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sur 1609 notes
Frank Money est un vétéran afro-américain de la guerre de Corée et qui n'a aucune envie de rentrer à la maison. Parti avec ses deux meilleurs amis, car l'armée était pour eux la seule façon de quitter Lotus, il appréhende de croiser les parents de ceux qui ne rentreront pas, et les cauchemars ramenés de la guerre n'aident pas du tout! Seulement voilà, il vient de recevoir une lettre: sa soeur Cee a besoin d'aide, et il plaque tout pour la rejoindre.
A partir de tout cela, l'auteur tisse une série de très beaux portraits humains qu'on aurait tort de bouder.
Très court roman, Home n'en aborde pas moins autant de sujets qu'un roman fleuve: pauvreté, racisme, simple malveillance humaine, mais aussi courage et refus de se laisser abattre et on le referme avec un sourire.
Un petit bijou.

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à mon grand regret, tant j'attendais énormément de ce livre, je n'ai pas réussi à être transporté par la puissance de ce livre, contrairement à tous ceux qui ont confié leur emballement face à la nouvelle oueuvre de cette immense romancière, prix Nobel qui plus est.

J'ai tellement peu l'occasion de lire des romans écrits par un prix Nobel de Littérature (que j'ai toujours tendance à considérer, à tort ou à raison, comme une lecture trop intimidante pour moi) que j'aurais voulu me la ramener un peu, du style :"oh mais si je t'assure, finalement c'est très accessible un roman d'un prix Nobel"

Et bien, malheureusement, à mon grand désarroi, je me suis rendu compte que j'étais certainement trop limité intellectuellement (alors là évidemment j'entends déja vos soupirs de désaprobation) pour pouvoir entrer dans l'univers de cette grande romancière. La faute à un récit trop fragmenté et qui se joue des codes de la narration classique : on est tout de suite confronté à la situation sans une présentation digne de ce nom des personnages.

La faute aussi à une écriture trop heurtée de Morisson qui fait que le lecteur lambda a vraiment un mal fou à bien comprendre les tenants et les aboutissantes du parcours de ce jeune noir, ancien combattant de la guerre de Corée au secours de sa jeune soeur, et seule famille.. Après avoir servi «son pays», il est rapatrié, dépouillé, et doit sedébrouiller pour retourner en Géorgie, dans sa région natale.

L'autre problème du livre, à mes yeux en tout cas, est le fait que beaucoup de thèmes y sont abordés en moins de 150 pages : la ségrégation raciale, à la violence faite aux femmes, en passant par les traumatismes de la guerre et ceux de l'enfance, tout cela est beaucoup trop à caser dans un récit aussi court, aussi épuré pour pouvoir les traiter avec l'amplitude qui conviendrait.

Bref, j'aurais adoré aimé ce livre, mais j'en suis resté, de la première à la dernière page, totalement à l'exterieur...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Je n'étais pas loin du coup de coeur.
Que dire de la grande Toni Morrison? Elle sait transmettre des émotions fortes. Elle sait transcrire des évènements graves.
Home? Maison? Que cela signifie t'il pour Franck? Pour Cee? Franck revient meurtri de la Guerre de Corée. Cee est en danger mais elle ne le sait pas encore. Tous deux refusent de revenir dans leur village de jeunesse. Et pourtant….
Un appel à l'aide et Franck devra sauver sa seule famille….
A travers ce dure récit, l'auteure aborde la dure réalité des années 50, l'esclavage moderne, le racisme, la foyer familial, la maltraitance, le stress post-traumatique. Certains passages vous glacent le sang.
A travers le passé de Franck et Cee, nous découvrons leur dure réalité, leur vie compliquée et surtout nous allons découvrir leur reconstruction dans le "Home" qu'ils se sont choisi.
Un très beau roman où je frôle le coup de coeur. J'ai un passage de Franck pendant la guerre qui je n'ai pas tout saisi ou peut-être n'ai-je pas voulu….
Un très beau Toni Morrison!
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Un roman court, extrêmement bien construit, au rythme intense, à la lecture douloureuse et attachante.

