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sur 1272 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comme on pouvait s'y attendre, j'ai passé un excellent moment de lecture avec La Part des flammes, qui regroupe tout ce que j'aime dans la littérature : une belle écriture au service d'une histoire historico-romanesque illustrée par des personnages hauts en couleurs.

Au centre du roman, un fait historique qui est, malheureusement, sorti de la mémoire collective : l'incendie du Bazar de la Charité en 1897. A cette époque, la France et Paris ne sont pas encore totalement sortis de l'aristocratie, la Commune est encore dans tous les esprits, et la République a du mal à s'installer. En plus de ces conventions sociales installées davantage par tradition que par humanisme, la condition féminine et son évolution a également sa part belle. Et ce sont ces deux thématiques, les conventions sociales et la condition féminine, qui portent le roman et en font toute sa beauté, et pas un simple roman historique.

C'est à travers trois héroïnes de cette aristocratie française que nous allons vivre avant, pendant et après l'incendie : Violaine, jeune veuve mise à l'écart par son milieu et sa famille, Constance, jeune femme amoureuse et à la recherche d'elle-même, et la duchesse Sophie d'Alençon, hypnotique soeur de l'impératrice Sissi à la générosité débordante et mystérieuse.
Les destins croisés de ces trois femmes vont faire place à une histoire d'amitié incroyable, à des figures romanesques marquantes, à une volonté féroce de faire évoluer leur condition personnelle par leurs propres moyens. On sent la marque indélébile qu'a laissé l'incendie dans leur coeur, mais aussi le lien indéfectible qui est né entre elles.

Tout cela est service par la force et la délicatesse de la plume de Gaëlle Nohant, une auteure dont je lirai à coup sûr les prochains écrits. Dès les premières phrases, son écriture vous plonge dans l'époque et le contexte, à travers un vocabulaire riche mais des phrases très fluides, qui font que les pages se dévorent.
Et au-delà de ça, sa plume assez piquante dénonce sans détour le machisme ambiant, la cruauté de certains membres de l'aristocratie et l'absurdité de certaines croyances. Et surtout, vous resterez marqué par le passage décrivant l'incendie; pour ma part, j'ai suffoqué, senti la fumée entrer dans mes poumons, et les lambeaux de tissu du plafond fondre sur ma peau… C'est une scène très intense, qui n'épargne pas le lecteur, mais rend parfaitement compte de l'horreur de la situation, et de la bravoure (ou de la lâcheté) de certains acteurs.

Si vous pensez que La Part des flammes n'est qu'un simple roman historique à tendance tragique, détrompez-vous. A travers ses héroïnes, Gaëlle Nohant nous raconte les destins de femmes généreuses, humaines, qui oeuvrent pour le bien commun, qui s'affranchissent de leur condition, cela grâce à une amitié et une histoire d'amour peu banales. un côté romanesque qui a su me surprendre et m'émouvoir.
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Paris, mai 1897. La comtesse Violaine de Raezal propose son aide au Bazar de la Grande Charité afin d'être acceptée par les grandes dames de la noblesse parisienne maintenant que son mari n'est plus là pour assurer sa protection. Pendant ce temps, la jeune Constance d'Estingel, qui a grandi au couvent et qui semble promise à un mariage heureux avec Laszlo de Nérac, renonce brutalement à ce mariage plébiscité par sa famille. Mais alors que le destin de chacun semble sur le point de se jouer, le violent incendie du Bazar va tout remettre en question… L'incendie va révéler à chacun sa vraie nature et faire tomber les masques.



La part des flammes

Coup de coeur pour ce magnifique roman historique qui met en lumière un événement tragique que je ne connaissais pas du tout. le bandeau qui le décrivait comme « Downton Abbey à Paris » n'a évidemment pas été pour rien dans cet achat… Et il faut reconnaître qu'il y a quelque chose qui rappelle la série dans l'évocation de ce drame qui aplanit toutes les distinctions sociales. On découvre au premier abord un univers très codifié, aux instincts féroces qui se déploient derrière des apparences d'urbanité ; des tigresses parées de rubans, l'hypocrisie et l'ambition dissimulées sous des tissus précieux. Jusqu'au drame atroce, relaté avec un réalisme à la limite du supportable Et pourtant, le récit ne perd jamais rien de son élégance. C'est surtout l'écriture d'une grande beauté qui m'a époustouflée.

