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sur 621 notes
- Notre-Dame du Nil - est un établissement scolaire, un internat pour jeunes filles, perché sur une montagne au bord du Nil. Il est tenu par des religieuses. Les enseignants font soit partie de cette communauté religieuse, soit sont des laïcs venus de Belgique, de Grand Bretagne, ou de jeunes coopérants français. Nous sommes en 1973 au Rwanda, pays qui est indépendant depuis 1962. La stabilité politique du pays encore fortement imprégné de son histoire coloniale, est fragile ; les tensions ethniques sont déjà nombreuses et prégnantes.
En effet, ce microcosme qu'est ce lycée est le reflet de ce qu'est la société rwandaise de l'époque dans laquelle "le peuple majoritaire", les Hutus, exècre "les cafards" que sont les Tutsis.
Notre-Dame du Nil est placée sous la bienveillance d'une Vierge "noire", sculpture datant de l'époque coloniale, qui a, outre le défaut d'avoir été conçue par les colonisateurs, celui d'avoir un petit nez, un nez qui ne ressemble pas à celui du "peuple majoritaire" mais a celui des "cafards", les Tutsis.
Les jeunes lycéennes sont pour la plupart des jeunes filles du "peuple majoritaire" ; un quota de 10% étant accordé aux "cafards"... lesquels sont tolérés pour un temps dont le compte à rebours a déjà commencé.
Cette micro-société va avoir le mérite de l'effet loupe, celui de nous montrer, de nous expliquer et de nous faire comprendre, à travers des épisodes auxquels vont être confrontés religieux, enseignants, autorités civiles et militaires et surtout les jeunes filles formées pour être la future élite du pays, ce vers quoi le Rwanda se dirige inexorablement : le génocide de 1994.
Chacun a en mémoire ce que furent ces crimes contre l'humanité, cette épuration ethnique perpétrée par les Hutus à l'encontre des Tutsis... et le comportement de ce que nous appellerons "la communauté internationale".
-Notre-Dame du Nil en est le miroir, le concentré, la synthèse admirablement pensée par son auteure, Scholastique Mukasonga.
La structure narrative est faite de petits chapitres, qui forment une sorte de crescendo vers l'inexorable.
Les personnages ont l'envergure de l'Histoire - la petite, mais surtout la grande -.
Le style est sobre, précis, tranchant (aucun mauvais jeu de mots).
Ce prix Renaudot a une autre vertu que celles déjà mentionnées, une vertu que je qualifierais de sociologico-culturelle.
Vous ne pouvez pas ressortir de cette lecture sans avoir en mémoire, les moeurs, les coutumes, les croyances, les odeurs, les parfums, les couleurs de ce pays si beau, si attachant et à la fois si "redoutable".
Dernier point auquel je tiens... la présence des gorilles et celle de Dian Fossey... dont le nom n'est pas cité, mais dont la présence parle à tous ceux qui, comme elle, comme vous et moi, sont attachés à ces êtres si attachants et à cette primatologue exceptionnelle, à cette femme hors du commun... disparue dans des circonstances tragiques.
Vous l'aurez compris, enfin je l'espère... j'ai beaucoup aimé ce livre que je recommande vivement.
PS : Atiq Rahimi, écrivain goncourisé, poète et cinéaste, a réalisé un film - que je n'ai pas vu - tiré de ce magnifique roman.
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"Il n'y a pas de meilleur lycée que le lycée Notre-Dame-du-Nil. Il n'y en a pas de plus haut non plus. 2500 mètres, annoncent fièrement les professeurs blancs. 2493, corrige Soeur Lydwine, la professeur de géographie. "On est si près du ciel", murmure la mère supérieure en joignant les mains."

Dans un pensionnat rwandais, des jeunes filles de la haute société sont élevées à l'écart du monde, sur un plateau situé à la source du Nil. le lycée Notre-Dame du Nil, géré par des religieuses, est pourtant à la pointe de la modernité dans son action pour l'éducation des femmes : « Elle était assurée que sa fille recevrait au lycée Notre-Dame du Nil l'éducation démocratique et chrétienne qui convenait à l'élite féminine d'un pays qui avait fait la révolution sociale qui l'avait débarrassé des injustices féodales. »

