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3,82

sur 1606 notes
D'une plume à la fois fiévreuse et elliptique, Toni Morrisson brosse le portrait d'une certaine Amérique ségrégationniste.
Tout est suggéré à petites touches et il faut rester attentif au moindre détail pour pleinement apprécier l'histoire.

Franck Money est noir, on le devine sans que cela soit énoncé, et c'est pour fuir Lotus en Géorgie que lui et ses deux meilleurs amis, Mike et Stuff, s'engagent dans l'armée. Démobilisé après la guerre de Corée, il n'a pas de raison de retourner chez lui, lui qui est en vie alors que ses deux amis ont perdu la leur en Corée. Il a été fortement affecté par leur mort mais, avant ça, par l'épisode de la "petite Coréenne" et reste très perturbé. Seule la lettre qu'il reçoit laissant entendre que Cee, sa soeur, va mourir, le pousse à rentrer.

Entrecoupé de confessions de Franck, le récit laisse percevoir le quotidien de cette population pauvre. "[Les] parents, ils étaient tellement épuisés à l'heure où ils rentraient que tout témoignage d'affection était comme un rasoir : coupant, mince et bref."
Et le retour du combat n'arrange pas les choses. "Vous allez tous au combat, vous rentrez, on vous traite comme des chiens. Enfin presque. Les chiens, on les traite mieux."

C'est aussi le récit d'une rédemption et d'un nouveau départ, symbolisés par une courtepointe donnée et une croix sur laquelle on peut lire "Ici, se dresse un homme".

Un beau roman quoique pas mon préféré de cette auteure, car un peu trop concis.
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Court roman mais non moins intéressant sur la quête d'un vétéran à trouver un sens à sa vie après son retour de la guerre de Corée. J'ai eu un peu de mal à entrer un dans l'histoire

Dans le contexte bien particulier des années 50 dans le sud des Etats-Unis marqué par le racisme, l'auteure nous narre le road-trip de Frank pour aller chercher sa petite soeur, il y a beaucoup de flash-back pour comprendre et imaginer sa vie en Géorgie rurale.

Premier roman que je lis de cette auteure et son écriture m'a touché, l'ensemble est très poétique tout en racontant de nombreuses atrocités.
Un émotion se dégage des mots couchés sur le papier.

Je me ferais un plaisir de découvrir d'autres titres.

