Les « marches » connaissent un stade intermédiaire de pouvoir entre le roi et le comte. Installées aux périphéries de la terre des Francs, elles constituent des môles de surveillance des confins, des frontières, surtout lorsque les peuples les plus proches sont jugés dangereux. Marche de Frioul, de Bretagne, d’Espagne, regroupent ainsi plusieurs comtés gouvernés par plusieurs comtes dont l'un seulement a le titre de « praefectus limitis ». Le titulaire de la « praefectura » est appelé préfet, comte ou marquis (marchio), voire duc comme en Frioul lorsque la marche (marca) dont il a la charge est particulièrement organisée pour la guerre. Il a en effet des pouvoirs militaires, judiciaires qui font de lui un vice-roi dans une région donnée. Cependant la différence avec les rois mineurs ... est grande ; ce ne sont pas des fils du roi, et même lorsqu'ils sont de souche carolingienne comme Guillaume de Toulouse, ils sont assez loin du trône. De plus, et cela est essentiel, leur charge est temporaire.
2790 – [Que sais-je ? n° 471, p. 44]
(Charlemagne) a commencé par diviser en trois toutes les sommes et biens meubles qui, sous forme d'or, d'argent, de pierres précieuses ou d'ornements royaux, ont pu être trouvés à ce jour (en 811), comme il a été dit, dans sa chambre. Il en a intégralement réservé un tiers, puis a subdivisé les deux autres tiers en vingt et une parts, correspondant aux vingt et une cités métropolitaines, comprises, comme on le sait, dans son royaume, et il a décidé que remise devra être faite de chacune de ces vingt et une part à chacune des métropoles, par ses héritiers et amis, à titre d’aumône et que chacun des archevêques qui sera préposé au gouvernement des églises métropolitaines en prendra livraison... Les lots attribués aux vingt et une cités métropolitaines.... ont été mis séparément sous scellés et déposés dans son coffre avec l'indication, sur chacun d'eux, du nom de la cité à laquelle il devra être remis... Ce sont : Rome, Ravenne, Milan, Frioul, Grado, Cologne, Mayence Juvanum (Saltzbourg), Trèves, Sens, Besançon, Lyon, Rouen, Reims, Arles, Vienne, Tarentaise, Embrun, Bordeaux, Tours, Bourges (Eginhard, Vita Karoli, éd. L. Halphen (Testament de Charlemagne)).
2797 – [Que sais-je ? n° 471, p. 110/111]
Les chefs d'armée étaient les ducs, choisis parmi les comtes, qui (...) étaient réputés parfois aptes au commandement armé. La charge ducale ne durait que le temps d'une guerre, elle était temporaire, le comte reprenant, la paix revenue, l'ensemble de ses activités régionales au sein de son comté. Les fils du roi, Charles en Saxe, Pépin en Italie, et plus tard, Louis en Espagne, assurèrent le commandement général de certains corps d'armée ; le comte Thierry, parent du roi, également. Quant à Charlemagne, il conduisit lui-même son armée à l'assaut des Pyrénées en 778, de la Bavière en 785, de la Saxe en 784, 794, et 796.
2788 – [Que sais-je ? n° 471, p. 23]
Il y a ... l’entourage (familia), composé d'éléments disparates, tant dans leur attachement au roi (Pépin le Bossu, fils de Charlemagne, s'est révolté en 789) que dans leurs attributions et dans la fréquence de leurs séjours au palais (les comtes Thierry et Guillaume conduisent des armées en pays slave et musulman, l'abbé Angilbert a la responsabilité du monastère de Saint-Riquier). Chacun, par périodes, a été investi d'un pouvoir qui l'éloigne du palais ou bien remplit le rôle de conseiller palatin.
Cet ensemble appelé palais (palatium), a plusieurs résidences : Herstal, Cologne, Thionville, selon les besoins politique, les ressources, les loisirs du roi. En dehors des voyages transalpins qui ont Rome pour destinations, et des campagnes militaires qui attirent le palais aux confins du royaume, les résidences sont de préférence en Austrasie, au cœur de la puissance carolingienne.
2789 – [Que sais-je ? n° 471, p. 40]
Si Byzance ne peut conférer l'Empire chrétien, Charlemagne considère peut-être qu'il faut regarder vers Rome.
En effet, depuis 754, les papes ont coutume de conduire des négociations, faire des traités avec les rois des Francs, en s'appuyant sur un texte que l'on est convenu d'appeler « pseudo-donation de Constantin ». L'authenticité du document importe moins que le poids que lui reconnurent les Carolingiens. L'empereur Constantin aurait remis, selon ce texte, la puissance impériale de l'Occident au pape Silvestre et à ses successeurs et « toutes les provinces, localités, cités d'Italie et des régions occidentales de l'Empire ». En vertu de ce document, Pépin le Bref et ses fils avaient reçu du pape le titre de patrices des Romains et Pépin avait promis de restaurer la puissance temporelle du pape. A la demande du peuple, le pape dépositaire des titres impériaux était donc en mesure de confier ces tires.
2793 – [Que sais-je ? n° 471, p. 72]