Et pourtant, le lycée est le creuset des tensions qui agitent le Rwanda dans les années 1970, alors que les hutus ont pris le pouvoir, soutenu par les colonisateurs belges. Tensions entre les filles de différents partis, mais surtout tensions entre les "vraies rwandaises du peuple majoritaire" et les quelques filles tsutsies, admises pour des questions de quota (étant l'espoir de leur famille, car quand on est étudiant, on n'est plus ni hutu ni tsutsi, "comme si on appartenait à une autre ethnie, celle que les Belges appelaient naguère les 'évolués'", alors qu'elles savent qu'elles n'auront pas plus de travail après). Plus pauvres, méprisées, considérées comme des "Inyenzi, des cafards, des serpents, des animaux nuisibles" elles sont l'objet de réflexions considérées comme normales, de vexations. Jusqu'à l'apothéose final qui préfigure le génocide de 1994.

"La Mort a établi son règne sur notre pauvre Rwanda. Elle a son projet, elle est décidée à l'accomplir jusqu'au bout. Je reviendrais quand le soleil de la vie brillera à nouveau sur notre Rwanda".

C'est un roman extrêmement puissant, écrit par une rescapée du génocide tsutsi. Si certaines parties sont très dures, elles sont le reflet de la réalité et l'auteur parvient très bien à rendre l'ambiance de cette époque à travers les scènes de frustrations, de tensions. Mais elle nous plonge également au coeur de la culture rwandaise, évoquant les modes de vie, entre tradition et modernité, les fractures de la société, les croyances et superstitions, avec une plume aisée et agréable.

Elle peint également de beaux portraits de femmes : la grosse Gloriosa, avide de pouvoir; Victoria, la rêveuse qui perdra rapidement toutes ses illusions ; Modesta, mi-tutsi, mi-hutu, partagée entre ces deux "races" et désireuse d'être admise dans la dominante.

Et l'auteur retrace la montée des tensions, la moindre excuse étant utilisée pour attaquer les tutsis, le moindre prétexte à la violence, au relâchement de la haine, qui en fait un "roman" effrayant.

Enfin, le rapport aux Blancs est esquissé. Compliqué. Les Rwandais veulent acquérir une certaine indépendance, mais leur dévotion lors de la visite de la reine belge montre que les habitudes sont difficiles à perdre. On relève aussi une forme d'accusation des Blancs, impuissants et lâches (?) qui ne font rien pour arrêter les violences, ne s'impliquant pas dans ces querelles, alors qu'ils en sont à l'origine.

Ou l'éternelle histoire de domination, de racisme et de lutte de pouvoir ; l'éternel discours universel qui anime la haine entre deux "races", deux populations.

Un bémol cependant, qui est naturel : c'est une sorte de témoignage, du côté tsutsi, qui ont été persécutés, mais n'ont pas toujours eu le beau rôle ... Dans ce roman, utiliser des jeunes filles purs et frêles aident à propager l'idée que les Tsutsis sont uniquement des victimes. Mais lorsqu'on regarde l'histoire de plus près, ce n'est pas si simple ...

Un roman magnifique, à prendre pourtant avec précaution car les tensions sont toujours très importantes au Rwanda autour de cette question, non réglée depuis des décennies.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Depuis ma découverte fortuite des bouquins d'Hatzfeld (Une saison de machettes, La stratégie des antilopes) dans les rayons de la fantastique librairie le Bleuet à Banon, la question du génocide rwandais me passionne. Fortement marquée par cette enquête troublante, j'ai poursuivi cette recherche par d'autres lectures (Murambi, le livre des ossements). C'est pourquoi la parution de Notre-Dame du Nil, dont l'auteure, Scholastique Mukasonga, est évoquée à plusieurs reprises chez Hatzfeld, m'a d'emblée interpellée.

"Il 'y a pas de meilleur lycée que le lycée Notre-Dame-du-Nil. Il n'y en a pas de plu haut non plus. 2500 mètres, annoncent fièrement les professeurs blancs. 2493, corrige soeur Lydwine, la professeur de géographie. "On est si près du ciel", murmure la mère supérieure en joignant les mains."

N'entre pas qui veut au lycée de Notre-Dame-du-Nil, une insitution gérée par des soeurs belges qui envisagent de former la future élite féminine rwandaise, et pour cela recrutent les filles des hommes influents, essentiellement Hutus, avec un petit quota de filles Tutsies. Situé sur la crête Congo-Nil, au fin fond du Rwanda, le lycée n'est pourtant pas préservé des enjeux qui animent la vie politique et sociale du pays.

