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4,08

sur 1018 notes
Tel est pris qui croyait prendre serait une bonne maxime à appliquer à ce roman. Une chasse à la bête/homme : quand certains citoyens seraient prêts à prendre en chasse une certaine autre partie de quelques personnes qui se croient privilégiées et autorisées à chasser les dernier survivants de certains espèces animales, ici lion et ours. On a vu comme les réseaux sociaux lynchent ce type de "chasseurs", mais au-delà des réseaux virtuels qu'en est-il ? Autre maxime utile pour ce livre : il est important de ne pas se fier aux apparences avant d'agir. Scénario réussi pour cette course poursuite, de rebondissements en faux jugements.
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Un roman choral entre fauves en effet, où tout le monde traque tout le monde et le chasseur devient la proie : le garde forestier pyrénéen défenseur de la nature, le vieux lion, le berger namibien, la jeune fille en safari, chacun est destiné à voir avec les yeux de l'autre.
La tension monte avec une efficacité redoutable dans ce thriller qui ne dit pas son nom, où l'on apprend beaucoup sur la chasse et sur la montagne, ou le ton du manifeste engagé pour la biodiversité et contre l'hégémonie mortifère de l'homme laisse aussi la place à l'autre point de vue, de l'autre côté de l'arme tenue par le chasseur.
Un roman haletant et instructif.
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Autant j'avais aimé Seules les bêtes et Ce qui reste en forêt , autant je suis peu emballée par ce nouveau roman , ayant même ressenti un malaise vis à vis des personnages principaux .

Martin est garde dans le magnifique Parc national des Pyrénées , en particulier en Vallée d'Aspe, il suit attentivement les ours et s'inquiète de ne pas avoir vu le dernier ours à posséder encore quelques gênes pyrénéens , Cannellito, cela tourne à l'obsession . Par ailleurs il fait partie d'une association anti-chasse plutôt active sur les réseaux sociaux et vient de repérer la photo d'une jeune femme chassant à l'arc devant le cadavre d'un lion. Un autre style de traque débute alors à la recherche de l'identité de la chasseresse pour la livrer en pâture aux commentaires anonymes ...

En Namibie , la sécheresse oblige les éleveurs à trouver des paturages loin des villages et beaucoup subissent des attaques de lions, c'est le cas du père de Kondjima, un Himba dont les chèvres ont été décimé par Charles, un vieux mâle solitaire .

Tout va s'imbriquer , avec des chapitres sur chacun , des retours en arrière mais sans réelle surprise pour ma part.

Le personnage de Martin , défenseur de la nature , celui qu'on aimerait aimer parce son combat est essentiel , est particulièrement désagréable et sectaire qu'il en devient caricatural .

Les nuances apportées par l'auteur quant à la chasse aux prédateurs , ceux qui nuisent trop à la population constituent un débat actuel et ubiquitaire, comme en France la présence du loup et de l'ours quand ce sont eux qui "prélèvent" ... Faut-il laisser faire, réguler ? Les pressions sont énormes de chaque coté des lobbys, éleveurs, écolos, politiques et les autres citoyens .

Colin Niel y répond à sa façon mais d'une drôle de façon en montrant les extrêmes de chaque bord . Ça fait réfléchir , ça me fait réfléchir , sans doute le but aussi de l'écrivain .Allez , je rajoute finalement un bout d' étoile comme quoi, en écrivant cela éclaircit les choses !

J'ai tout de même vérifié si Cannellito était bien vivant et sillonnait toujours ses montagnes à la recherche de jolies ourses et jusqu'à preuve du contraire, il parcoure toujours nos belles Pyrénées ...
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Non, je n'aime pas les chasseurs, qu'ils flinguent le gibier de nos contrées ou les animaux exotiques d'ailleurs, et encore moins ceux qu'ils posent devant leurs trophées, exposant leurs massacres sur les réseaux sociaux…

Mais de là à faire du bashing, à les poursuivre, à les traquer, sur le Net ou dans la vie réelle, il y a un pas que je ne franchirai pas, contrairement à Martin, un garde au parc national des Pyrénées.

