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EAN : 9780785110415
224 pages
MARVEL - US (01/06/2003)
5/5   1 notes
Résumé :
By her own admission, Typhoid Mary is "a love-maker and a man-hater." She is a psychotic, schizophrenic predator who will use her gallery of multiple personalities for one single-minded purpose: to seduce, dominate, and ultimately execute her prey. Quickly becoming the underworld's most feared assassin, Mary terrorizes her targets with a seemingly inexhaustible lust for bloodshed. In service to the Kingpin, Typhoid Mary sets her deadly sights on Daredevil, the heroi... >Voir plus
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Que lire après Daredevil : Typhoid MaryVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient les épisodes 254 à 263 de la série Daredevil, parus initialement en 1988/1989. Ann Nocenti a écrit les épisodes 254 à 257 et 259 à 263, dessinés par John Romita junior (en abrégé JRjr), et encrés par Al Williamson. L'épisode 258 a été écrit par Fabien Nicieza, dessiné par Ron Lim, et encré par Jim Sanders III. Il contient également l'épisode 10 de la série Punisher, écrit par Mike Baron, dessiné par Whilce Portacio, avec un encrage de Scott Williams ; cet épisode est le pendant de l'épisode 257 de Daredevil, vu par les yeux du Punisher. Ces épisodes ont été réédités dans A touch of Typhoid (épisodes 253 à 270). Il est également possible de trouver la suite de cette histoire dans Lonesome stranger qui contient les épisodes 265 à 273, également réalisés par Nocenti, JRjr et Williamson.

Il y a une nouvelle femme fatale en ville, elle s'appelle Tyhoid Mary (Mary Walker) et dispose de légers pouvoirs télépathiques (insinuer une idée dans un esprit), lélékinésiques (faire bouger un petit objet de type couteau) et pyrokinétique (enflammer des objets, mais sans aller jusqu'à les consumer). Elle a décidé de s'installer dans Hell's Kitchen pour bâtir un gang et s'enrichir en gérant des affaires criminelles. Elle est vite repérée par les équipes du Caïd (Kingpin, Wilson Fisk) qui l'embauche pour détruire Matt Murdock. Elle doit le séduire, et en parallèle s'attaquer à Daredevil.

À cette époque, Matt Murdock (en couple avec Karen Page) a établi une agence de consultation légale dans Hell's Kitchen, et défend un jeune enfant rendu aveugle par des produits chimiques déversés dans une rivière. Foggy Nelson est en couple avec Glorianna O'Breen, et défend l'entreprise qui a déversé lesdits produits. Daredevil croise à nouveau la route du Punisher (Frank Castle) car ils traquent tous les 2 un criminel ayant empoisonné des médicaments. Il démantèle un réseau d'enlèvement d'enfants. Il affronte les ennemis que Typhoid Mary a recrutés : Ammo, Bullet, Bushwacker (Carl Burbank). Il recroise 2 Wildboys (Spit et Jet).

Lorsqu'on évoque le personnage de Daredevil, on pense surtout aux épisodes de Frank Miller & Klaus Janson, puis ensuite à ceux de Brian Michael Bendis & Alex Maleev, et encore ensuite à ceux d'Ed brubaker & Michael Lark, et plus récemment à ceux de Mark Waid & Chris Samnee. Mais ce superhéros a bénéficié de nombreux autres créateurs qui ont su l'écrire avec une voix d'auteur, dont Ann Nocenti qui scénarisé ses aventures de l'épisode 236 à 291 (à l'exception de 3 numéros : 237, 248 et 258), soit de 1987 à 1991. Elle a succédé à quelques numéros d'intervalle à Frank Miller, après l'histoire Born Again (épisodes 226 à 233) dessinée par David Mazzucchelli. John Romita junior a dessiné les épisodes de la série Daredevil du numéro 250 au 282 (à l'exception des 248, 264). Autant dire que passer après Miller & Mazzucchelli relevait de la gageure, ces 2 créateurs ayant réalisé un récit jugé indépassable.

Ann Nocenti revient à des outils narratifs délaissés par Frank Miller, en particulier l'usage de bulles de pensée copieuses, et de soliloques à haute voix (en lieu et place des petites cellules de texte pour le flux de pensées intérieur des personnages). Matt Murdock est amené à effectuer de brefs rappels de la situation en début d'épisode (2 à 3 phrases maximum) car à l'époque la réédition en recueil n'était pas encore monnaie courante, et la lecture des comics restait basée sur la périodicité mensuelle. John Romita junior se repose régulièrement sur des cases ne contenant qu'une tête ou un buste d'un personnage en train de parler.

