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sur 1018 notes
Jamais je n'avais lu un Polar dont le point de départ était le meurtre d'un animal... Un groupe d'internautes, nommé Stop Hunting France, recherche une jeune femme accusée d'avoir tué un lion lors d'une partie de chasse. Un garde au parc national des Pyrénées est du lot. Il va tout faire pour la retrouver... J'avoue avoir été un peu dérouté dans un premier temps, puis vite embarqué par ce scénario surprenant, d'autant que les motifs de réflexion sur des sujets très actuels sont nombreux : la chasse en premier, notamment la chasse safari, la disparition accélérée de la faune sauvage, le pouvoir d'action – ou de nuisance – via internet, la responsabilité individuelle et le rôle de régulation que devraient avoir les États. On peut bien sûr se contenter de le lire comme un roman d'aventure, dans les paysages magnifiques des montagnes pyrénéennes au début et à la fin du roman, et dans le nord-ouest de Windhoek en Namibie, lors de la traque du lion.

Dès les premières pages est donné à voir un thriller sans nuance qui semble évoluer vers un dénouement prévisible. Mais ce serait sans compter sans la capacité de l'auteur à introduire de plus en plus de complexité. C'est un roman choral, la parole est donnée à plusieurs narrateurs : à Martin, garde national assermenté vite inquiétant, pour moi, dans ses certitudes ; son collègue Antoine, plus positif mais s'effaçant vite de l'intrigue ; Apolline, la chasseuse à l'arc en partance vers la Namibie pour sa chasse au lion, cadeau de son cher papa pour ses vingt ans ! On a ensuite la vision des évènements en Namibie avec la parole de Komuti, fils d'un éleveur Himba et même le ressenti de Charles… le lion poursuivi à la fois par Appoline et Komuti.

Martin est un anti-chasse viscéral, il passe son temps sur le terrain, à ruminer sur l'extinction des espèces, sur la crise climatique, sur la puissance des lobbies de la chasse et sur les faibles moyens dont il dispose au quotidien – l'auteur, ayant un passé professionnel dans ce domaine, en sait certainement beaucoup sur le sujet. de plus, lui et son collègue ne retrouvent aucune trace de Cannelito, dernier ours avec un peu de sang pyrénéen qui fréquentait la forêt. Alors, quand il trouve sur les réseaux sociaux une photo d'une jeune femme avec un arc devant la dépouille d'un lion, il décide de mener l'enquête et projette de la livrer en pâture à l'opinion publique dès qu'il aura retrouvé sa trace.

Dans la partie qui se déroule en Afrique, Komuti observe ces blancs venus de pays lointains pour la chasse aux trophées, leur mépris pour l'histoire et les coutumes de son pays. Komuti est en concurrence avec Apolline et l'organisateur de l'approche, un allemand nommé Lutz, pour chasser ce lion qui, en anéantissant son troupeau de chèvres, a laissé sa famille sans ressources et sans statut social, lui interdisant tout espoir de se marier avec la belle Kariungurua.

Sont en présence deux attitudes parfaitement opposées et inconciliables avec le risque d'une explosion de violence. Martin est un écoanxieux, agissant seul, vite dépassé par ses convictions, Apolline cherche à plaire à son père, gamine usant d'anglicismes, profitant sans trop réfléchir de leur passion commune pour la chasse... et de l'argent de papa. Les deux sont dans des postures qui ne permettent pas d'accéder à des choses plus justes sauf à un moment très bref, lorsque Apolline entre en empathie avec Kariungurua, l'amoureuse de Komuti. le collier que celle-ci offre à Apolline marque un pont symbolique entre les deux cultures. L'avenir devrait se construire collectivement, dans le respect de la vie, sans ajouter de violence supplémentaire mais lorsque cela n'avance pas assez vite, des individus comme Martin se mobilisent pour le meilleur et pour le pire...