Un ami m'avait expliqué, il y a un certain temps, que l'on ne savait pas toujours ce qu'il se cachait derrière une photo, lorsqu'elle n'était pas expliquée, que l'on ne savait pas d'où elle était tirée, dans quelles circonstances… Mais que l'on avait tendance à extrapoler dessus et à lui inventer une légende qui convenait, surtout si ça peut faire le buzz.

Une jeune fille, avec un arc, devant la dépouille d'un lion, en Namibie, ça a de quoi révolter les anti-chasses (je le serais aussi) et Martin, notre garde, va mener l'enquête pour tenter de trouver l'identité de cette jeune fille, sans doute blindée de thune, pour avoir pu s'offrir une chasse au lion.

Donner l'histoire de cette photo, c'est ce que Colin Niel va tenter de faire, avec ce roman choral, qui nous emmènera des Pyrénées à la Namibie, passant du dernier représentant des ours qui a disparu à un lion qui s'est mis à chasser les vaches et les chèvres des bergers du Kaokoland.

L'auteur donnera la parole à cette chasseuse, surnommée Lagolas, à Martin, le garde du parc, à Charles, le lion chasseur et à Kondjima, le jeune Himba qui a vu son troupeau de chèvres décimé par un lion solitaire.

La première moitié du roman est entraînante et je suis allée de surprises en surprises, la chasseuse n'étant pas aussi mauvaise qu'on pourrait le penser… le récit n'étant pas linéaire, on passera de l'arc pyrénéen à celui qui s'est déroulé en Namibie, quelques mois auparavant. Cela ajoute du mystère et du suspense, ce qui fait que le récit avance très vite.

Malheureusement, les personnages sont assez linéaires, stéréotypés, manquant de profondeur et le pire fut Martin, très radical, même s'il n'a pas tort dans ce qu'il dit, parlant des torts que les Hommes font à la Nature et aux animaux. Imbu de lui-même, il croit qu'il est le seul à détenir la vérité.

Là où le bât a blessé, ce n'est pas dans son obsession à trouver l'identité de la jeune fille, mais quand il a commencé à jouer au stalker, la suivant, l'espionnant, pénétrant dans son appart et lorsqu'il la suivra dans la montagne, là, le récit a perdu tout sens commun, notamment à cause du comportement dingue de Martin qui agira comme un vulgaire chasseur.

Le final ne manquera pas d'ironie, il est cruel, violent et on se prendra l'instant karma dans la gueule… L'histoire de la photo est dévoilée et elle ne manquait pas de cynisme non plus.

En fait, tout est ironique dans ce récit, puisque le lion, s'il s'est mis à s'attaquer aux troupeaux, c'est à cause de l'extension des Hommes, qui prennent de plus en plus de place, de la sécheresse, de l'extinction des troupeaux d'animaux sauvages qu'il chassait avant. Tout est lié et l'Homme, horrible virus, a propagé la maladie partout.

Dommage que les personnages aient été si stéréotypés et que Martin ait viré radicaliste, sinon, cela aurait pu être un coup de coeur. Son comportement extrémiste dans la montagne, m'a dérangé fortement. J'ai beau ne pas aimer les chasseurs, il est des choses qui ne se font pas, sinon, on ne vaut pas mieux qu'eux.

Malgré mes bémols, ce n'est pour autant pas une lecture ratée, car elle m'aura fait réfléchir sur le fait que l'être humain est un prédateur, une créature qui sème le vent et s'étonne ensuite de récolter la tempête, un être qui détruit quasi tout, qui pollue au-delà du possible et dont certains, qui ne pensent qu'à s'enrichir, sont prêts à tout pour y arriver, même à écraser les vivants : humains, animaux, plantes, insectes…

Nous sommes dans la merde, mais c'est notre faute, nous nous y sommes mis dedans. J'ai fait mon introspection et bien que n'étant pas contaminée par la consommation, je consomme tout de même, comme tout le monde. J'ai moi aussi ma part de responsabilité (sans doute moins grande que d'autres, enfin, je crois).

