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“Je ne crains pas la douceur.”

Le poète et diplomate chilien, ami de Fédérico Garcia Llorca et témoin de l'élection puis de la chute du Président Allende, qu'il rejoindra dans la tombe douze jours après son suicide, en 1973, fut un personnage complexe autant qu'un poète de premier plan.

Il n'est pas toujours aisé de justifier un coup de coeur au seul moyen du langage. de dire pourquoi un tel alignement des planètes entre le poète et le lecteur. Ainsi, je ne peux vraiment vous dire pourquoi j'ai immédiatement accroché, peut-être une énergie et une musicalité poétiques, alchimie performative et créatrice très forte, convocation d'un bestiaire animal merveilleux, un art de rendre hommage à la mer, à la nuit, avec impertinence et douceur.

Neruda affiche sa lassitude et son agacement face au monde social, son amour pour Santiago aussi, ces poèmes, contrairement aux effets du titres, n'ont rien de divagations.

“qu'on me laisse tranquille à présent.
qu'on s'habitue sans moi à présent.”

Poésie d'un insatisfait du sort, d'un idéaliste qui cherche son royaume par delà la médiocrité, Vaguedivague est un recueil très immédiatement sensible. La poésie de Pablo Neruda est enveloppante, ces vers imagés, aux rythmes à la fois mélancoliques, humoristiques, vivaces, séducteurs et décalés, dessinent un tempérament d'éternel guérillero.

Neruda qualifie cette “voguante vaguedivague” de poésie “d'un homme clair et confondu, d'un homme pluvieux et joyeux, énergique et automnal”… sa poésie peut atteindre, à partir de lui, à l'universel.

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Vaguedivague est une étape importante dans l'évolution de l'art poétique de Pablo Neruda. Ecrit juste après son retour au Chili, à la suite de nombreux séjours hors de sa terre natale et au moment de son emménagement dans sa chère Isla Negra sur la côte Pacifique, ces soixante-huit poèmes dénotent une sorte de pause méditative et distanciée, alliée à une redécouverte de la mer et de la terre, une « période d'automne » dit le poète, propice à la réflexion philosophique.
Dans une écriture d'une grande maturité, Pablo Neruda poétise toute forme d'expérience, comme son rapport avec la nature, les hommes et les choses, en un dialogue permanent, puisque pour Neruda vie et poésie sont intimement intriquées.

Déçu politiquement et moins engagé dans une poésie sociale, Neruda rédige un recueil plein de vitalité et d'esprit, où il alterne entre élans de frivolité, ironie et écriture réflexive voire intime. En retrait face au post modernisme, son moi poétique se veut désormais multiforme.

Face aux nouvelles normes langagières et rhétoriques à la mode en poésie, Neruda s'en affranchit en usant volontiers de l'exacerbation de l'absurde, du paradoxe et du langage informel avec de fortes nuances ludiques.
Sorte de journal littéraire écrit comme un bilan des étapes de sa vie, romantisme, solitude, amour, désespoir, idéalisme, lutte, nihilisme, il construit ses poèmes avec une ambivalence affirmée et n'hésite pas à convoquer la métaphysique et l'ironie pour interroger son expérience avec le monde, sans se départir de son flamboyant lyrisme, tentant d'atteindre à la fois une sagesse poétique et "le goût salé de la vérité".
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Voilà des mois que je voyage avec Pablo Neruda. Je n'ai pu faire ce voyage d'une seule traite, mes escales furent nombreuses. Je n'arrive pas à me réjouir de cette rencontre, même si parfois je suis sensible à ses souvenirs réels ou imaginaires, à son humour, à son approche de la vie. Est-ce la traduction ?
Non, je ne dois pas de rejeter la faute sur autrui. Cela vient de moi, uniquement de moi. La métaphysique des mots me laisse embarrassée, stupide parfois. Je cherche mais ne trouve pas. Oui, je sais il ne faut pas chercher et se laisser porter par les mots. Mais là, rien ou si peu. Cependant, je refuse l'échec, je me promets d'y revenir plus tard et de chercher ailleurs, dans d'autres recueils, ce qui m'a échappé ici.
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Quelle douceur ! Quelle beauté des mots, des sentiments ! Quelle tristesse aussi ! Quelle tristesse malheureusement lucide ! J'ai particulièrement aimé "Trop de noms", "Je demande le silence", "Soliloque dans les ténèbres" et tant d'autres. A lire en prenant le temps de savourer chacune des perles qui nous sont offertes.
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"Vaguedivague" de Neruda:

Je suis partiellement en désaccord avec la présentation de l'éditeur ci-dessus. En effet, (sauf si l'on attribue une "profondeur" insondable au matérialisme), plus qu'une oeuvre "profondément matérialiste", je trouve qu'il s'agit là d'une oeuvre débusquant l'esprit au coeur même de la matière-énergie: si elle "opère d'inlassables retours à la matière en cherchant à unir l'animé à l'immuable, le mouvement et la fixité", elle cherche même, selon moi, à conférer de la transcendance à l'inanimé, faisant entrer en fusion l'immanence et le sublime, l'instant et l'éternité, « dans cet espace d'une minceur effrayante où se produit la vie » [René Char].

