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3,53

sur 410 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
"Fille noire, fille blanche" est un étrange roman non exempt d'une certaine sensibilité qui le rend attachant malgré une structuration narrative déconcertante et un style qui pour être talentueux n'en demeure pas moins intriguant.

Comme pour "La fille du fossoyeur", j'ai trouvé une certaine lourdeur de forme au récit et j'ai parfois eu du mal à avancer, sans pourtant vouloir renoncer à aller au bout de cette lecture exigeante.

Genna est blanche, issue d'une famille aisée, "radical chic" ; son père, avocat s'étant illustré dans de nombres combats, notamment contre la guerre au Vietnam. Minette est noire, fille de pasteur, boursière. Les deux jeunes filles font chambre commune en 1974 dans la résidence universitaire du Collège fondé par l'aïeul de Genna. Cette dernière, bien que consciente de ce qui les oppose, à commencer par la couleur de peau, décide que Minette et elle seront meilleures amies, voire soeurs. Mais le comportement de Minette et son évidente mauvaise volonté vont ébranler les convictions et la résolution de Genna.

"Fille noire, fille blanche" est un roman dans lequel deux solitudes ne parviennent pas à s'associer, reflet de deux mondes, de deux cultures contraintes de s'unir sous le dôme d'une même société. C'est une peinture qui mêle historique de l'oppression, sarcasme du fanatisme religieux, travers psychologiques et remise en question d'un système dont la modernité n'est que superficialité.

Le propos de l'auteure est parfois abscons, Joyce Carol Oates se plaisant à égarer son lecteur ou plutôt à lui faire prendre sa propre responsabilité dans l'interprétation de sa lecture. Elle nous livre ici un roman pessimiste qui intrigue tout en créant une certaine gêne.


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L'immense talent de conteuse de l'auteure se retrouve ici, mais j'ai eu quand même une déception , par rapport à d'autres livres d'elle, bien plus marquants.

Comme dans le très intéressant " Je vous emmène", l'histoire se déroule dans une université, milieu que Joyce Carol Oates connaît bien. Cependant, il a été moins prenant pour moi.

Deux jeunes filles de dix-huit ans, fraîchement arrivées dans une université féminine réputée, sont les personnages principaux, voisines de chambre. L'une, blanche, héritière des fondateurs de l'endroit, la narratrice, veut , dès le départ, devenir l'amie de Minette, sa colocataire noire.

Cette dernière est tout, sauf sympathique. Arrogante, indifférente aux autres, elle aime se poser en victime raciale, quitte à fabuler... Et la narratrice, aux parents peu présents, plutôt déjantés, dans le style hippie chic, ne cherche qu'une chose: plaire aux autres, d'où un masque souriant cachant ses angoisses.

Les pensées de chacune, leurs contradictions intérieures, sont parfaitement décrites, comme toujours, mais comme elles sont agaçantes, ces deux filles! Je les ai trouvées peu supportables.

D'autre part, l'évolution vers le drame se fait lentement, il manque du peps à cette histoire. La fin ne m'a pas convaincue, par ailleurs.

Une lecture en demi-teinte, donc, ce qui m'arrive rarement lorsque je lis l'un des nombreux romans de l'auteure....
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Année universitaire 1974/1975 - Etat de Montgomery (Alabama) - Elles n'ont rien en commun : ni la couleur de peau, ni le caractère ni le même milieu social et elles vont cohabiter dans l'internat du Collège Schuyler, une université prestigieuse et réputée fondée par les ancêtres de Genna  Meade. Genna, blanche, est la fille de Max et Veronica, un couple de la gauche radicale, avec un père, Max, politiquement engagé, avocat, aux activités troubles et pas toujours licites pour parvenir à ses fins, qui lui vaudront le surnom de "Mad Max" et pour qui toute vérité n'est pas bonne à dire. Minette Swift, noire, est la fille d'un pasteur, croyante, boursière et se moque de son apparence. Les contraires s'attirent parfois mais ici Minette tiendra Genna à distance, n'acceptant aucun rapprochement amical.

Elles ont 18 ans et dès la première page la narratrice, Genna révèle que Minette est morte en Avril 1975 :

"Minette n'a pas eu une mort naturelle, et elle n'a pas eu une mort facile. Chaque jour ma vie, depuis sa mort, j'ai pensée à Minette et au supplice de ses dernières minutes, car j'étais celle qui aurait pu la sauver et je ne l'ai pas fait. Et personne de l'a jamais su. (p9)"

et qu'à travers ce texte sous forme de confession, 15 ans après les faits, elle souhaite trouver des réponses sur le sens de la justice, de la vérité et sur des événements qui auront des répercussions sur toute son existence. Et ce qu'elle a vécu cache une autre histoire, une autre mort et un autre silence.

