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sur 1607 notes
Frank Money et sa petite soeur Cee ont vécu une enfance troublée mais sont restés soudés, dans la ville de Lotus, en Géorgie.
Nés dans une famille noire pauvre de l'Amérique des années 1950, avec des parents souvent absents à cause de leur travail précaire, c'est leur grand-mère qui était omniprésente, et oppressante.
Ils ont chacun fui cette enfance, le premier par obligation militaire pour faire la guerre en Corée, et la seconde par choix.
Mais un parcours de circonstances va faire que Frank, de retour au pays après la guerre, doit tout faire pour retrouver sa sœur.
Cet homme a été meurtri par cette guerre, la mort de ses camarades, un syndrome du survivant en quelque sorte.
Peu à peu, nous découvrons le portrait de cet homme, de sa soeur, de ce qu'ils ont vécu et ce qu'ils sont devenus, du racisme qu'ils subissent, et leurs coups du sort.

Le récit est sans artifices, il va à l'essentiel, un essentiel fort en émotions, avec des mots puissants, des passages avec de la violence physique et/ou morale.
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Frank est hospitalisé dans une chambre d'hôpital psychiatrique. La chambre est située au dessus de la morgue de l'hôpital. Pourquoi est-il là, depuis quand...? il ne s'en souvient pas.
Alors, il fuit, pieds nus, vêtu de sa seule chemise de malade. Il a été rapatrié aux Etats-Unis, traumatisé par ce qu'il a vu, par ce qu'il a vécu en Corée, par la mort de ses copains déchiquetés par des bombes. Pourtant, il ne souvient de rien d'autre, c'est ce qu'il dira au révérend Locke qui l'accueillera. Il a frappé chez lui par hasard, alors que"son corps était agité de violentes secousses, telle une victime de la danse de Saint-Guy, et ses dents claquaient de manière si incontrôlable qu'il ne pouvait émettre un son"
"Vous avez de la chance.... monsieur Money. Ils vendent beaucoup de corps, là-bas...à l'école de médecine..." lui dira le révérend, un bon samaritain.
On perçoit cependant que Frank est un homme angoissé, animé par une rage forte, un homme en plein désarroi
Le cadre est posé, dès les premières pages, on soupçonne, mais comment en serait-il autrement avec Toni Morrison, que le roman sera violent, que ce héros Franck sera le porte parole d'un combat de l'auteur.
Frank est un soldat noir démobilisé de la guerre de Corée depuis un an. Il cherche à revenir à la maison, au pays, chez lui, ....d'où le titre sans doute, mais aussi à retrouver une vie normale, à retrouver ses esprits. "Home" est peut être aussi son Moi profond analysé par les psychologues, un moi qui a été fortement mis à mal par ce qu'il a vu et vécu, par le sang, les horreurs et la mort des copains, déchiquetés par les obus. Taiseux et angoissé, il se soigne dans l'alcool, et présente des accès de schizophrénie.
Un homme, un soldat bon pour défendre au loin son pays et ses valeurs, bon pour y risquer sa peau, mais presque un sous-homme dans son pays
Un retour pas facile, auprès des siens également mal dans leur peau, dont une soeur Cee (Ycidra) plaquée par son mari qui lui préféra une bagnole, une soeur embauchée par un médecin eugéniste, le docteur Beau, qui fit sur elle des expériences médicales la laissant définitivement stérile aux portes de la mort. Il la ramènera au domicile à Lotus
Une traversée des Etats-Unis, auprès des siens, qui le portera de Seattle à Atlanta, dans sa Géorgie natale où il passa son enfance. Années 50 , les Etats du Sud n'avaient pas encore éradiqué leurs vieux démons racistes.... les Noirs étaient encore des nègres, la violence était présente, ils devaient l'affronter. Heureusement quelques bons samaritains, quelques esprits hostiles à la ségrégation aidaient les Noirs dont Mademoiselle Ethel qui dira à Cee : "Tu vois ce que je veux dire ? Ne compte que sur toi-même. Tu es libre. Rien ni personne n'est obligé de te secourir à part toi. Sème dans ton propre jardin. Tu es jeune, tu es une femme, ce qui implique de sérieuses restrictions dans les deux cas, mais tu es aussi une personne. Ne laisse pas Lenore ni un petit ami insignifiant, et sûrement pas un médecin démoniaque, décider qui tu es. C'est ça, l'esclavage. Quelque part au fond de toi, il y a cette personne libre dont je parle. Trouve-la et laisse-la faire du bien dans le monde."
Cee comprit qu'elle devait être cette personne libre capable de se respecter elle-même, de réfléchir, de se sauver, capable d'être une femme sans jamais être mère. Elle seule peut le faire
Chacun à son "Home", sa maison où il se sent bien, à trouver et à transformer en "Home, sweet home". Il faut parfois du temps, il est nécessaire d'affronter des épreuves, de se surpasser, de se tourner vers les autres pour réussir
C'est mon interprétation....beau message.
Il y a presque trente ans j'avais découvert Toni Morrison avec Beloved qui m'avait secoué...Une nouvelle re-découverte à faire
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Frank, retour de la guerre de Corée, traverse une partie des Etats-Unis, de Portland à Atlanta, pour rejoindre Cee, sa soeur malade, et la ramener dans la ville de leur enfance, au fin fond de la Georgie.

