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3,97

sur 1272 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'imprimeur a sans doute omis une particule nobiliaire dans le nom de l'auteur : pour tant maîtriser le détail du monde aristocratique du Paris d'après la Commune, nous le faire vivre avec cette intensité, il faut l'avoir soi-même vécu... ou au moins le porter dans quelques gènes bien choisis, il faut s'appeler Gaëlle de Nohant.
Quoi qu'il en soit du de, voilà un livre qui ne rejoindra ma bibliothèque qu'après avoir fait le tour des voisins et amis : le sort de ceux qu'on apprécie et qu'on veut partager, qui vont nourrir quelques conversations, qu'on aura plaisir à offrir à l'occasion...
La Part des flammes nous transporte donc dans l'intimité de personnages terriblement attachants pour les uns, terriblement inconsistants pour les autres. Pour l'essentiel femmes du « beau monde », le plus souvent conformes au statut d'épouse décorative et pondeuse, mais charitable envers « ses pauvres », auquel a si bien préparé l'éducation religieuse. Et avant cela, de fille à marier... Et chacun, chacune, ayant parfaitement conscience de son rang, de ses devoirs en société, de ses limites dans les quartiers de noblesse, et, par-dessus tout, de l'intérêt d'être admis dans les cercles très fermés de ceux dont le sang est d'un bleu plus pur encore que le sien. Et chacun, chacune, ayant ses failles, ses vices cachés ou ses vertus parfois réelles et belles, que l'incendie dramatique du Bazar de la Charité va éclairer de flammes terribles. On s'attachera en particulier à la duchesse d'Alençon, à la comtesse de Raezel, des femmes d'exception, qui doivent peut-être ce caractère exceptionnel au fait de devoir surmonter d'anciennes et profondes blessures, de tristes secrets de famille comme on dirait aujourd'hui.
Le monde des journalistes et le « petit monde » du peuple de Paris, de la domesticité serviable, attachée et attachante, n'échappent pas à une description aussi vivante que possible, qui ancre ce roman dans la réalité. Il faut bien-sûr fermer les yeux sur quelques coïncidences trop fortes, mais sans lesquelles le roman n'en est pas un.
Et, malgré la tristesse d'arriver aux dernières pages, c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai lu dans les remerciements ceux qui s'adressent à Gallica, la bibliothèque numérique de la Bnf, qui permet d'accéder aux fonds littéraire et journalistique des siècles passés. Pour l'avoir moi-même pratiqué lors de la rédaction de pages wikipédia, je sais quelles sont la joie et l'émotion d'être transporté, devant son écran, dans cette abondance d'écrits ou d'images qui nous font partager le quotidien de nos arrière-arrière-et-plus-grands-parents. Une imprégnation. A propos de wikipédia, inutile de dire aussi que je me suis précipité sur la page « Bazar de la Charité », que je recommande après lecture de la Part des flammes.
Et je vois qu'il s'agit là du deuxième roman de Gaëlle Nohant : j'ai bien l'impression d'assister à une cérémonie de confirmation, de la naissance d'une très belle plume, que je comparerais volontiers à celles de Françoise Chandernagor ou Anne-Marie Garat, que j'aime, avec peut-être même un plus du côté de l'analyse psychologique et d'un humour discret mais délicieux...
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Excellent livre qui fait revivre des évènements historiques sans être soporifique!
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Un vrai bon roman historique qui se lit comme un roman du XIXe, quel bonheur!!! Une vraie bulle hors du temps.
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Incendie du Bazar de la Charité, 4 mai 1897. Une page très sombre de l'histoire de Paris est au coeur du roman de Gaëlle Nohant. Cette manifestation et le drame qui s'ensuit servent de prétexte à croiser des destins, notamment ceux de trois femmes, la duchesse Sophie d'Alençon, soeur de l'impératrice Sissi, la comtesse Violaine de Raezal, veuve affublée de beaux enfants peu sympathiques et une jeune fille, Constance d'Estingel, tourmentée entre amour mystique et amour charnel.

