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EAN : 9782368324103
60 pages
Nombre7 Editions (24/04/2018)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Au cœur de l’été, il fait chaud – Très chaud.
Une vision obsédante – Une idée fixe
Un refuge – Havre de paix :
LA CHAISE LONGUE
MA chaise longue : îlot privé sous l’ombre bienveillante de MON arbre, dans MON jardin.
Lieu stratégique pour écouter, rêver, laisser l’esprit divaguer dans une philosophie très particulière de la chaise longue.

PAGE BLANCHE
Les mots tourbillonnent et s’entrechoquent dans mes p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Philosophie de la Chaise Longue et Page Blanche sont un peu l'envers et le revers d'une même feuille. Pourtant ces deux volets sont censés se faire face dans le récit du livre, se regarder en chiens de faïence, susciter l'agacement, le griffonnage intempestif de l'auteur par vengeance et goût personnel.
D'abord, il y a l'instant préparatoire, le cadre lancinant, la fragrance entêtante sujets à toutes les prosopopées, à tous les délires du philosophe auteur. Et SA chaise longue, en Son jardin bienveillant, sous Son cognassier forment avec les animalcules, affairés autour, ce contexte local et porteur de la pensée qui dodeline et parfois tergiverse. Ne viennent qu'après l'occupation du poète et le maniement convulsif du stylet.
Là où il y avait prétexte à un impréparé, à un désordre savamment organisé – minimalisme des formes, redites des pulsions, voire des séquences – on se surprend à découvrir plus que cela, plus qu'un imbroglio bourdonnant : il y a des scènes de vie mises en perspective de l'humain (le papillon un peu butté) et de truculentes réflexions en forme de comptines (le monde-barbecue, les voisins gêneurs dont on rit ou se prend au-contraire de sympathie). Et la chaleur est accablante.
Ensuite, vient le temps d'une composition qui n'a de sérieuse que le nom. Non pas que la projection littéraire soit de mauvaise facture, non pas. Mais les codes volent en éclats. On se surprend à penser que la rigueur sans l'air d'y toucher puisse être davantage de la première partie, le violent désordre de la métrique et du versifié qui de toutes les façons se désavouent avec gourmandise à chaque pas. Excentricité d'un auteur accompli, s'autorisant une escapade dans le domaine du non-sens ou du libertarien ? Pas tout à fait, de non-sens, il n'y a que l'apparence. de libertaire, il y a aussi l'aveu qu'il est bien difficile de faire coïncider l'idée à une forme préconçue qui n'a pour elle que la discipline et une certaine symétrie mathématique ; pas l'apanage de la plénitude. Expliquons-nous : des vers en quinze pieds ou plus ne sont guère reconnus dans la littérature, mais ils font leur petit effet et ont le mérite d'être « entiers » comme honnêtes intellectuellement.

Il y a l'établi, l'atelier, l'arrière-cour et son organisation particulière qui, en soi, en font une apothéose créative, ici par le faux farniente. On se prend à rêver. Y eut-il véritablement à préférer une chaise-longue plutôt qu'une autre ? affaire tranchée par la présence opportune d'un fauteuil. Il est des cas de conscience qui dérivent de l'humain et le débordent, anthropomorphisent son vécu quotidien parfois trop matériel. Ce centralisme de la pensée rivé sur les incidents observables et qui sont réduits à la moulinette de notre intellection n'est pas sans laisser penser à Descartes. Mais alors un Descartes qui ne veut « se faire comme maître et possesseur de la Nature », mais plutôt qui recherche sa compréhension dans une forme d'osmose et de léthargie complice. On met de l'eau dans l'écuelle pour les insectes et lézards de passage. On en est part intégrante, de ce monde, un maillon qui tient sa place mais ne cherche de revendication plus hégémonique ; méfiance tout de même pour le fruit du cognassier qui pourrait tomber sur le coin(g) de l'oeil du mauvais pensant. Après tout, il n'est pas moins arbre que le cocotier dont la légende pacifique reste à vérifier…
Et nous avons les textes en prose et en rimes, ou en rythme et découpages, ou en saccades se rapprochant au moins sur la forme d'un parti-pris classique. Nous disons « au moins sur la forme » car le fond est bigarré, dispersé, n'était la recherche de poésie sensible. L'allitération remplace la rime quand il le faut, au diable le nombre de pieds : qui les a prescrits ? Alors, non, classicisme n'est décidément pas un bon terme pour décrire ces pages d'écriture poétique, au-contraire d'un souci pour l'évanescente profondeur, le doux-amer (cette tirade sur la femme amoureuse délaissée et ses pleurs déchirants) ou le désenchantement gentiment irréaliste. Peut-on se détacher de l'affaire du rêve dans le monde ? Y revient-on comme à rebours toujours ? La conclusion de la nouvelle sur le pont des amoureux de Paris, miroir déluré et gai d'un portrait à la Dorian Gray où il ne s'agirait plus d'enfermer dans le réel une beauté, une jeunesse, dans le portrait, une laideur, une vieillesse, mais plutôt un rêve d'embrassade entre un artiste, sa muse dans l'intérieur d'une toile, semble nous indiquer que la marche normale du monde est à l'amour, la poésie et donc, à la doucereuse élucubration.
Tout va normalement puisque le monde sait se mentir. Et puisque le mensonge vaut mieux que la réalité. On en revient à l'idée préconçue à laquelle il est bien difficile (et pourquoi le faudrait-il ?) d'assujettir une pensée originale… Vie réelle, vécus subjectifs, dans ce récit par morceaux, le rêve prévaut. Et le rêve est beau.
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