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3,68

sur 565 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est un camion qui l'emmènera sur les routes tortueuses d'une jungle épaisse. C‘est dans un camp qu'on la retiendra prisonnière, sur le sol boueux d'un enfer qu'elle ne soupçonne pas. Comme 275 autres de ses camarades soumises à la folie des hommes.

Boko Haram, souvenir brûlant d'une actualité terrible, est resté dans les mémoires pour un de ses actes odieux le plus retentissant : l'enlèvement de 276 lycéennes âgées de 12 à 16 ans, dans la nuit du 14 au 15 avril 2014. Avec l'horreur comme mot d'ordre, ce mouvement sectaire d'obédience islamiste enchaînera durant des mois les exactions d'une violence extrême : rapts, massacres ou viols terrorisent les habitants du Nigéria ou du Mali, dont ils font leurs victimes. Dans une volonté djihadiste d'instaurer l'État islamique d'Afrique de l'Ouest, ce groupuscule mortifère signifie « l'éducation occidentale est un péché ». Les établissements scolaires qui n'appliquent pas la charia font donc partie de leurs cibles favorites. C'est celui de Chibok qui créera un émoi international, rassemblé sous la bannière #Bringbackourgirls, « Rendez-nous nos filles ».
Cinq plus tard, alors qu'une centaine d'entre elles sont toujours portées disparues, c'est la célèbre autrice irlandaise Edna O'Brien qui s'empare du sujet, enquêtant sur place pour récolter des témoignages directs et disséquer le calvaire de ces jeunes filles. "Girl" est l'une d'entre elles, personnifiée par le personnage de Maryam.
« Des hommes s'affairaient, la racaille en treillis, des armes partout, des couteaux à la ceinture et leurs braguettes ouvertes. »
De son supplice, rien ne nous sera épargné : violée, violentée, exploitée, "Girl" supporte son corps brisé et son ventre arrondi par les méfaits de ses tortionnaires. Son bébé sera sa boussole de l'espoir, celle qui lui indiquera le chemin vers la liberté. Mais Maryam, adolescente martyrisée, ne connaît pas encore les intégrismes familiaux qui régissent les traditions de son village. Girl est le roman de toutes les oppressions des femmes.
« J'étais une fille autrefois, c'est fini. Je pue. Couverte de croûtes de sang, mon pagne en lambeaux. Mes entrailles, un bourbier. »
Un roman coup de poing, au rythme haletant, tout aussi terrible que splendide, qu'on lit le souffle coupé.
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Dans un cri halluciné, une jeune nigériane raconte son calvaire et celui de ses camarades enlevées dans leur classe par le groupe armé djihâdiste réputé être le plus féroce du monde. Des jeunes filles qui pour les quelques survivantes qui échappent à leurs bourreaux sont confrontées à leur retour au village à l'opprobre des leurs.

