Il y a des cas où l'on devrait interdire les quatrièmes de couverture - ou, plus précisément, ceux qui les rédigent. D'abord et avant tout parce que l'on se demande s'ils ont lu le livre avant de rédiger leur texte . Ensuite parce qu'il y en a un bon nombre, parmi eux, qui mentent pire que tous les arracheurs de dents de la terre réunis - et j'exagère à peine. (Seul regret : on ne peut pas les mordre. )
En vérité, "
Violation" démarre bien, si j'ose dire, avec le flash d'une jeune femme, Thea (de son vrai prénom Althea) sur l'un de ses cauchemards récurrents : un violeur qui veut lui écraser le tête avec une pierre . Ensuite, on passe sur son propriétaire, un ancien flic, Jack Dont-J'Ai-Déjà-Oublié-Le-Nom, chez qui vient souvent se réfugier et surtout bavarder le fils de Théa, David, un adolescent intelligent certes mais encore inexpérimenté, et qui a cette manie, à la fois regrettable et plaisante pour tous ceux qui en souffrent, de se poser des questions existentielles pratiquement sur tout - et toujours au mauvais moment.
Et voilà que David raconte à son ami Jack que sa mère lui a menti, que son père, en fait, n'est pas mort, qu'il est quelque part dans la nature et que, évidemment, il est bouleversé d'avoir appris la chose de quelqu'un d'autre que sa mère. En bon flic, à la retraite ou pas, Jack, qui est assez bougon, lui demande cependant s'il a des preuves de ce qu'il avance. Oui et non, lui dit le garçon. Il n'a pas de preuves tangibles. Simplement, l'accident de voiture dans lequel serait mort son père, il n'y en a pas trace sur Internet - enfin, ce genre de preuves. Evidemment, que répond Jack, c'est bien fâcheux, tout ça, mais ça ne prouve pas grand chose. Et, si ça se trouve, Théa n'a menti que pour protéger son fils.
Voilà le point de départ. C'est un peu classique mais bon, le clacissisme a parfois du bon. Là où le lecteur commence à s'interroger, lui aussi, c'est quand il constate le paradoxe suivant :
1) Théa, après toutes les épreuves qu'elle a subies et dont nul ne peut douter, s'est repliée sur elle-même mais, en femme de tête, a réussi à se créer sa petite entreprise "on line" - une entreprise de quoi, je ne sais plus, désolée . le Net, pour elle, c'est un refuge, un nid - un endroit où cette femme, pourtant intelligente (enfin, on le suppose), se sent et se croit vraiment en sécurité. Après son travail, elle se retire donc dans des salons de discussion. Même le sexe, elle ne le connaît plus qu'ainsi ;
2) en bonne mère, Théa a offert un ordinateur à son fils, bien sûr mais alors là, oh ! surprise ! on dirait qu'elle ignore tout du contrôle parental et des conseils de prudence à donner à un enfant, à un adolescent - et même à un adulte un peu naïf. Ou alors, elle s'imagine que son fils est incapable de découvrir, lui aussi, ses propres salons de discussion.
3) enfin, la mère comme le fils sont tous deux persuadés que celui ou celle qui se trouve derrière l'écran de l'ordi et qui échange avec eux est droit comme la Justice et ne leur raconte aucun bobard.
Comme, bien entendu, tous deux tombent sur un Affreux Grand Méchant Loup qui les piste d'ailleurs depuis longtemps - et si vous n'avez pas deviné pourquoi, franchement, c'est que vous êtes le lecteur parfait pour "Violiation" - le résultat de tout ça fait près de 350 pages chez Pocket, 350 pages qu'on lit en se répétant à chaque ligne (ou presque) : "C'est pas possible, un pareil scénario !"
Restons juste cependant : il y a, çà et là, certaines petites trouvailles. Seulement, cette attitude envers le Net, cette mère décrite comme hyper-maniaque dans sa prudence et qui ne semble pas songer un seul instant à tout ce qui, sur la Toile, peut nuire aux innocents de tous âges et, surtout, atteindre avant tout son propre fils, si précieux à ses yeux, c'est, pour moi, une incohérence majeure qui m'a rendu le reste aussi indigeste que peu crédible.
C'est dommage. Mais enfin, si vous voulez juger par vous-même, surtout, n'hésitez pas. :o)