Amélie Nothomb a sorti son dernier et 29ème roman le 19 août 2020 dernier. Je l'ai lu la semaine suivante. Impossible d'écrire une critique. J'ai eu besoin de digérer, d'y réfléchir. Et me voilà un mois après.
D'abord, que sont «
les aérostats? Ce sont ces ballons dirigeables que l'on voit dans le ciel appelés aussi « zeppelins » (à ne pas confondre avec le groupe musical) mais pas uniquement. Tout appareil dont la sustentation dans l'air est obtenue par l'emploi d'un gaz plus léger que l'air est un aérostat. Pie, l'un des personnages principaux du roman, les affectionne tout particulièrement.
« La quasi-disparition de ceux-ci le laissait inconsolable ».
p.70
De quoi nous parle ce roman?
La 4ème de couverture comme toujours pour l'édition broché chez Albin Michel garde le mystère avec en place d'un résumé une citation:
« La jeunesse est un talent, il faut des années pour l'acquérir. »
Citation que l'on retrouve presque à l'identique à la fin du roman, page 175. Et une
Amélie Nothomb en couverture ne nous en dit guère davantage.
L'histoire:
Il s'agit de redonner le goût de la lecture à un adolescent. Grégoire Rousseau, père de Pie, 16 ans, dyslexique, décide d'engager une étudiante en philologie, Ange, à un tarif très généreux pour aider son fils.
« Nous vivions une époque ridicule où imposer à un jeune de lire un roman en entier était vu comme contraire aux droits de l'homme. Je n'avais que trois ans de plus que Pie. Pourquoi avais-je échappé au naufrage ? »
p.44
https://wordpress.com/block-editor/post/blogapostrophe.wordpress.com/2180 (citations en couleur)
Mais très vite, Ange, qui souffre déjà de solitude à l'université et d'une cohabitation épuisante avec une colocataire assez spéciale, Donate, qui lui impose pas mal de règles abusives, va découvrir que le père de son élève est un pervers.
« [...]le moindre bruit réveillait Donate. J'avais des consignes strictes: fermer les portes avec des précautions infinies, ne pas cuisiner, ni tirer la chasse d'eau, ni prendre une douche après vingt et une heures. Même en les respectant scrupuleusement j'avais droit à des sermons. »
Grégoire Rousseau les épie pendant les leçons. Et la mère est carrément transparente. Mais prise de sympathie pour son élève, Ange va poursuivre les leçons et réussir à lui donner le goût de la lecture. Pie va s'éprendre de son professeur évidemment. En parallèle, un de ses professeurs à l'université, Dominique, va lui faire une déclaration. Ange va être prise dans un triangle amoureux. La différence d'âge occupe une place prépondérante dans le roman ainsi que la place de la littérature et de l'amour. Les âmes sont torturées. Amour et démons.
Honnêtement, je n'ai pas été captivée. L'écriture est soignée, fidèle au style de l'auteur. L'éventail des personnages fonctionne bien: l'élève révolté, la jeune étudiante, le vieux professeur amoureux, la colocataire invivable, le riche père tyrannique et pervers, la mère transparente et naïve… mais cela manque de surprises. On ou du moins, j'ai senti le drame poindre. Après, cela se lit facilement et c'est tout de même entraînant mais il manque quelque chose. ce n'est pas assez travaillé à mon goût. Un peu plus de profondeur à cette histoire qui était prometteuse.
« le premier quart d'heure, je crus périr d'ennui. le deuxième, je le souhaitai. »
p.75
Et Amélie a évoqué la dyslexie de Pie, c'est intéressant de parler de ce trouble mais cela l'aurait été davantage de faire des recherches dessus et justement que ce soit plus crédible. Il a des difficultés à lire et dévore l'Iliade d'
Homère en un jour (600 pages!!) dès les premiers cours. Il met ensuite 4 jours à lire l'Odyssée mais seulement parce qu'il n'apprécie pas le point de vue. J'accepte d'imaginer que c'est une très légère dyslexie mais quand même… C'est pas crédible du tout pour ceux qui connaissent le sujet.
Où?
Cela se déroule à Bruxelles dans al ville même où Amélie a fait ses études. Ange et Amélie sont une même personne. Amélie a également souffert de solitude à l'université dans cette ville de tous les possibles. Elle se raconte à travers ce roman, sa jeunesse, ses amours et ses manques.
Le fameux mot « pneu » qu'elle glisse dans chacun de ses romans se situe page 152:
« – des crevés? Comme des pneus crevés? »
Sur France Inter, ils ont fait un parallèle entre «
Les aérostats » et «
le diable au corps » de
Raymond Radiguet qui relate l'histoire d'un garçon de seize ans qui couche avec une jeune fille de dix-neuf ans, même âge que Pie & Ange respectivement. Page 107, Pie évoque ce roman qu'il a lu de sa propre initiative à Ange pour faire justement le parallèle avec leur situation et lui parler de ses sentiments. le roman pose la question de transgresser les règles dans certaines situations et de l'amour qui est aveugle à la différence d'âge.
« Couchée sur le lit, j'imaginais que j'étais un tramway, moins pour me nommer désir que pour ignorer ma destination. J'aimais ne pas savoir où j'allais. »
Pour conclure, un roman intéressant mais pas incroyable. A vous de vous faire votre propre opinion.
Lien :
https://blogapostrophe.wordp..