À presque quatre-vingt-dix ans, parce qu'elle est allée enquêter sur place, au Nigéria, Edna O'Brien réussit à traduire la souffrance assourdissante de très jeunes femmes, victimes d'un combat qui bien sûr les dépasse, mais aussi de traditions qui veulent qu'une fille violée est une fille souillée indigne d'une quelconque considération.
Même s'il se termine sur une note lumineuse, le roman d'un supplice qu'on pense ne plus jamais pouvoir l'oublier.
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Il faut une empathie extraordinaire pour se glisser dans la peau de ces filles incarcérées par Boko Haram. Edna O'Brien est loin de son Irlande natale et rien, si ce n'est sa curiosité, sa sensibilité et son humanité de grande écrivaine, ne la prédispose à raconter cette histoire de survie. Son récit est glaçant. Dans les camps des djihadistes, le sourire est une invitation au viol et le mariage, même au plus infâme des tortionnaires, peut se révéler salvateur. On suit ses mésaventures avec angoisse et l'impression d'assister à un interminable chute de Charybde en Scylla. Puis viendra le salut, des nomades, des autorités puis des religieuses, qui lui apportent la seule chose dont elle et son bébé ont vitalement besoin : la sécurité. On ressent la pudeur de l'auteure, son humilité devant les vies déviées de ces filles que rien ne préparait à l'horreur. Plus que le martyre des camps, c'est l'épreuve du retour qui est la plus cruelle. le risque, pour O'brien, eut été de juger les faits abominables avec son regard d'européenne. Un écueil qu'elle évite grâce à ses trois ans d'investigation et sa soif de comprendre (si tous les écrivains pouvaient se donner ce mal…). Les référents culturels changent, et nos regards s'en trouvent bouleversés. Quoi, la jeune fille abusée est considérée par sa famille comme souillée ? On la rejette, on la répudie, on songe à tuer son enfant illégitime ? C'est l'intolérable vérité décrite par l'écrivaine. Les exactions des djihadistes surviennent comme une loterie perverse ; bienheureuse celle qui s'en sortira indemne. Si le livre d'O'Brien sonne parfois comme une leçon bien apprise, et qu'il pâtit un peu de son académisme, il n'en reste pas moins un témoignage juste et poignant sur cet épisode sombre de l'histoire du Nigéria.
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Cela faisait très longtemps que j'avais envie de découvrir la plume d'Edna O'Brien.
Je pense que je n'ai pas forcément commencé par son roman le plus facile, car dès la première phrase « Girl » vous prend à la gorge :
« J'étais une fille autrefois, c'est fini. Je pue. Couverte de croutes de sang, mon pagne est en lambeaux. Mes entrailles un bourbier »
Dès le début du livre, le ton est donc donné, car il s'agit clairement d'un roman sans concession, avec un style âpre, dur, qui ne vous laisse pas indemne à l'issue de sa lecture.
Même s'il s'agit d'un roman, Edna O'Brien s'est inspirée de faits réels qui se sont déroulés au Nigeria. En 2014, une centaine de djihadistes de Boko Haram (nom qui signifie « l'éducation occidentale est un péché ») avaient enlevé 276 jeunes filles.
Edna O'Brien va donner la parole à Maryam, qui va être la porte-parole de ces jeunes filles qui ont vécu l'enfer.
J'ai été très touchée par son histoire, et il est impossible d'être indifférente quand on mesure son calvaire qui ne va hélas pas se terminer lorsqu'elle va retrouver sa famille.
Bouleversant.

Challenge Multi-Défis 2022
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Difficile de présenter un livre qui l'a été déjà par de nombreux lecteurs, qui ont utilisé ( et ils ont eu raison ) les mêmes phrases chocs écrites par Edna O'Brien.
- Girl -, c'est, comme son titre ne manque pas de l'indiquer, un mot "emprunté" à la célèbre formule qui a fait le tour du monde et dont Michelle Obama a été l'un des étendards " BRING BACK OUR GIRLS ", en référence à ces plus de 200 malheureuses lycéennes enlevées par les djihadistes de Boko Haram en 2014 au Niger.
Cinq ans après, l'auteure donne la parole à l'une d'entre elles, mais ce une est le porte-voix de toutes les autres, de ces femmes qui, dans une société ultra patriarcale passent du rang "d'otages consenties" à celui " d'otages asservies, endoctrinées, avilies, violées, torturées, humiliées, mutilées, engrossées ou tuées."
Comme disait, je ne sais plus qui (qu'il ou elle m'excuse) " en dessous du lumpenprolétariat - prolétariat en haillons -, il y a les femmes."
Cette histoire nous le montre avec force réalisme, sans pathos, sans auto-apitoiement, d'où une résonance particulière dans le coeur du lecteur, que cette souffrance infligée à des "enfants".
De son enlèvement dans son internat, à son séjour dans le camp djihadiste, jusqu'à sa fuite et à son retour "triomphal" parmi les "siens" avec "Babby", l'enfant de la honte et du déshonneur - attention ! Les héros ne sont plus toujours ce qu'on voudrait qu'ils soient -, Edna O'Brien occulte volontairement toute date, tout repère temporel. le lecteur est aussi désorienté dans le temps et l'espace que l'est la victime-narratrice, dont le récit découverte nous permet de voir à travers son regard... celui des autres. Celui des fous de Dieu, celui de ceux qui les fuient, qui en ont peur, celui de ceux qui trahissent, qui vendent leur âme au diable, celui de la famille, des proches, des amis, et celui d'une société, de ses institutions et de ses plus hautes autorités.
Et il n'y a pire regard pour une victime innocente qu'un regard qui change, qui vous juge et vous transforme en coupable.
Dans l'actualité, on sait, ou plutôt on ne sait pas ce qu'il est advenu de ces jeunes filles si ce n'est qu'elles n'ont pas été libérées à ce jour, et que des "communiqués" de Boko Haram voudraient laisser penser qu'elles se sont ralliées à l'islamisme radical.
En tous les cas, ce livre a le mérite de leur donner une voix, de les rappeler à notre souvenir, de nous interpeler - et Dieu sait si nous en avons besoin -. Il a le mérite surtout, de les garder en vie.
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Encore un roman inspiré de l'actualité, et basé sur des témoignages. L'héroïne est l'une des jeunes lycéennes enlevées par Boko Haram en 2014, emprisonnées dans un de leur camp où elles seront traitées comme de la marchandise, bêtes de somme, esclaves sexuelles, converties de force, et pour certaines d'entre elles, vendues à quelques riches émirs du Golfe.