La duchesse voue sa vie aux pauvres, la comtesse voudrait se rendre utile pour oublier son mari bien-aimé, et Constance met fin à ses fiançailles. La personnalité très forte de la duchesse, son dévouement auprès des plus humbles lui amènent l'admiration véritable de ses proches, et sa haute naissance l'envie de courtisanes. Femme attentive aux autres, elle va s'adjoindre les deux autres pour tenir un stand lors du Bazar de la Charité, où se pressent les élites pour « aider » les plus pauvres, mais surtout pour être vues !

L'incendie dévastateur va bouleverser la vie des familles parisiennes, car de nombreuses femmes meurent ou sont marquées définitivement dans leur chair. Comment surmonter un tel drame ? « Comment ferait-on, comment vivrait-on dans le vide assourdissant des appartements, qui trouverait-on à chérir et à malmener ? » le roman met également en lumière les lâches et les héros, et outre l'aspect purement historique, remarquablement relaté, l'auteur narre les destins croisés de ces femmes qui n'auraient peut-être pas dû se rencontrer.
Mais je souhaite aussi souligner la présence d'un homme fort attachant, Joseph, le fidèle cocher de la duchesse et celle de Laszlo, aristocrate journaliste qui dénonce le voyeurisme de ses pairs et reste le fervent amoureux de Constance, malgré le rejet de celle-ci.

J'ai beaucoup aimé ce livre fort documenté. J'en avais lu un autre (Ce que Fanny veut, de Karine-Lebert), dont une partie couvrait cette période, l'histoire du déroulement de l'incendie m'était donc familière, mais le sujet tout autre. Là où l'on suivait le destin d'une jeune femme prête à tout pour sortir de sa basse extraction, le roman de Gaëlle Nohant porte un regard critique sur la bourgeoisie et l'aristocratie de la fin du 19ème siècle, avec leurs faux-semblants, leur vilennie, le poids du patriarcat, la toute-puissance des sachants. Il met en scène ces trois femmes que l'adversité amène à prendre en main leur vie, faisant fi des règles de la sacro-sainte bienséance.

Un roman où se rejoignent plusieurs styles : le réalisme du drame, le romantisme avec deux jeunes gens pris de tourments, le suspens.
L'écriture est magnifique, les descriptions superbes, on est dans les flammes avec les protagonistes, on sent le poids des rumeurs et on vibre avec ces femmes en rupture avec leur monde.
On comprend donc pourquoi La Part des flammes a été élu prix du livre France Bleu/Page des Libraires 2015 et prix des Lecteurs du Livre de Poche 2016.
Un vrai régal.

lirelanuitoupas.wordpress.com
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Et voilà, premier coup de coeur de l'année!

J'ai ce roman depuis seulement quelques semaines dans ma PAL, puisque je l'ai reçu aux moments des fêtes. Mais j'avais vraiment très envie de le découvrir, malgré une appréhension dont je vous parlerais plus tard.

C'est grâce à l'avis de la superbe book-tubeuse Lemon June que j'ai pris ce roman (et franchement, si vous ne la connaissez pas, je ne peux que vous conseiller d'aller jeter un oeil à sa chaîne, c'est un véritable plaisir de l'écouter parler de romans).

Je ne m'attendais pas à passer un aussi bon moment : je l'ai dévoré en un dimanche, ne faisant que de lire dès que je pouvais, il fallait que je lise, le plus vite possible, pour avancer dans l'intrigue et connaitre la fin.