Genna est réservée, discrète et souffre de la non-relation avec ses parents, un couple post-hippie, plus préoccupé l'un par la défense des opprimés ou de luttes révolutionnaires, que par le devenir de sa fille et une mère ayant plongé dans la drogue, les relations extra-conjugales par le passé et plus attachée à sa personne qu'à sa fille. Genna va être attirée par Minette dès son arrivée dans le lieu qu'elles vont partager, peut-être parce qu'elle ne ressemble en rien à ce qu'elle a connu jusqu'à maintenant ou pour trouver une cause à défendre, à aider.

De par son milieu social, Minette est très croyante, évoque et prie Dieu mais garde de la distance avec les autres comme avec Ginna. Des événements vont survenir au fil des mois autour de Minette mais celle-ci gardera le silence : messages, caricatures etc... mais on ne sait à qui les imputer. La situation va peu à peu se dégrader et Genna aura toutes les peines du monde à créer un lien entre elles, à obtenir la confiance de Minette qui s'enfoncera peu à peu dans la solitude, refusant toute aide. Habituée à vivre dans la méfiance de par son éducation, Genna ne réalisera que trop tard que tout était en place pour qu'un drame survienne.

Joyce Carol Oates presque jusqu'à la fin garde le mystère sur le sens de ce roman bien que le lecteur réalise que l'évocation du climat familial de Genna et l'attitude de Minette ont en commun certaines similitudes. Bien sûr elle y parle du racisme, de l'exclusion (volontaire ou subie), mais elle a également un autre but : parler de la famille, celle bien ancrée dans l'histoire du pays, sûre de ses opinions, combattant l'injustice, l'oppression, vivant dans un univers de conspirationnisme et voulant faire respecter les lois mais ne voyant pas sa cellule familiale se déliter, allant même jusqu'à exclure le frère aîné de Genna parce qu'attiré par le milieu financier, loin des idées fondamentales du clan. 

Je dois avouer que ce roman est assez déroutant et je me suis posée la question de savoir sur quel terrain l'auteure voulait ancrer le récit : si c'était de dénoncer la ségrégation, le racisme dans une université, ce n'était pas flagrant car j'avais le sentiment que les faits n'étaient pas clairement établis, révélateurs du climat à l'intérieur de l'université, d'un réel malaise. Je trouvais Minette assez antipathique, l'auteure l'affublant de lunettes roses en plastique (que de fois elle insiste sur ses lunettes roses), de tenues ridicules, sales et ne faisant aucun effort pour répondre aux tentatives amicales de Genna. Minette s'excluait-elle elle-même ou était-ce le résultat d'agressions de la part des autres étudiantes ?

Mais la narratrice fait une révélation dans l'épilogue mais que l'on peut ressentir au fur et à mesure de la lecture : il y a deux histoires dans son texte : celle d'une adolescente noire au sein d'une université majoritairement blanche mais également celle d'une famille (très) libérale où une adolescente ne trouve pas sa place et se pose des questions après avoir assisté à des événements violents ou n'ayant pas eu de réponses aux comportements de ses parents.

On sait que Joyce Carol Oates n'écrit pas pour ne rien dire, ne rien explorer mais je dois avouer qu'ici le message met du temps à prendre corps et elle ne fournit d'ailleurs pas, comme c'est souvent le cas, toutes les réponses ni ne porte un jugement. Elle expose, elle confronte comme toujours des attitudes, des pensées, des faits et à chacun de nous de se faire sa propre opinion. Elle y introduit d'ailleurs certains faits puisés dans l'histoire comme la Vénus Hottentote 

"Ainsi les anglais du XIXè avaient-ils vu dans la "Vénus hottentote" (une jeune Sud-Africaine naïvement confiante qui avait coopéré avec ses exploiteurs, avais-je découvert) un spectacle sexuel grossier, une brute et non un être humain, qu'il était loisible de lorgner, d'exhiber dans une fête foraine et, finalement, de disséquer à des fins "scientifiques". (...) Et pourtant il était enivrant de savoir, car le savoir donne toujours un pouvoir. (p182)"

dont je n'avais jamais eu connaissance et dont Genna va découvrir une représentation destinée à Minette.

Une écriture très descriptive, nourrie de détails qui m'ont semblé parfois superflus, répétitifs, retirant de la portée et du sens, un discours un peu plus confus mais qui, comme souvent dans son oeuvre, prend toute sa consistance en fin de lecture mais qui m'a parfois un peu perdue et interrogée.

