Ce n’était pas du tout la manière dont elle se percevait dans le miroir, quand la vanité combattait le manque de confiance en soi et que ce visage était toujours familier, quelconque, et bien trop vieux. Cette femme debout à côté du trou oblong était une véritable étrangère, seule et sans avenir, séparée de la chair qu’elle avait créée et nourrie.
Les brûlures, ça voulait dire la chaleur. La chaleur, ça voulait dire le feu. Le feu, ça voulait dire que l’autre rêve n’était pas un rêve, et le souvenir des flammes dévorant les murs lui revint. Le passé se construisit sur des poutres noircies, entassées comme des bûches, se fixa sous la forme d’une maison oscillante.
Bien sûr, ses poumons se gonflaient et son cœur envoyait du sang dans tout son corps, ses doigts et ses orteils bougeaient, ses yeux clignaient. Mais la vie, c’était plus qu’une somme de parties en état de marche.
Respirer avait été une contrainte pendant tout ce temps, un exercice de futilité interminable, l’air entrant et sortant sans but. Suffoquer, c’était tellement plus facile. L’absence de respiration semblait presque être un état naturel.
Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas, aller vers la lumière, avancer sur la roue de la vie, prendre l’escalier vers le paradis. Rien de tout cela n’avait de sens. Et rien de tout cela n’apaisait la douleur.