On sent beaucoup de travail pour écrire ce roman avec une envie d'en mettre assez pour convaincre les amateurs de rebondissements, d'action et de poursuites avec quelques soucis de vraisemblance. L'auteur connaît parfaitement la faune et la flore, il est allé sur place en Namibie se renseigner directement – deux pages de remerciements en attestent. Il nous donne beaucoup de détails sur cet arc de chasse à poulies digne des BD d'anticipation : le Mathews AVAIL, son tunnel de visée et ses flèches meurtrières aux pointes Striker Magnum, donnant de l'intensité à l'action, matière à des allers-retours avec la chasse ancestrale et ses arcs rudimentaires.

La fin amène son lot de surprise, un rééquilibrage dont on aurait pu douter au départ, je n'ai pas été déçu... le roman policier et thriller est un genre qui, à côté d'un rythme et d'un récit devant faire monter l'adrénaline, véhicule d'une manière ou d'une autre des idées… Celui-ci, en choisissant le thème de la chasse, de l'utilisation des réseaux internet pour agir, une sorte d'action directe – avec sa violence aveugle – face au manque d'action des États, aborde bien des problèmes de notre époque. Sujets passionnants et risqués, une audace qui n'est pas pour me déplaire et qui m'a conduit à ouvrir des sites proposant des séjours safari. Triste expérience des passions tristes que ces photos de trophées dévoilent…
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Chronique avec illustrations sur Bibliofeel (Photo personnelle de la couverture avec camélias et un titre de musique d'Afrique du sud). Lien direct ci-dessous...
Lien : https://clesbibliofeel.blog/..
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Deux histoires parallèles à quelques semaines d'intervalle, les deux mettant en scène des chasseurs et leurs proies…
Dans les Pyrénées, Martin, garde national, passionné par son métier mais révolté par ce que l'on fait subir à la nature, a un cheval de bataille : la protection des animaux sauvages, notamment des ours.
Il fait partie d'un groupe qui piste les chasseurs massacreurs d'animaux et les jette en pâture sur les réseaux sociaux.
Quand il voit la photo d'une jeune femme devant la dépouille d'un lion, il se met à sa recherche.
Quelques semaines avant, en Namibie, Apolline, archère (tir à l'arc) émérite, vient tuer son premier lion, accompagné de son père et d'un guide expérimenté.
On comprend qu'entre ces deux personnages le duel va être intense.
La tension monte jusqu'à la confrontation finale…


L'action est bien menée avec un suspense digne d'un thriller dans la seconde partie.
La nature, aussi bien dans les Pyrénées qu'en Namibie, est l'héroïne principale de ce livre avec une célébration très lyrique, aussi bien des animaux sauvages que de la flore.
On aborde beaucoup de sujets, la chasse bien sûr et ses détracteurs, la protection de la nature, les coutumes ancestrales africaines aussi avec le personnage d'un jeune Himba très attachant, le tourisme en Afrique, les safaris,…
L'auteur réussit à nous emmener très loin pendant ce polar et, malgré quelques longueurs (longue la traque du lion et les réflexions intimes du fauve…), il maintient la tension jusqu'à la chute finale, je dirai même jusqu'aux deux chutes finales, excellentes !
C'était ma première lecture de cet auteur, et j'ai déjà noté son livre précédent, honorés par de nombreux prix, « Seules les bêtes », ainsi que la série se passant en Guyane.
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Un garde d'un parc naturel dans les Pyrénées qui hait les chasseurs. Il anime secrètement sur les réseaux sociaux un groupe qui fait de la (mauvaise) publicité aux chasseurs des grands mammifères en Afrique et il est obsédé par la disparition des derniers ours dans sa région.

Une jeune fille championne de tir à l'arc qui grandit dans une famille très aisée près de Pau. Une famille de chasseurs qui a les moyens d'aller en Afrique à la poursuite des grands fauves.

Un jeune éleveur de chèvres en Namibie dont le troupeau a été décimé par un vieux lion solitaire. Il veut se venger du lion et épater son amoureuse.