En refermant ce livre, je me suis dit qu'il était magistral, un tour de force extraordinaire, avec si peu de mots, Toni Morrison avait réussi à m'embarquer dans l'Amérique raciste et violente des années 50. J'ai suivi le parcours dément et bouleversant de Franck Money vers la rédemption, la reconquête de soi, j'ai assisté, impuissante, l'estomac noué, aux violences politiques, institutionnelles, raciales, celles perpétrés en temps de Guerre (ici celle de Corée), celles faites aux femmes «Les époux qui avaient été agressés chuchotèrent entre eux ; elle, d'une voix douce, suppliante ; lui, avec insistance. Quand ils rentreront chez eux, il va la battre, se dit Franck. Et qui ne le ferait pas ? Être humilié en public, c'était une chose. Un homme pouvait s'en remettre. Ce qui était intolérable, c'était qu'une femme avait été témoin, sa femme, qui non seulement avait vu, mais avais osé tenter de lui porter secours ! Il n'avait pas pu se protéger et n'avait pas pu la protéger non plus, comme le prouvait la pierre qu'elle avait reçue au visage. Il faudrait qu'elle paye pour ce nez cassé. Encore et toujours.».
Je me suis attachée à l'histoire d'amour fraternelle entre Franck et sa soeur Cee «Ils se disputaient, se battaient, riaient, raillaient et s'aimaient sans jamais avoir à se le dire.», leur complicité est touchante, et ce chemin chaotique, hanté par les images atroces de cette guerre, torturé par la culpabilité, qu'entreprend Franck pour délivrer sa soeur de l'enfer des pièges de la vie et l'aider à retrouver sa dignité, force l'admiration.
Ce roman est une boucle; il s'achève sur un événement par lequel Home avait commencé. Franck et Cee vont donner une sépulture décente à ce cadavre, dont ils avaient vu le corps jeté dans une fosse. L'image finale forte, la boucle est bouclée, l'accès à la liberté est envisageable, les erreurs expiées. «Quand elle a vu ce pied noir, avec sa plante rose crème striée de boue, enfoui à grands coups de pelle dans la tombe, elle s'est mise à trembler de tout son corps. Je l'ai prise par les épaules en la serrant très fort et j'ai essayé d'attirer son tremblement dans mes os parce que, en tant que grand frère âgé de quatre ans de plus qu'elle, je pensais pouvoir y arriver. Les hommes étaient partis depuis longtemps et la lune était un cantaloup au moment où on s'est sentis suffisamment en sécurité pour déranger ne serait-ce qu'un brin d'herbe et repartir à plat ventre, en cherchant le passage creusé sous la clôture. Quand on est rentrés chez nous, on s'attendait à prendre une raclée ou du moins à se faire gronder pour être restés si tard dehors, mais les adultes ne nous ont pas remarqués. Leur attention était accaparée par des troubles.»

L'écriture de Toni Morrison est percutante, belle et limpide, elle nous livre un roman empreint autant de cruauté et d'amertume que de poésie.

J'ai lu ce roman la semaine dernière, et je suis toujours aussi convaincue qu'il est magistral, et que je ne suis pas prête de l'oublier. Et c'est bien tout ce que j'attends de mes lectures, qu'elles m'accompagnent longtemps encore et encore ... Cette lecture est donc clairement une réussite !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Dans ce récit Toni Morrison nous parle entre les lignes du poids du passé qui pèse sur les épaules et les esprits du peuple noir. Nous somme en 1950, bien loin de « BELOVED » mais les relents des cagoules blanches envahissent toujours la vie et l'atmosphère de certains des états de cette Amérique. L'auteur nous fait pénétrer dans l'intimité profonde des sentiments, des pensées de ces personnages qui se battent au quotidien pour vivre dans ce monde qui les rejette, pour être et exister. Ils ne sont plus esclaves au sens strict, mais semblent toujours devoir servir pour trouver aux yeux des blancs la légitimé de leurs existences et peut-être même à leurs yeux aussi car on ne peut effacer un conditionnement de tout un peuple même en un siècle. L'apprentissage de la dignité demande un effort de chaque jour car confronté chaque jour à l'humiliation, au rejet. C'est avec beaucoup de subtilité que Toni Morrison nous entraine dans la reconstruction de ces vies brisées. Quel talent !
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Toni Morrison a un véritable talent d'écriture, et tout au long de ce roman, elle fait preuve d'une grande virtuosité dans la maîtrise de la langue pour nous entraîner dans cette Amérique des années 50. le résultat est vraiment efficace et elle nous brosse un portrait authentique des séquelles de la guerre et de la ségrégation omniprésente de cette époque. Elle arrive en quelques pages, à nous transporter dans l'espace et dans le temps pour revivre cette période de l'histoire du point de vue de différents acteurs. Elle nous bouleverse par petites touches, dans des scènes qui sont aussi bien attachantes qu'elles sont choquantes.
Pour moi ce condensé aurait tout de même mérité un peu plus d'appronfondissements afin de marquer plus fortement les esprits. Par sa faible épaisseur, le roman manque de profondeur dans les personnages, qui sont multiples et je risque de rapidement l'oublier. le temps d'entrer dans l'histoire, c'est déjà la fin. Seule la divine écriture de Mme Morrison va laisser à coup sûr une trace dans mes souvenirs...
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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Frank Money revient de la guerre de Corée. Il s'installe à Chicago où il tente d'oublier le traumatisme de la guerre. Il y a laissé deux de ses amis d'enfance. Il rencontre Lily qui travaille dans une blanchisserie, Frank voudrait construire une relation avec elle. Les cauchemars des champs de bataille le réveillent toujours la nuit. Un jour, il reçoit un message lui demandant de retourner dans le Sud, sa petite soeur Cee serait en danger de mort. Frank quitte donc Chicago pour rejoindre sa soeur et la ramener à Lotus en Georgie, leur ville natale.