Mais le roman esquisse avec beaucoup de pudeur et de délicatesse ces conditions de vie dans le camp des Islamistes et ne s'attarde pas longtemps sur cet épisode, et c'est tant mieux. La jeune fille se refuse à abandonner tout espoir, à s'avouer vaincue et réussit à s'enfuir. On la suit alors dans sa course à travers l'Afrique si inhospitalière, puis à la capitale où elle sera reçue par les huiles avec tous les honneurs, jusqu'à son retour au village où les ragots font office d'information et où la lâcheté des villageois, et des membres de la famille, les pousse à des actes ignobles.

C'est un roman initiatique où la jeune fille se révèlera une femme forte, prête à lutter pour sa liberté et pour son enfant. Un roman très lumineux.

J'ai beaucoup aimé le ton du récit, sans blablas, sans clichés, sans bling-bling ni misérabilisme ou sentimentalisme. J'y ai retrouvé l'Afrique telle que je l'ai connue, une Afrique à travers les yeux d'une Occidentale … Une Afrique avec ses travers, sa corruption mais une Afrique dynamique, jeune et optimiste. L'Afrique que j'aime et à laquelle je crois !
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Ce roman nous livre un précieux témoignage sur le calvaire qu'ont vécu les filles enlevées par Boko Haram. Bien que le personnage de Maryam soit inventé, les faits, quant à eux, sont malheureusement réels et véridiques…

Grâce à un solide travail de recherches et à des témoignages, l'auteur nous emmène dans un univers rempli de violence, terriblement noir. Il faut avoir le coeur bien accroché pour tourner les pages car on assiste à une véritable déshumanisation. C'est horrible, on accompagne ces filles dans leur descente aux enfers, dans leur quotidien sans espoir. Juste pour vous illustrer la violence de ce livre voici les première phrases de l'ouvrage :

«J'étais une fille autrefois, c'est fini. Je pue. Couverte de croûtes de sang, mon pagne en lambeaux. Mes entrailles, un bourbier. Emmenée en trombe à travers cette forêt que j'ai vue, cette première nuit d'effroi, quand mes amies et moi avons été arrachées à l'école…»

Ce livre ne relate pas uniquement les violences infligées par les djihadistes mais montre à l'aide du personnage de Maryam comment les survivant(e)s de Boko Haram sont vu(e)s comme des coupables et non des victimes. Car c'est une réalité, une fois la liberté retrouvée beaucoup sont rejetés voire soupçonnés d'être des infiltrés pour le compte de Boko Haram.

