Quelque chose se tait qui coupe en deux l'existence de ceux qui restent
« revenant – venant de loin, du fonds des cartons, des mémoires – revenant par des chemins creux, des échappées – et ensuite, et encore »
Brigitte Mouchel tisse une histoire de famille avec des fils de prose-poèmes, « des silences et des plis », une histoire désaccordée à la chronologie dispersée. Des cartons ouverts, des documents jaunis, des photographies, des traces de vies, « les cailloux blancs sont restés au fond des poches ». Des enfants, des femmes, des hommes, quels liens pourraient être établis entre elles et eux ?
Des indices, « trahir la loi qui cache ce qui tremble », des instants figés de mémoire, « la mémoire réfugiée dans les jardins », les marches d'une maison, des souvenirs « loin en avant », des images, des portraits, les fragiles et la fragilité, « ils n'ont de cesse de taire la part tragique / ils empêchent le possible de vivre / ils cachent le fragile ».
L'autrice laisse entrevoir celle et ceux de la « bourgeoisie » et les autres du coté ouvrier ou paysan, les enfants orphelins, les enfants délaissés, les pères absents, les prénoms, les femmes et leurs travail, les lignés de femmes, les morts.
Des images reviennent, le jardin et les pommes, les hommes fragiles, des phrases font comme un refrain.
Des maisons du souvenir, des marches, des photos « sans nom, sans date », des blessures cachées, la guerre, « ne reste qu'une bobine en bois, un peigne, un dé à coudre, une lettre froissée, les plans d'une tranchée », des histoires racontées par des enfants, les endroits et les mots, les mémoires abimées, « le secret le plus chuchoté du monde », ce qui se glisse dans l'interstice.
Des histoires de famille et ce qu'il en reste…
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