Les personnages sont charismatiques : Violaine de Raezal est à la fois touchante et agréable. On éprouve d'emblée de l'empathie pour elle, sachant qu'elle cache un secret qui l'a non seulement profondément blessée mais également mise au ban de la « bonne » société. Laszlo de Nérac quant à lui est le type même du héros romantique loyal, une sorte de Mr Darcy parisien. Enfin, Constance est une jeune femme idéaliste qui n'entend pas sacrifier sa vie pour satisfaire le snobisme de sa mère. le lecteur rencontre des personnages de fiction bien sûr mais aussi des personnages historiques (la duchesse d'Alençon, soeur de Sissi), des aristocrates comme des roturiers, découvrant une noblesse d'esprit qui ignore les classes sociales au même titre que la mesquinerie et le culte des apparences...

On déambule dans les rues de Paris en ce siècle finissant qui n'est pas sans rappeler celui d'Au Bonheur des dames, au coeur de l'effervescence d'une cité en pleine mutation. On côtoie des aliénistes qui continuent à faire des ravages parmi les patients en les soumettant à des traitements inhumains, même si la grande époque des démonstrations publiques d'hystérie est passée.

Bref, cinq cents pages lues en un clin d'oeil qui me réconcilient avec la littérature française contemporaine…
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L'histoire va tourner autour de l'incendie du Bazar de la Charité de mai 1897, et de quelle façon cet incendie va changer le destin de deux femmes, principalement. Violaine de Raezal et Constance d'Estingel. La première vient de perdre son mari et cherche à tout prix à se faire une bonne place dans la société, quand la deuxième est manipulée soit par sa mère qui veut à tout prix la marié, soit pas la directrice de son école qui veut en faire une religieuse. Violaine et Constance vont se retrouver dans l'incendie et leur vie va prendre une tournure inattendue.

Si j'ai eu du mal avec la mentalité de Violaine au début, qui voulait aider la duchesse d'Alençon que pour avoir une place dans le Bazar de la Charité, et par la même dans la bonne société, qui voulait seulement se faire bien voir auprès des autres femmes de la bonne société, son évolution m'a énormément plu. Elle change totalement après l'incendie, elle s'intéresse moins à sa réputation et plus à sa propre vie. À elle-même, et à ce qu'elle désire elle. Aidé par Mary, une amie de Sophie d'Alençon, et par la tante de celle-ci, elle va pouvoir vivre selon ses propres désirs.
Constance, elle, va être très touchée par l'incendie, subir un grand stress et choc psychologique, et son entourage ne va pas vraiment l'aider. J'ai détesté ce qu'on lui faisait subir, que ce soit sa mère ou la religieuse de son école. Chacun veut lui faire vivre une vie, sans se préoccuper de ce que Constance désirerait elle.
Le livre dépeint la difficulté d'être une femme à cette époque, comment la beauté est la seule chose qui compte pour une femme, comment leur vie dépend des hommes, comment, aussi, on se débarrasse d'elles dans les asiles facilement, si elles ne conviennent pas à ce que les hommes veulent d'elles. Hop elles étaient étiquetés hystériques, très facilement.

C'était une histoire assez difficile, tout le passage de l'incendie est dur, mais ce qu'il se passe après, l'est aussi. L'écriture de l'autrice est très prenante, ce que j'ai aimé c'est qu'elle utilisait beaucoup le vocabulaire du feu, de l'incendie, bien avant que celui-ci se déploie sur le Bazar de la Charité. Ce qui est très bien pensé.

