Non, ne me dites pas " Encore un !", "Encore un
Amélie Nothomb !". Et bien, si ! En fait, il est clair que d'un de ses opus à l'autre, on peut trouver sa production inégale mais à vrai dire, cela m'importe peu.
Il faut dire que je n'ai encore jamais été totalement déçue de passer du temps à la lire. Certes, d'un livre à l'autre, on est plus ou moins exalté, ou bien on entre plus ou moins facilement dans l'univers, qu'elle choisit de nous faire vivre. Mais ce j'aime dans ses écrits, c'est sa capacité quasiment illimitée d'explorer les tréfonds de certaines âmes et à travers elles, les hauts et les bas de celle de l'humanité. J'imagine, un peu bêtement, je l'avoue, qu'on aime ou on déteste son oeuvre. Je ne vois pas de milieu dans cette affaire.
Et je suis convaincue que ce que les uns apprécient tout particulièrement dans sa création est exactement ce que détestent les autres.
Ce roman-journal ne déroge pas à la règle à mon sens. Dès les premières lignes, le lecteur est plongé dans l'esprit, l'âme et les (non) émotions d'un banal coursier congédié, devenu ensuite tueur à gages. On suit alors son parcours de la non-sensation à l'émotion suprême et ultime. Mais je ne vais pas en dire plus car le personnage et le lecteur doivent s'apprivoiser et faire un long chemin ensemble avant que ce dernier ne puisse comprendre pourquoi il est question d'hirondelle dans le titre. J'ajouterai juste qu'
Amélie Nothomb me fascine car elle parvient à décortiquer, analyser et rendre de manière intime ce qui trotte dans le coeur et le cerveau d'êtres mis au ban de la société. Et du coup, elle brise avec élégance et tact des tabous et ainsi confère une réelle humanité à ceux qu'on qualifierait volontiers de monstres. Et finalement, le lecteur, comme souvent chez
Amélie Nothomb, sort de cette aventure intime un peu groggy, plutôt mal à l'aise et tout de même - contre toute attente- heureux d'avoir vécu un moment unique par procuration.