Ce fut donc une très belle lecture, intéressante, passionnante. Et j'ai été très déçue finalement de le terminer aussi vite. J'aurais du prendre mon temps, en profiter vraiment au lieu de le dévorer ainsi…

J'avais un gros a-priori pourtant.
Je n'aime pas trop les romans historiques. Cela ne m'a jamais beaucoup intéressée. Mais je pense avoir une vision biaisée de ce genre. Pour moi, le roman historique, c'est une sorte de romance dans une période donnée de l'histoire avec une écriture pas forcément géniale et qui se lit vite et voilà. Et si je n'aime pas cela, c'est surtout à cause de la belle romance qu'on a souvent dedans et que je trouve souvent plate. C'est dit, je n'aime pas les romances.
La couverture d'ailleurs ne m'avait pas incité à le lire. Cette dame, penchée en position de pleurs, cela ne me donnait pas très envie. Cela faisait très romance historique.

Je commence pourtant à découvrir qu'il y a des romans historiques qui peuvent me plaire, avec un beau style, une histoire et des personnages solides. J'avais donc un gros préjugé sur ce genre et je suis contente de pouvoir changer d'avis.

Alors pourquoi un coup de coeur?
J'ai l'impression qu'il ne le mérite pas forcément. Moi qui n'ai pas mis de coup de coeur au magnifique roman Les Chutes de Joyce Carol (et pourtant, plus j'y pense, plus il le méritait, je pense qu'il va devenir un coup de coeur finalement…).

Quand je pense à ce roman, je pense automatiquement coup de coeur : l'écriture est soignée, les personnages ont une certaine profondeur, la période et le fait divers sont très intéressants. Et j'ai vraiment vraiment aimé cette lecture. Il mérite donc un coup de coeur.

Je ne connaissais pas ce fait divers, pourtant assez terrible : L'incendie du Bazar de la Charité en 1897 où des centaines de femmes ont péri brûlées vives.
Cela avait choqué parce que les victimes étaient l'aristocratie française dans toute sa splendeur et surtout…des femmes et des enfants.

Cela me fait rire de penser aux personnes qui de nos jours râlent à cause de certaines précautions et règles de sécurité jugés trop envahissantes et sévères…on ne se rend pas compte qu'elles existent pour certaines raisons. On ne s'en rend finalement compte que lorsqu'une tragédie se produit.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de Gaëlle Nohant. Vraiment, certaines scènes étaient criantes de réalisme. J'avais l'impression d'être au milieu des personnages, de me promener avec ces grandes et belles robes, d'être brimées comme les femmes à cette époque. Et que dire de la scène de l'incendie! Elle est vraiment très bien écrite. C'est bien simple, j'avais chaud en la lisant.

Il y a tellement de choses à dire sur ce roman que je ne sais pas trop où commencer et me concentrer sur quoi, histoire que cet article ne soit pas trop long…

Il y a énormément d'autres thèmes passionnants évoqués : la séparation de l'Eglise et de l'Etat, l'horreur des hôpitaux des pauvres, la terrible maladie qu'est la tuberculose et la nouvelle grande maladie des femmes : l'hystérie…

Et franchement, la situation des femmes à cette époque-là…c'était effrayant à lire.

On a beau rêver parfois de cette période, les magnifiques robes et parures, les bals et autres réceptions…mais vraiment personne n'aurait envie de vivre à cette époque. Personne! En tout cas, certainement pas moi.

Une femme était considérée comme une mineure à vie. Elle passait du pouvoir de son père à son mari, puis à son fils. Joyeux non?
Et si elle ne veut pas? Elle a du caractère, le revendique, envoie au diable tout le monde? Elle est alors hystérique et on peut l'interner de force pour son propre bien et la rendre folle pour de bon. Oui, c'est joyeux je vous le dis!

Et si –j'espère en tout cas – les médecins de cette époque étaient persuadés d'essayer de les soigner et de les guérir du mieux qu'ils pouvaient, ils ne faisaient finalement que les détruire et les rendre…dociles au rôle qu'on leur demandait de tenir. A savoir être belle dans la mesure du possible, gentille et faire de beaux enfants.