Comme quoi, même avec une lecture qui m'a un peu déçue par certains aspects, elle m'a tout de même élevée plus haut, me faisant pousser les curseurs de la réflexion plus loin. Une fois de plus, c'est ironique, ce roman. Rien que pour cela, je ne risque pas de l'oublier…

Chouette, alors, il me reste encore d'autres romans de cet auteur et je compte bien les lire. Qui sait, je ferai peut-être encore fumer mon cerveau ?

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Avec Colin Niel on n'est jamais loin de la nature. Qu'elle se caractérise par le vert (presque)infini de l'Amazonie, par la savane aride de l'Afrique ou par des pulsions animales aux conséquences souvent incontrôlables. On ne sera pas dépaysé avec ce dernier roman qui mêle personnages humains et un lion. Trois humains aux aspirations totalement opposées : Marc est garde dans le parc national des Pyrénées et chasse les fans de trophée qui posent fièrement devant l'animal qu'il viennent de tuer, zèbre, antilope ou des fauves beaucoup plus féroces. Marc les traque sans merci sur les réseaux sociaux et, à défaut de pouvoir les capturer physiquement il partage leurs photos sur internet pour partager la monstruosité de leurs actes. Apolline fait partie d'une des cibles de Marc. Une jeune fille dont le père fortuné lui permet d'assouvir sa passion en lui proposant des safaris sur mesure pour exercer son art de la chasse à l'arc et ramener de beaux spécimens. Pour son anniversaire son père lui offre un voyage de chasse en Namibie. Une opportunité exceptionnelle de ramener un trophée de rêve pour elle : un lion du désert. Charles est ce lion affamé qui à défaut de pouvoir assouvir son appétit sur son gibier sauvage habituel s'en prend aux cheptels des éleveurs locaux. Il vient d'ailleurs de faire une razzia sur un lot de chèvres appartenant au père de Kondjima, ce jeune Himba, coincé entre les coutumes ancestrales de son peuple et l'attrait du progrès technologique, habité dorénavant par la vengeance et la volonté de montrer à son amoureuse son courage d'affronter ce lion seul. Entre ces différentes chasses, la proie n'est peut être pas celle que l'on croit.

Comme tout bon livre il y a bien longtemps que j'aurai dû exhumer ce roman de ma PAL. Qu'importe c'est chose faite et j'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver «la patte» de Colin Niel que je suis le tout début de son aventure littéraire. Il nous démontre à travers cette galerie de personnages, à travers les épreuves qu'ils traversent, que rien n'est totalement blanc ou noir. Une photo peut cacher la réalité des faits survenus dans cette brousse africaine, comme c'est le cas avec cet instantané d'Apolline. Un gentil défenseur de la nature peut lui aussi tomber dans une forme de radicalité extrême dans laquelle toute raison a disparu. Un jeune homme peut également se tromper de combat en oubliant l'essentiel. Et finalement le personnage de cette jeune chasseresse n'est-elle pas celle qui ressort quelque peut grandi de ce récit aux nombreux rebondissement? C'est sans doute là une des clefs de ce scénario qui nous conte les événements avec un léger décalage temporel entre ceux s'étant déroulés en Namibie puis dans les Pyrénées. Outre cette construction qui sait nous proposer de beaux effets dramatiques, on ne peut que saluer cette galerie de portraits tout en finesse des quatre protagonistes principaux. Leur psychologie est creusée à nu afin qu'aucun de leurs traits de caractères ne nous échappent, même si certains se découvrent progressivement.
Même si l'émotion est un peu mise de côté dans ce récit, ce roman reste une belle peinture naturaliste qui confronte l'être humain au monde animal dont il est issu et dont il conserve certains instincts primaire. Un livre qui sait aussi évoquer quelques sujets fondamentaux comme la préservation de la biodiversité ( comme en écho au congrès qui vient de démarrer à Marseille) enjeu essentiel de notre siècle comme celui du climat. Mais ne sont-ils pas tous les deux liés ?