Joyce Carol Oates ausculte, dissèque, cherche les racines du mal et les trouve souvent dans la famille, le milieu social, la politique, la religion ou dans l'éducation de ses contemporains et en démontre les implications au fil du temps et des générations. Elle écrit pour se faire le témoin d'un pays, d'une société, de la famille, elle traque les signes avant-coureurs des drames, des malaises mais j'ai été ici un peu moins convaincue par sa démonstration même si une fois refermé je ne peux m'empêcher de penser qu'elle a des angles d'attaque incroyables et pertinents.

J'ai aimé.
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Quel étrange et déroutant roman. Cela faisait longtemps que je souhaitais découvrir Joyce Carol Oates, repoussant le moment par crainte du côté sombre de ces romans.
Alors oui, Joyce Carol Oates dépeint avec brio la noirceur de l'être humain, son ambiguïté et sa perversité.
Ici le lecteur entre dans la vie de deux jeunes filles de 18 ans, l'une noire l'autre blanche, dans l'intimité de l'appartement étudiant qu'elles partagent. Beaucoup choses les séparent socialement.
Nous sommes dans les années 70 et le récit est centré sur le racisme et le harcèlement dont sera Minette sera la victime. Minette c'est la jeune fille noire, elle est antipathique et capricieuse.
Joyce Carol Oates souffle le chaud et le froid tout au long du roman, elle brise les stéréotypes et les préjugés, montre l'hypocrisie et la violence.
J'ai du mal à expliquer mon ressenti après la lecture de ce roman. Je ne suis pas indifférente mais chamboulée. Je n'ai pas aimé l'histoire plus que ça et pourtant le récit est haletant et pousse à poursuivre la lecture jusqu'à la fin.
Je pense que j'essaierais de lire un autre roman de Joyce Carol Oates car j'ai apprécié son style ciselé, très imagé, vif.
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C'est ma deuxième expérience de lecture avec madame Oates, et je dois avouer qu'il va me falloir encore du temps avant de m'y adapter. Cette fois, on plonge au coeur de l'Amérique du milieu des années 70, où l'ombre de la ségrégation raciale est encore très menaçante. Genna et Minette, deux jeunes filles que tout oppose, l'une Blanche, l'autre Noire, se retrouvent camarades de chambres à l'université. Leur couleur de peau n'est pas la seule chose qui les différencie : elles ont un caractèretrès opposé. Tandis que Genna est attentive et sociable, Minette est plus renfermée et souvent arrogante. Très vite, plusieurs attaques à caractère raciste se tournent contre Minette, et Genna se donne pour mission de protéger sa colocataire, envers et contre tous, et de devenir son amie, ce qui n'est pas tâche facile à cause du caractère lunatique de Minette. Ce n'est pas un gros secret, puisqu'il est révélé dès les premières lignes du roman, mais Minette va mourir prématurément, et le récit est rétrospectif : quinze ans plus tard, Genna revient sur les évènements et nous livre la terrible vérité sur ce qui s'est réellement passé au Schuyler College. Mais le récit de Genna ne concerne pas seulement Minette, il concerne aussi un drame familial, le sien, qu'elle nous livre en toile de fond. Ainsi, le récit alterne entre sa difficulté à se rapprocher de Minette et ses relations houleuses avec sa famille.
Fille noire, fille blanche est un roman qui ne m'a pas déplu, mais dans lequel j'ai mis du temps à entrer. le style de Joyce Carol Oates est indéniablement remarquable quoique particulier : j'ai retrouvé ces longues phrases interminables et cette narration parfois décousue. En effet, le récit est narré à la première personne, mais la troisième personne intervient parfois sans crier gare, si bien que j'ai eu quelques incompréhensions quant à la structure narrative. Genna parle-t-elle d'elle à la troisième personne, ou est-ce qu'un narrateur objectif intervient à certains moments de l'histoire ? J'ai tout de même réussi à m'attacher à l'un et à l'autre des personnages. On comprend la volonté de Genna de vouloir aider sa camarade de chambre et à la protéger coûte que coûte contre ces assauts répétés. On comprend aussi l'indifférence de Minette, bien qu'elle soit plus difficile à cerner et parfois à supporter. Par contre, le dénouement concerant l'histoire de Minette reste encore un peu flou, ses motivations quant à son geste sont, pour moi, difficiles à expliquer. Par contre, les tensions raciales qui régnaient à cette époque sont bien retranscrites, on a un point de vue intérieur, et j'ai apprécié le fait que le thème était bien traité. Je reste cependant un peu perplexe face à cette double intrigue, qui ne s'imbrique pas toujours correctement mais qui transmet bien l'ambiance qui pouvait régner à cette époque.
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Comme bon nombre des romans de JCO, cette histoire se déroule sur la cote est des Etats-Unis.
Comme son nom l'indique, il est question d'une fille noire et d'une fille blanche comme personnages principaux.
Comme tous ses romans, il est sombre et noir.