"Mais nous, qu'est-ce que nous allons deenir ? Un diplôme tutsi, ce n'est pas comme un diplôme hutu. Ce n'est pas un vrai diplôme. le diplôme, c'est ta carte d'identité. S'il y a dessus Tutsi, tu ne trouveras jamais de travail, même pas chez les Blancs. C'est le quota."

Sur la base d'une discrimination existante, se développent progressivement la suspicion et bientôt la haine, et, avec l'arrivée de la saison des pluies, les tensions vont croissantes entre les deux communautés, sous la houlette de Gloriosa, fille de ministre Hutu et apprentie idéologue qui attise et même parfois est à l'origine d'une violence latente insupportable, et d'autant plus cruelle qu'elle est le fait d'adolescentes, évoluant sous le regard des adultes impuissants et lâches.

"Quand les tueurs se jetteront sur nous, certains iront : en Afrique, ça a toujours été comme ça, des tueries de sauvages auxquelles il n'y a rien à comprendre et, même si certains se cloîtrent dans leur chambre pour pleurer, leurs larmes ne nous sauveront pas."

Tout y est : le contexte post-colonial, la fabrique des identités, l'inertie coupables des Européens, la folie et le cauchemar des massacres, la lucidité et le cynisme. Avec la justesse de son ton criant de vérité, la clarté de son propos, son écriture limpide et toute en finesse rendant compte des hésitations adolescentes avec talent, Notre-Dame-du-Nil questionne notre humanité profonde, et s'impose comme un roman essentiel, à portée universelle, bouleversant de bout en bout.

De très loin ma lecture préférée, à ce jour, de la sélection du Prix France Océans.