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Martin, garde au parc national des Pyrénées, est aussi un très grand anti-chasseurs. Quand il voit par le biais de son groupe Facebook, une jeune femme devant un lion mort, il est fermement décidé à la retrouver pour lui faire payer.
Hasard ? J'ai vu ce audio-book alors que j'allais commencé le lion de Joseph Kessel. Les deux couvertures se ressemblent furieusement. J'ai donc lu ces deux livres en parallèle. L'ambiance est semblable, même si les circonstances sont différences. le point commun : le lion, un animal fort et fier.
Quatre voix pour ce roman, une pour chaque protagoniste de l'histoire, dont le lion. On alterne les points de vue et les jours : au moment de la chasse en Namibie, pendant la traque de la fille en France. La mise en parallèle des deux est bien faite, le suspens monte doucement et on est écoeuré par tant de violence... mais qui est finalement le plus fauve d'entre eux ?
Colin Niel a une écriture remarquable, j'ai éprouvé des sentiments très durs pour chacun des personnages, il dénonce les violences prêtes à frapper comme celles qui murissent doucement. Un auteur que je relirai très certainement.
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Ce roman, sorti lors de la rentrée littéraire de septembre 2020, m'a d'abord interpellée par sa couverture. Une photo de lion, beau, grand, majestueux, en noir et blanc. Comme quoi, la couverture compte aussi beaucoup dans le choix d'un livre, en tout cas pour moi.
Le nom de l'auteur me disait aussi quelque chose, j'avais entendu parler de lui lors de la parution de son précédent ouvrage, Seules les bêtes.

Ce n'était pourtant pas gagné lorsque j'ai lu les premières lignes de la quatrième de couverture: "Martin est garde national des Pyrénées. Il travaille notamment au suivi des derniers ours. Mais depuis un an et demi, on n'a plus trouvé la moindre trace de Cannellito..."
Je n'ai rien contre la nature et la protection de l'environnement et des espèces menacées mais ce n'est pas franchement un thème que je recherche dans mes lectures. Mais la suite du résumé m'a happée et j'ai décidé de me laisser séduire. Et j'ai eu raison, ce n'est pas un coup de coeur mais il s'en est fallu de peu.

Dans ce roman, nous suivons trois voix; d'abord celle de Martin, ce garde national, archi défenseur de la protection animale au point d'avoir créé un groupe sur les réseaux sociaux où lui et ses acolytes livrent en pâture les "chasseurs de trophées", soit les personnes dont la passion première est d'aller chasser les animaux sauvages et de poser ensuite, fièrement, auprès de leur dépouille pour la postérité. Ensuite, nous avons celle d'Apolline, une de ces fameuses chasseuse, posant à côté d'un lion mort, que Martin va traquer pour la livrer à la vindicte populaire. Et il y a aussi Kondjima, un Namibien, qui veut lui aussi tuer le lion qui a tué ses chèvres, son troupeau, son seul moyen de subsistance, mais pas que...

Rarement un roman aura aussi bien porté son titre, nous voici plongés en pleine jungle- urbaine-, dans une savane où les fauves- humains- sont prêts à se bouffer entre eux.
J'ai immédiatement aimé la plume de Colin Niel, très précise, très noire aussi. J'ai tout de suite été plongée dans cette histoire et les descriptions, nombreuses, de la nature, la faune, du maniement des armes aussi, ne furent pas un instant ennuyeuses.
J'ai trouvé le procédé narratif très intelligent, que ce soit au niveau de la temporalité ou de l'alternance de points de vue. Si j'ai trouvé le personnage de Martin quelque peu caricatural et buté, voire arrogant, j'ai par contre adoré le personnage plus nuancé d'Apolline.

J'ai essayé de ne pas juger les propos tenus dans ce roman même si je n'ai pu m'empêcher de penser à un moment de ma lecture à la chanson de Francis Cabrel, La corrida, notamment dans ces paroles, "Je les entends rire comme je râle et je les vois danser comme je succombe. Je pensais pas qu'on puisse autant s'amuser autour d'une tombe." Je ne comprends pas, je ne peux pas comprendre, cette passion si étrange pour moi que d'aller tuer des animaux pour le simple plaisir de la chasse, la traque, pour ramener un trophée, même si je pense que c'est certainement plus complexe que ça. Et je pense justement que l'une des grandes forces de ce livre est qu'à aucun moment Colin Niel ne juge ses personnages. Il raconte une histoire, il essaie de se mettre à la place de chaque protagoniste- et je dis bien chaque protagoniste- et il déroule. Et il a réussi à m'emmener avec lui jusqu'au bout.