Finalement, une des seules manières pour une femme d'avoir une marge de liberté, était d'être veuve, sans enfants et de se tenir à peu près tranquille. Plus de mari, pas de fils et peut-être un père ou un frère qui la laisseraient en paix tant qu'elle n'allait pas au scandale.
Voilà voilà…



On se retrouve donc avec deux personnages, deux femmes qui sont à l'opposé l'une de l'autre.
Il y a Constance, jeune fille encore mineure, donc sous l'autorité de ses parents, qui, assez fragile, s'est faite convertir à l'exaltation religieuse dans le couvent où elle était. Elle n'est libre de rien, ne peut rien entreprendre seule. La seule chose que ses parents attendent avec impatience, c'est qu'elle se marie et qu'elle passe finalement sous l'autorité de son époux.
Pourtant, elle a beaucoup d'énergie et d'envies en elle, qui vont finir par exploser au grand jour.

De l'autre côté, on Violane, une jeune veuve, qui a eu la chance d'avoir un mari très aimant, intelligent et clairvoyant et qui a mis sa femme à l'abri des soucis financiers lui-même. Elle ne dépend de personne, peut faire ce qu'elle veut, mais elle est rejetée par la plus grande partie de la société à cause d'anciennes rumeurs sur sa conduite.

Ces deux femmes que peu de choses rassemblent, vont voir leurs destins se lier grâce à Sophie d'Alençon qui va les accueillir à son stand. Elles vont essayé tant bien que mal de survivre à cette terrible épreuve, aussi bien physiquement que psychologiquement.

J'ai nettement préféré Violane à Constance pour son histoire un peu plus intéressante et sa plus grande force de caractère (en même temps, Constance est trop jeune pour avoir fait grand chose…et se remettre d'une telle épreuve est vraiment difficile…)

J'ai beaucoup aimé aussi avoir une version romancée de Sophie d'Alençon. C'est un personnage historique assez intéressant et bien représentatif de la femme de cette époque : bridée et brisée par les hommes et la société afin qu'elle se conforme à son rôle.

J'aime également beaucoup le titre de ce roman. Il vient de l'expression « faire la part du feu« . Il s'agit en fait, lors d'un incendie de « laisser un certain espace » au feu, afin d'essayer de sauver le reste. On sacrifie donc une partie pour mieux secourir ce qui peut être sauvé. Je trouve donc ce titre très bien choisi.

——————————————-

Un magnifique roman donc, avec un fait divers aussi impressionnant qu'épouvantable. J'ai adoré cette lecture, aussi bien pour l'écriture que pour l'histoire. Je pense le relire un jour.
Je ne peux que vous la conseiller très vivement!
Lien : https://writeifyouplease.wor..
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J'ai vraiment beaucoup aimé.
On se laisse porter par l'histoire sans forcément faire vraiment attention au style qui développe son charme tout au long du livre. Une écriture fine, fraiche, cristalline, à la fois presque naïve et pourtant travaillée, qui m'a vraiment séduite.
Le récit en lui-même est original, apparemment bien documenté, les liens entre les personnages se font et se défont de manière crédible, sans fausse note.
Et bien sûr de superbes portraits de femmes dans une époque dépeinte finement.
Un ouvrage que je conseille vivement.
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Un gros roman mélange fiction et Histoire mettant en avant de superbes personnages féminins.
Lien : http://www.celineonline.fr/l..
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Un gros coup de coeur ! C'est un roman d'une qualité presque exceptionnelle. La plume de l'auteure est magique et malgré la taille du livre je l'ai terminé avec regret...
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Magnifique peinture dramatique parisienne...
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Partant d'un fait divers réel, Gaelle Nohant nous plonge dans la France aristocratique de la toute fin du XIXe siècle, pleine d'hypocrisie, et malgré tout encore très romanesque (la preuve, on en tire encore des romans ;) ).

Très bien détaillé, fort bien raconté, une belle réussite.

Un grand merci au libraire qui me l'a conseillé!
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