"Maintenant, j'en suis certaine, il y a un monstre qui sommeille en chaque homme : au Rwanda, je ne sais qui l'a réveillé."
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Situé dans un décor idyllique, aux sources du grand fleuve égyptien, Notre-Dame-du-Nil accueille essentiellement des Hutus, filles de militaires, d'hommes politiques, de notables... Mais pour faire bonne mesure, à chaque rentrée scolaire, quelques jeunes filles Tutsis sont autorisées à s'inscrire afin de respecter les quotas imposés par le gouvernement. Pour ces dernières, l'éducation est une faveur.
Au fil des pages, Scholastique Mukasonga distille peu à peu des éléments qui font monter la tension. Les jeunes Tutsis subissent des brimades de la part des représentantes du "peuple majoritaire" sous le regard impassible des professeurs français et des religieuses belges qui dirigent l'établissement.
Scholastique Mukasonga nous livre un texte fort magnifiquement servi par une écriture très pudique pour décrire des évènements en apparence mineurs, mais qui ont pourtant été le prélude de l'un des plus terribles génocides du XXème Siècle.
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Un bon livre qui nous retrace l'origine des guerres civiles dans la région des grands lacs en Afrique centrale, ces guerres dues pour la plupart du temps aux conflits ethniques. A quelle ethnie appartient l'histoire des origines? A quelle ethnie revient la sagesse, l'intelligence pour diriger la nation? A quelle ethnie devrait revenir le bâton de commandement, et celle qui devrait baisser la tète? A quelle ethnie se confie la nature pour transmettre le secret de son pouvoir spirituel? A quelle ethnie doit-on l'authenticité de la beauté africaine,? Autant de conflits internes qui traversent des générations, et qui prennent des proportions énormes avec l'évolution de la société, et l'auteure les transpose dans un lycée de jeunes filles: Notre-dame du Nil. En effet, C'est dans un milieu jeune que se développe ce conflit ethnique entre Tutsi et Utu, peut-être pas de manière sanglante au départ, mais n'empêche que cela ait entrainé un certain sabotage, briser la tête de la statue de la vierge noire, parce qu'on se pose la question: porte-t-elle un nez utu ou tutsi...peu à peu cette haine va s'intensifier jusqu'à dégénérer tragiquement...
Bien que j'ai aimé ce roman, ce voyage dans l'Afrique profonde avec ses mystères, ses considérations particulières de certains actes, ses ignorances parfois, son histoire liée à l'Égypte Antique, mais j'ai eu du mal à m'attacher à ces lycéennes, beaucoup de leurs petites histoires sont restées sans suite, créant une espèce de vide dans l'intrigue, la transformation de Gloriosa en une militante assoiffée du sang ne se fait pas de manière convaincante...
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Un lycée religieux de jeunes filles qui se cotoient, s'apprécient ou se disputent, rien que de banal à priori. Oui, mais voilà, l'histoire se passe au Rwanda, et les jeunes filles sont huttus et tutsis (très minoritaires), l'une appartient au parti communiste, l'autre est fille de général et toutes sont soumises à la tyrannie des blancs. Mukasonga n'a pas son pareil pour décrire la montée des tensions dans la vie de tous les jours, le rôle des colonisateurs dans l'appartition des conflits, la lutte occulte jouée par les sorciers (et un blanc illuminé) qui tentent de préserver -et d'imposer- la culture Tutsi, le tout dans le quotidien d'un huis-clos réaliste au sein duquel les luttes de pouvoir, sous des allures sournoises, sont annonciatrices d'autres violences, infiniment plus meurtrières. J'ai beaucoup aimé l'écriture rapide, variée et précise de Mukasonga et cette histoire prenante, même si le conflit rwandais est vu ici par le petit bout de la lorgnette, si je puis dire, et si ce roman qui témoigne de ce qui se passe entre les différentes personnes n'en montre pas vraiment l'ampleur. Bon roman qui se lit avec plaisir et facilité, riche sur le plan psychologique avec des personnages concrets et attachants, riche aussi sur le plan des coutumes et des traditions, ce livre ne restera pas à mon avis parmi les plus marquants sur ce qui s'est passé au Rwanda. Tout au plus donne-t-il des pistes à approfondir, ce qui n'est d'ailleurs pas si mal comme première approche pour de grands ados et de jeunes adultes.
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Années 70 au Rwanda : les Hutus ont pris le pouvoir et organisent l'épuration ethnique, prélude aux massacres de 1994.
A Notre-Dame du Nil, pensionnat religieux de jeunes filles destiné à former l'élite féminine du pays, seules 10% de jeunes filles Tutsi sont admises. A l'instar de Gloriosa, pasionaria militante et fille de ministre, les filles de politiciens, diplomates, hommes d'affaire et notables Hutus s'organisent elles aussi avec l'ambition d'évincer les quelques élèves Tutsis admises dans leurs rangs. le prétexte sera le nez de la vierge noire, Notre-Dame du Nil, beaucoup trop fin pour être un nez Hutu… et que Gloriosa veut détruire.
Alors qu'un vieil huluberlu français s'évertue à retracer les liens entre le peuple tutsi et les pharaons noirs en peignant inlassablement les jeunes Tutsis sous les traits de la déesse Isis, le drame prend lentement forme sous les yeux impassibles d'un personnel enseignant complaisant envers les autorités.
Au-delà de la tension croissante environnante, Scholastique Mukasonga ne se prive pas d'évoquer également quelques épisodes cocasses mettant en scène la fascination des africains pour les têtes couronnées, la tendresse des mères transformant les valises de leurs filles en garde-manger ou l'arrivée fracassante d'un hippie blond dans le bureau de la mère supérieure et les classes de jeunes filles abasourdies. Sans oublier bien sûr la magnificence d'une région montagneuse qui abrite une flore et une faune exubérante
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Gros coup de coeur pour ce roman percutant. Rwanda, début des années 70, c'est la rentrée pour l'élite des jeunes filles qui vient fréquenter Notre-Dame du-Nil, lycée pilote et modèle de modernité.
La majorité sont hutus, filles de colonels et autorités bien placées, mais un quota de Tutsis permet à d'autres filles brillantes et triées sur le volet de suivre l'excellente instruction de ce lycée. En fin de terminale, ces jeunes étudiantes seront auréolées de prestige, pourront travailler, mais rapporteront avant tout à leur famille prestige, honneur, et une dot imposante.
Notre-Dame du Nil déroule une année scolaire au gré des frictions entre étudiantes et harcèlements voilés, mais distille aussi au fil des pages la haine ressentie envers les Tutsis, minoritaires au Rwanda, et peu à peu ouvertement surnommés les cafards du pays. Gloriosa en particulier, chef de partie, va s'attaquer de manière de plus en plus virulente à ses camarades Tutsis, jusqu'à provoquer une violence insoutenable.