Pourquoi ce n'est pas un coup de coeur alors ?
J'ai trouvé cependant qu'il y avait quelques petites longueurs et redondances et il m'a manqué un petit je-ne-sais-quoi pour me faire totalement basculer.

En résumé, un roman noir, très noir, une tension et un suspense qui ne faiblissent jamais, servi en prime par une écriture efficace et agréable. Je le conseille vivement, que vous soyez adepte de thriller, policier ou littérature contemporaine ou blanche, je pense que chaque lecteur peut y trouver son compte.


Lu en janvier 2021
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Traques
J'avais une petite appréhension avant de commencer ce livre, celle d'une sorte de redite avec l'excellent Okavango que j'avais terminé environ deux semaines plus tôt, puisque les deux romans se rejoignent à la fois sur le sujet (faune sauvage, chasse) et sur la localisation (Namibie). En fait, il n'en est rien. Ces deux thrillers sont vraiment différents et je ne regrette pas d'avoir passé quelques heures « entre fauves ». C'est le premier roman que je lis de Colin Niel, nul doute que ce ne sera pas le dernier.
L'intrigue se partage entre deux territoires et plusieurs personnages. En France, dans les vallées d'Aspe et d'Ossau au sein des montagnes Pyrénéennes, nous suivons Martin, garde du parc national. Martin est un écologiste convaincu : de par son métier, il constate tous les jours les dégâts causés par le changement climatique qu'il attribue exclusivement à la main de l'homme (« Franchement, moi, j'ai honte de faire partie de l'espèce humaine. ». ), mais plus que tout, il exècre les chasseurs, ceux qui ont tué l'ourse Cannelle en 2014 (une mort dont il ne s'est jamais remis, d'ailleurs il est persuadé que son ourson Cannellito a subi le même sort) et ceux qui vont chasser les fauves à l'autre bout du monde, notamment en Afrique. Martin a même créé un blog « Stop hunting France » qui traque ceux qui postent leurs « exploits » et il n'hésite pas à publier leurs coordonnées complètes, sur les réseaux sociaux, les livrant ainsi à la vindicte des « anti-chasse ». Et cette fois, c'est une photo inhabituelle qui attire l'attention de Martin : celle d'une jeune femme tenant un arc dans un paysage de savane africaine, et derrière elle, la dépouille d'un lion. Pour Martin c'en est trop. Pour découvrir l'identité de cette chasseresse, dont il ne connaît que le pseudonyme « Leg Holas », il est prêt à tout, cela devient une véritable obsession, au point qu'il en vient à négliger son travail. La jeune femme, c'est Appoline. Pour son anniversaire, son père lui a offert… un lion. Un lion à « prélever », en Namibie. Un lion solitaire qui s'est attaqué à plusieurs troupeaux, notamment celui du père de Kondjima, un jeune Himba, et que les autorités se sont résignées à ce qu'il soit abattu. En Namibie, la cohabitation entre la faune sauvage et les populations locales n'est pas aisée, même si, à côté des parcs nationaux et des réserves privées, des ‘conservancies', gérées par les communautés locales, ont été mises en place. Alors, de temps à autres, un animal posant problème est autorisé à la chasse, et ce sont de (très) riches européens ou américains qui en bénéficient et repartent avec leur trophée. Comme Appoline. Pour Kondjima qui doit prouver à sa famille et à son amoureuse sa bravoure, le lion lui revient. Pas question qu'il soit offert à une fille pourrie gâtée venant de l'autre bout du monde. Pour Martin, c'est insupportable, Appoline doit payer.
L'auteur alterne les temporalités (finalement assez resserrées entre le 9 mars et le 29 avril) et trois points de vue, celui de Martin qui s'enfonce dans une spirale délétère et qui va, au fil de sa traque, se radicaliser jusqu'à un point de non-retour, celui de Kondjima qui représente la voix des villageois namibiens, et celui d'Appoline, celle qui concentre toute la haine de Martin, et qui n'est pas aussi lisse qu'on pourrait le penser, construisant ainsi une terrible dramaturgie.
J'ai aimé que les personnages ne soient pas caricaturaux même s'ils sont, tous trois, animés, à des degrés divers, par le même sentiment, celui de l'orgueil (qui atteint des sommets avec Martin et m'a empêché toute empathie avec ce personnage). J'ai aimé aussi que l'auteur se soit gardé de tout manichéisme : certes, on imagine bien qu'il ne se range pas du côté des chasseurs mais il a l'intelligence de faire la part des choses entre le vécu européen (les éleveurs contre les loups et les ours dans les montagnes) et la réalité africaine (où les conséquences d'une attaque de fauve contre les troupeaux sont souvent une question de vie ou de mort pour les villageois).
Il y a des pages magnifiques sur la nature dans ce roman très sombre, très pessimiste (où même les lions ont la parole) : elles sont bienvenues, permettant d'alléger quelque peu l'atmosphère souvent irrespirable.
Noir, engagé, haletant.
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Encore une rencontre ratée. Malgré la présence du bandeau « Quelle claque », le sticker, la promo…. Premier livre de cet auteur que je lis, et là, grosse, grosse déception. Inutile de dire que je n'ai pas vu passer cette claque que le magazine ELLE nous vante.