Frank doit lutter contre ses fantômes, Cee contre le mépris qu'elle a pour elle-même et dont elle n'a même pas conscience. Et il faut que chacun d'entre eux apprenne à investir sa vie en sortant du rôle que leur a assigné leur enfance : lui en protecteur de sa petite soeur si fragile, elle en pauvre enfant qui n'a d'importance que pour son grand frère.

Ils me sont vite devenus proches, avec leurs cauchemars et leurs peurs qu'il va falloir dépasser. Le récit décrit une parfaite boucle spatiale, qui les ramène d'où ils sont partis ou plutôt d'où ils ont fui, pour permettre leur transformation ; à Frank d'affronter ses démons et d'apprendre à se pardonner ; à Cee d'aller à la rencontre d'elle-même et de découvrir de la considération pour la personne qu'elle est.

C'est un court roman qui fouette l'esprit comme un café très fort. Et qui bouleverse aussi. Une belle histoire de rédemption, à la seule puissance de leur volonté à tous deux.

En peu de mots, qui ne manquent jamais d'une certaine poésie, Toni Morrison m'a emmenée à la suite de ces égarés.
Elle les montre sans complaisance, certes, mais surtout avec une belle humanité qui donne envie de leur tendre la main. De remercier ceux qui les aident en chemin. De hurler après ceux qui les abîment, les blessent, les amoindrissent.
Nous avons tous besoin d'aide pour trouver la force de nous tenir debout.

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Roman d'apparence modeste, «Home» ramène petit à petit le lecteur à la maison, dans cette Amérique du nord, ces États-Unis se relevant à peine de la guerre de Corée, au début des années 1950.

Madame Toni Morrison nous met sur les traces de Franck Money, un homme sérieusement perturbé, en fuite et qui est recueilli par le révérend John Locke et son épouse. Après être resté deux jours attaché et endormi, Franck n'a plus rien, sauf sa médaille militaire car il revient de la guerre de Corée. On apprend de la bouche du Révérend, à qui nous avons affaire : « Vous n'êtes pas le premier, loin de là. Une armée où les Noirs ont été intégrés, c'est le malheur intégré. Vous allez tous au combat, vous rentrez, on vous traite comme des chiens. Enfin presque. Les chiens, on les traite mieux. »
Franck ne peut chasser ce cauchemar qui le hante et lui rappelle les moments atroces vécus là-bas. Sa vie avec Lily a déraillé et il est incapable de garder un travail. Au fil des pages, la violence exercée contre les Noirs est sans cesse sous-jacente. Nous faisons aussi connaissance avec sa famille et surtout sa soeur, Yeidra, qu'il appelle Cee. Ils sont très liés et son histoire tragique elle aussi fait partie de la trame du livre.
Après tant de souffrances, le retour au village, à Lotus, permet à Franck et à Cee de retrouver un certain apaisement. C'est Ethel Fordham, une amie dont le fils a été assassiné à Détroit, qui demande à Cee de ne plus laisser personne décider pour elle : « C'est ça, l'esclavage. Quelque part au fond de toi, il y a cette personne libre dont je te parle. Trouve-la et laisse-la faire du bien dans le monde. »

