalisme magique, de prose poétique. En résulte un roman aux multiples facettes, histoire de famille, histoire de fantôme, histoire d'amour. Histoire politique, également, et réquisitoire contre tout un pays qui longtemps aura préféré regarder ailleurs. Faire comme si de rien n'était. »
Dans son discours d'acceptation du prix Nobel en 1993, à Stockholm, Toni Morrison insiste sur le rôle du langage : « la nécessité de le défendre face aux attaques délétères dont il est la cible, face aux ersatz qui le mettent en péril : des formes d'expression qui se prétendent vivantes mais qui sont mortes. Et qui répandent la mort. du "langage estropié qui estropie", dit-elle, diamétralement opposé de sa fonction première : "un outil qui permet de rencontrer le sens, qui sert de boussole, qui exprime l'amour". Et d'ajouter cette précision qui me semble essentielle : "il ne s'agit pas de contraindre le langage à rester en vie", ni d'"envisager cette survie comme une fin en soi. La vitalité d'une langue réside dans son aptitude à dépeindre l'existence concrète, fictive et potentielle de ceux qui la parlent, la lisent, l'écrivent". Pourquoi cette phrase est-elle essentielle ? Pour ce qu'elle dit du langage, bien entendu. Mais aussi – surtout ?- pour ce qu'elle dit de l'existence. de sa nature : car la vie que nous chérissons ou devrions chérir n'est pleine, entière qu'à considérer sa nature triple. " Concrète, fictive et potentielle". C'est parce que l'existence est telle que nous avons besoin de ce langage qu'est la littérature. »

Citations en comparant les deux traductions disponibles :

Traduction de 1989 due à Hortense Chabrier et Sylviane Rué :
« Paul D s'assied dans le fauteuil à bascule et examine l'édredon rapiécé de couleur de carnaval. Ses mains pendent, molles, entre ses genoux. Il y a trop de choses à éprouver pour cette femme. La tête lui fait mal. Soudain il se souvient de N° Six, quand il essayait de décrire ce qu'il ressentait pour la Femme-aux-Cinquante-Kilomètres.
- C'est l'amie de mon esprit. Elle me ressemble, vieux. Les morceaux que je suis, elle les rassemble et elle me les rend tout remis en ordre. C'est bon, tu sais, d'avoir une femme qui est l'amie de ton esprit. »»

La même citation dans la traduction de 2023 due à Jakuta Alikavazovic :
« Paul D s'assoit dans le fauteuil à bascule et examine le patchwork aux couleurs de fête foraine. Ses mains sont molles entre ses genoux. Il y a trop de choses à éprouver envers cette femme. Il a mal à la tête. Soudain lui revient la façon dont Sixo s'efforçait de décrire ses sentiments pour la femme des Cinquante Bornes. "Elle est une amie de mon esprit. Elle me rassemble, mon gars. Les morceaux qui me font, elle les rassemble et elle me les rend tout dans le bon ordre. Ça fait du bien, tu sais, d'avoir une femme qui est l'amie de ton esprit." »

Autre citation dans la traduction de 1989 due à Hortense Chabrier et Sylviane Rué :
« - N° Six plante du seigle pour que la parcelle d'en haut donne mieux. N° Six prend, et puis il nourrit la terre, et ça vous fait une meilleure récolte. N° Six prend et nourrit N° Six, ça fait qu'il vous donne plus de travail.
Astucieux, mais Maître d'École le fouetta quand même pour lui montrer que les définitions appartiennent aux définisseurs, et non pas aux définis. »

La même citation dans la traduction de 2023 due à Jakuta Alikavazovic :
« "Sixo plante du seigle pour donner une meilleure chance au carré du haut. Sixo prend et nourrit la terre, vous donne plus de récoltes. Sixo prend et nourrit Sixo, vous donne plus de travail."
Malin, mais le maître d'école le battit néanmoins, histoire de lui montrer que les définitions appartiennent à ceux qui définissent – et non à ceux qui sont définis. »

Un livre essentiel – rehaussé encore par cette traduction lumineuse – qui va entrer dans mon panthéon littéraire personnel, une langue vivante qui fait du bien, un livre qui lave de la médiocrité, de la barbarie.
Peut-être bien le roman parfait ! Qu'en pensez-vous ?
Lien : https://clesbibliofeel.blog/..
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