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Citations sur L'oeil le plus bleu (94)

Un peu plus loin, quelqu'un jouait de l'harmonica ; la musique planait au-dessus des champs de canne et se glissait dan la pinède ; elle s'enroulait autour des troncs d'arbre et se mêlait au parfums des pins et Cholly était incapable de faire la différence entre le son et l'odeur qui flottaient au-dessus de la tête des gens.
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Elle a entendu siffler à une certaine distance derrière elle. Un de ces thèmes rapides et aigus que les Noirs inventent quand ils manient le balai ou la pelle ou simplement quand ils marchent. Une sorte de musique des rues dans laquelle le rie nie l'anxiété et dan laquelle la joie est aussi courte et droite que la lame d'un couteau de poche.
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Leur conversation est comme une danse un peu méchante : un son rencontre un son, fait la révérence, hésite et se retire. Un autre son entre dans la danse, mais un autre lui prend la vedette : les deux sons tournent l'un autour de l'autre et s'arrêtent. parfois leurs paroles décrivent des spirales hautaines ; d'autres fois, elles font des sauts stridents et tout est ponctué de grands éclats de rire comme la palpitation d'un coeur en gelée. Le tranchant, la poussée de leurs émotions sont toujours évidents pour Frieda et pour moi Nous ne connaissons pas le sens de tous les mots qu'elles disent, parce que nous avons neuf et dix ans. Alors nous observons leur visage, leurs mains, leurs pieds et nous recherchons la vérité dans le timbre de leur voix.
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Je n'ai qu'à mordre dans la dureté d'une fraise, et je vois l'été - sa poussière et ses ciels menaçants. L'été reste pour moi la saison des orages. Les journées desséchées et les nuits moites se mêlent dans mon esprit, mais les orages, les orages soudains et violents m'effrayaient et en même temps étanchaient ma soif
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Seul celui qui aime possède son don d'amour.
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Meridian. Ce son ouvre les fenêtres d'une pièce comme les premières notes d'un cantique. Peu de gens peuvent dire le nom de leur ville natale avec une affection aussi subtile. Peut-être parce que les gens n'ont pas de ville natale, seulement des endroits où ils sont nés. Mais ces fille-là s'imprègnent du jus de leur ville natale, et cela ne les quitte jamais. Ce sont des filles maigres et brunes qui ont regardé, pendant longtemps des roses trémières dans les arrière-cours de Meridian, de Mobile, d'Aiken et de Baton Rouge. Comme les roses trémières, elles sont maigres, grandes et immobiles. Elles ont des racines profondes, des tiges solides et seule leur cime fleurie se balance dans le vent. Elles ont les yeux des gens qui peuvent dire l'heure d'après la couleur du ciel.
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Elles viennent de Mobile. D'Aiken. De Newport News. De Marietta. De Meridian. Et les noms de ces endroits, quand elles les prononcent, font penser à l'amour. Quand on leur demande d'où elles sont, elles penchent la tête et disent « Mobile » et l'on croit avoir été embrassé. Elles disent « Aiken » et l'on voit le papillon blanc d'un regard passer une barrière avec une aile arrachée. Elles disent « Nagadoches » et l'on a envie de répondre : « Oui, je le veux. » On ne sait pas à quoi ressemblent ces villes mais on aime ce qui se passe dans l'air quand elles ouvrent les lèvres pour en laisser les noms s'envoler.