Il faut saluer le travail de l'auteure irlandaise qui, a quasiment quatre-vingt dix ans, donne la parole à ces mères, ces filles, ces femmes enlevées, violées, mutilées par la secte de Boko Haram. Pour moi, ce livre est un ouvrage qui doit être lu pour que nul n'ignore ce qui se déroule à quelques heures d'avion seulement de la France car nous ne sommes rien ni personne pour s'autoriser à prendre une vie.

Bref un livre que je vous conseille si vous avez les tripes bien accrochées…
Lien : https://ogrimoire.com/2019/1..
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La vie de Maryam va basculer quand elle est enlevée avec d'autres élèves dans l'enceinte de l'école par des membres de Boko Haram en 2014 au Nigeria. Partie d'un fait réel, l'auteure greffe un roman, où elle va relater l'histoire d'une de ces jeunes filles. Maryam est enlevée, jetée dans un camion, détenue prisonnière, mariée de force. Elle tombe enceinte et accouche d'une petite fille Baby, grande déception pour les hommes de Boko Haram, les filles ne servent à rien, elles ne deviennent pas des combattants. À partir de là, Maryam est délaissée. Elle réussit à s'enfuir avec une autre prisonnière qui mourra d'une piqûre de serpent. Maryam va déployer une ténacité et un acharnement hors du commun, pour survivre pendant sa fuite avec son bébé. Elle est recueillie par des villageois puis rendue à sa famille. Mais là, plus rien n'est comme avant, elle est souillée, impure, sa famille va la rejetter, les siens ne veulent pas d'elle. Ils essaient même de lui enlever son bébé pour s'en débarrasser. Sa vie est détruite. Elle finit par trouver asile chez des religieuses qui lui offre un travail et peut être la possibilité de se reconstruire.
Roman âpre et sans concession de E. O'Brien qui construit un récit sans pathos qui permet de réaliser toute l'horreur que ces adolescentes ont vécue. Ce roman bouscule et vient heurter nos mentalités d'européens.
Maryam s'inscrit dans la longue lignée des femmes opprimées, réduites à l'esclavage dans des pays où les hommes règnent en tyrans
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Si l'hommage rendu par Edna O'Brien est d'une grande force, l'incohérence temporelle et la distance paradoxale qui s'instaure entre son héroïne et le lecteur font de ce livre une sorte d'offrande, une ode touchante davantage qu'un roman (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/06/11/girl-edna-obrien/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Est-ce un hasard si Girl, dernier ouvrage de la romancière irlandaise multi-primée Edna O'Brien, s'ouvre et se referme sur une page entièrement noire ?
Dédié à toutes les mères et les filles du Nord-Est du Nigéria, Girl nous fait suivre Maryam, jeune lycéenne enlevée avec tant d'autres de ces amis par les hommes de Boko Haram, secte islamiste tristement célèbre pour ses enlèvements et attentats.
Pour arriver à se mettre dans la tête de Maryam, Edna O'Brien a voyagé au Nigeria pour rencontré les survivantes et leur entourage. Trois années plus tard, voilà son oeuvre, un court roman de 245 pages qui commence brutalement dans l'horreur : « J'étais une fille autrefois, c'est fini. Je pue. Couverte de croûtes de sang, mon pagne en lambeaux. Mes entrailles, un bourbier. »