Un vieux lion écarté de son groupe qui souffre de la solitude et de la sécheresse en Namibie et s'attaque à des troupeaux domestiques.

La boucle est bouclée, voici les 4 narrateurs de ce récit dont les destins vont s'entrecroiser tragiquement.

Bon l'auteur aurait pu s'abstenir de faire parler le lion car c'est vrai que l'anthropomorphisme donne à ces quelques chapitres un effet un peu mièvre et peu réaliste. Mais pour le surplus, son roman est bien mené, la lecture est facile, on ne le lâche pas jusqu'au dernier chapitre et les thèmes abordés sont vraiment intéressants : controverses entre chasse de régulation et chasse « plaisir », opposition entre éleveurs et écolos militant pour la réintroduction des grands prédateurs, tourisme de luxe en Afrique, 6ème extinction de masse qui se profile etc…Colin Niel a su éviter la simplification et le manichéisme et il pointe avec subtilité les excès de chacun. Son style est simple mais efficace.

Première fois que je lis cet auteur. J'avais été appâtée par la critique d'Onee et par le sujet et je suis contente d'avoir succombé parce que c'était une lecture parfaite pour les vacances !
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Ça vous dirait pour votre anniversaire un lion à abattre en Namibie ? Voyage , personnel et matériel compris évidemment ! Et bien c'est ce qu'Apolline va recevoir pour ses 20 vingt ans par son papa qui n'a d'yeux que pour elle.
Dans ce roman chorale le premier et le dernier à prendre la parole est Charles,le lion. de là à penser que Colin Niel lui donne la primauté sur les humains chacun se fera son opinion ! Les autres voix de ce roman sont, Apolline bien sûr,la chasseuse qui n'a pas attendu le nombre des années pour exceller au tir à l'arc, Martin garde dans le parc national des Pyrénées dont la colère semble être le moteur de son existence, et Kondjina,le jeune himba qui voudrait lui aussi tuer ce lion mais pour des raisons bien différentes d'Apolline.
Si mon coeur était clairement du côté de Martin ou même de Kondjina, j'ai apprécié qu'Apolline ne soit pas une simple caricature de la chasseuse sans scrupule ni cervelle. En souvenir du lion inoubliable de J.Kessel 'que j'avais tant aimé enfant, j'ai été au côté de Charles du début à la fin !
Colin Niel n'est pas qu'un formidable écrivain,il m'a fait partager son immense connaissance de la nature et j'ai même découvert beaucoup d'animaux que je ne connaissais pas, qu'ils soient de Namibie ou des Pyrénées.
L'affrontement entre l'homme et l'animal, la traque, m'a fait penser à ce qui se déroule dans la corrida entre horreur et fascination.
Un roman sur un sujet original qui est traité avec brio.
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Le hasard : le 7 décembre, en voiture, j'ai écouté sur France Inter une des « Affaires sensibles » de Fabrice Drouelle, consacrée ce jour-là à l'ourse Cannelle. Comme je venais de finir Entre Fauves, j'ai bien sûr été particulièrement attentive à l'émission qui reprenait certains des éléments développés dans le roman. Je ne vivais pas en France en 2004 et je n'avais aucune idée du retentissement de cet événement. Colin Niel s'est visiblement beaucoup documenté pour parler des ours des Pyrénées, de Cannelle, de son fils, Cannellito, et de la chasse au gros gibier tant en France qu'en Afrique.
***
En plus du prologue et de l'épilogue, le roman est divisé en 5 parties portant chacune un titre explicite dont on se rend compte après coup qu'il peut faire habilement allusion à chacun des personnages : Identifier sa proie, L'approche, La traque, La mise à mort, le rituel. Chaque chapitre est daté et on trouve en italique le nom du personnage qui raconte à la première personne (sauf Charles), et qui change parfois dans le même chapitre. Colin Niel nous propose de suivre plusieurs personnages : Charles, le lion, que l'on voit s'effondrer dès le prologue ; Martin, un des gardes du parc national des Pyrénées ; Kondjima, jeune Namibien qui a vu le troupeau de son père massacré par un lion ; Apolline, riche jeune femme passionnée de tir à l'arc, à laquelle son père offre une chasse au lion pour ses vingt ans… S'ajoutent à eux quelques personnages secondaires d'assez peu d'épaisseur, sinon physiquement en ce qui concerne Lutz, le guide de chasse … Il y a un léger décalage temporel entre ce que vit Martin (en avril) et les autres personnages (en mars). On comprend petit à petit que Martin n'est pas un homme conciliant, mais tout d'une pièce, et qu'il accorde bien peu de crédit à l'avis d'autrui (à la vie d'autrui ?).
***
Ce roman m'a intéressée à plusieurs titres : le plaidoyer écolo, la présentation de diverses « chasses » et de leurs motifs (de la dénonciation sur Facebook à la traque d'animaux sauvages), la volonté de prendre en compte plusieurs points de vue sur des sujets brûlants, entre autres choses, et la pertinence du titre qui prend toute sa saveur dans la dernière partie du livre. Cependant, je me suis parfois ennuyée, par exemple pendant les interminables préparations au tir, les descriptions des armes, la traque répétitive dans la neige, etc., ce qui a tempéré mon intérêt.
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Martin, un agent chevronné des Parcs Nationaux, est toujours inquiet du sort de Cannellito, le dernier ours de souche pyrénéenne, une crainte qui renforce son hostilité vis à vis des chasseurs. En Namibie, la jeune Appoline, archère, participe à une chasse au lion, - un animal facilement identifiable grâce à une cicatrice sur le flanc -, organisée par Lutz, un guide professionnel allemand, secondé par Mereepo un jeune Himba. Komuti, un de ses amis s'intéresse également à ce lion et au trophée qui lui permettrait d'acquérir le respect de sa communauté et convaincre le père de la jeune Kariungurua, qu'il peut désormais fonder une famille.
Une photo représentant une jeune femme blonde auprès du lion à terre va provoquer une série d'événements et de poursuites, voire de traques entre chasseurs et chassés, proies et prédateurs.

