On ressort. Au bout de la première rangée de baraquements, j’aperçois un bâtiment avec une croix : sans doute le Carmel d’Auschwitz. On marche encore. Le seul wagon qui reste est un wagon de démonstration. Il est presque rouge acajou. Très beau. Avec le cadenas en énorme de marque Wermein. Au régal des Wermein.
Il y a même une petite cabane de chiottes à l’avant du wagon… Des gens apportent des pierres, des fleurs sur le marche-pied… Catsap lui, y dépose un badge de Choron… Pour lui, le Professeur est directement lié à Auschwitz.
- Après Auschwitz, il ne pouvait y avoir que Choron. Ce qui a déterminé la naissance d’Hara-Kiri, c’est l’absence d’humour du nazisme et de l’Allemagne plus généralement : les Allemands n’ont strictement aucun humour, Fassbinder compris. Auschwitz n’a aucun humour. A part bien sûr « Le travail rend libre » et les camions de la Croix-Rouge remplis de Zyklon B…
Pour lui, il fallait Hara-Kiri pour compenser ce manque d’humour si bien incarné par les nazis jusqu’en 45. Et quinze ans après, Hara-Kiri naît !
- Sans Auschwitz, pas d’Hara-Kiri, je te dis !
Et pas de toi non plus… Car sans Hara-Kiri, pas de Nabe. C’est une chaîne. Donc sans Auschwitz, il n’y a pas de Nabe !
- Je suis né d’un four crématoire bricolé par Choron !
C’est vrai qu’on respire bien en se retrouvant au centre de ce champ immense à perte de vue, à perte de vie. Une atmosphère kafkaïenne pour le coup, mais ne rappelant pas celle d’une colonie pénitentiaire, contrairement à ce qu’on pourrait penser, ou de quelqu’autre architecture oppressante imaginée par le Tchèque comique et coupable.
Non ! Ce à quoi l’espace gigantesque de Birkenau fait penser, c’est le fameux Grand théâtre de l’Oklahoma à la fin de L’Amérique, dont les personnages parlent mais qu’on ne voit pas, et où on se rend en train…
LES PROVOCATEURS #2 : Marc-Edouard Nabe