Description de la nuit ou les jours terribles

Je remercie les Editions Jacques André et Babelio pour l'envoi de cet ouvrage, au format carré original. Drôle de prophète que ce Jack O'Flanaghan, venu de l'Ile d'Émeraude. Pour lui, l'Apocalypse (ou "Les Jours terribles") est inévitable mais tout espoir n'est pas interdit : "Et le dernier poète de chanter/et le dernier bébé de pleurer/le sein vide de sa mère au regard vide/et le dernier vent de l'intelligence de souffler/une dernière fois/ Et le soleil de reparaître" (p. 65).

Jack O'Flanaghan est un franc-tireur : il provoque, déteste (le mensonge, les bardes celtes…), fait sourire aussi : "à mon avis/un poète qui fait du bruit/n'est pas très bon/il pète" (p.50) Il y a dans "Description de la nuit" le souffle du vent, le fracas du vieil océan et la douceur de la stout. Existe-t-il vraiment, ce poète-prophète irlandais que l'on croise (selon l'éditeur) dans les pubs du Kerry ? Peu importe, contentons-nous de sa prose libre et de ses fulgurances : "Mes livres ce ne sont que des rêves rangés/sur des rayons/aucun livre ne peut rendre compte de l'immensité/ de chacun de mes rêves/ceux que je ne peux même pas partager/avec moi-même/sans m'y perdre" (p.27)
"Description de la nuit" est une belle découverte.

Toute l'Irlande est là dans ce petit livre (14x14 cm, 80 pages) de Jack O'flanaghan !
La sauvagerie des éléments en lutte contre la vieille terre, l'Océan à l'assaut des falaises de Moher ou de Slieve League, le vent couchant les arbres du Kerry ou du Connemara, la rudesse du climat et des Irlandais querelleurs et vindicatifs…

Mais aussi :
« le soleil qui est là
Il prend son petit déjeuner
Avec un Océan tout calme »
Un pub avec des Irlandais accueillants, une stout, une brebis sur la lande, les arbres à fées…


Toute l'Irlande que j'aime et un grand poète que j'ai pu découvrir grâce à Masse critique et Jacques André éditeur.
Je retournerai voir l'une une énième fois et vous engage à lire l'autre sans attendre.

Je me suis imaginée accoudée au bar dans le pub d'un vieux village irlandais, en fin de soirée, à écouter mon voisin un peu embrumé déclamer d'une voix forte ce qui lui passait par la tête pendant que la mer se déchainait tout près sur la côte.
Heureuse d'avoir découvert ce petit ouvrage très surprenant !