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4,18

sur 1485 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  

C'est à la lecture d'un échange entre Michfred et Migdal que je me suis décidée à lire « Suite Française » d'Irène Némirovsky.

Ce livre vaut aussi par sa préface qui est rédigée par Myriam Anissimov. Elle permet de mettre en lumière les motivations d'Irène que l'on retrouve dans tous ses écrits. Myriam Anissimov a écrit, aussi, de très belles pages sur notre Romain Gary national.

La première chose qui frappe dès le début de la lecture, c'est le français impeccable dans lequel sont rédigés les deux récits qui composent cet ouvrage. le premier « Tempête en juin » et le second « Dolce ». Je ne peux m'empêcher de songer à la plume poétique d'Andréï Makine. Décidément, nos écrivains russes francophiles sont très souvent les garants de la langue de Molière. Il est vrai qu'en Russie, la littérature est essentielle.

Irène est née en 1903 à Kiev dans une famille aisée de la bourgeoisie juive. En 1918, sa famille décide de fuir la révolution qui s'accompagne de pogroms pour s'installer en France en 1919. Elle y rencontre Michel Epstein qu'elle épouse en 1926 et dont elle aura deux filles.

Devant les évènements dramatiques qui se profilent à l'horizon des années 30, le couple demande la nationalité française en 1938 qui leur sera refusée : ce qui de toute façon n'aurait pas changer grand-chose quant à leur avenir. C'est à Issy-l'Evèque, un petit village du Morvan, où le couple et leurs deux filles se sont réfugiés qu'Irène griffonnent ses carnets peut-être par devoir de mémoire où tout simplement pour exorciser ses angoisses ! Ecrire devient un réflexe de survie lorsque les illusions se sont évaporées.

Si vous voulez suivre en direct l'exode de juin 40, alors n'hésitez pas, c'est saisissant ! Irène Némirovsky rapporte avec l'exactitude de celle qui l'a vécue, à travers une fiction, ces instants terribles où des millions de personnes se sont retrouvées jetées sur les routes de France, fuyant à la fois l'envahisseur allemand mais aussi les bombardements. C'est justement ce qui fait la grande valeur de ce récit inachevé, écrit en 1942, juste avant qu'elle ne soit arrêtée par la Gestapo et déportée à Auschwitz. C'est un reportage en direct qui braque l'objectif sur quelques familles et leurs individualités. L'auteure trace avec précision leur lâcheté, leur héroïsme, le désordre ambiant, la peur, le mépris, la collaboration mais aussi quelquefois la solidarité ! le portrait d'une France en perdition !

En lisant « Suite Française » aujourd'hui, on y retrouve un peu du scénario actuel du « Village français » mais aussi du « Silence de la Mer » de Vercors. le roman de Vercors a été lui aussi écrit en 1941 mais publié en 1942 dans la clandestinité et édité par Edmond Charlot. (Les Richesses de Kaouther Adimi).

Avant d'être lui-même déporté, Michel Epstein, le mari d'Irène, a confié le manuscrit à leurs filles, Denise 13 ans et Elisabeth 5 ans, soigneusement conservé dans une valise avec instruction d'y veiller précieusement. Les deux enfants se sont cachées sans jamais abandonner cette fameuse valise qu'elles n'ont pas osé ouvrir tant que les cicatrices ne s'étaient pas estompées. Denise n'imaginait pas l'importance de ces écrits. C'est en voulant les confier à l'Institut de la Mémoire, en 1975, et en les dactylographiant à l'aide d'une loupe, qu'elle va prendre la mesure du document qui est sous ses yeux. Il faut l'insistance des Editions Denoël pour qu'enfin paraisse ce témoignage écrit sur le vif.

Le 8 novembre 2004, Irène connaît le succès à titre posthume et « Suite Française » reçoit le Prix Renaudot.

Je tenais à rendre hommage à ces quelques écrivains comme Stefan Zweig, Sandor Maraï et Irène Némirowsky que je qualifierai de « gardiens de la mémoire » et qui ont eu cette idée géniale d'écrivain d'annoter sur leurs carnets tous les grands et petits détails du quotidien alors que le monde autour d'eux s'écroulait.

