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4,18

sur 1485 notes
Ce livre contient les deux premiers tomes d'un roman qui devait en comporter cinq. Malheureusement, Irène Némirovski ne put l'achever en raison de son arrestation et de son envoi dans les camps de la mort d'où elle ne revint pas. Lorsque ce livre est sorti en 2004, j'avais été touchée par sa fin de vie tragique et j'avais eu l'intention de lire cette oeuvre posthume. Puis je suis passée à autre chose et c'est seulement maintenant, à l'occasion du Challenge solidaire 2021, que je me suis lancée dans sa lecture.

Le premier tome "Tempête en juin" est une succession de séquences de vie au moment de l'exode de juin 1940 au cours duquel des millions de personnes quittèrent leur domicile devant l'avance de l'armée allemande. On suit le cheminement de plusieurs Parisiens et on est plongé dans la désorganisation la plus totale, encore aggravée par les bombardements ennemis. L'autrice met en évidence l'égoïsme de la plupart de ses personnages, tous plus antipathiques les uns que les autres.

Le second tome "Dolce" est le récit de l'occupation d'un village par les militaires allemands, du jour de leur arrivée jusqu'à leur départ trois mois plus tard. Paysans, commerçants, bourgeois et nobles, chacun à leur place, doivent apprendre à vivre avec ces intrus. On suit tout particulièrement Lucile, jeune épouse bourgeoise dont le mari est prisonnier en Allemagne et qui doit loger un officier allemand dans la grande maison où elle vit avec sa belle-mère.

Le premier tome ne m'a pas vraiment plu. J'ai trouvé les caractères outrés, simplistes, sans nuances. Un épisode m'a particulièrement mise mal à l'aise, celui de l'évacuation des jeunes adolescents délinquants où ils sont décrits comme un troupeau indistinct d'êtres malfaisants à peine humains. Mais j'ai apprécié le caractère historique, la succession d'anecdotes prises sur le vif par une personne ayant vécu elle-même ces événements dont je n'avais pas jusqu'à présent réalisé l'ampleur.

J'ai bien aimé le second tome. J'ai trouvé très intéressante la description des ressentis des habitants face aux Allemands, ce mélange de haine de l'ennemi, de résignation face aux restrictions, de sympathie pour ces jeunes si polis qui apportent de l'animation au village. le personnage de Lucile est dépeint tout en finesse. La relation qui s'établit entre la jeune femme si seule et l'officier allemand est pleine de respect, de retenue et de complicité, un amour qui s'éveille mais qui ne peut éclore.

Je suis restée un peu sur ma faim avec ce roman inachevé. J'aurais volontiers lu les tomes suivants si Irène Némirovski avait pu les rédiger. D'après ses notes, on aurait retrouvé les personnages du premier tome qui allaient entrer dans la vie de Lucile. Je pense qu'ils auraient été davantage étoffés et que cela m'aurait donné un éclairage sur la première partie.

Après cette première lecture, j'ai eu envie de découvrir d'autres oeuvres de cette écrivain et j'ai choisi "Chaleur du sang", court roman dans lequel j'ai retrouvé avec plaisir la finesse psychologique de "Dolce".
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C'est un roman, mais avec une charge émotionnelle particulière. Disparue à Auschwitz en 1942, Irène Némirovsky a raconté ce que les Français ont vécu quelques mois auparavant : la débâcle, la défaite, l'occupation. Elle n'a eu le temps de terminer que deux livres de sa Suite française : Tempête en juin et Dolce.
Tempête en juin : En juin 1940, les troupes allemandes s'approchent de Paris, deux millions de Parisiens se jetèrent sur la route pour échapper à l'ennemi. Parmi eux, une famille bourgeoise catholique bien-pensante, les Péricand ainsi que d'autres personnages qui, tous, se débrouillent comme ils peuvent.
Un récit presque à chaud de la débâcle de 1940.
Dolce : À Bussy, les habitants doivent composer avec les Allemands et leur « verboten » sous peine de mort. Certains leur vendent des produits à prix d'or, d'autres restent sur leur réserve en songeant aux morts et aux prisonniers.
Lucile et Bruno Falk font connaissance.
Loin d'être un livre manichéen, les Allemands ne sont que des soldats qui font leur métier de soldat, parfois sans états d'âme et les Français ne sont que des hommes et des femmes qui font ce qu'ils peuvent pour vivre le moins mal possible. Bizarrement, la Résistance est absente de ce livre, bien que les paysans aient gardé leurs fusils et que de loin en loin, on entend des émissions de radio interdites.
Une description fine des relations entre occupants et occupés.