Un roman à plusieurs voix et plusieurs temporalités, dans lequel Colin Niel construit methodiquement et très intelligemment plusieurs intrigues qui sont autant de traques et de poursuites. Chacun de ses personnages obéit à ses propres objectifs et cherche les moyens de les réussir jusqu'à devenir aveugle sur les violences qu'il provoque. Avec dextérité Colin Niel joue avec tous les sentiments qui peuvent animer une traque, autant du côté du chasseur que du côté de la proie, dosant savamment les inversements de situations, celles où le chasseur devient proie.
Entre fauves est un thriller dans lequel Colin Niel dévoile toutes les facettes de l'être humain, du courage à la violence, de la grandeur à la folie, du respect à la bestialité, un roman qui met à nu l'humanité et la cruauté, un roman magnifique, un coup de coeur.
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Charles, lion des sables habitué aux rudes conditions du désert de Namibie
Martin, garde au Parc National des Pyrénées déprimant d'avoir perdu la trace du dernier ours de souche
Apolline, petite fille gâtée d'un riche papa dont elle a adoptée la passion, la chasse
Kondjima, jeune homme Himba souhaitant échapper à sa condition précaire d'éleveur de chèvres et au fatalisme de son père
La chasse, aimée, rêvée, honnie, crainte, va faire s'entrecroiser au fil du roman les destins de ces 4 personnages.

J'ai été happée dès les premières pages de ce roman choral magistralement écrit avec la scène d'ouverture décrivant la traque du lion Charles et son combat inégal contre ces hommes qui le harcèlent. Cette scène d'ouverture bouleversante et violente est immédiatement suivie du portrait de Martin, jeune garde désabusé et désespéré par les méfaits de l'homme face à la faune, craignant pour la vie du dernier ours de souche pyrénéenne dont les chasseurs pourraient bien avoir eu la peau. Et quand on enchaîne avec les chasseurs posant fièrement à côté de leurs trophées du jour, animaux protégés et menacés, pour le plaisir de publier des photos sur Internet et de gagner quelques likes, on ne peut que partager la révolte de Martin et se dire que ce roman va décidément être un grand coup de poing (et sans doute un grand coup de coeur).