Et si c'est une femme
Dans son village, la tension monte de jour en jour. Maryam sait que les terroristes fanatiques de Boko Haram enlèvent à tour de bras et tuent sans distinction les mécréants. Pour elle, jeune lycéenne sans histoire, le pire commence avec l'enlèvement puis l'arrivée dans un camp où l'humanité n'a plus le droit de citer.
Edna O'Brien ne tergiverse pas longtemps, et il ne faut que quelques pages pour assister à des viols collectifs et autres crimes perpétrés par des bêtes à visage humain prenant Allah pour prétexte. Dur et sans concession, l'histoire de Maryam se vit de l'intérieur, avec la crainte de la Maison Bleue où l'on offre les filles en réconfort aux soldats de Dieu, avec la terreur des langues coupées pour celles qui parlent trop, avec l'angoisse d'une lapidation ou d'un passage à tabac pour n'importe quelle raison ou pas de raison du tout. Elles sont des chiennes, impropres pour Allah et les combattants de Boko Haram qui abusent d'elles du soir au matin.
L'enfer sur terre, la noirceur sans levée de soleil.
Peu à peu, Maryam rencontre d'autres prisonnières comme elle : Buki, Teresa, Fatima, Regina…la liste est longue, tellement longue. On découvre l'histoire de ces autres qui souffrent avec Maryam, jusqu'à celle de John-John, gamin de onze ans enlevé lui aussi mais pour devenir un soldat de Dieu.
Puis un jour, un chemin vers plus de lumière lorsque Maryam, femme-trophée, devient l'épouse d'un de ses tortionnaires, Mahmoud. Qui n'est pas un fanatique pur jus comme les autres mais qui avait besoin d'argent dans un pays où la misère est omniprésente. de cette union forcée arrive Babby, un enfant qui s'impose comme un fardeau pour Maryam avant de devenir une bouée de secours.
On pense aux horreurs du régime nazi ou stalinien, enrobée d'une surcouche religieuse pour finir le tout. Notre héroïne pourtant ne baisse pas les bras et continue d'espérer malgré tout. À elle à qui l'on impose l'insupportable.
Jusqu'au jour où elle parvient à s'échapper…

Une femme du bush
Le lecteur découvre alors avec Maryam que le retour au pays n'a rien de la libération attendue. À la capitale, on la célèbre comme une héroïne parfaite dans un luxe indécent alors qu'autour, le pays crève de faim et que l'armée n'arrive à rien avec les rebelles.
Edna O'Brien constate l'impossible retour à la normale pour Maryam désormais étiquetée « femme du bush », victime de Boko Haram et mauvais présage. Tous les villageois savent que la Secte pourrait revenir se venger…surtout que la survivante a un enfant…qui deviendra forcément comme eux, ces terroristes sanguinaires qui l'ont engendré.
Dès lors, la libération de Maryam devient un nouvel enfer où l'on redécouvre un pays où la femme de toute façon n'est pas grand chose, où on la cloître dans une pièce plongée dans le noir pour le seul motif de son chagrin. Où la Mère explique à la Fille que l'Oncle peut la battre, qu'il serait dans son droit.
Où l'on débat sur ce que l'on doit faire d'un gamin qui ressemble davantage à une malédiction pour le village tant que les terroristes sévissent dans le pays.
L'enfer n'aurait-il plus de limite ?
Pire encore, les groupes rebelles se multiplient et les Jas Boys sèment deux fois plus de terreur que Boko Haram par le passé.
Femme-objet, femme maudite, femme-fantôme, femme encombrante. Maryam doit fuir encore et toujours, pris au piège dans une boucle infernale faites de culpabilité et de reproches.
Comme si Edna O'Brien avait peur de son propre sujet, son écriture se fait un peu plus mécanique et distante, pour éviter les effusions sentimentales de la première partie qui nous avait pourtant saisi au coeur. La distance qui s'installe nuit un tantinet à l'immersion mais permet aussi de respirer un peu mieux, d'être moins asphyxié par le récit.
Comme un pied de nez aux fanatiques religieux qui l'ont réduite à l'état d'esclave, Maryam trouve enfin une porte de sortie grâce à d'autres religieux, plus bienveillant et qui semblent enfin donner une nouvelle chance à celle qui restera, malheureusement, toute sa vie…une femme du bush.

Roman noir et essentiel, Girl n'épargne rien du chemin de croix de Maryam, jeune fille jetée dans l'enfer de Boko Haram et qui ne sera dès lors plus jamais pareille. Chronique d'un pays en lambeaux et d'un peuple asphyxié, le dernier roman d'Edna O'Brien témoigne pour celles qui ne le peuvent pas et ne le pourront certainement jamais.
Lien : https://justaword.fr/girl-li..
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