Meridian. Ce son ouvre les fenêtres d'une pièce comme les premières notes d'un cantique. Peu de gens peuvent dire le nom de leur ville natale avec une affection aussi subtile. Peut-être parce que les gens n'ont pas de ville natale, seulement des endroits où ils sont nés. Mais ces filles-là s'imprègnent du jus de leur ville natale, et cela ne les quitte jamais. Ce sont des filles maigres et brunes qui ont regardé pendant longtemps des roses trémières dans les arrière-cours de Meridian, de Mobile, d'Aiken et de Baton Rouge. Comme les roses trémières, elles sont maigres, grandes et immobiles. Elles ont des racines profondes, des tiges solides et seule leur cime fleurie se balance dans le vent. Elles ont les yeux des gens qui peuvent dire l'heure d'après la couleur du ciel. De telles filles habitent dans des quartiers noirs très calmes où tout le monde a du travail. Où il y a des balançoires sous des porches attachés à des chaînes. Où l'on coupe l'herbe à la faux, où un coq lisse ses plumes, où des tournesols poussent dans les cours et où il y a des pots de giroflées, de lierre et de langues-de-belle-mère sur les marches et l'appui des fenêtres. De telles filles ont acheté des pastèques et des haricots verts directement à un paysan dans sa voiture.
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Puis elles avaient vieilli. Leur corps s'était usé, leur odeur était devenu aigre. A s'accroupir dans les champs de canne, à se baisser dans les champs de coton, à s'agenouiller sur les berges de la rivière, elles avaient transporté un monde sur leur tête. Elles avaient abandonné leurs enfants à eux-mêmes et elles avaient élevé leurs petits-enfants. Soulagées, elles s'enveloppaient la tête dans des chiffons, et la poitrine dans de la flanelle; elles abandonnaient leurs pieds dans des chaussons de feutre. Elles en avaient fini avec le désir et l’allaitement, elles étaient au-delà des larmes et de la terreur. Elles étaient les seules à parcourir les routes du Mississippi, les chemins de Géorgie et les champs de l'Alabama sans être agressées. Elles étaient assez âgées pour se montrer irritables quand et où elles le voulaient, assez fatiguées pour désirer la mort, assez désintéressées pour accepter l'idée de la douleur tout en ignorant sa présence. Elles étaient en réalité et enfin libres. Et la vie de ces vieilles femmes noires était synthétisée dans leurs yeux - un mélange de tragédie et d'humour, de malice et de sérénité, de vérité et d'imagination.
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Puis elles avaient vieilli. Leur corps s'était usé, leur odeur était devenu aigre. A s'accroupir dans les champs de canne, à se baisser dans les champs de coton, à s'agenouiller sur les berges de la rivière, elles avaient transporté un monde sur leur tête.

Elles avaient abandonné leurs enfants à eux-mêmes et elles avaient élevé leurs petits-enfants. Soulagées, elles s'enveloppaient la tête dans des chiffons et la poitrine dans de la flanelle ; elles abandonnaient leurs pieds dans des chaussons de feutre. Elles en avaient fini avec le désir et l’allaitement. Elles étaient au-delà des larmes et de la terreur.

Elles étaient les seules à parcourir les routes du Mississippi, les chemins de Géorgie et les champs de l'Alabama sans être agressées. Elles étaient assez âgées pour se montrer irritables quand et où elles le voulaient, assez fatiguées pour désirer la mort, assez désintéressées pour accepter l'idée de la douleur tout en ignorant sa présence.

Elles étaient en réalité et enfin libres.

Et la vie de ces vieilles femmes noires était synthétisée dans leurs yeux - un mélange de tragédie et d'humour, de malice et de sérénité, de vérité et d'imagination.
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“When I first seed Cholly, I want you to know it was like all the bits of color from that time down home when all us chil'ren went berry picking after a funeral and I put some in the pocket of my Sunday dress, and they mashed up and stained my hips. My whole dress was messed with purple, and it never did wash out. Not the dress nor me. I could feel that purple deep inside me. And that lemonade Mama used to make when Pap came in out the fields. It be cool and yellowish, with seeds floating near the bottom. And that streak of green them june bugs made on the trees the night we left from down home. All of them colors was in me. Just sitting there. So when Cholly come up and tickled my foot, it was like them berries, that lemonade, them streaks of green the june bugs made, all come together. Cholly was thin then, with real light eyes. He used to whistle, and when I heerd him, shivers come on my skin.”
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