Formidable écrivaine étasunienne, Toni Morrison a toujours lutté et écrit afin de permettre aux femmes et aux Noirs d'affirmer leur dignité et leur indépendance. Rien n'est encore définitivement acquis mais de gros progrès ont été accomplis depuis les années 1950…
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Un an après avoir été traumatisée par Beloved,j'ai eu le courage de relire enfin Toni Morrison. J'ai retrouvé dans ce court roman son style inimitable, je suis toujours surprise de lire un récit si dur qui ne tombe pas pour autant dans le pathos, le vulgaire ou l'excès. Son écriture est simple, épurée, minimaliste, et pourtant l'histoire est d'une grande richesse et d'une profondeur incroyable.
La trame de l'Amérique ségrégationniste nous plonge au coeur des violences ordinaires subies par les noirs américains, misère et injustices ponctuent le quotidien. Franck devra affronter bien des épreuves pour retrouver sa soeur. Traité comme un moins que rien, le retour à la vie civile est très difficile pour l'ancien soldat souffrant de TSPT. Au fil de son voyage il se souvient progressivement des horreurs de la guerre et essaie d'y faire face.Le destin de sa soeur nous donne un aperçu de la vie très difficile des femmes à cette époque. Ne partageant pas les mêmes démons frère et soeur devront tout les deux réussir à tourner la page sur leur propre histoire, dans l'espoir de se reconstruire.
Un roman touchant et percutant qui vous donnera un aperçu du talent de la grande Toni Morrison.
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Décidément, en ce moment, je ne tombe que sur des livres qui parlent de ségrégation raciale aux États-Unis; ce livre, on me l'a mis dans les mains, et on a bien fait!
C'est l'histoire d'un frère et d'une soeur, Noirs, dans les années 50. Deux jeunes personnes mal aimées par leur famille, qu'on a persuadées qu'elles ne valaient rien, et qui, pour échapper à la tristesse de leur condition, décident de quitter Lotus, leur ville natale. FRANCK s'engage dans l'armée, et CEE suivra le premier beau parleur venu. La vie leur imposera d'horribles drames. Rentré de Corée depuis déjà un an, FRANCK, traumatisé par la guerre, ne reviendra chercher sa soeur que parce qu'on la lui dit au seuil de la mort, victime d'un médecin employeur sans scrupules. Tous deux rentreront à Lotus, ville qu'ils ont tellement détestée, mais le seul endroit où ils trouveront l'assistance, les ressources et les racines nécessaires à leur reconstruction. Ils ne seront jamais mieux nulle part que "à la maison" (HOME).
Un petit roman émouvant d'à peine 142 pages, avec une narration taillée à la hache, efficace, peut-être un peu trop d'ailleurs.C'est pourquoi je mets un petit bémol. Mais quand même un très beau moment de lecture!

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Dans les années 50, un vétéran de la guerre de Corée tombé plus bas que terre part au secours de sa jeune soeur entre la vie et la mort. Il retrouve ainsi sa dignité et elle sa liberté.

Nous suivons tour à tour plusieurs personnages: cet homme qui s'évade pieds nus d'un hôpital psychiatrique pour..... nous l'apprenons plus tard secourir sa soeur, son épouse qui se retrouve seule et tente de survivre, sa grand-mère monstre domestique perclue d'égoïsme haïssant la jeune soeur sans raison particulière, juste parce que, et cette jeune soeur dotée d'un mari qui l'abandonne et va travailler chez un vieux médecin adepte de l'eugénisme.... risqué!

Tout ce que la nature humaine a de plus bas est évoqué ici.

