Contrairement à ce qui figure sur le site (page de présentation), ce roman a été publié en 1985 et non en 1992. Cela a son importance, car il s'agit du dernier roman écrit par
Bujor Nedelcovici en Roumanie (entre septembre 1980 et mai 1982) et le premier publié en France. Il s'agit donc d'un inédit en français, le roman n'ayant lors de sa traduction pas encore été publié en roumain. Il s'intitulait initialement, comme indiqué par la présente édition, Ereticul îmblânzit (L'hérétique apprivoisé).
Le roman est une fiction politique dont l'action se déroule dans une colonie française où a été instaurée une dictature de type sud-américain. de nombreux éléments s'opposaient à l'obtention de l'aval de la censure communiste : l'ancienne colonie est peuplée de statues et de portraits du Gouverneur, les écoliers célèbrent le Jour de la Victoire avec des spectacles de grande envergure, il y a des filles d'attente pour tout, le courant électrique et l'eau chaude sont fréquemment coupés.
Le Second messager a été qualifié (
Nicolae Manolescu) de roman « le plus ambitieux » de
Bujor Nedelcovici. La ressemblance avec
1984 de
George Orwell est frappante, mais le mécanisme de lavage de cerveau y est encore plus subtilement présenté. Les citoyens rentrent de leur plein gré à l'Institut pour « l'idéothérapie » à chaque fois qu'ils se sentent affaiblis ou quand le régime le leur recommande. Il s'agit essentiellement de reconnaître ses propres erreurs. Aucune torture ni violence physique, mais des formules de politesse et de l'autosuggestion.
Comme au début du livre, dans le dernier chapitre, un second messager, Michel, revient lui aussi de l'étranger et Raynal l'accueille comme il l'avait été lui-même vingt ans auparavant. L'histoire se répète donc.