Il y a beaucoup de personnages, tous bien travaillés, tous avec une personnalité, certains sont horripilants, il y en a d'autres qu'on apprends à mieux connaître et sans les aimer, à mieux les comprendre. J'ai adoré Violaine, Mary, Constance, mais aussi certains hommes comme Joseph ou Lazlo. L'histoire est romancé, les personnages sont fictifs, à part la duchesse d'Alençon et son époux. Et pourtant, on s'y croirait, dans ce paris de 1897, dans cette période difficile après l'incendie du Bazar de la Charité, on croirait à l'existence de ces personnages tant ils sont bien travaillés, et la lecture est délicieuse.

En bref, c'était une très bonne lecture, j'ai passé un très bon moment avec ce livre, je l'ai lu sans le voir passer tant il était prenant.
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Comment faites-vous votre choix arrivé en librairie ? Pour ma part, tout dépend de mon humeur. J'ai autant de routines pour acheter mes livres que d'états d'âme.
Cette fois-ci, j'ai été attiré par le macaron de la sélection du prix des lecteurs 2016. Et j'ai franchement bien fait de me fier à cette sélection.

D'après Le Figaro, La part des flammes peut être comparé à « Downton abbey à Paris ». Cette série TV est sur la longue liste des séries que j'aimerais voir, mais pour l'instant je n'ai vu qu'un seul épisode. Cette comparaison n'avait donc rien d'attirant pour moi, et je peux déjà voir les nombreuses différences entre les deux.

La part des flammes est surement le roman qui va marqué mon année 2016. C'est le genre de roman qui laisse un souvenir impérissable.

Gaëlle Nohant revient sur une tragédie de la fin du XIXe siècle, dont j'ignorais tout avant de lire ce livre.
L'incendie du Bazar de la charité, qui a fait 126 victimes, a décimé une grande partie des femmes de la noblesse. Cet évènement marque les esprits de chacun, car c'est une catégorie de personne qui se croyait intouchable.

D'ailleurs dans la première partie du roman, l'auteure met en évidence que seules les classes les plus pauvres sont touchées par la maladie et notamment par la tuberculose qui ravage des quartiers entiers de Paris. Ces gens n'ayant pas les moyens de payer les soins nécessaires pour se soigner, cela permet à la maladie de se propager. Si un membre d'une famille vient à tomber malade, c'est toute la famille qui est condamnée à brève échéance.

Gaëlle Nohant critique une partie de la noblesse qui fait acte de charité uniquement pour être plus populaire, être bien vue dans la société. Malheureusement à l'époque et encore maintenant, tout est une question d'apparence et lorsque certaines femmes sont défigurées à jamais, elles tombent de leur piédestal.

Cet événement qui intervient à la moitié du roman prend le contre-pied de la thèse précédemment évoquée. Faire acte de charité ne suffit pas à rester indemne et en sécurité. le malheur touche indifféremment les gens pauvres comme riches.

Cette tragédie romancée par Gaëlle Nohant retrace la vie trois femmes. Violaine de Raezal, veuve depuis peu, cherche la protection de la noblesse pour réussir à survivre dans ce monde qui ne que peut à faire des femmes célibataires et touchées par le scandale.
Constance d'Estingel, jeune fille pieuse sortant à peine du couvent, est jetée dans les bras d'un aristocrate sans qu'elle ait son mot à dire face au choix de sa famille.
Et Sophie d'Alençon, la plus célèbre victime de l'incendie du Bazar de la charité, est la femme la plus influente et vertueuse de son temps qui prend sous son aile Violaine et Constance.

Ses trois femmes sont prisonnières de leur époque et des conventions qui musellent les femmes et les cantonnent à un rôle : celui d'être une jolie poupée dépendante de la gent masculine. Gaëlle Nohant critique la société patriarcale qui soumet la femme à son bon vouloir. le feu du Bazar de la charité va jouer un grand rôle dans leur émancipation des hommes.

L'auteure manie à la perfection le mélange de fiction et de faits historiques. Un roman que je recommande chaudement à tous les amoureux d'Histoire.
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Paris mai 1897, la Comtesse Violaine de Raezal, jeune veuve veut trouver une place dans le plus grand bazar de Charité qui aura lieu rue Jean-Goujeon durant trois jours. C'est l'endroit où la noblesse aime être vue, il faut absolument en être.