Seul bémol, la longueur du texte, j'aurais aimé quelques pages en plus.
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Flash-back dans les années 50. L'Amérique danse le rock'roll, va au drive-in regarder des comédies musicales, achète des réfrigérateurs, des aspirateurs, des moulinettes. C'est le début de la publicité et de la consommation de masse. C'est l'époque du Home, Sweet Home. le rêve américain que le monde entier envie.
Home, tout simplement home. Juste un toit. C'est ce à quoi rêvent les personnages de Toni Morisson dans l'envers du décor ; l'envers du décor c'est la guerre de Corée, le maccarthysme, la ségrégation, les lynchages, les expérimentations médicales sur les pauvres.
L'écriture fragmentée de Toni Morisson, qui suggère plus qu'elle ne dit, invite le lecteur à une collaboration, à s'engager sur la voie du questionnement. Il faut accepter de ne pas tout comprendre tout de suite. Ce n'est qu'à la fin, lorsque toutes les cartes auront été distribuées, que le lecteur pourra recomposer l'histoire (on pense à Faulkner) ; où temps réel et flux de pensées des personnages se superposent (on pense à Joyce).
Toni Morisson énonce des faits plus qu'elle ne dénonce. En ne mentionnant jamais la couleur de peau de ses personnages, en montrant leurs faiblesses, son discours atteint l'universel.«Ne laisse pas Lenore, ni un petit ami insignifiant, et sûrement pas un médecin démoniaque décider qui tu es. C'est ça l'esclavage. Quelque part au fond de toi, il y a cette personne libre dont je parle. Trouve-là et laisse-là faire du bien dans ce monde.»
Un livre magnifique, intense, qui laisse des traces.
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Petit roman qui n'a l'air de rien, concis (mais non bâclé !) jamais ne sont écrits les mots "ségrégation" ou "racisme". Pourtant, c'est bien de cela qu'il s'agit. Toujours dans les détails, dans la façon dont sont traités Cee et Franck, que se soit l'Etat ou l'employeur, le regard des gens. Ils ne perdent pourtant pas espoir et tentent de trouver leur place, bien que cela veuille dire revenir sur les l'ex de l'enfance, qui n'était pas rose, que l'on a voulu fuir, mais qui possèdent une sorte d'équilibre où chacun peut trouver sa place. Qu'ils vont tâcher de trouver, pour arriver à leur paix intérieure et gagner leur indépendance.
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C'est un court roman, un condensé de l'art de Toni Morrison. Il faut se figurer une nouvelle fois la minorité Noire, la guerre de Corée, les conséquences géographiques de la crise des années trente, un féminisme qui s'exprime surtout par les actes, en refusant l'astreinte ordinairement admise, les rélations familiales, la belle-mère, la grand-mère d'un second mariage, celle qui ne sera jamais tout à fait pour vous ce qu'était celle de votre sang, il faut conjecturer sur la vie future d'un pauvre soldat noir, libéré de l'armée, et qui découvre sans le vouloir que sa perception du monde ne sera à jamais plus la même. Voilà l'art de Toni Morrison, celui de tisser court, au plus près des nouvelles du réel, et même si l'usage vaut ici l'utilisation d'un court roman, l'art est le même, intangible, inconséquent aux bourrasques de la bienpensence, impérméable, contraint à la ligne vraie, à l'authentique.
Rapidement lu, durablement inscrit dans nos eprits, Home s'impose sans fioriture, comme le résultat brut de l'art de son auteur, ce grand écrivain qu'ets Toni Morrison.
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Dans Home, Toni Morrison est fidèle à son combat, celui de dénoncer les violences de la ségrégation et les blessures faites au corps et à l'âme du peuple noir.
Frank Money représente toutes les vicissitudes faites à son peuple. Sa famille fut chassée du Texas par les blancs. Réfugiée à Lotus chez les grands-parents, les parents mènent une vie harassante dans les champs de coton jusqu'à s'épuiser et laisser les deux enfants, Frank et Cee à la garde de la grand-mère Lénore, égoïste et méchante. Frank se sent investi de la protection de sa jeune soeur.
Seule issue pour lui, il s'engage avec ses deux amis, Mike et Stuff, dans l'armée. Là, il supporte les atrocités de la guerre de Corée et reste impuissant devant la mort de ses deux meilleurs amis.
" Fini, les gens que je n'ai pas sauvés. Fini, regard mourir les gens qui m'étaient proches. Fini."
Aussi, à sa démobilisation, pourtant meurtri par les cauchemars de guerre, blessé par les attaques de rue, Frank traverse le pays pour rejoindre sa soeur en danger.
Au travers de ce voyage, Toni Morrison évoque la ségrégation, le soutien des frères de la même communauté, le maccarthysme, l'eugénisme, les violences de la guerre.
Home est un roman court mais percutant avec de très beaux personnages comme Frank mais aussi Lily, sa petite amie qui lutte pour s'en sortir ou Billy qui aide spontanément Frank. Cee est le symbole de la souffrance depuis sa naissance mais aussi celui de la survie.
Le roman est remarquablement construit avec un même évènement en début et fin de livre qui montre toute l'évolution des personnages, leur quête de rédemption et leur volonté de retour aux racines. L'auteur insère des paragraphes en italique qui cadre la véritable histoire grâce aux confessions intimes de Frank.
Thomas, le jeune fils de Billy exprime toute l'humanité de ces êtres meurtris avec cette jolie réponse:
" -Quel métier tu veux faire quand tu seras grand?
De la main gauche, Thomas tourna la poignée et ouvrit la porte.
- Homme, répondit-il, puis il sortit."
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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Résumé : le jeune soldat Frank Money rentre traumatisé de la guerre de Corée, ses deux amis y sont restés, il est le seul survivant ; il a des crises d'angoisse et des phases de violence ; il peine à maintenir une relation avec sa fiancée rencontrée lors de son retour.

Il reçoit une lettre de sa jeune soeur très gravement malade, il vole à son secours et se lance sur les routes de l'Amérique pour la retrouver à Atlanta. Il décide de la ramener dans la petite ville de Lotus, où ils ont passé leur enfance.

Lotus représente le passé de Franck, une ville qu'il déteste et qu'il aime, qu'il a voulu quitter et où il retourne.