Cette rentrée littéraire m'a permis de découvrir enfin la grande romancière américaine Toni Morrison. Nos chemins ne s'étaient jusque là pas croisés mais je pense que "Home" est une bonne introduction à son oeuvre. La construction de ce court roman est très travaillée et nous laisse entendre plusieurs voix. Régulièrement au fil du roman, nous entendons Frank s'exprimer à la première personne. Ces passages en italique nous laissent deviner que Frank raconte sa vie à quelqu'un chargé de la retranscrire. Ils nous permettent de découvrir plus profondément la psychologie de Frank et les horreurs vécues durant la guerre. La narration à la troisième personne est donc la retranscription du témoignage, il semble l'enjoliver (notamment à propos de l'histoire terrible d'une jeune coréenne). Néanmoins le récit n'est pas uniquement celui de la vie de Frank, s'y mêlent également les voix de Lily, de Leonore la grand-mère de Frank et de Cee. Une multitude de destinées qui enrichit le roman.

Le thème central est bien évidemment la ségrégation. le voyage de Frank allant de Chicago au Sud est un témoignage des humiliations subies par les noirs. Frank doit toujours faire profil bas, se mettre à l'arrière des bus, dans des compartiments spéciaux dans les trains. Mais Toni Morrison souligne également l'incroyable solidarité qui existe entre noirs. Un guide a été écrit pour aider les noirs à voyager à travers les États-Unis : "Guide de voyage à l'usage des noirs" édité de 1936 à 1964. Frank y trouve des noms, des adresses où demander de l'aide. Malgré cela, il est frappant de constater la résignation totale de Frank, il n'y a pas une once de rébellion en lui. L'enrôlement des noirs dans l'armée avait fait espérer un changement, une égalité de traitement. Mais les noirs ont servi de chair à canon aux blancs qui les exposaient en première ligne. Dans le roman de Toni Morrison, ce sont les femmes qui sont fortes et veulent faire évoluer leur vie. Lily veut devenir couturière à son compte. Leonore, la grand-mère sans coeur et brutale, dirige sa famille et contrôle les finances. La fragile Cee finit par être plus déterminée, plus volontaire. Elle veut conquérir son indépendance et le plus compliqué sera de le faire admettre à Frank, lui dont le reste d'humanité réside dans son amour pour sa soeur.

Avec une écriture concise et extrêmement poétique, Toni Morrison parle de ce qui lui tient le plus à coeur : la ségrégation aux États-Unis. Un roman d'une grande justesse qui me donne envie de découvrir le reste de son oeuvre.
Lien : http://plaisirsacultiver.wor..
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Comment vivre heureux quand on ne sent pas chez soi ? Comment trouver sa maison ? C'est le cri d'hommes repoussés et pauvres qui ouvre Home :

"... Dites, qui possède cette maison ?
Elle n'est pas à moi.
J'en ai rêvé une autre plus douce, plus lumineuse...."

Car ils sont noirs. Toni Morrison invoque les années 1950, alors que la ségrégation raciale est vive, la période avant Kennedy, au travers du parcours d'un frère et sa jeune soeur nés dans un milieu difficile, dans la pauvreté et l'insécurité affective.

Que peut comprendre Frank Money, mobilisé dans les forces américaines en Corée et qui, de retour, n'est pas considéré comme un individu à part entière par la nation pour laquelle il s'est battu ?
Au service d'un médecin eugéniste, comment la naïve Ycidra pourrait-elle accepter qu'il ait osé expérimenter sur elle des méthodes qui ont menacé sa vie et l'ont rendue stérile ?
Au début de la constitution américaine, on sait que la représentation des noirs au Congrès était basée sur l'équivalence de cinq noirs pour trois blancs. C'est dire. Une tel disparité de valeur individuelle n'est pas totalement effacée à l'heure où se déroule ce récit.

