Des inégalités sociales

« Tous les hommes sont égaux. Mais il y a des choses qui les rendent inégaux : la force, le pouvoir, l'argent et la culture »

Un album jeunesse très réussi sur un sujet délicat à expliquer à des enfants…. Merci aux éditions de la rue de l'Echiquier (que je découvre) et à la dernière Masse Critique de babelio…qui m'ont offert l'opportunité de lire et savourer les dessins de cet album [accompagné d'un mot sympathique et du catalogue très riche et engagé de cette maison d'édition…parcouru avec grande attention ]

« Quand ils sont grands, les uns vont à l'université tandis que les autres sont obligés de travailler pour gagner leur vie.
La famille, l'argent, l'école, le quartier, les amis, le travail...rendent inégaux des hommes qui sont pourtant nés égaux. »

Le texte est certes très important , mais en parallèle, le langage le plus dense, le plus fourmillant est celui des illustrations, composées d'une multitude de scénettes, de personnages, de détails… Dessins dans le Dessin, que les enfants peuvent « relire » plusieurs fois, en découvrant d'autres détails nouveaux, à chaque fois. Les illustrations sont jubilatoires...variées, multicolores, jouant avec les tailles des personnages et de leurs actions... Un album faussement simple , à savourer et approfondir...!!

Et surprise finale immense dans la dernière page « avis au lecteur »….que je retranscris quasi intégralement tant il donne parfaitement l'esprit des implications de cet éditeur-libraire :

« Ce livre fait partie d'une série de quatre titres initialement publiés entre 1977 et 1978 en Espagne, deux ans après la fin de la dictature du général Franco (1895-1975). Ils sont réédités aujourd'hui accompagnés de nouvelles illustrations. Mais les textes sont les mêmes, sans suppression ni ajout. Car bien que plus de quarante années soient passées depuis leur première édition, l'esprit et la lettre de ces livres sont toujours d'une stupéfiante actualité. Comment cela est-il possible ?
Parce que si la vie des gens a changé, elle n'a pas changé autant qu'elle aurait dû. Les inégalités sociales existent toujours. On pourrait avoir l'impression contraire, puisque tout le monde se ressemble de plus en plus : l'ouvrier ne porte plus forcément un bleu de travail et le riche un costume. Mais le désir des plus riches de posséder des choses de façon exclusive demeure intact. (…)
A la fin des années 1970, nombreux étaient celles et ceux qui pensaient que les différences entre riches et pauvres se réduiraient et que le futur serait plus égalitaire. Pourtant, c'est le contraire qui s'est produit ces dernières années : la classe moyenne s'est appauvrie et beaucoup d'ouvriers ne parviennent même à vivre de leur travail.
La collection d'origine s'appelait « Livres pour demain ». Si on peut lire le contenu de ce livre sans le trouver bizarre, c'est semble-til, que ce –demain- n'est pas encore là –aujourd'hui-. On espère qu'il ne tardera plus. «

Je suis heureuse d'avoir découvert cette collection-jeunesse renommée « Des livres pour aujourd'hui et demain » qui a le grand mérite d'exister et d'expliquer simplement « mais sans détour les enjeux sociaux actuels aux enfants « [ à partir de 7 ans ] de le faire participer : ainsi dans cet album, à la fin, se trouve un questionnaire pour l'enfant : ce qu'il pense des inégalités sociales, dans quelle classe sociale il pense se trouver, où il aimerait se situer, etc….

Je renouvelle mes remerciements à Babelio et à l'éditeur dont j'ai beaucoup apprécié et cet album-jeunesse et le contenu de son catalogue, riche et engagé autour des débats de société, de l'écologie, de l'économie solidaire et sociale, fictions [entre nature writing et thriller… ] , textes courts et engagés dans une collection intitulée « incisives » !... et d'autres publications pour les amoureux de la nature …ainsi que la partie "Jeunesse"...Un choix fort intéressant et impliqué dans les faits de société et le "débat public" !…


*****Trois autres titres : » » Des femmes et des hommes » [Paru ] et « de la démocratie », « de la dictature » [ a paraître à l'automne 2020 ]

j'ai reçu ce livre grâce à la masse critique de Babelio. Je remercie Babelio, ainsi que les éditions rue de l'échiquier jeunesse pour l'envoie.

Quand j'ai regardé les différents livres pour la masse critique j'ai vu celui-ci et le titre ainsi que le résumé m'ont intrigué alors je l'ai sélectionné.

Plus tard quand j'ai su que j'avais été sélectionné pour faire une critique de ce livre et que j'attendais de le recevoir, je craignais de ne pas pouvoir faire une critique dans les temps.

Je m'attendais à un livre sous forme d'essais ou quelque chose du même style, et en ce moment je n'avais pas trop la tête à lire ce genre de livre.

En réalité c'est un livre graphique un peu sous forme de bande dessinée et je dois dire que c'est tant mieux car j'ai pu le lire sans problème.

Les dessins sont sympathiques et ça se lit très facilement malgré le titre qui peut faire un peu peur.

Il n'est jamais trop tôt pour apprendre… Ce petit livre sur les inégalités sociales font réfléchir les enfants sur les différences entre les individus ou les groupes dans l'accès aux ressources. Par le biais d'illustrations très claires et de phrases courtes mais efficaces, les deux auteurs vont pointer du doigt comment dès l'enfance chaque individu, selon sa naissance, sera limité à ce que l'on appelle maintenant le plafond de verre.
« Les enfants de riches naissent riches, les enfants de pauvres naissent pauvres », tout est dit. L'argent fera la différence bien sûr, mais également l'accès aux écoles ou aux universités, le quartier ainsi que les amis et relations. Les auteurs mettent également l'accent sur la culture comme facteur d'inégalités et je trouve cette analyse très pertinente.
Le livre se termine par une page intitulée « Et toi, qu'en penses-tu ?» et comprenant quelques questions pour aider l'enfant à lancer le débat ou se forger sa propre opinion. Quelle preuve d'intelligence que d'aider le jeune lecteur ainsi que ses parents à poursuivre la réflexion !
En avis au lecteur, il est précisé que ce livre a été initialement publié il y a environ 40 ans en Espagne, peu après la fin de la dictature du général Franco. C'était probablement salutaire à l'époque. Mais qu'en est-il aujourd'hui ? Nous pourrions penser que la vie a changé et pourtant les inégalités se sont accentuées et en discuter avec nos enfants pour leur en faire prendre conscience est tout aussi important maintenant qu'il y a 40 ans.
En résumé, un petit livre que je conseille à tous les parents. Je remercie Babelio et l'opération Masse Critique de me l'avoir fait découvrir ainsi que les éditions Rue de l'échiquier de publier ce genre d'ouvrages.

[...] Joan Negrescolor a d'abord été illustrateur pour la presse et la publicité avant de se former à l'illustration de livres pour enfants. Ses dessins sont assez chargés et ses personnages ont des traits marqués souvent rigides. Dans Des inégalités sociales, il joue sur les différences de grandeur pour marquer les inégalités et le poids écrasant de ceux qui ont tout sur ceux qui n'ont rien. Si le trait ne m'a pas séduite, il faut reconnaître que l'effet est réussi. Par ailleurs, ses illustrations mettent bien en avant des inégalités créées par la force, le pouvoir, l'argent et la culture. le texte questionne sur les classes sociales et le rôle des uns et des autres pour réduire les inégalités.
Des inégalités sociales est un album pédagogique qui dénonce sans demi-mot des inégalités toujours d'actualité ! A lire en famille.

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