L'histoire : un garde du Parc National des Pyrénées nommé Martin, dont on ne saura ni l'âge ni rien, est en colère après qu'un chasseur ait tué l'ourse Cannelle, la seule ourse ayant encore du sang d'ours pyrénéen, est en surveillance avec son collègue pour voir si le seul ours restant est en bonne forme. Mais cela fait des semaines qu'ils ne l'ont pas vu, ni aucune trace de lui non plus. Martin est persuadé que des chasseurs l'ont tué.
Il gère aussi une page Facebook Anti Chasse, et dénonce les gens aisés qui partent en Afrique tuer des grands animaux sauvages. Et une image lui arrive, une blonde, tenant un arc avec en arrière plan un grand lion à crinière noire. Martin va tout faire pour savoir qui elle est, et la traquer.

Un autre personnage, un jeune homme de la tribu des Himba, en Namibie. Komuti voit un lion tuer toutes les chèvres de son père, toute sa fortune. Il ne leur reste rien, ils deviennent pauvres et sans honneur. Amoureux de la plus belle fille du village, Komuti lui dit que pour l'épouser, il tuera le lion.

Apolline, fille d'un homme très à l'aise financièrement, pour ne pas dire « riche », se voit offrir pour ses vingt ans un arc de chasse ultramoderne, valant mille cinq cent euros. Cest un AVAIL. Je vous le dis parce que cet acronyme AVAIL on le lit mille fois, on ne dit pas un arc on dit un AVAIL, et pas d'explication sur les initiales, dans ce livre. Et en plus de l'AVAIL, une photo d'un lion à crinière noire : son père lui offre une chasse au trophée, aller tuer un lion en Namibie. Comme ses frères ne chassent pas, c'est Apolline qui depuis ses dix ans accompagne ses parents à la chasse en Afrique.

Le dernier personnage, c'est Charles. Ce vieux lion, solitaire, en Namibie.

Les voix de ces quatre personnages se croisent, chapitre par chapitre. Mais. le personnage de Martin est déplaisant au possible, il ne fait qu'égrêner toutes les essences d'arbres, décrire les paysages des alentours de Pau, et de la montagne, et sa chasse aux chasseurs est bâtie sur des clichés : d'ailleurs il ne fait que ruminer sa rage et ses pensées écolo rageuses et extrémistes, il en veut au monde entier et surtout au gouvernement.
Le personnage du jeune Himba est coloré comme dans un guide touristique, avec des mots du dialecte local.
Apolline, elle, est un brin plus nuancée mais elle parsème tout son discours de mots anglais en italique, c'est horripilant. Sans parler de son AVAIL.
Tout le livre est un concentré de connaissances récitées, ennuyeuses, de descriptions de paysages des pyrénées et de l'Afrique comme recopiées d'un guide. Sans photos. C'est ennuyeux, et je vais vous le dire tout de suite : il ne se passe rien. L'auteur a beaucoup lu sur la Namibie, mais tout ce qui en ressort est cliché. Idem pour les chasseurs riches et bourgeois, idem pour le parc des Pyrénées, un ennuyeux chapelet de noms savant d'animaux et d'espèces d'arbres. J'ai souffert pour aller au bout de ce livre, parce que j'espérais une fin « haletante ». Elle ne viendra jamais.