Elle rencontrera la Duchesse Sophie d'Alençon qui n'est autre que la plus jeune soeur de Sissi l'impératrice d'Autriche lors de ses visites dans un sanatorium et sera engagée pour le comptoir n°4.
Elle y rencontrera Constance d'Estingel qui vient de rompre la promesse de mariage avec son fiancé le jeune et fougueux écrivain, journaliste Lazlo de Nérac. En effet, troublée par cette promesse d'amour et de liberté, sous le poids de l'éducation religieuse, elle rompra et se consacrera aux autres, devenir dame patronnesse pour le salut de son âme.

Ces trois femmes vont sceller à jamais leur destin le 4 mai 1897. Il y a une foule énorme cet après-midi car le nonce apostolique doit venir et l'essentiel est d'être là, d'être vu. le hangar est étroit.

Un appareil cinématographe, nouveauté de l'époque est en démonstration. il est alimenté par de l'éther, matière dangereusement inflammable et le drame arrive. En quelques secondes le bazar est la proie des flammes, c'est horrible, la panique, tout s'embrase. La plume de Gaëlle Nohant est très forte, on a l'impression d'être prisonnier de ce brasier, de ressentir la chaleur, les odeurs, la panique, tout cela semble réel.

Lazlo sera dépêché sur place pour y couvrir l'événement pour la presse. Il est hanté par Constance qu'il sait à l'intérieur.


Ensuite toujours l'horreur, les victimes, les corps carbonisés à reconnaître, les grands-brûlés recueillis entre autres par Madame du Rancy, les actes de bravoures dont en particulier ceux de Joseph, le chauffeur de la Duchesse d'Alençon.

C'est un récit historique extrêmement bien documenté auquel des personnages fictifs ont été ajoutés. J'ai vraiment eu le sentiment de vivre les événements en direct.

La condition de la femme fin dix-neuvième est un élément central du roman. C'est incroyable de voir comme elle appartenait à son mari qui décidait tout pour elle. Si elle n'avait pas la même vision des choses que celui-ci , ou au moindre écart de conduite, on ne faisait pas dans la dentelle et pour un oui, pour un non on l'internait estimant qu'elle souffrait d'hystérie. Elle était alors livrée, abandonnée corps et âme au médecin, ben oui c'était ça le début de la psychiatrie.

La place de la religion est importante. le désir de rédemption qui est la finalité absolue passe par le don de soi et l'aide aux pauvres et aux malades.

La place de l'honneur et de ses codes est également mise en avant, c'était le temps des duels.

La plume est élégante, fluide et précise. Quelle minutie et multiples détails et précisions, le récit est magnifiquement documenté. Un récit qui dépeint la société où la place de la femme est réduite à être la possession de son mari, sa chose. Sa seule issue, sa rédemption se trouve dans le don de soi pour les autres. Magnifique, sublime, flamboyant.

Ma note : 9.5/10 c'est le livre qui a été retenu pour le mois de mai par le jury des lecteurs.
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Superbe

Partant d'un événement tragique réel, l'incendie du bazar de la charité, Gaëlle Nohant nous dresse le portrait d'une époque de faux semblants. Elle nous offre aussi le destin de trois femmes fortes et magnifiques.

La plume de l'autrice et la voix de la lectrice, Françoise Cadol, nous portent dans le passé, vers ces salons feutrés où l'apparence et les convenances sont reines. Nombre de personnages sont haïssables, imbus d'eux-mêmes et de l'importance qu'ils se donnent.
Mais Violaine de Raezal, Sophie d'Alençon et Constance d'Estingel nous séduisent par leur gentillesse et leur bonté. Nous les suivons avec bonheur et nombre de frissons dans leurs histoires.