« Mon Dieu ! Que me fait ce pays ? Puisqu'il me rejette, considérons le froidement, regardons le perdre son honneur et sa vie. Et les autres que me sont-ils ? Les empires meurent. Rien n'a d'importance. Si on le regarde d'un point de vue mystique ou d'un point de vue personnel, c'est tout un. Durcissons-nous le coeur. Attendons ». Irène Némirowsky

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Un roman écrit pendant la guerre, un roman inachevé, un roman écrit par une auteur qui ne reviendra pas de cette guerre, et pour conclure, les notes retrouvées de l'auteur, des échanges écrits entre les proches de l'auteur.
On suit réellement dans cette histoire différents personnages au coeur de cette première partie de guerre, de l'exode à l'occupation.
Personnellement, j'ai beaucoup apprécié l'écriture d'Irène Némirovsky, pas de jugements, pas de parti pris. Juste un état des faits, le ressenti des personnages, dans tout ce qu'il y a de bon et de mauvais.
Un roman qui complète les connaissances que l'on peut avoir sur cette période.
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Cocottes en goguette éparpillées aux quatre vents, bourgeois ventripotents et égoïstes suffocant loin de leur cher Paris, rombières bourgeoises affublées de familles nombreuses, petit peuple traînant ses guêtres le long des routes, tout ce beau monde projeté au coeur du chaos que fut l'exode au printemps 1940, reprend vie à travers la plume d'Irène Némirovsky. Par le prisme de son regard sans concession, scrutateur et intransigeant, l'auteur qui connut également cet épisode douloureux, nous livre à chaud cette expérience traumatisante pour des millions de Français jetés sur les routes. Cela est d'autant plus remarquable qu'elle l'a écrit dans une quasi immédiateté (à peine 2 ans plus tard) et relève le défi d'y apporter un certain recul (bien qu'on y perçoive, à travers sa prose incisive, une critique à peine voilée des excès de comportements engendrés par cet épisode). Suite française se voulait comme une peinture sans concession de cette France occupée, une saga débutant avec l'exode et l'arrivée imminente des Allemands et poursuivant avec le quotidien d'une poignée de Français sous le joug nazi, les uns lâches et collabos, les autres entamant la résistance. Malheureusement Irène Némirovsky sera arrêtée puis déportée avant d'avoir pu finir son oeuvre. C'est sa fille Denise Epstein qui cachera les 2 premiers tomes du roman et finira pas les faire publier 60 ans plus tard. Ma lecture de cette oeuvre fut d'autant plus teintée d'émotions quand on sait qu'Irène Némirovsky ne reviendra jamais des camps.

Le deuxième tome de Suite française – Dolce - (celui qui a été adapté au cinéma récemment) s'intéresse à la vie d'une poignée de villageois d'un patelin paumé du centre de la France. Il esquisse une idée d'un quotidien, quasiment un huit clos, au contact de l'ennemi qui prend une place importante au coeur de leurs intimités. Plus calme que la première partie dont le rythme est à l‘image de l'émotion et de la houle induites par l'Exode, Dolce, plus intime, se lit posément, disséquant avec précision et acuité le ressenti des personnages aux prises avec l'occupant allemand et comment au final on s'accommode de tout dès lors qu'une routine s'installe.

Témoignage d'une période sombre et trouble des premières années de l'Occupation, Suite française est un ouvrage qui se lit à la fois comme un roman, un reportage et un testament. Pour avoir lu d'autres romans d'Irène Némirovsky, j'ai trouvé que Suite française concentrait l'essence même du talent de cette femme de lettres remarquable. Poignant par la portée de ce roman et son destin, acerbe par le regard porté sur cette période, Suite française ne peut vous laisser indifférents.
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Juin 1940, la France qui a peur se jette sur les routes pour échapper à l'Allemand. Les nantis comme les plus modestes fuient dans une confusion pathétique. En chemin, ceux qui espèrent un peu de confort déchantent.