Le roman a remporté de nombreux prix et l'autrice elle-même est une rescapée du génocide rwandais. Dans ce roman, elle sous-entend un fait peu évoqué mais de plus en plus abordé, évoquant l'influence qu'ont eu les colonisateurs belges sur les conflits entre Hutus et Tutsis, pour des questions de domination.

Une tension de plus en plus forte se développe tout au long du récit, le processus de discrimination s'installe presque imperceptiblement et longtemps on ne veut pas y croire. le roman nous amène dans une Afrique partagée entre chrétienté et vaudou sans que les deux ne s'opposent. C'est une reconstitution déchirante d'un pays en trouble que le passé et les différentes dominations ont rendu malade. Ne vous fiez pas à l'eau qui dort.
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Notre-Dame du Nil n'est pas un roman cathédrale (de Paris) mais un roman lycée de jeunes filles en Afrique. Au Rwanda, les jeunes filles de bonne famille sont formées dans un lycée catholique afin de devenir, après leurs études, membres de l'élite féminine d'un pays chrétien et démocratique. Elles sont destinées à épouser des hommes importants alors on attend d'elle une bonne éducation et surtout la virginité, aussi se voient-elles patronnées par la Vierge, une Notre-Dame noire à laquelle s'identifier, Notre-Dame du Nil.

Il est dit dans le roman que la source du Nil est au Rwanda, mais j'apprends d'une autre source que sa source la plus lointaine se situe dans son pays voisin du sud, le Burundi. Que dire ? Qui faut-il croire ? Il faudrait se renseigner auprès de la faiseuse de pluie du roman qui doit savoir, elle, d'où vient le Nil, étant donné qu'elle sait d'où vient la pluie (elle utilise la technique de l'index qu'on pointe dans une direction après l'avoir humecté de salive, je fais ça souvent, sans que ça marche). N'est pas faiseuse de pluie qui veut ...

Dans le roman, l'histoire n'est pas toujours bien claire, car la grande Histoire rencontre les légendes des Blancs qui fantasment sur l'Afrique, et les croyances se croisent jusqu'à se faire se rencontrer Notre-Dame du Nil et les jeunes lycéennes de Notre-Dame du Nil dont certaines aiment l'illusion, d'autres les mensonges. Et la plus grande des menteuses, Gloriosa, pour qui les mensonges ne sont pas des mensonges mais de la politique, aura son moment de gloire, tout comme celle qui s'est laissée bercer par l'illusion d'être une déesse noire, Veronica. Mais il y a d'autres histoires aussi, comme celles d'Immaculata, de Modesta, de Virginia, il y a la grande Histoire, qui nous raconte les prémisses du massacre des Tutsi, il y a l'histoire racontée par les blancs et il y a l'histoire de Scholastique Mukasonga.
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Rien n'évoquait un sujet tragique au départ de ce livre.
Des jeunes filles de la bonne société rwandaise se retrouvent dans un lycée très "select" perché sur la crête Congo-Nil, près des sources du Nil.
C'est un lieu isolé, loin des tentations de la capitale Kigali.
C'est le meilleur lycée du pays et les filles se retrouvent sous la houlette de la mère supérieure et du père Herménégilde.
Les enseignants sont quasiment tous Blancs et d'origine belge, nous sommes dans les années qui ont suivi la décolonisation du Rwanda.
Seulement deux enseignantes sont rwandaises: Soeur Lydwine, prof d'histoire-géo et la professeur de kinyarwanda, une partie des cours étant donnée dans cette langue.
Le lycée est destiné à former l'élite féminine.
Bien vite des tensions naissent entre les élèves Hutu et les représentantes de la minorité Tutsi.
Ces tensions ne sont pas nouvelles et la narratrice évoque plusieurs fois le rôle ambigu des Belges pendant longtemps: tantôt ils ont appuyé la minorité Tutsi, tantôt ils ont "retourné leur veste" en soutenant les Hutu.
La tension monte petit à petit et les dernières pages du livre montrent l'horreur qui éclate avec les premiers massacres des Tutsi.
Le livre est très autobiographique, l'héroïne va parvenir à fuir à temps.
La montée de la tension est très bien rendue dans ce livre, de même que les rapports très complexes, amour-haine entre les deux peuples.
Un livre qui marque et qui complète les premières connaissances que l'on peut avoir de l'histoire de ce pays.
Un très beau livre.
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