Lien : https://melieetleslivres.fr/..
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Je ne vous cache pas que lorsque j'ai vu la magnifique couverture de ce roman dans ma librairie, mon intérêt s'est porté irrésistiblement vers lui. On y voit une photo en noir et blanc d'un magnifique lion qui vous transperce de son regard emprunt de fierté et de majesté.
Mais une couverture ne fait pas tout. Plusieurs raisons m'ont poussée à lire ce roman : une partie de l'histoire se passe dans les Pyrénées dont je suis originaire, il est question de cause animale et de nombreux babéliotes l'ont apprécié et recommandé.

Je suis ravie de ma lecture, j'ai passé un excellent moment et c'est donc à mon tour de vous conseiller ce très bon thriller.

*
« Entre fauves » est un roman fictif, mais Colin Niel encre son roman dans la réalité en s'appuyant sur des faits divers comme la mort de l'ourse Cannelle ou les inquiétudes des éleveurs pour l'avenir de leur profession suite aux attaques de fauves en France.

Que faire pour cohabiter avec ces grands carnivores ?

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La chasse.
Un débat très actuel et polémique entre chasseurs et écologistes ou militants anti-chasse. Ce roman ne défend pas une des deux idées, mais il interroge le lecteur sur notre rôle dans la protection de la nature, la nécessité de sauvegarder la biodiversité, la place de la faune sauvage dans notre environnement, mais il met aussi l'accent sur la réalité des hommes qui vivent au quotidien avec ces grands prédateurs.
Il donne ainsi la parole aux éleveurs namibiens qui voient leurs troupeaux attaqués par ces fauves affamés, à la recherche de nourriture facile, faute au manque de gibier devenu trop rare à cause de la sécheresse.

*
Martin est un des gardes du parc national des Pyrénées. Très investi dans la cause animale, défenseur des ours, il recherche Cannelito, fils de Cannelle, dernier plantigrade pyrénéen. Militant pour une association qui agit pour la préservation des espèces, il traque sur internet les chasseurs qui exposent fièrement leur trophée en ligne. Afin de faire réagir l'opinion publique, il publie sur les réseaux sociaux leurs photos accompagnées de leur identité.
Lorsqu'il découvre sur la toile la photo d'une jeune femme tenant un arc à la main devant la dépouille d'un splendide lion du désert, il est déterminé à retrouver son identité et à la jeter en pâture à l'opinion publique.

*
L'intrigue est passionnante, nous faisant voyager dans deux régions très différentes mais aussi très semblables, la vallée d'Aspe dans les Pyrénées et les terres arides de la Namibie, mélangeant passé et présent pour mieux tenir le lecteur en haleine.
A cela s'ajoute l'alternance des différents points de vue des quatre protagonistes principaux de cette histoire. Martin, résolu à retrouver la chasseuse. Apolline, passionnée de montagne et de chasse. Kondjima, un jeune éleveur namibien décidé à affronter le lion, tueur de bétail, pour montrer sa vaillance et gagner le respect de sa tribu. Enfin, la parole est donnée à Charles, le vieux lion solitaire cause de tout, qui, témoin de la sécheresse, doit s'approcher des hommes et de leurs troupeaux pour survivre.

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Ce titre « Entre fauves » interroge car il joue sur l'ambiguïté. Qui sont vraiment les fauves dans cette histoire ? Les bêtes sauvages, ici le lion et l'ours ? Les chasseurs de trophées ? Les militants anti-chasse radicaux ?
L'intrigue s'accélère les cent dernières pages.

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Un roman choral très original, une intrigue prenante et addictive, des personnages à la personnalité très marquée, une belle réflexion sur notre relation à la nature, notre instinct de survie face à une menace, et le danger de prendre position sans connaître les tenants et les aboutissants.

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« A la mémoire des fauves perdus, victimes des antiques hécatombes et à ceux qui survivent tapis au fond de nos tripes. »
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