Le ton est juste, le rythme soutenu, l'intrigue très bien construite. Ce roman a été un régal à écouter.
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Un roman passionnant !
Une jeune comtesse, une duchesse et une jeune fille de la fine fleur de la noblesse se retrouvent toutes les trois au même comptoir du Bazar de la Charité. Un incendie fait rage, tout est détruit, des centaines de victimes. le destin de ces femmes est bouleversé par ce drame.
Nous sommes plongés dans la noblesse du XIXe siècle avec des intrigues, de l'amour, des jalousies, des personnalités très différentes. Une noblesse tout à la fois lumineuse, celle qui est dans l'apparence et qui a sa part obscure qu'on découvre petit à petit. Tout se révèle petit à petit.
C'est un roman qu'on lit avec plaisir, le lecteur s'attache aux personnages, détestent ceux qui doivent l'être, un petit côté manichéen mais quand on gratte un peu chacun a ses fautes à expier. Et puis ce fait divers qui est mis en lumière qu'on découvre, une histoire vraie qui ne gâche rien à la fiction.
Ce qui est très réussi c'est l'ambiance, on se retrouve dans ce Paris, autant dans les grands hôtels particuliers que sous les toits de Paris, c'est vraiment un voyage dans le temps. Un peu d'histoire, beaucoup de passion c'est vraiment le roman pour ceux qui aiment les romans qui d'habitude se passent en Angleterre, un petit côté suranné qui pour une fois se passe en France.
Un roman qui se dévore ! J'ai adoré !

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Malgré un début un peu décevant à mon goût, avec des personnages un peu caricaturaux (des riches jeunes femmes belles et rebelles), le style d'écriture un peu « lourd » à lire, la page 100 avec l'incendie marque un tournant dans le livre dans le meilleur sens du terme.
Les défauts du début ont disparu à mes yeux, happée que j'étais par l'histoire. Les âmes sensibles pourront avoir du mal avec la lecture des pages relatives à l'incendie et des jours qui ont suivis avec tout ce qu'ils impliquent en indentification de corps et autres joyeusetés… J'ai dû à plusieurs reprises fermer le livre quelques instants et respirer un bon coup.
Pas de concessions de l'auteur, tout est décrit en termes crus et sans détours que ce soit les lâchetés et les actes de bravoures, les morts, les larmes et le deuil.
Mais la vraie force de ce roman c'est qu'au-delà de ce fait divers tragique et ses répercussions sur les personnages, plein d'autres thèmes sont abordés.

Tout d'abord de façon assez binaire la différence de vie entre les riches et les pauvres. Cela s'exprime notamment dans les soins apportés aux plus pauvres dans cette société de la toute fin du 19ème siècle. Pas de sécurité sociale donc si vous êtes pauvre et malade, vous devez travailler tant que vous pouvez tenir le coup ce qui fait que les soins proposés relèvent plus de soins palliatifs (avec le cas précis de la tuberculose). Si vous êtes soigné dans un hôpital et que vous étiez celui qui ramenait l'argent à la maison, se pose alors le problème de savoir qui fait vivre votre famille pendant que vous vous reposez.
Les soins aux pauvres étaient l'apanage des bonnes soeurs avec le patronage de riches dames de la « bonne société ». Cependant on pourrait dire que mise à part quelques exceptions, pour ces dames il s'agissait plus d'une occupation mondaine, un moyen de se faire voir qu'une véritable activité philanthropique.
La société de cette époque est également très bien dépeinte lorsqu'il s'agit de traiter de la vie des femmes.
On les souhaite épouses bonnes et vertueuses mais cela n'empêche pas les maris de ces braves dames à entretenir des maîtresses (avec les maladies vénériennes en embuscade) ou à faire enfermer dans des asiles leurs épouses ou filles pour briser toutes velléités d'indépendance chez elles.
Et ce qui m'a également vraiment intéressé c'est la façon dont sont décrits les soins « psychiatriques » apportés aux fous et notamment aux femmes hystériques de cette époque.
L'usage de l'internement d'office était sans recours pour les enfermés, vous pouviez être interné à vie sans espoir d'un droit de regard d'un juge ou d'un médecin impartial.
Les soins ne consistent pas en tant que tel à soigner les femmes hystériques mais plutôt à les briser, les mater comme on le ferait d'un étalon sauvage.
Ce roman développe ainsi un véritable aspect féministe en ce qu'il nous décrit des femmes qui malgré leurs contraintes et leurs chaînes tentent chacune de s'émanciper.
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Dans ce puissant roman, Gaëlle Nohant nous plonge dans la journée du 4 mai 1897 à Paris. Comme chaque année, une grande vente est organisée pour les nécessiteux au Bazar de la Charité, rue Jean Goujon (8e arrondissement). Comme d'habitude, les dames de l'aristocratie et de la haute bourgeoisie s'y pressent pour acheter ou pour y être vendeuse. Cette participation est recherchée autant pour la bonne oeuvre que pour le côté prestigieux (une dame de la haute doit se montrer charitable…). C'est la seconde journée, la plus importante car le nonce apostolique y fait sa bénédiction et Sophie-Charlotte, la duchesse d'Alençon, soeur de l'impératrice Sissi, est présente.