Le roman possède trois grandes qualités: sa concision, ses ellipses et la présence intense des personnages:
Le dernier roman du Pulitzer 1998 semble la quintessence des thèmes qui lui sont chers et ceci confère à l'ouvrage une dimension emblématique. Chaque mot tend à l'essentiel. On retrouve la quête d'humanité des noirs, de la liberté individuelle, en particulier des femmes, et l'amour de soi en dépit du regard négatif des autres.
Jamais il n'est souligné qu'il s'agit de noirs(1). Cet aspect informulé grandit le ton, exhausse adroitement les épineuses questions qui sont au centre. le silence du non-dit s'avère le plus révélateur.
Certains chapitres imprimés en italique voient les personnages s'adresser à qui écrit pour démentir, préciser ce qui a été dit ou interprété. L'écrivain ne semble plus maître absolu du récit. Les personnages acquièrent de la présence et s'affirment comme des êtres à part entière, libres de s'exprimer librement.

Détail à souligner: depuis la Corée, Frank a des crises d'achromatopsie, c'est-à-dire qu'il perd la vison des couleurs et il ne voit plus qu'en noir et blanc. J'y vois une métaphore réussie. (Scientifiquement, ce trouble est d'origine génétique ou le résultat d'une lésion cérébrale. le peintre Jay Lonewolf Morales en est atteint.)

Le récit débute par une scène marquante aperçue par les deux enfants qui assistent à l'enterrement humiliant d'un homme noir, transporté en brouette. C'est à ce symbole dégradant que Home tente de faire justice, afin qu'il se relève dignement, comme les chevaux du début: "Ils étaient tellement beaux. Tellement brutaux. Et ils se sont dressés comme des hommes."

Ceux qui n'ont jamais lu Toni Morrison y verront un roman intelligent et mature, et c'est mon cas. Les habitués du Nobel de littérature 1993 opineront peut-être, mais seront-ils enthousiastes ?


(1) Une évolution de la ségrégation dans l'armée des États-Unis est décrite dans ce document instructif de l'Université de Nice.


Lu en numérique sur Sony T1 au format ePub.

Lien : http://marque-pages.over-blo..
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Pas de déception pour la dernière oeuvre de la grande Toni Morrisson. Je vous suggère de ne rien lire sur le sujet du livre pour vous laisser guider par son écriture. Je ne vais donc pas trop vous parler de l'histoire, mais plutôt vous donner mes impressions.
En très peu de mots - très bien choisis- Toni Morrison fait ressortir toute l'horreur de certaines situations. A travers les souvenirs de la guerre de Corée qu'a vécue le héros, ou encore les terribles rencontres que fait sa jeune soeur, Cee, on mesure combien certains événements peuvent hanter. Mais il y a toujours l'espoir d'une "reconstruction", notamment à travers l'aide que peuvent apporter certains proches. Ainsi, le texte oscille entre l'ombre et la lumière, et laisse aussi parfois une place à une certaine poésie! Un court texte fort, efficace et beau!
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Après avoir reçu un message alarmant, Frank traverse les États-Unis du Nord au Sud afin de rejoindre et sauver sa soeur Cee. Un souvenir d'enfance traumatisant qui les unit, constitue le prologue du roman. Ensuite deux narrations parallèles racontent leurs vies, éloignés l'un de l'autre : Frank entre dans l'armée, Cee va chercher un emploi. Au fil du voyage de Frank, peu à peu se révèlent les épisodes terribles, horrifiants que tous deux ont dû affronter : la torture mentale pour l'un, physique pour l'autre, qui les détruit. Mais la fin du parcours les réunit, et c'est ensemble et au sein de leur communauté, “Home”, que le frère et la soeur pourront se reconstruire.
Chaque roman de Toni Morrison est un chef-d'oeuvre, comme le dit le jury du prix Nobel de littérature, “caractérisé par une force visionnaire et une portée poétique, qui donne vie à un aspect essentiel de la réalité américaine”. Dans le cas de Home, cette réalité qu'elle évoque avec puissance, c'est le sort tragique qui attend le corps des Noirs dans l'univers blanc des États-Unis, après la guerre de Corée.
Splendide traduction de Christine Laferrière.
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