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sur 534 notes
Avez-vous jamais entendu parler de la bataille de Plassey? Elle ne figure pas dans nos livres d'histoire, et pour cause. Cinquante mille Indiens, appuyés par de l'artillerie lourde française, y furent défaits par... trois mille britanniques. Et ce fut le début de la colonisation de l'Inde par nos meilleurs ennemis.

Le mérite de cet ouvrage, comme de tout polar qui se respecte, est de planter un cadre social historique tout en étant exotique: ici, l'Inde des années vingt. L'intrigue policière n'est qu'un prétexte à explorer les relations entre les colonisateurs et les autochtones. Et à n'en pas douter, la France ne fut certainement pas plus bienveillante envers les populations africaines.

Annie Grant, la secrétaire métisse, est des plus lucides sur cette cohabitation explosive. Elle n'est pas la seule à souligner l'hypocrite comportement des uns et des autres: d'un côté, les Britanniques qui s'enrichissent en exploitant les ressources du pays et sa main-d'oeuvre bon marché, au prétexte d'apporter la civilisation. de l'autre, les élites Indiennes ne se soucient guère des paysans exploités - leur but étant de remplacer les Britanniques en tant que classe dirigeante.

La construction est parfaite, entraînant scènes d'action, périodes de calme, et réflexions politiques. Ces dernières sont aussi brèves que percutantes. En quelques phrases par exemple, le prisonnier Indien, suspecté dans l'attaque du train, résume de manière limpide la position non-violente de Gandhi.

Le style plein d'ironie désabusée de ce polar en rend sa lecture réjouissante. Je ne savais pas qu'il existait un prix le Point du polar européen. Avoir choisi ce livre ne manque pas de sel. Car quels traits communs décrivent le mieux les Européens, si ce n'est, avant même le christianisme, l'appétit féroce pour l'aventure coloniale?
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Calcutta, 1919. Il fait chaud. de ces chaleurs moites, étouffantes, où le moindre effort devient une épreuve. le capitaine Wyndham, ancien de Scotland Yard, survivant de la Grande Guerre, débarque en ville pour donner un nouveau départ à sa vie. A peine arrivé, un haut fonctionnaire est assassiné dans un quartier mal famé. Que faisait-il là ? Qui l'a assassiné et pourquoi ? C'est ce que vont chercher à découvrir Wyndham et Banerjee, officier indien.

Ce roman n'est pas un simple whodunit, c'est une immersion totale dans le Calcutta des années 1900 sous domination britannique, où les relations entre britanniques, indiens, bengalis sont complexes, où la pauvreté côtoie la richesse, où les tentations de révolte commencent à émerger. Et c'est très habilement fait car le lecteur découvre la ville et ses particularités en même temps que le capitaine Wyndham. Et comme tout britannique qui se respecte, le capitaine ne manque pas d'un certain humour ce qui donne encore davantage de piquant à ce roman...

C'est vraiment un grand coup de coeur! Il ne me reste plus qu'à dénicher Les princes de Sambalpur pour prolonger le plaisir.
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Une lecture très dépaysante et pour cause!
L'auteur nous plonge dans l'Inde post 1ère guerre mondiale. Un ancien de Scotland Yard, rescapé du conflit en France choisit de partir pour l'Inde, à Calcutta. Rien ni personne ne le retient en Angleterre. Il devient officier de la police impériale, avec sous ses ordres un jeune indien, éduqué à l'anglaise. Il est accro à l'opium et assez désespéré, lucide, détaché mais accro à la recherche de la vérité, quitte à se faire des ennemis.
Un écossais, membre influent des services de l'empire est retrouvé assassiné dans une ruelle sordide, près d'un bordel, avec un message enfoncé dans la gorge exigeant le départ de tous les britanniques.
L'auteur, d'origine indienne est écossais. Son sens de l'humour, de la dérision, sa connaissance de cette période où les mouvements d'indépendance s'organisent, on parle de Ghandi, des choix des moyens de lutte contre la puissance coloniale, où les crispations les plus archaïques s'expriment chez certains colons, m'a beaucoup plu!
Bien sûr il y a une enquête, mais elle est le prétexte à décrire mine de rien une époque, un pays, des gens et les relations entre eux, dans ce qu'ils ont de plus sordide, de plus désespérant.
L'auteur évoque aussi en passant la politique de l'Angleterre envers l'Irlande, l'Ecosse. Pas joli, joli.
Qui écrirait un polar qui se passerait dans l'Algérie avant la guerre de décolonisation ?
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Ancien de Scotland Yard,le capitaine Sam Wyndham est arrivé à Calcutta depuis une quinzaine de jours quand le cadavre d'un haut fonctionnaire britannique est découvert, assassiné, dans une ruelle proche d'un bordel. Wyndham est aussitôt chargé de l'enquête, épaulé par un inspecteur adjoint, Digby, et par un sergent indien, Banerjee.
Dans l'Inde de 1919, les relations entre colonisés et colonisateurs sont extrêmement tendues et cette affaire de meurtre risque d'attiser les haines.

En parallèle, le capitaine est appelé sur les lieux de l'attaque d'un train postal. Peut-être le fait d'un groupe d'indépendantistes qui luttent contre la présence anglaise dans leur pays. Les deux affaires sont-elles liées et qu'est-ce que ce haut fonctionnaire faisait dans ce lieu mal famé de la ville ?