Le décor est somptueux et la foule est venue en masse (près de 1200 personnes présentes) quand soudain, vers 16h30, un incendie éclate. En moins de dix minutes, le Bazar est entièrement dévoré par les flammes, l'incendie étant alimenté par la toile goudronnée, les boiseries et les tentures. de nombreuses portes condamnées et la panique engendrée alourdissent le nombre de victimes. Au total, près de 126 personnes décèdent dans l'incendie (dont la duchesse d'Alençon), sans compter les victimes tardives et « collatérales » et les nombreux blessés, brulés souvent sur de grandes parties du corps.

Si cette histoire est de nos jours peu connue, elle a eu pourtant un effet retentissant à l'époque, engendrant des polémiques aussi bien sur les débuts du cinéma – l'incendie a éclaté en raison de la combustion de vapeur d'éther qui servait à alimenter la lampe du projecteur du cinématographe présent dans le Bazar – que sur le faible nombre de victimes masculines : 6 hommes contre 118 femmes. Si les vêtements imposants des femmes et l'abondance de broderies et voiles ont été un handicap majeur pour leur survie, des récits accablants sur des hommes n'hésitant pas à marcher sur les femmes et à les frapper avec leurs cannes pour sortir ont été vite publiés dans les journaux.

C'est dans ce contexte extraordinaire et terrible que Gaëlle Nohant y plonge ses personnages. Nous avons Violaine de Raezal, une veuve détestée par ses beaux-enfants et qui tente de maintenir son rang dans ce monde hostile. Par chance, elle trouve en Mary Holgart une américaine délaissée par son mari une amitié. Constance d'Estingel, vendeuse au Bazar, repousse contre l'avis de ses parents la demande en mariage de Lazlo. Celui-ci, qui devient journaliste au moment de l'incendie, tente par tous les moyens de retrouver la femme qu'il aime. Nous découvrons aussi Joseph, le cocher du duc d'Alençon, au rôle admirable pendant l'incendie.

Si leurs destinées nous tiennent en haleine dans ce roman, la grande force de Gaëlle Nohant est d'avoir su brosser un portrait d'une société très hiérarchisée, codifiée, celle des aristocrates et des bourgeois face aux « petites gens ». Ironie du sort, ce monde est en train de s'écrouler progressivement et l'incendie arrive comme pour sonner le glas de cette société. Bien évidemment, la question de la condition de la femme est omniprésente. Leur sort n'est visiblement pas plus enviable dans le beau monde : nous avons affaire à travers les personnages du roman à des femmes entravées, méprisées, oubliées.

Une très belle fresque romanesque, très bien documentée et écrite, qui me rappelle un peu les romans de Zola pour le côté profondément social.
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Flamboyant.
La part des flammes est le récit de l'incendie du bazar de la Charité le 4 mai 1897. Toutes les femmes riches se battaient pour tenir un stand lors de cette vente de charité et il y eut de nombreuses victimes féminines, ce qui toucha profondément la France.
Ce roman est le parcours de 3 femmes qui ne se connaissaient pas avant d'être réunies à un stand du bazar.
J'ai beaucoup aimé ce livre car il explique comment chacune de ces femmes parvient à surmonter son mal être existentiel, chacune à sa manière.
Il parle aussi de la dépression et de la manière dont les "folles" étaient traitées, internees de manière abusive par leur mari ou leur père, et ceci à l'aube même du XX ème siecle. ..
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