Sous réserve d'accepter de faire avec ces particularités narratives, le lecteur plonge dans un récit très immersif. Ann Nocenti a expliqué dans des interviews qu'elle concevait ses scénarios en commençant par choisir un thème pour son histoire, puis la développait à partir de là. Pourtant cela n'aboutit pas une sorte de thèse théâtrale jouée par des personnages portant chacun une idée. le lecteur découvre la nouvelle ennemie de Daredevil. La scénariste semble l'avoir construite sur mesure : comme Murdock elle a 2 identités ce qui lui permet de l'attaquer sur les 2 fronts. Alors que Mary Walker est présentée comme honnête et droite, elle investit la vie privée de Murdock, uniquement dans le but de le manipuler et de le faire souffrir. Typhoid Mary est présentée comme une femme désinhibée vivant ses passions, mais elle se soumet de mauvaise grâce à l'ascendance de Wilson Fisk. Pourtant ça marche parce que Typhoid Mary attaque Daredevil dans ses croyances, dans son système de valeurs morales catholiques.

Dans la plus pure tradition des superhéros des années 1960 et 1970, Ann Nocenti transforme les affrontements physiques, en des affrontements moraux ou idéologiques. le lecteur ne s'étonne pas de voir Daredevil et Typhoid Mary échanger sur Friedrich Nietzsche (épisode 255) car ils sont tous les 2 animés par la passion de leur conviction. de même la plupart des séquences servent à confronter les convictions des personnages (leur credo) à la réalité des faits. D'une certaine manière Franklin Nelson a trahi les idéaux de Murdock en travaillant pour une entreprise et en abandonnant toute visée sociale. Il se retrouve confronté à son instrumentalisation. de manière plus pernicieuse, Wilson Fisk est confronté à son incapacité à priver Matt Mudock de joie de vivre. Alors qu'il règne sur un empire, qu'il peut décider de la mort d'individus, qu'il peut empêcher un employé d'être avec sa famille le jour de Noël, il se retrouve incapable de conduire Matt Murdock à la dépression.

Vu de l'extérieur, Ann Nocenti semble reprendre le schéma de Born Again, à savoir, Kingpin a décidé d'abaisser son ennemi de toujours en détruisant ce qui lui est cher. À la lecture, la scénariste se livre à une attaque plus subtile. Pour commencer, elle référence discrètement Born Again, à commencer par le fait que Fisk connaît l'identité secrète de Daredevil, ou par le fait que la carrière d'actrice pornographique de Karen Page est connue de plusieurs habitants du quartier qui ont vu ses films. Habilement elle neutralise ces éléments, car Fisk ne peut rien faire de ce savoir puisque la dernière fois qu'il l'a utilisé, cela n'a pas suffi à détruire Murdock. de la même manière, Karen Page assume ses actes et ceux qui lui rappellent ont visiblement apprécié ses prestations cinématographiques.

En outre Matt Murdock est confronté à des situations plus déstabilisantes que dans Born Again. Il ne fait pas que subir l'acharnement d'un ennemi qui manipule sa vie dans l'ombre, au travers d'un plan ourdi avec soin. Il se rend compte que ses actions n'empêchent pas la disparition d'enfants (ces terribles images d'enfants disparus sur les cartons de lait) et n'ont aucun impact sur la politique nucléaire (la manifestation dans les rues). Il se trouve confronté à ses propres imperfections d'individu, beaucoup plus brutales. Il fait tout pour aider Tyrone (le jeune garçon rendu aveugle par les produits chimiques) et constate qu'il est impuissant à lui apporter quelque réconfort que ce soit, voire que Mary Walker fait mieux que lui. Il se voit succomber à la passion avec Mary Walker, c'est-à-dire se laisser emporter par le sentiment amoureux, sans rien dire à Karen Page. Alors même qu'il est dégouté par la passion de Typhoid Mary, son manque de retenu, son absence de maîtrise de ses émotions, il fait la même chose avec Mary Walker, en trahissant la confiance de Karen Page, en sabordant ainsi la relation qu'il a construite avec elle. Ainsi la déchéance de Murdock est plus pernicieuse et plus personnelle encore que dans Born Again.

