Ce livre acheté au hasard de ma curiosité, alors que je visitais le centre War Photo Gallery de Dubrovnik, m'a fait découvrir l'immense talent de
Peter Northall, documentariste et photographe freelance pour la presse, et qui a couvert le siège de Dubrovnik en 1991.
Durant la guerre d'indépendance de la Croatie, dans le cadre de la déliquescence de la confédération yougoslave et de graves tensions ethniques, la ville de Dubrovnik et ses environs sont attaqués par l'armée populaire yougoslave aidée de forces paramilitaires de volontaires Serbes et Monténégrins. Les combats de Dubrovnik durent d'octobre 1991 à juillet 1992, date du retour au contrôle croate.
Peter Northall photographie le siège de cette ville, bijou architectural de l'Adriatique, avec un choix esthétique radical : raconter les visages des civils, le quotidien martyrisé des habitants autant que la beauté architecturale profanée de Dubrovnik, parce qu'ils sont un tout indissociable. C'est un tout qu'on abîme, qu'on tue, qu'on maltraite, qu'on affame, qu'on ruine, qu'on bombarde, un tout historique, artistique autant qu'humain et quotidien. Visages hébétés sous les toits oranges autrefois si gracieux de la vieille cité, table dressée déserte d'invités, dîners dans les caves, attente anxieuse d'eau potable derrière les volets colorés, les remparts gardés comme une énième répétition de l'histoire, les civières alourdies, les voitures brûlées, l'eau des gouttières récupérée par des enfants. Ces mouchoirs qui essuient les larmes des vieux et des plus jeunes. Ce croate jouant du piano dans un hall d'hôtel pour distraire le malheur épuisé des habitants.
Les superbes photos de
Peter Northall sont d'une humanité renversante et nous disent toute la proximité de ces visages qui pourraient être les nôtres puisque toute guerre est la nôtre.
Lien :
https://tandisquemoiquatrenu..