Malheureusement ce n'a pas été vraiment le cas. Rien à dire concernant l'intrigue, la forme du roman choral est efficace, les liens entre les personnages se tissent rapidement et les pages se tournent toutes seules, l'auteur sachant entretenir le suspens et ayant un vrai talent pour nous faire vivre les événements les plus dramatiques. le propos n'est pas aussi manichéen que le début pourrait le laisser croire, le personnage d'Apolline est particulièrement réussi puisqu'il fait osciller le lecteur entre rejet de cette jeune fille prenant plaisir à tuer des animaux juste pour l'exploit et compassion pour cette gamine qui a voulu faire plaisir à son père en adoptant sa passion, la chasse, et a été conditionnée pour cela dès son plus jeune âge. Par contre, j'ai eu plus de mal avec les chapitres concernant Kondjima, le jeune éleveur de Namibie. Même si l'auteur semble bien connaître son sujet et ce coin de l'Afrique, j'ai trouvé que cette partie du récit ne sonnait pas très juste, on a du mal à croire vraiment à ce personnage et à s'y intéresser et les scènes où les Blancs visitent le village flirtent un peu trop avec les clichés sur l'Afrique et les riches touristes.

Si ce n'était que ces quelques petits défauts, ce roman aurait pu malgré tout rester un coup de coeur mais plus on approchait de la fin plus j'ai eu du mal avec les choix scénaristiques faits par l'auteur. Alors que pour moi ce roman avait pour principale force son réalisme, sa subtilité dans les portraits des personnages (personne n'est tout blanc ni tout noir, chasseurs comme écologistes étant renvoyés à leurs défauts), le récit prend au fil des pages un tour complètement improbable et irréaliste, fait de coïncidences impossibles et de miracles qui n'en sont pas. J'ai eu l'impression que l'on basculait dans le registre de la fable ou de l'allégorie, chaque scène étant conçue pour signifier ce vers quoi l'auteur voulait nous mener, pour être hautement symbolique et amener le lecteur à s'interroger et à réfléchir, le tout au mépris de la vraisemblance et de la cohérence narrative. C'est là que l'auteur m'a définitivement perdue et que je me suis dit que j'allais finalement refermer ce roman bien déçue : Colin Niel semble abandonner toute la subtilité qui faisait la force du roman pour basculer dans la démonstration simpliste affaiblissant ainsi complètement son propos.

Même si le roman est très agréable à lire et si j'ai globalement passé un bon moment (si on peut dire pour un livre qui est particulièrement révoltant et bouleversant), je reste malheureusement sur une impression très déçue, ayant eu le sentiment d'avoir été manipulée et trompée sur la marchandise. Dommage !
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Je suis heureuse d'en avoir fini avec ce livre... dont je n'ai aimé que la très jolie couverture !

Tous les personnages humains me sont apparus antipathiques et l'histoire n'a pour moi jamais pris un tour haletant ou fascinant... Il n'y est question que de traque, de chasse, de souffrance et de mort.
Quant au style, je l'ai trouvé désespérément lent, descriptif et redondant.

Définitivement, cette histoire n'était pas faite pour moi. Peut être fallait-il s'y attendre quand on est comme moi si sensible à la cause animale. L'auteur brouille les pistes des "bons" et des "mauvais", même s'il est vrai qu'il laisse entendre entre les lignes que la nature ne fait que se défendre de l'impact terriblement néfaste de l'activité humaine. Il met aussi en avant (du moins l'ai-je relevé) les incohérences des uns et des autres : le chasseur qui s'offusque de la chasse lorsqu'il s'agit de prélever des parties d'animaux pour la pharmacopée asiatique mais qui ne voit pas d'inconvénient à sa chasse aux trophées; ou encore l'écologiste extrémiste qui voit la chasse comme un meurtre, mais qui n'hésite pas à équiper ses skis de peaux de phoques ou à manger du saucisson...