Lien : https://dequoilire.com/suite..
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Je ne sais pourquoi, après avoir appris les conditions d'écriture de ce roman et le destin tragique de l'autrice, je m'attendais à une lecture triste. Et ce ne fût pas le cas. Bien entendu, vu le propos, ce n'est pas non plus le roman joyeux de l'année, mais nous ne sommes ici ni dans la tristesse ni dans l'apitoiement.

Suite française, c'est donc deux volumes d'une série qui aurait du en compter sans doute trois de plus si la vie en avait décidé autrement.
J'ai particulièrement apprécié le premier, "Tempête en juin", car il aborde exclusivement un moment de l'histoire qui en général ne fait que passer dans les romans historiques qui portent sur l'époque: l'exode des parisiens (entre autres) vers le Sud au début de la guerre.

Ce qui marque à travers tout le roman, c'est cette attention que l'autrice porte à la construction de ses personnages, qu'ils soient principaux ou secondaire; tout en nuance, sans manichéisme.
Souvent, quand on lit des romans sur une guerre, ils sont le produit d'auteurs qui connaissent la fin de l'histoire. Sans même le vouloir, cette connaissance de l'après les influence, essentiellement dans la psychologie de leur personnages ou dans leurs intentions. Et ici, ce n'est pas le cas et par moment, on le sent, ce qui ajoute au réalisme de l'intrigue qui correspond sans doute en partie aux observations de l'autrice in situ.