Il s'agit de deux jeunes étudiantes, Genna Meade et Minette Swift, qui sont également colocataires sur leurs campus universitaires à la fin des années 1970. Tout les différencie, leur couleur de peau mais aussi leur famille et milieux social, leur physique et leurs interactions. Genna est la fille d'un avocat célèbre, héritière d'une famille fondatrice du campus, frèle et mince et se fait des amies facilement ; Minette quant à elle est fille de pasteur, plutôt rondelette et asociale.

Dès les premières pages, on comprend que le destin de Minette sera tragique.
JCO ne cherche pas ici à faire des contrastes ni à tout décrire de manière manichéenne, mais plutôt à aller rechercher profondément la noirceur des gens et ce qu'il y a au fond d'eux. le malaise est palpable.

Ce n'est pas le roman que j'ai préféré et ce n'est pas celui que je recommanderai pour lire Oates, encore moins s'il s'agit d'une première lecture.
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Quatrième de couverture:

Genna et Minette partagent une chambre sur le campus. Et c'est tout ce qu'elles ont en commun. Minette est aussi noire, indomptable et solitaire que Genna est blanche, timide et généreuse. Fascinée, Genna fait son possible pour fendre la cuirasse de Minette et devenir son amie. Observant la menace des violences racistes croissantes, elle est sa seule alliée ; pourra-t-elle la sauver ?

L'Auteur:

Née en 1938, Joyce Carol Oates, professeur de littérature à l'université, est une nouvelliste et romancière prolifique. Eux, Les Chutes (prix Femina étranger 2005) et La Fille du fossoyeur sont notamment disponibles en Points.


Mon ressenti sur cette lecture

Une histoire d'amitié à sens unique sur fond de chronique politique, sociale et raciale.


L'histoire principale se déroule dans les années 74/75 aux USA, donc au lendemain du scandale du Watergate et de la démission de Richard Nixon.

Generva, surnommée Genna, jeune femme étudiante, blanche, est la fille d'un Avocat, Maximillian Meade, notablement connu pour son « activisme » en faveur des objecteurs de conscience, farouchement opposé à la guerre du Vietnam et à la politique anti-communiste de Nixon, et plutôt de tendance maoïste.

Maximillian Meade est lui-même le descendant d'une riche famille de Quarkers, dont son grand-père Elias Meade (fondateur du Schuyler Collège) et de Generva, sa seconde épouse, féministe militante et toute dévouée à la cause « des gens de couleur ».

La mère de Genna, Veronica Hewett, a épousé sans aucune retenue le mouvement hippie, et n'en est jamais véritablement ressorti… Elle a continué drogues, alcool et sexe et sa stabilité psychique est plutôt fluctuante.

Genna va partager sa chambre d'étudiante avec Minette Swift, jeune femme noire, et fille d'un Pasteur de grande renommée.

Peu à peu, le lecteur va découvrir la quête permanente d'une amitié sans retour à travers le regard de Genna. En effet, Genna mettra tout en oeuvre pour craqueler la carapace de sa supposée « amie » Minette, mais en vain… Minette toujours trop… trop polie, trop méprisante, trop dédaigneuse, trop orgueilleuse, trop indifférente… tient à son isolement et provoque volontairement son ostracisme de la part de l'ensemble des étudiantes du Schuyler College, y compris de la part des autres jeunes femmes « de couleur », laissant sciemment planer le doute sur d'éventuels actes racistes à son encontre. le seul refuge que Minette accepte est celui de la religion, de manière excessive.

Genna va également nous dévoiler ses doutes sur les activités réelles de son père, qu'elle surnomme parfois Mad Max, ses craintes sur la véracité des faits telle que décrite par sa mère « chancelante », ses questionnements sur son enfance et les évènements tragiques dont elle a été le témoin.

Le livre sans titre qu'elle a rédigé lui permettra d'obtenir une certainement forme de « rédemption » vis-à-vis d'elle-même, sans toutefois avoir la réponse sur certaines zones d'ombre. A ce propos, je pense que l'auteure a volontairement instauré l'ambigüité quant à certaines situations et certains propos.

J'ai trouvé cette lecture particulièrement intéressante par ce qu'elle contient en toile de fond sur les années pré et post Richard Nixon dans un contexte politique et social marquant ainsi que les lentes avancées en terme de politique raciale, notamment sur le délicat problème de l'intégration de la communauté noire dans divers Etats des USA.

