Un(e) auteur(e) qui fouille le coeur humain, quelle que soit son époque, est toujours moderne.
Premier roman d'
Irène Némirovsky, écrit à l'âge de 23 ans, fascinant. Comment peut-on être si jeune & avoir autant de recul sur les choses de la vie ?!
Elle est mariée,
deux enfants, Il est seul & esseulé, hanté par les vestiges de la grande guerre qu'il vient d'essuyer, sans le sous, pourtant élevé dans le luxe, Monsieur n'arrive pas à renoncer au superflu pour vivre avec l'utile.
Ils se croisent, vivent une idylle, un amour presque innocent né malgré eux, ils sont heureux, beaux, il y a la mer, le soleil, les retrouvailles enflammés, puis vient la fin de l'été.
Retour à Paris, retour à la vie & surtout à la réalité, frappée de plein fouet par son retrait, Madame souffre, ne comprend pas, se pose des questions, et n'a pas de réponses !
Il y a un malentendu, quelque part !
Dissimulé derrière son silence, noyé dans un regard sans vie, l'indifférence est là. Monsieur reste vague.
Visiblement, à peine quelques traces d'été sont restées accrochées dans les rues de Paris, mais ça n'a pas suffit.
C'est ainsi, on cherche l'amour, on croit le trouver puis on tombe de haut. A croire qu'il est des amours qui grandissent juste assez haut pour s'apercevoir au-delà du mur qui les sépare.
J'ai vécu cet amour par procuration, un amour qui se meurt, étouffé par l'incompréhension & le manque, et puis une fin sans bavure. That's all.
Qu'il est tragique de se rendre compte qu'à chaque instant, des milliers de possibles se précipitent, s'effondrent & s'etiolent, c'est ainsi que chute ce qui aurait pu être, souvent sans conséquence, parfois à jamais.
Il me plaît à penser qu'il n'y a pas d'amour interdit, il n'y a que des amours qui attendent d'être vécus, cependant, Il est très ardu, et peut-être même impossible, d'aimer celui ou celle qui n'y croit pas. Il faut alors aimer pour
deux, et c'est encore largement insuffisant.
C'est un amour qui épuise au lieu de ressourcer.
Bref, Il avait des raisons, et elle avait du coeur.
Et entre les mots de Némirovsky, l'âme !