Un certain flou aussi, comme les souvenirs du "héros" ? Comment apprend-il la situation de sa soeur? de quoi souffre-t-elle?

Leçon de l'histoire, malgré les obstacles l'espoir réside dans un retour aux racines.

Intéressant mais assez dur!
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Voici un truc pour devenir le champion du poncif. Dites lors de votre prochain dîner ou au bistrot : "Il ne faisait pas bon être noir autrefois aux Etats-Unis, notamment dans les fifties" (c'est plus chic que dire les "années 50"). Mais, même si, en bons Européens du 21e siècle, on a du mal à croire qu'une telle situation ait pu se produire dans la deuxième moitié du 20e siècle dans le parangon du grand pays occidental, libre et démocratique (Lafayette a dû tenir le top du classement du retournement en tombe les doigts dans le nez pendant quelques décennies), on fait moins les fiérots quand Toni Morrison nous met cette époque sous les yeux et nous raconte certaines de ces tranches de vie. En effet, la violence ou ses conséquences sont présentes tout au long du livre. Une grande part de celle-ci est insidieuse en apparaissant banale, comme l'arrière-plan standard des personnages et de leur histoire. Il en ressort donc des individus souvent lourdement amochés. Toutefois, chaque portrait se révèle touchant par le parti pris de les décrire dans leur pauvre humanité, avec ses tristes logiques et ses contingences, et ce malgré les horreurs que ces protagonistes ont subi ou ont fait subir. L'auteur a visiblement voulu présenter une vision opposée à celle de la société de l'époque qui jugeait les apparences et les actes avant de considérer cette humanité-ci. Avec ce contrepied, Toni Morrison nous fait prendre conscience de l'iniquité, voire de l'horreur de la situation de ce temps et profite de son roman pour suggérer comme un réquisitoire contre les Zétazuniens de l'époque.

Heureusement, au-delà de la peinture sociale qui constitue la toile de fond du roman, celui-ci, pour nous éviter la déprime assurée, nous raconte également l'espoir, celui d'une rédemption. Celle d'un homme lourdement éprouvé, mû par une volonté de survie et de retrouver l'apaisement après son retour de la guerre de Corée. Pour lui, un tel ressourcement passe par la reconstruction de la petite cellule fraternelle constituée avec sa petite soeur ; cellule qui leur a permis de survivre autrefois à tous les coups du sort. Après une longue quête, ils finissent par se retrouver in extremis, se sauver ainsi l'un l'autre in extremis et reconstruire les bases d'une nouvelle vie.

Au-delà de l'intérêt pour cette peinture de l'époque, pour l'histoire du livre, au-delà de la langue et du style très imagés et un brin poétiques qui évitent d'alourdir l'ambiance du récit, la construction du roman et sa logique donnent malheureusement une impression de décousu à l'ensemble, voire parfois d'absence de cohérence qui gâchent un tantinet ce bel ensemble.
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Franck, jeune rescapé traumatisé de la guerre de Corée traverse l' Amérique pour voler au secours de la petite soeur qu'il a toujours protégée. Une histoire qui pourrait paraître banale mais en 140 pages Toni Morrison dresse le portrait de l'Amérique ségrégationniste des années 50 et, par petites touches , aborde finalement plein de thèmes différents : la misère économique, la violence, le racisme, le traumatisme de la guerre mais aussi la solidarité et l'entraide et une certaine forme de résilience qui nous fait refermer le livre sur une note plus optimiste.
C'est court, intense, sans fioritures et sans pathos : un très beau livre.
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Je ne sais pas si cela est dû à la traduction, mais j'ai eu beaucoup de mal avec l'écriture. J'ai dû lutter en relisant plusieurs passages pour comprendre et j'ai eu l'impression que chaque phrase aurait pu se décliner en paragraphe, tant elle décrivait d'actions. Mis à part cela, l'histoire est intéressante et la construction du roman également. Les personnages sont complexes et l'auteur nous cache bien des vérités jusqu'au bout du récit. A lire.
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