La saga
Amélie Nothomb, épisode cinq.
Cette fois, Amélie se met en scène et tente le dialogue philosophique de science fiction.
Une auteure connue de la fin du XXème, A.N., se réveille un beau matin de 2580. Soit juste 2501 ans après l'éruption du Vésuve qui englouti la cité de Pompéi, figeant pour l'éternité cette ville romaine. le plus beau des fossiles.
Sauf que cette catastrophe a été tout simplement pensée et exécuté 2500 ans plus tard.
Partir d'un tel constat obligerait tout écrivain à marcher sur des oeufs. Mais A.N. est unique. A commencer par le paradoxe du voyage dans le temps (si je remonte dans le passé et tue mon père, je n'existe plus) que miss Nothomb résout en lorgnant vers la physique quantique.
« Entre ce qui a eu lieu et ce qui n'a pas eu lieu, il n'y a pas plus de différence qu'entre moins zéro et plus zéro ».
L'expérience du Chat de
Schrödinger pour les nuls. Bravo !
Mais tout ceci n'est que littérature et
Péplum n'est pas un livre signé
Stephen Hawking, rassurez-vous lecteurs allergiques aux concepts les plus théoriques de la physique et des mathématiques.
Commence alors un long dialogue, puisqu'il prend l'intégralité du roman, excepté les 3 premières pages (le mobile) et la dernière (le retour à la normale, presque).
Nothomb est une championne dans l'exercice du dialogue, de la conversation à bâtons rompus : une journaliste et un écrivain misanthrope (
hygiène de l'assassin), trois universitaires en manque de bois de chauffage (
les combustibles), un enseignant à la retraite et son voisin muet (
les catilinaires) – d'autres suivront, mais jamais plus elle n'atteindra les sommets de cet échange de mots comme autant de balles de ping-pong qu'est
Péplum. Elle le confesse elle-même par le biais de son personnage propulsé au XXVIème siècle (je raconte des histoires, je suis une spécialiste du dialogue).
Une fois encore, on retrouve ce rapport à la beauté et à la laideur (dans le futur, ne jouiront des privilèges que celles et ceux qui auront un fort quotient intellectuel et une plastique parfaite – A.N. se rangeant d'emblée dans les sans-grade de la laideur, moi je n'ai rien dit !).
En revanche, il ne sera, ici, pas question du rapport au corps si présent dans les premiers romans, mais une réflexion sur la pérennité et la responsabilité humaine.
Si le texte met un peu de temps à prendre sa vitesse de croisière (les 50 premières pages ne sont qu'un bavardage de pure rhétorique), on se prend vite au jeu et on regrette seulement qu'elle n'aborde pas les précieux sujets de l'art, de la culture, de l'âme humaine, de l'intemporalité...
Enfin, je ne sais pas vous, mais j'ai retrouvé au fil des pages, l'excitation de nos nuits de jeunesse à refaire le monde. A chacun son Pompéi.