J'ai beaucoup aimé ce polar qui mêle à la fois une enquête classique mais bien ficelée et un aspect historique sur les relations de l'Inde et de l'Angleterre après la première guerre mondiale. Wyndham se retrouve confronté à la corruption, à la relation complexe entre anglais et indiens dont son sergent est une illustration parfaite, au cynisme, aux secrets, aux mystères d'une culture qu'il ne connaît pas. le tout en faisant face à un climat hostile et à un besoin pressant d'opium pour lutter contre les souvenirs qu'il a ramené de la guerre et survivre à la disparition de sa femme.

L'enquête est intéressante et bien menée et la toile de fond passionnante. le récit nous plonge totalement dans l'atmosphère de l'Inde et dans les contradictions de certains personnages à travers un contexte politique très particulier.

C'est à la fois distrayant et instructif et très bien écrit. Ce roman est le premier titre d'une série qui mérite d'être lue.
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Polar léger, sans prétention, dont tout l'intérêt réside dans le lieu et l'atmosphère où il se situe: le Bengale colonial. L'histoire n'est que prétexte à des situations rocambolesques entre anglais et indiens. Les premiers, détenteurs du pouvoir politiques et économiques, et les seconds, du pouvoir du nombre. L'intrigue débute lors de l'assassinat d'un haut gradé de l'administration anglaise. Ce meurtre se mélange alors à des tentatives de renversement de la main mise anglaise. J'ai apprécié cette lecture qui, sans être marquante, aura eu le plaisir du dépaysement!
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Voilà un bon polar, un "Whodunit" classique qui a pour décor Calcutta pendant la période coloniale britannique au tout début des années 20. Un siècle s'est écoulé depuis cette époque glorieuse - ou pas...- de l'impérialisme de nos voisins d'outremanche. L'Empire vivait encore de belles heures, imposant la présence britannique, ses lois et son savoir-vivre à ces misérables et ingrats d'Indiens.
Alors quand un influent Britannique est retrouvé assassiné dans une impasse près d'un bordel, il est plus convenable et commode d'accuser la fange révolutionnaire indienne. Une belle opportunité pour la priver de ses meneurs. Voilà comment débute l'enquête de ce capitaine qui a tout perdu pendant la guerre en Europe, secondé par un jeune Indien qui défend son pays avec ferveur.

L'auteur de ce polar a grandi en Ecosse dans une famille d'immigrés Indiens. Fan de whisky et de romans policiers, il a dû lire Agatha Christie ! Il nous gratifie d'un humour à la fois subtil et piquant à l'égard des colons britanniques, mais pour autant il n'épargne pas les Indiens soumis aux castes.

Excellent polar doté d'une bonne intrigue baignant dans une moiteur tant climatique que politique sur fond d'impérialisme britannique, une période de l'histoire qui nous est moins connue.
Cette série de romans ne fait que commencer. D'autres suivront, je les attends.

En revanche, quel dommage que l'éditeur ait fait ce choix de titre, sans rapport avec le titre original "The rising man" beaucoup plus mystérieux...
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L'auteur montre avec finesse la manière dont l'empire britannique - puissance coloniale - traite les autochtones. Les Britanniques ont la conviction de leur supériorité ce qui les rend cyniques et bornés.

C'est une idée géniale de placer cette intrigue au moment où les mouvements pour l'indépendance prennent de l'ampleur et les théories de Gandhi sur la désobéissance civile non violente font tache d'huile.
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La lecture de ce livre m'a ravi : l'évocation de l'Inde sous la colonisation britannique, la découverte de la violence de ce système par un britannique y débarquant, avec ses traumas et addictions, ses rapport avec les locaux dont l'inénarrable Banerjee, le suspense alternant avec des moments d'humour savoureux.
A tel point que j'ai enchaîné sur les deux suivants : les Princes de Sambalpur et Avec la permission de Ghandi, que j'ai trouvé encore meilleurs sur tous les points.
Et puis, j'ai eu la chance d'assister à une rencontre avec l'auteur à la magnifique librairie le Divan, rue de la Convention à Paris : j'y ai retrouvé l'humour du livre, et fait la connaissance d'un homme très
sympathique et ouvert, mais aussi, plus surprenant pour moi, d'un homme qui est en colère contre le discours des bienfaits de la colonisation - cela vous rappelle-t-il quelque chose ? - et qui a pour projet de rééquilibrer la balance à ce sujet, ce qui place ses livres sous une perspective encore plus passionnante.
De plus, le bonhomme a pour ambition - s'il vit assez longtemps pour ça - de couvrir avec ses romans toute la période jusqu'à l'indépendance de l'Inde… la figure de Ghandi le fascine particulièrement : comme il nous l'a dit, les français n'ont pas au coeur de leur capitale une statue de l'homme qui les a chassés et le nombre de victimes du processus d'indépendance en Inde est dérisoire par rapport à tellement d'autres pays…
Dernière confidence de l'auteur : il a mis des traits de sa personnalité à la fois dans le Capitaine Wyndham et dans Sat Banerjee… et je pense qu'il ne déteste pas le whisky.
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Voyage, Histoire, et Polar, le parfait cocktail.
Et quand c'est aussi bien écrit, ce n'est que du bonheur !
Ne vous fiez pas au titre... il ne rend pas justice à tout ce qu' découvre dans ce roman : une bonne enquête menée par d'attachants personnages, un contexte historique subtilement géré et un dépaysement assuré.
Vivement la suite !
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Policier mais, comme souvent, l'histoire est plus un prétexte pour présenter le contexte historique, les rapports entre classes et culture en l'Inde (à Calcutta) juste avant l'indépendance. Et c'est bien fait, avec des pointes d'humour, sans dramatiser. On ressent presque la chaleur et les odeurs tant les descriptions sont riches et imagées. Un bon livre!
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