Ce livre plaira sans doute aux personnes qui aiment voir aborder le sujet de de la nature sans leçon moralisatrice et à celles qui aiment les "thrillers" un peu noirs. Je ne fais pas du tout partie de ce lectorat. Et comme je l'ai dit, je suis trop convaincue de la nécessité (de l'urgence !), de préserver la faune, leur écosystème, de réguler les activités humaines en bonne intelligence et sans faire passer les intérêts économiques (la plupart du temps) avant tout. L'être humain a depuis toujours classé les animaux en fonction de ce qu'ils leur étaient utiles et/ou agréables, (considérés comme) nuisibles, ou indifférents (quitte donc à ne pas se préoccuper des conséquences sur lui). Il est temps de revoir les choses, de reconsidérer notre suprématie comme usurpée. Sans toutefois, bien sûr, verser dans l'extrémisme.

Tout ceci n'est que mon point de vue...
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Quoi de mieux, pour aborder le thème de la chasse, que de faire parler une personne pro-chasse, une anti-chasse, et une ne voyant dans la chasse qu'un moyen utile pour mieux vivre. N'en déplaise à certains, ces trois personnages ont un énorme dénominateur commun : une connaissance parfaite de la nature qui les entoure.
De la vallée d'Aspe dans les Pyrénées au Kaokoland en Namibie, dans ce bouquin, on croise énormément de faune, de flore, d'armes, et des interprétations différentes de la forme que doit désormais prendre notre instinct de chasseur résiduel.
Alors ici, on se demande pourquoi le plus beau trophée pour certains est une tête de lion qu'ils auront tué, alors que la plupart se contente de collectionner des trophées sur des applications pour smartphones, ou parfois de chasser des personnes sur les réseaux sociaux.
Trois points de vue qui interrogent.
Et comme c'est Colin Niel, on se fait aussi surprendre par la tournure que prend l'histoire alors qu'on croyait avoir tout compris.
Et puis, cette couverture ! Vous le voyez, le regard impitoyable du roi des chasseurs ? Un regard proche de l'humain, en fait.
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La chasse est ouverte, les prédateurs à l'affût.
Mais qui est la proie?

Colin Niel positionne ses pions dans ce jeu de massacre: un garde de parc national, actif écolo de la protection de la nature, une jeune surdouée du tir à l'arc, des africains vivant du tourisme de la chasse sauvage, un namibien éleveur qui cherche un trophée de gloire.

Si l'auteur voulait nous sensibiliser à la disparition des espèces sauvages, il y réussit très bien, si tant est qu'il soit encore nécessaire de nous ouvrir les yeux. Comme lui, qui n'a pas été choqué en voyant sur la toile ces photos de chasseurs de safari trônant devant leurs exploits?

Et de s'interroger sur la justification d'une pratique devenue loisir qui tue le règne animal.
Pour ce thriller sauvage, l'auteur a creusé son sujet, les images de la savane sont présentes autant que les randonnées en montagne. le montage narratif est astucieux, mettant en parallèle deux traques de chasse dans des décors diamétralement opposés, portées par la même adrénaline. La temporalité des événements nous balade de date en date pour finir par ajuster le tir sur les conséquences diaboliques pour tous, bêtes et hommes confondus.

Pour autant, son propos n'est pas manichéen : la chasseuse est une amoureuse de la nature, le garde forestier un peu trop militant terroriste, les éleveurs namibiens veulent protéger les troupeaux comme les pyrénéens face à la réimplantation de l'ours.
La chose n'est pas simple!

Un livre épuisant de tension... même au fond du canapé ! Une réussite ! Et on reste, bien évidemment du côté du lion...
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