Enfin, le style de Irène Nemirovsky est très moderne. A aucun instant je n'ai eu l'impression de lire un ouvrage rédigé au début des années 40. Ce qui renforce mon sentiment que je viens de refermer une oeuvre remarquable, d'une artiste de talent, dont la disparition a causé une grande perte à la littérature.
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Suite française réunit « tempête de juin » et « Dolce », deux récits qui n'ont pas pu être terminés car leur auteure fut exterminée en 1942 à Auschwitz. Ce roman aurait donc certainement été relu, retravaillé par l'auteur si elle en avait eu le temps.
L'écriture est élégante, chaque mot choisi avec soin.
J'ai été impressionnée par le talent de visionnaire d'Irène Nemirovsky qui semble percevoir ce dont va accoucher cette guerre.
Les personnages, singulièrement les bourgeois, sont lâches, ne font preuve d'aucune solidarité ; la fin justifie les moyens.
Il est aussi question de classes sociales qui s'opposent, d'abus de pouvoir.
Malgré le style impeccable, il y a beaucoup de descriptions et certaines longueurs qui empêchent, si ce n'est l'attachement aux personnages, leur compréhension.
Foudroyée à 39 ans, Irène Némirovsky laisse derrière elle une pépite inachevée.
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J'ai énormément apprécié ce livre et tout particulièrement la deuxième partie : « Dolce ».
Ce roman nous emporte en pleine seconde guerre mondiale durant l'exode puis l'occupation. Ne cherchez pas de grands moments d'action mais guettez plutôt le calme qui représente bien mieux la réalité ...
Une belle histoire d'amour entre les bouleversements de la guerre et la complexité de deux coeurs amoureux.
Ayant vu le film « Suite française » tiré de la deuxième partie, je peux dire qu'il est plutôt fidèle au synopsis du livre.
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Si je n'ai pas vraiment accroché à la première partie de Suite Française, j'ai dévoré la deuxième. Je ne crois pas avoir déjà lu un roman qui peignait la France en guerre de cette façon. Au plus proche des personnages, de leur humanité. Si le début m'a moins entraînée, c'est parce que je l'ai trouvé assez décousu, dans le sens où on ne passe pas assez de temps avec chaque personnage - ou groupe de personnages - pour s'y attacher et vouloir apprendre la suite de leur histoire. Dans la deuxième partie, ce 'défaut' disparait. Les personnages sont rendus TRES humains : ils ont tous des faiblesses, des défauts, et des qualités auxquelles on s'attache : le suspens est créé.
Mais ce qui me restera surtout de cette lecture (je pense), ce sont les notes d'Irène Némirovsky : elle avait une clairvoyance sur le monde, la société française que je n'ai retrouvé dans aucun autre roman de cette époque, et bâtissant son roman sur ses constats, elle a construit une oeuvre remarquable, que je considère comme un portrait fidèle de la guerre.
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Irène Némirovsky dépeint dans ce roman, qui a pour cadre la 2ème guerre mondiale en France, la nature humaine dans ce qu'elle contient de noblesse et de bassesse, de courage et de faiblesse, de dignité et de lâcheté, ainsi que de tout ce qui se situe dans "l'entre deux".
Les deux parties de ce livre sont bien distinctes, bien que toutes deux mettent en scène des personnages face à des situations hors du commun. " Tempête de juin" évoque l'exode ; c'est donc une peinture de la débâcle à travers quelques tableaux de vie composés de gens différents par leur condition sociale, leur motivation, leur caractère.
"Dolce" relate le quotidien de l'occupation allemande dans un village du Morvan. L'histoire est essentiellement centrée sur la relation entre le lieutenant allemand Bruno von Falk et ses "hôtesses", les dames Angellier, et plus particulièrement la plus jeune d'entre elles, Lucille. C'est un très beau récit (qui, à bien des égards ressemble au livre de Vercors "Le silence de la mer"), dans lequel l'auteur analyse finement les ressorts de l'intime, le sens des actes, des silences, des paroles et des non-dits.
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Au Festival d'Avignon en 2019, j'ai vu une mise en scène de Virginie Lemoine qui m'a beaucoup touchée ! C'était une adaptation des derniers chapitres de la Suite Française. Je l'ai donc lue ensuite, j'ai apprécié l'humanité, et la grande intelligence, la force de ce regard porté sur une époque aussi difficile. L'écriture est sensible, dynamique et nous emporte jusqu'aux dernières lignes.
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En général je ne suis pas friande de romans sur la Seconde Guerre Mondiale, mais là j'ai été saisie par la force et le style de Suite française, qui se compose de deux parties, "Tempête en juin" et "Dolce". L'auteure voulait au final en faire une tétralogie, mais déportée et gazée à Auschwitz en 1942, elle ne pourra pas finir ce récit, en partie autobiographique.
La première partie traite de l'exode en juin 1941 (j'ai revu ma grand-mère me raconter ce même genre d'histoire), la seconde de l'occupation, quelques mois durant, d'un village français par des soldats allemands.
Je ne peux que saluer le talent de cette auteure, sa maitrise de la langue française est admirable, son sens critique, son humour et son sens de la description sont percutants, touchants, et pour tout cela, merci à Gwen21 de m'avoir permis de découvrir un tel livre en mettant Irène Némirovsky dans la liste de son challenge solidaire 2021.
Pour moi, challenge ou pas, je ne peux que vous conseiller de lire ce livre, le seul à avoir eu le prix Renaudot à titre posthume, en 2004.

Challenge Solidaire 2021
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L'auteur est si clairvoyante à propos de la société française et aveugle au sujet de sa propre situation. Comment est-ce possible, c'est cela qui fait se poser des questions. Par exemple au sujet de la couturière de Lucile qui a un ami allemand, on est en 1941 et Lucile la met en garde sur ce qui lui arrivera dans 2 ou 3 ans - je présume qu'elle sera tondue... - et l'auteur n'imagine même pas qu'elle-même sera arrêtée d'un moment à l'autre, en dépit des avertissements. Même chose pour son mari.


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