Cela ressemble à une déroute, il y a les bombardements, les morts, la faim, l'avenir incertain pour les réfugiés à qui on refuse même un verre d'eau, alors que les autres pillent des maisons. Le temps est au désordre et à la lâcheté, rarement à la solidarité.

Après l'exode, l'occupation : dans un village bourguignon, à l'heure allemande certains trouvent l'occupant jeune et pas si effrayant que cela. La question qui divise et déchaîne les passions est de savoir s'il faut le détester ou composer avec lui.

Dans ce manuscrit, qu'Irène Némirovsky n'a pu finir, déportée et assassinée par les Allemands, on assiste « en direct » à des moments dramatiques de l'histoire française. Avec l’œil acéré qui est le sien, l'auteure y décrit, avec un réalisme confondant, les lâchetés, les compromissions, les questionnements, mais aussi la solidarité d'une population face à l'ennemi.

Un texte distancié et historique d'autant plus remarquable qu'Irène Némirosky l'a écrit alors qu'elle se savait en grand danger.
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Il est rare que je lise l'entièreté d'une préface avant d'entamer un livre, réservant cela à la fin de la lecture de celui-ci. ,Ici, par contre, je n'ai pu lâcher l'introduction faite par Myriam Anissimov tant elle m'a intéressée, son portrait d'Irène Némirovsky est en effet passionnant et je ne m'étonne donc pas que tant de critiques se soient abreuvées à celle-ci.
Une mention également pour l'annexe avec des notes manuscrites de l'auteure qui nous font entrevoir ce qu'eût été la Suite Française si l'auteure n'avait été arrêtée, et assassinée à Auschwitz, et qui reprend la correspondance d'Irène Nemirovsky puis de son mari avec Albin Michel et d'autres.

Venons-en au roman lui-même ou plutôt aux deux parties qu'Irene Nemirovsky a pu terminer.

La première, intitulée Tempête en juin, est un portrait saisissant et quasi pris sur le vif de ce que fut l'exode de juin 1940, les nouvelles de la guerre, les rumeurs d'une arrivée proche des Allemands, les hésitations puis la fuite, désordonnée, difficile, sous les bombardements.
On y suit les odyssées de plusieurs personnages, souvent assez odieux, parfois exemplaires et leurs conduites respectives. Les riches et les bourgeois sont lâches, peureux, ne pensent qu'à eux et à leurs biens et souffrent d'être dans la même situation que ceux qu'ils considèrent inférieurs.
Un couple d'employés de banque et un jeune idéaliste trouvent grâce à la plume de l'auteure. Des élans de solidarité existent néanmoins parfois.
La description de cet exode, de cette panique, des difficultés pour s'approvisionner en nourriture et essence, pour se loger, pour trouver un train est bien écrite.

La seconde partie, intitulée Dolce, est plus romanesque. Elle décrit un village, Bussy, occupé par les Allemands. La vie semble y reprendre, il n'y a plus de combats. Les occupants sont d'abord considérés avec méfiance mais ils arrivent à charmer, ils sont jeunes, ils sont beaux, sont polis et corrects. La famille aristocratique du lieu les dénigre en public mais les choie, les mères de prisonniers les haïssent et les jeunes filles les regardent. D'autres lutteront par contre.
Chez les Angellier, vivent Lucile dont le mari est prisonnier et sa belle-mère; on leur enjoint d'héberger un lieutenant allemand. Des sentiments naîtront entre Lucile et lui mais cela n'ira pas plus loin alors que la belle-mere ne voudra pas daigner lui parler.
Irène Nemirovsky nous présente bien les hésitations, interrogations et décisions des personnages.
C'est une analyse très fine.

En fin de compte, un beau livre !
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C'est une amie qui m'a prêté ce livre : il me faisait déjà de l'oeil depuis un petit moment, mais j'avais été un peu refroidie en lisant “le bal” du même auteur qui m'avait mise très mal à l'aise.


