Un des avantages quand on écrit sa critique de livre 1 jour ou 2 après l'avoir terminé, c'est qu'on se rend compte s'il vous a laissé une impression ou si vous l'avez déjà oublié. Au début, j'avais donné 4 étoiles à ce roman, mais je l'ai augmenté à 4.5 parce que j'ai un peu de mal à le laisser derrière moi. Pas particulièrement en ce qui concerne l'enquête policière, non, plutôt l'atmosphère et la violence de cette époque.
Ca m'a aussi poussé à réfléchir (à nouveau) combien j'aime tout ce qui est britannique, pas que la littérature, quand cette société a exsudé le racisme, la violence, la supériorité morale, la satisfaction de soi avec une conscience nette (même dans Agatha Christie, il n'y a qu'à voir comment on traite Poirot !). Si tellement de monde sur Terre parle anglais (y compris moi), c'est pour une bonne raison : l'empire Britannique était impitoyable et dominateur. Et pensez donc au Brexit, ils se mettent à part encore une fois (une mentalité d'îlien ?).
Hem, retour au livre !
Le Capitaine Wyndham est un homme éprouvé après avoir affronté la guerre, l'horrible première guerre mondiale, une période où il a vu tant d'horreurs, a perdu son frère et sa femme bien-aimée. Quand il arrive en Inde, il a une accoutumance à la morphine - elle ne contrôle pas (encore) sa vie, mais on sent qu'il va en payer le prix tôt ou tard. Tout n'est pas horriblement triste dans ce livre, le sujet principal est la domination Britannique sur les Indiens. Mais ça n'empêche pas quelques pointes d'humour, quand par exemple au début du chapitre 21, Sam pense aux oiseaux anglais et les compare aux oiseaux indiens.
Sur certains bâtiments on remarque des pancartes : "Interdit aux chiens et aux Indiens" (qui m'ont fortement rappelé le "défense de cracher par terre et de parler breton" en Bretagne).
L'auteur arrive à nous en faire sourire :
"Barnerjee remarqua ma désapprobation.
"Ne vous inquiétez pas, monsieur, dit-il. Nous savons où est notre place. de plus, les Britanniques ont réalisé quelque chose en un siècle et demi que notre civilisation n'a pas accompli en quatre mille ans (...). Nous n'avons jamais pu apprendre aux chiens à lire."
J'ai trouvé intéressant que l'auteur britannique Abir Mukherjee ait choisi un militaire britannique comme personnage principal de son histoire, mais aussi qu'il ait choisi de ne pas condamner tous les Britanniques : comme il le dit, quand les Britanniques arrivent en Inde pour la première fois, ce ne sont pas tous des racistes invétérés méprisants, c'est pire : ils le deviennent. Et ça pourrait arriver au Capitaine Wyndham également, il a déjà noté certaines réactions ici et là.
Ce livre a tellement d'excellentes facettes : Miss Grant et le regard sur les métis, les femmes, sur la violence et la non-violence, le massacre d'Amritsar. On voit que l'auteur a fait des recherches historiques approfondies et son écriture est évocatrice.
Un très très bon premier roman.
Lien :
https://booksnlivres.blogspo..