Franck va se plonger dans ses souvenirs, il va se redécouvrir, se reconstruire et aider sa soeur à en faire autant.

Mon avis : C'est encore un excellent roman de Toni Morrison. C'est court, précis et pourtant ça raconte beaucoup. Home c'est le retour à la maison, la reconstruction et la valorisation de soi.

C'est une histoire émouvante, sur la condition des noirs qui étaient traités comme des inférieurs.

Ils étaient bons à faire la guerre pour les hommes et à nettoyer et servir pour les femmes.

Franck est détruit par la guerre, sa soeur Cee est détruite par son employeur (de façon horrible).

Un livre magnifique, percutant, à dévorer et à méditer.

À lire avec une bière blonde légère et des crackers.


Mon compte Instagram : @la_cath_a_strophes
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Home, écrit en 2013 par Toni Morrison, prix Nobel de littérature 1993.

Un roman court mais fort, bien construit. On ne peut s'empêcher de s'attacher aux personnages principaux, Franck, jeune soldat en perdition qui revient de la guerre de Corée traumatisé et sa soeur Cee qui a été la souffre douleur de son odieuse grand-mère.

Le roman se divise en courts chapitres, chacun se concentrant sur un personnage dont on découvre un aspect de sa vie, que ce soit Franck, Cee, la grand-mère ou l'ex-copine de Franck.

Toni Morrison rend très bien les tourments intérieurs des uns et des autres. Grâce à son écriture, il se dégage de ce roman une grande souffrance humaine, mais aussi une rédemption pour Franck, et une espérance dans l'humanité apportée par les femmes de la ville qui vont sauver Cee.
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J'avais adoré Beloved, je suis restée un peu sur le seuil de Home. J'en attendais beaucoup certainement, peut-être trop, les quelques critiques lues en diagonal me l'avait fait mettre dans ma liste des to-read-books, ce que j'ai fait dès que j'en ai eu l'opportunité.
Je ne suis pas parvenue à partager de l'intérieur la douleur de Franck, de sa soeur. La volonté de Toni Morrison de ne faire mention de la couleur de peau des personnages à aucun moment m'a perturbée, car alors que pour beaucoup, elle était évidente, pour d'autre je me suis posée la question. Or, l'attitude des personnages peut être interprétée de manière tout à fait différente, selon l'appartenance à la communauté "blanche" ou non. Je n'ai pas trop saisi l'intention de l'auteure à ce sujet : la thématique portant essentiellement sur les questions liées à la ségrégation, les différences de traitement, les traumatismes vécus par les personnes noires dans les Etats-Unis du XXème siècle, la volonté de taire sémantiquement leur couleur de peau m'a semblé dépersonnaliser les personnages. Sans doute comprendrais-je mieux l'objectif poursuivi par Mme Morrison si j'avais l'opportunité d'avoir ses propres explications, mais en tout cas, en face à face seule avec son récit, je n'en ai pas saisi la force évocatrice.
Cela ne m'empêchera pas de poursuivre ma découverte de son oeuvre, bien au contraire !
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Première incursion dans l'oeuvre de l'autrice de renom. Je suis passé par la porte de l'audiobook, fort bien réalisée. La voix de la narratrice est belle, forte, pas évidente à accepter au début, puis après, on s'y fait et on ne s'en détache pas. La personnalité du phrasé ne colle pas toujours avec la musique du texte, mais c'est aussi ça, la force d'une interprétation. le livre est très engagé, très féminin, très humain, profondément ancré dans des valeurs de liberté, d'égalité et de paix. Sauf que l'Amérique que les personnages traversent est discriminatoire, sort d'une guerre effroyable et les rapports humains sont tabassés par ce que vivent les petites gens. La diversité des paysages géographiques et humains est très enrichissante. du théâtre à la médecine, en passant par les rituels de guérison, les enterrements, la prison, bref... L'autrice nous fait passer par de nombreuses cases qui ne nous laissent pas indemne. La souffrance et l'injustice sont contés avec une poésie sans concession, une détermination sans faille et une acceptation qui fait loi. Que faire ? Chacun se débat dans cette vie, contre les traumas, les drames, les injustices et pourtant le phénomène de la vie surgit là où on ne l'attend pas. Un roman fort, troublant, beau, puissant. Je reviendrais sur les pas de cette grande artiste.
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