Les derniers jours du printemps

Décidément en ce moment Hana Collection publie pas mal de premières oeuvres et celles-ci ont des scénarii qui savent m'attirer comme une abeille avec du miel, mais je ne suis pas sûre de prendre le même plaisir qu'elle ensuite.

Publié au Japon dans un magazine que je ne pensais pas connaître : le ihr HertZ, j'ai découvert en fait que c'était le lieu de prépublication de bien des titres que j'ai beaucoup aimé comme Bitter Drop, le carnet de notes d'Endô, le goût du melon, Tokyo en avril ou Old Fashion Cupcake. Malheureusement je ne peux pas dire que cette lecture était dans cette lignée.

Première oeuvre de Guri Nojiro, j'y ai trouvé bien des maladresses. La proposition de l'autrice autour de cette romance de bureau entre le nouveau venu Amakawa et le plus expérimenté Nakahara, est remplie de petits détails qui ne fonctionnent pas. Alors que pourtant les bonnes intentions sont là, avec cette romance qui appelle à oser être soi-même, quitte à aller contre ses préjugés et le déguisement qu'on s'est créé depuis longtemps.

Malheureusement la mise en pratique est moins réussie. L'autrice nous propose un Nakahara au visage ravageur dans un premier temps, sûr de lui, joueur, taquin, qui ne connaît pas les limites pour approcher les gens, mais au fil des pages, très vite en fait, elle lui fait faire un 180° absolument pas crédible. de la même façon, la façon dont elle fait entrer en relation ce dernier avec Amakawa est plutôt pas mal, mais encore une fois, elle accélère brusquement et fait basculer les choses entre eux sans prévenir, osant même parler de sentiments du jour au lendemain pour eux, sans qu'aucune interaction ne viennent appuyer cela. Pardon mais ça ne fonctionne pas.

La suite de la romance est assez classique. Ils couchent ensemble, hésitent à prendre ça au sérieux, prennent leurs distances, trouvent difficile de reprendre contact, finissent par le faire via une connaissance commune et s'ouvrent l'un à l'autre non sans maladresse. Ce n'est pas désagréable mais c'est un peu hors sol vu le début, on a l'impression qu'il manque tout un bout du développement de l'histoire. Et puis surtout, j'avoue que les scènes de sexe ne m'ont pas du tout envoyé du rêve, ce cliché du type fort et fier, qui devient soumis et timide, tandis que le timide prend confiance en lui. Bof bof !

La seule chose qui m'a plu au final, c'est les petites interstices de vie entre les moments où ils se voient, où on assiste à la belle amitié masculine entre Nakahara et le manager de la boîte, ou la relation de bon voisinage d'Haru avec sa jeune voisine. Cela peut sembler anecdotique, mais c'est le genre de petites choses qui font la différence à mes yeux. Ce serait bien que l'autrice si appuie plus à l'avenir. Autant développer la psychologie de ses personnages plutôt que de proposer des scènes de sexe à rallonge sans grand intérêt.

Première oeuvre avec quelques petites bonnes intentions malheureusement noyées sous une avalanche de clichés et une narration avec trop de trous dans la raquette. Ne pas développer la psychologie et les relations des personnages pour aller direct aux scènes de sexe est une erreur ici. J'espère que ses prochaines oeuvres seront plus fines.