Là j'ai sauté le pas et j'ai vraiment bien fait, parce que ce livre est incroyablement formidable ! Il rejoint immédiatement la catégorie des coups de coeur et la liste des romans que je dois acheter !


Irène Némirovsky a été arrêtée, déportée et assassinée à Auschwitz en juillet 1942. le manuscrit de ce roman a survécu grâce à sa fille aînée, qui l'avait dans sa valise au moment de sa fuite : Manuscrit qu'elle a lu des années plus tard en 1998.


Il a été publié sous le titre de “Suite française” en 2004.


Ce roman n'est donc pas terminé. On a seulement les deux premières parties (sur 5) dont les titres sont :
1. Tempête en juin
2. Dolce
3. Captivité
4. Batailles ?
5. Paix ?

La première partie raconte l'exode des habitants de Paris dans les heures qui ont suivi l'arrivée des allemands. On voit donc la fuite sur les routes, les bombes, les morts et la façon dont les français réagissent à cette exode, jusqu'à la capitulation de la France et le retour aux choses normales.


La deuxième partie relate l'arrivée des allemands dans une petite ville, durant la première année de l'occupation. On voit donc comment la cohabitation se fait et comment la vie quotidienne tente de continuer…


D'après les annexes du roman, ces deux premières parties servaient surtout à présenter les personnages, à montrer les liens qui les unissaient, à organiser le cadre de l'histoire.


Pour les autres parties, grâce aux notes d'Irène N. on a les informations suivantes:

La troisième partie devait parler de la résistance, de ses origines, de son organisation et des arrestations qui en résultaient. Les quatrième et cinquième parties devaient avoir les titres de “batailles” et “paix”…mais elle avait mis des points d'interrogation…en effet en 1942, difficile d'imaginer la fin de la guerre et comment celle-ci se ferait !

Mais apparemment, Irène Némirovsky avait déjà prévu des dernières batailles, puis une paix entre les différents pays…Comment est ce qu'elle imaginait cette paix, j'aurais bien voulu le savoir !


J'ai adoré les deux parties !


Dans la première partie, “Tempête en juin”, elle nous décrit un beau spectacle de l'humanité:
C'est dans ces moments là, qu'on voit ce que valent les hommes. Il y a ceux qui aident les autres, ceux qui partagent, ceux qui gardent tout pour eux, ceux qui pillent, ceux qui partent et ceux qui restent…C'est très intéressant de voir les raisons différentes, les peurs, selon la classe, l'âge et le sexe des personnages.


On peut détester certaines personnes à cause de leur égoïsme et sentiment de supériorité, en voyant leurs priorités dans la vie…parfois c'est quand même assez pathétique!


Je dois avouer qu'à ma grande honte j'ai éclaté de rire quand madame Péricand se rend compte une fois tous les évènements de la nuit passée, les bombardements, son fils qui part rejoindre l'armée, la course vers la gare…qu'elle a oublié son beau-père infirme!


Elle qui était tellement fière d'elle, qui se rengorgeait d'avoir tout prévu, d'avoir gardé son sang-froid, de ne pas avoir oublié l'essentiel et d'avoir sauvé sa famille…et là vlan! L'oubli!


Mais je n'ai pas pu m'empêcher un peu de la comprendre et de vouloir la soutenir, même si c'est une idiote plein de préjugés : elle est une femme seule, avec des enfants en bas-âge, un grand-père infirme, un mari absent : seule responsable au milieu de la panique et des bombardements. A part son beau-père qu'elle oublie, je trouve qu'elle s'est très bien débrouillée pour survivre avec tous ses enfants.


Finalement, il y avait très peu de personnage tout à fait détestable (même si il y en avait un ou deux tout de même).


C'étaient surtout des êtres humains, qui avaient peur, qui se retrouvaient seuls, en danger et qui ne savaient plus vraiment vers qui se tourner… Ils se sont donc débrouillés comme ils le pouvaient. Certains ont eu de la chance, d'autres beaucoup moins. Et tous ont eu ce sentiment de stupéfaction quand soudain, l'armistice est arrivé et qu'il fallait rentrer chez soi.