Ce qui marque également dans cette lecture, c'est la densité d'êtres humains normaux : Franklin Nelson, Karen Page bien sûr, mais aussi Tyrone dans son lit d'hôpital, Butch le jeune garçon qui parcourt les rues d'Hell's Kitchen sur son skate, l'employé qui s'apprête à se suicider du fait de mauvais résultats en bourse, les personnes qui défilent contre le nucléaire, le criminel qui a empoisonné des médicaments, même les supercriminels qui se battent contre Daredevil. Nocenti fait preuve de son implication et de sa voix d'auteure, également lors de l'affrontement contre le Punisher. Dans l'épisode de sa série, Castle ne voit qu'un criminel de plus qu'il doit arrêter de nuire, alors que Daredevil examine son histoire personnelle qui fait ressortir une situation complexe, et la possibilité d'une rédemption après le jugement en bonne et due forme.

Les supercriminels affrontés par Daredevil sont surtout des gros bras, avec éventuellement une bizarrerie vestimentaire (la tenue léopard d'Ammo) ou une bizarrerie anatomique (le flingue intégré au bras de Bushwacker), tous issus des épisodes de Nocenti (sauf Wilson Fisk). Les dessins de John Romita junior en font des individus presque normaux d'un point de vue visuel, mais qui conservent une grande force.

Lors des affrontements physiques, JRjr prend le soin de chorégraphier les mouvements. Il ne transforme pas ces séquences en ballet, mais les personnages se déplacent en fonction des obstacles physiques présents sur le site où ils évoluent. Il y a une logique spatiale dans l'enchaînement de leurs mouvements, et non pas une suite de poses déconnectées les unes des autres. Il prend soin de conserver une morphologie à peu près réaliste pour la majeure partie des acteurs, à l'exception de la masse imposante de Wilson Fisk. Il a su conserver l'énergie des postures propres à Jack Kirby, tout en s'émancipant des cadrages exagérés de cet artiste.

Ayant terminé son passage sur les X-Men de Chris Claremont, JRjr a su modifier son approche graphique pour s'adapter aux scénarios. Il s'attache à représenter les accessoires et les vêtements de la vie quotidienne. Il donne de la consistance à l'environnement quotidien de Matt Murdock, avec des gens normaux, des appartements ordinaires (sauf les bureaux de Wilson Fisk), des tenues de tous les jours. Il utilise une mise en page qui repose sur une moyenne de 5 ou 6 cases par page. Il reprend parfois la mise en page popularisée par Frank Miller, avec une case verticale de la hauteur de la page, et les autres horizontales, comme autant de drapeaux accrochés sur un mat. Il utilise également des cases de la largeur de la page pour donner plus d'ampleur aux actions.

Pour ces épisodes, il bénéficie de l'encrage d'al Williamson, vétéran des comics, dessinateur vedette des EC Comics (par exemple 50 girls 50, and other stories). Celui-ci réalise un encrage à base de traits fins, sans accentuer les arrondis. Il habille régulièrement des surfaces par le biais de traits (toujours fins) courant parallèlement les uns par rapport aux autres. Cela permet à la fois d'accentuer le volume de la surface délimitée, et d'habiller des fonds de case laissés vides par JRjr. La conjonction de JRjr et Williamson aboutit à un parti pris esthétique unique en son genre, combinant la force des comics de superhéros avec une forme de nuance délicate. Ainsi les superhéros redeviennent humains, ce qui rehausse la narration. Grâce à cette approche, le lecteur voit à quel point Johnny Storm ne peut pas s'intégrer à ce quartier de New York et à ses habitants, donnant plus de saveur au scénario.

Découvrir ces épisodes pour la première nécessite d'accepter de se confronter à une forme de narration par moment obsolète (nombreuses bulles de pensées), avec des personnages qui explicitent ce qu'ils sont en train de penser. C'est aussi découvrir une narration très personnelle, à la fois pour l'intrigue et pour l'aspect visuel. L'objectif principal d'Ann Nocenti n'est pas de mettre en valeur les conventions des superhéros (combats physiques, superpouvoirs pyrotechniques), mais de se servir de ces conventions de genre pour raconter une histoire, et parler de ce qui la touche. Elle aborde des thèmes de société (peur du nucléaire, enfance maltraitée). Elle met en scène la remise en question du personnage principal, sa perte de confiance en lui et en ses valeurs. Elle le fait à sa manière ce qui évite toute redite avec ces prédécesseurs, en particulier Frank Miller & David Mazzucchelli (ce qui est déjà en soi un exploit). John Romita junior et Al Williamson forment une équipe bien assortie mariant les éléments du quotidien, avec les exploits physiques de Daredevil. le lecteur n'a pas l'impression de subir le prêche des idées et des convictions d'une auteure, mais bien de suivre la vie d'un individu contraint de se remettre en cause, pas les événements, et par sa propre attitude, en décalage par rapport à valeurs qu'il professe.
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