C'est le premier tome des enquêtes de Sam Wyndham, ex-capitaine de Scotland Yard et de son adjoint indien, le sergent Sat Banerjee. Nous sommes en 1919 à Calcutta, dans le Bengale occidental colonisé de l'empire britannique.
Le Raj (gouvernement colonial anglais) avait repris le contrôle des affaires après la révolte matée des Cipayes (rébellions des indiens de l'armée de la compagnie des Indes orientales) en 1857. Cette très puissante multinationale de l'époque avait eu de grosses responsabilités dans la famine qui causa des millions de morts au Bengale en 1757.
Ce petit retour historique a de l'importance car il pose le contexte : dans ce Bengale en pleine effervescence politique, un notable important du Raj britannique, Mac Auley, est retrouvé assassiné près d'un bordel d'un quartier dangereux de Calcutta. Peu après le train Calcutta-Darjeeling qui doit transférer de grosses sommes d'argent de l'empire est lui aussi attaqué.
Très vite, les soupçons se portent sur une organisation révolutionnaire, le Jugantar, et son dirigeant Benoy Sen, qui cherche des financements pour la lutte armée. Grâce à la Section H, service secret du Raj, l'affaire se dénoue....mais trop vite... les évidences, qui servent les intérêts des britanniques, ne collent pas à la réalité, et pourquoi la section H empêche t'elle Wyndham de mener son enquête ?
On est vraiment transporté dans l'histoire de l'Inde, loin des palais du Rajasthan, dans la moiteur des moussons, les quartiers pauvres de Calcutta, l'empire britannique exploite les ressources, le caoutchouc et les usines textiles concurrencent celle de l'Angleterre pour enrichir les businessmen expatriés et les lois Rowlatt oppriment les Bengalais. Nous y voyons les prémices des mouvements d'indépendance de l'Inde. Gandhi y a déjà une certaine influence.
C'est le premier roman de la série, alors il nous présente Wyndham, traumatisé par sa cauchemardesque guerre 14-18 en France. Veuf de Sarah, morte de la grippe espagnole, morphinomane, un brin désespéré... Il accepte l'Inde pour oublier. Mais il n'est pas très à l'aise avec la morgue, le mépris et l'arrogance des britanniques. Etranger, il a tout à apprendre de cette nouvelle vie. Et son adjoint Banerjee va l'initier...
On est entre le roman d'espionnage et le roman noir historique.
Abir Mukherjee est passionné de roman policier ? Cela se sent, il a du lire
Agatha Christie et
John le Carré, car son intrigue est bien menée et divertissante.