La deuxième partie m'a un peu fait penser AU “Le silence de la mer” de Vercors, qui est un autre roman formidable sur l'occupation allemande dans la vie de tous les jours (que je conseille également!).


Le plus drôle dans cette partie est le titre : “Dolce” c'est-à-dire “doux” en italien. Je trouve cela très ironique et fin.


Car oui, en effet, le peuple français est tout doux dans cette partie là…il se courbe, il s'aplatit, il ne fait pas de vagues, pas de bruits, rien…on pourrait le croire apprivoisé…


C'est d'ailleurs ce que les allemands se disent, après plusieurs mois d'occupation : qu'ils ont fait des progrès avec les français, que les relations s'améliorent…et pourtant, cette douceur est entièrement superficielle…
Il ne se passe pas à un jour, sans que les français à mi-voix d'abord, insultent et maudissent les occupants, pour des raisons ou d'autres…


Et un jour, cela finit par exploser, et là Benoit, un paysan qui en a assez de voir un allemand tourner autour de sa femme le tue. Plus de douceur…la résistance prend de l'ampleur, l'hypocrisie aussi et ce village que les allemands trouvaient si paisible leur parait soudain bien dangereux.


Dans cette partie, on suit particulièrement la vie d'une jeune femme, dont le mari est prisonnier, qui est obligée d'accepter un officier dans sa maison.
Si sa belle-mère refuse tout contact avec l'ennemi, Lucie, elle ne le voit pas d'un aussi mauvais oeil. Sans être aimable, elle s'efforce d'être courtoise, d'abord par politesse et éducation, ensuite parce que cet officier est un homme charmant et gentil, dont le seul défaut est finalement d'être allemand.


Faits, que le village découvre d'ailleurs avec stupeur: Les soldats et les officiers ne sont pas particulièrement méchants ni pervers. Ce sont des hommes comme des autres!


Ce qui est impressionnant, c'est la capacité d'Irène Némirovsky d'analyser tous ses éléments, tous les caractères, les impressions les visions, les réactions de tous, français, allemand, vieux, jeunes, femmes et hommes, sans le moindre problème. Tout sonne tellement vrai, tellement réel, c'est fait sans pathos, sans fioritures, sans exagérations! Cette femme avait un talent incroyable.


A la fin de cette deuxième partie, on commence à voir lentement tous les liens invisibles qui se font entre les personnages, on reconnait des relations, des rencontres, des évènements…ces deux parties étaient vraiment une sorte de longue introduction pour poser le contexte et les personnages !


——————————————

Ma critique est un peu longue…C'est un roman fabuleux, un coup de coeur, aussi bien pour la forme que le fond (ce qui est assez rare quand même!).Qu'est ce que j'aurais voulu lire le livre en entier!