C'est-à-dire qu'elle est À LA FOIS matérialiste et métaphysique, établissant un continuum entre tous les humains, puis entre l'humain et le vivant dans son ensemble, et entre le vivant et l'inerte, inspiré probablement (ou proche) de la vision du monde chamanique des amérindiens. Pour ce faire, Neruda souhaite "dilater" (selon le voeu de Marguerite Yourcenar, repris en épitaphe sur sa tombe à Mount Desert), -- et tente sur lui-même l'expérience d'élargir -- "le coeur et la conscience de l'homme à la mesure de toute la vie". Et même, dans une perspective tangentielle à l'oeuvre de Teilhard de Chardin, que celui-ci n'eût pas désavouée, j'en suis sûr, Neruda multiplie les traits d'union entre l'humain et la "biosphère" ensemble, l'univers tout entier tendu vers la "noosphère", à cela près que pour lui le transcendant se trouve au coeur de l'immanent et des éléments-briques du réel, distinct de lui mais non séparable.

Perspective métaphysique, s'il en est, mais n'oublions pas que ceci a lieu au sein d'un acte poétique qui distille une langue tout entière pétrie de silence, et de contemplation, infiniment belle et émouvante, ainsi que le dit si bien la critique précédente de "Pirouette0001" : pour elle je propose en citation l'un des poèmes du recueil qu'elle préfère, "Je demande le silence", en V.O. puis traduit par mes soins (car la traduction de la version française du livre me semble un peu trop loin de l'écriture de Neruda).

Dans ce poème magnifique, véritable testament, le poète prépare son voyage du "grand saut" en faisant l'inventaire de son bagage essentiel. Les premiers vers de ce poème ont d'ailleurs été repris sur une stèle à la mémoire de Don Pablo devant sa maison à Santiago (à voir ici dans la collection de photos). Mais la visée est tout sauf égocentrique ou apitoyée sur soi, même si une irrépressible nostalgie pour la beauté de la vie s'y laisse entendre, car ce faisant Neruda défriche pour nous les broussailles de la grande frontière, et ouvre un chemin pour un deuil acceptable... Ce poème est emblématique de la démarche de tout le recueil, et il rappelle les mots de conclusion de son "Chant général" (à voir ici aussi en citation à la page consacrée à ce maître-livre).

■ Helgé alias lglaviano
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Neruda
Y fue a esa edad... Llegó la poesía
a buscarme. No sé, no sé de dónde
salió, de invierno o río.
No sé cómo ni cuándo,
no, no eran voces, no eran
palabras, ni silencio,
pero desde una calle me llamaba,
desde las ramas de la noche,
de pronto entre los otros,
entre fuegos violentos
o regresando solo,
allí estaba sin rostro
y me tocaba.

Yo no sabía qué decir, mi boca
no sabía
nombrar,
mis ojos eran ciegos,
y algo golpeaba en mi alma,
fiebre o alas perdidas,
y me fui haciendo solo,
descifrando
aquella quemadura,
y escribí la primera línea vaga,
vaga, sin cuerpo, pura
tontería,
pura sabiduría
del que no sabe nada,
y vi de pronto
el cielo
desgranado
y abierto,
planetas,
plantaciones palpitantes,
la sombra perforada,
acribillada
por flechas, fuego y flores,
la noche arrolladora, el universo.
Y yo, mínimo ser,
ebrio del gran vacío
constelado,
a semejanza, a imagen
del misterio,
me sentí parte pura
del abismo,
rodé con las estrellas,
mi corazón se desató en el viento.



Et ce fut ce temps…vint la poésie
me chercher. Je ne sais, je ne sais pas d'où
elle arriva, de l'hiver ou d'une rivière.
Je ne sais comment ni quand,
non, il n'y avait aucune voix, il n'y avait pas
de mots, ni de silence,
mais d'une rue elle m'appela,
des rameaux de la nuit,
abruptement entre les autres,
entre des feux violents
ou dans mon retour solitaire,
elle était là sans visage
et me touchait.

Je ne savais quoi dire, ma bouche
ne savait
nommer,
mes yeux étaient aveugles,
et quelque chose me frappa en mon âme,
fièvre ou ailes perdues,
et je fis ma route seul,
déchiffrant
cette brûlure,
et j'ai écrit la première ligne approximative,
approximative, sans substance, pure
sottise,
pur adage
de celui qui ne sait rien,
et je vis soudain
le ciel
égrené
et ouvert,
les planètes,
plantations palpitantes,
l'ombre perforée,
criblée
de flèches, de feu et de fleurs,
la nuit retentissante, l'univers.

Et moi, être de si peu,
enivré du grand vide
constellé,
à la ressemblance, à l'image
du mystère,
je me sentis pure partie
de l ‘abîme,
je roulais avec les étoiles,
mon coeur se défit au vent.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Un des livres les moins connus de Neruda, un long poème où la nature tient une place prépondérante tout en laissant l'espace politique omniprésent si important pour lui. Une longue méditation sur la vie et la mort mais aussi de très nombreuses références à sa vie personnelle qui rendent par moment sa lecture difficile car on ne saisit trop à quoi se référer.
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