Je le conseille vivement à toute personne qui a envie de découvrir un chef d'oeuvre!
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L'autrice, juive d'Europe de l'Est arrivée en France avec sa famille, est morte en déportation durant l'été de 1942.
Ce livre se compose de deux romans : "Tempête en juin" sur l'exode de quelques français de toutes conditions sociales et de tous âges et "Dolce" sur les débuts de l'occupation, dans lequel on retrouve certains personnages de la première histoire et quelques autres, nouveaux.
Irène Némirovsky sait parfaitement capter la mentalité des Français d'alors, celle des grands et petits bourgeois égoïstes et mesquins, celle des paysans et des simples employés. Elle écrit merveilleusement bien, (quoique dans le ton de l'époque) - en particulier dans la description des paysages et le rendu des sentiments.
Les annexes sont toutes deux fort intéressantes.
L'annexe I nous renseigne sur les trois suites prévues et qui dramatiquement n'ont pu voir le jour.
L'annexe II se compose de lettres de l'intéressée exposant sa douloureuse situation, puis de lettres de suppliques de son mari, et enfin de lettres de la tutrice de ses deux fillettes, sauvées car cachées.
Hélas, j'ai constaté que ces romans, pourtant relativement favorables à l'armée allemande (le deuxième raconte l'histoire de soldats, eux aussi victimes de la guerre), n'ont pu lui permettre d'échapper à son triste sort !
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Dès la mi-juin 1940, c'est l'exode des Parisiens vers les campagnes : familles bourgeoises et ouvrières, riches banquiers, écrivains, domestiques, chauffeurs, tous quittent leur foyer fuyant l'avancée inexorable de l'armée allemande. Cette première partie intitulée Tempête de juin déploie le contexte dans lequel la seconde partie, Dolce, évoluera. Après la débâcle initiale, ces Parisiens rentreront au bercail dès l'armistice conclu entre l'Allemagne et la France le 22 juin 1940. S'ensuivront alors les jours de l'occupation ennemie dont s'accommoderont les habitants d'un petit bourg non loin de Paris.
Irène Némirovsky, assassinée dans les camps d'Auschwitz, n'a pu terminer son roman ni en voir la parution. Contemporaine des événements qu'elle décrit avec acuité, elle use d'une écriture poétique par moments mais sait aussi employer des termes plus durs pour évoquer la bassesse humaine. L'absence d'antisémitisme dans son récit, explique peut-être le fait qu'elle écrivait au plus près de la réalité et de l'instant vécu. Rétrospectivement, ce roman contient toute une charge émotionnelle.
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Grand moment d'émotion que la lecture de ce roman inachevé (deux parties seulement ont été écrites sur les cinq prévues).Emotions au pluriel en fait:

- émotion littéraire déjà, avec la découverte d'un véritable écrivain dont j'ai adoré la plume et la capacité à nicher le romanesque dans une foule de détails;
- empathie aussi bien sûr à lire les lignes interrompues d'une jeune femme arrêtée en 1942 et morte quelques semaines plus tard dans un camp de concentration; il faut d'ailleurs en même temps que le roman lire l'introduction qui présente le parcours d'Irène Némirosvski ainsi que les annexes dans lesquelles sont restituées les correspondances de ses proches après sa disparition, notamment les lettres de son mari frappant à toutes les portes pour essayer de la retrouver et plaider sa cause, elles sont déchirantes;
- émotion historique enfin, car il m'a rarement été donné de lire des écrits sur le quotidien pendant la guerre qui restituent le réel de manière aussi saisissante : les moeurs, les objets, les ressentis, la peur, le mépris, les petits égoismes, les courages, la chaleur éclatante de l'été 1940, tout semble incroyablement vrai.

Un témoignage important, plus riche qu'un livre d'histoire, comme le dit l'auteur dans ses notes : "ne jamais oublier que la guerre passera et que toute la partie historique pâlira. Tâcher de faire le plus possible de choses, de débats qui peuvent intéresser les gens en 1952 ou 2052".
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J'ai attendu longtemps avant de lire cette très belle histoire de l'exode raconté dans ce livre, je ne suis pas déçue, loin de là, et peut être avec un recul par rapport à sa médiatisation.

Ce livre en deux parties, dont la première s'intitule « tempête en juin », Irène Némirovsky nous décrit l'exode de certaines familles (parisienne en l'occurrence) avec toutes ses péripéties et les moyens de chacun selon son ‘niveau social', la description des personnages est formidable, saisissante de vérité et de précision.

La seconde partie « Dolce », l'auteur nous emmène dans un petit village occupé par les Allemands, et là c'est l'attitude de chacun par rapport à l'occupant, en personnage central Lucile dont le mari est prisonnier.

L'auteur voulait écrire son « Guerre et Paix » et comme ce grand chef d'oeuvre de Léon Tolstoï, le récit des évènements passe très souvent par l'intermédiaire de ses personnages, ce qui donne toute sa grandeur à cette oeuvre.

Je ne ma lasse pas de découvrir cet auteur, et bien d'autres oeuvres m'attendent et je vous invite à les découvrir aussi, très bonne lecture.
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