Cette lecture a suscité chez moi, l'envie d'en connaître davantage sur l'histoire des Quarkers, leur mode de vie, leurs revendications, et l'importance de leur engagement en faveur "des gens de couleur ". J'ai ainsi découvert, entre autres, qu'il s'agit d'un surnom qui signifie « Trembleurs » donné aux membres de la Société Religieuse des Amis, prônant la paix, l'intégrité, l'égalité et la simplicité, donc des valeurs profondément universalistes et égalitaristes.

En revanche, j'ai été gênée par le style indirect omniprésent utilisée par Joyce Carol Oates, laissant trop peu de place à des échanges directs entre les principaux protagonistes sous forme de dialogues. Ce choix a, me semble t'il, l'inconvénient d'appesantir la lecture et d'entrainer le lecteur dans une attitude passive et détachée… Dommage, car j'aurais aimé être plus proche de Genna que je ne l'ai été…

Je remercie le forum Partage et Lecture ainsi que les Editions Points pour m'avoir permis de découvrir l'auteure Joyce Carol Oates.

Note : 8/10

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C'est le second roman que je lis de Joyce Carol Oates et les même choses me dérangent dans les deux romans.( le premier était la fille du fossoyeur). La trame de l'histoire me plait, mais bien qu'ils ne soient pas exempts de drames, je suis incapable d'éprouver la moindre empathie pour les personnages. L'auteur insiste beaucoup sur la psychologie des personnages, ce que j'apprécie, mais j'ai du mal à adhérer aux comportements des personnages et je ne les comprends pas. Dans ce roman , des clefs nous sont données pour expliquer le comportement de la fille blanche, liées à son enfance et aux comportements et idéaux de ses parents,. Mais sa fixation à devenir amie avec sa compagne de chambre noire , sa confession sur son père qui arrive comme un cheveu sur la soupe, son mensonge sur l'inscription, sa culpabilité quant à la mort de Minette ( je ne dévoile rien, c'est annoncé dès le début du roman), n'ont pour moi pas beaucoup de sens .
Par contre on ne sait rien de Minette , aucune qualité n'est mise en avant, même si si Genna lui trouve constamment des excuses ou des explications. En fait , j'ai plutôt apprécié le roman, jusqu'à que je me rende compte que rien ne viendrait expliquer l'attitude de Minette , ni son passé, ni un drame personnel , .... Bien que très religieuse, elle ne met jamais en pratique les principes qu'elle ne cesse de prôner, à aucun moment, elle ne se remet en question, tout est toujours de la faute des autres. Les rappels historiques liées aux exactions dont ont été victimes les populations noires, la question de la responsabilité et à la culpabilité des blancs sont des aspects intéressants du roman., mais le racisme ( supposé ? ) des étudiantes du campus perd de sa force du fait même du personnage de la fille noire. En effet ,même si ce n'est en rien excusable, les actes racistes auxquels Minette est confrontée semblent surtout liés à sa personnalité et semblent surtout destinés à lui faire mal ( mais ce n'est que mon avis, et je peux évidemment me tromper). Bref, une lecture en demi-teinte, la dernière partie du roman m'ayant moins plu.
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La narratrice, c'est la "fille blanche" Genna Meade. En 1990, elle revient sur un événement qui a marqué son passé : la mort de Minette Swift, sa co-locataire à l'université. En 1974, elles ont toutes deux dix huit ans et entrent en première année au prestigieux Shuyler College. Elles vont partager la même chambre dans la résidence universitaire de Haven Hall. Ce sont les ancètres de Genna qui ont fondé cette université afin que Blancs et Noirs, sans discrimination, puissent étudier ensemble. Elle est bonne élève, mais n'a pas vraiment trouvé sa place dans sa cellule familiale. Son père, avocat, est très engagé politiquement à gauche ; il a milité contre la guerre du Viet Nam, trempé dans des affaires douteuses. Espionné par le FBI, il est sans cesse en fuite. Sa mère, souvent sous l'influence de drogues ou de médicaments, passe son temps dans les fêtes organisées par ses amis hippies. Son frère Rickie a fui la maison alors qu'il n'avait que seize ans et a coupé les ponts avec sa famille.
Minette est noire, issue d'une famille très conservatrice, plutôt modeste : son père est un pasteur apprécié de ses ouailles, sa mère est femme au foyer. Elle est boursière, très religieuse,elle passe tout son temps libre à lire la Bible et à prier et elle est persuadée qu'il lui faut souffrir pour mériter sa place auprès de Dieu.
Genna s'efforce de se conformer aux idéaux de ses ancêtres et veut absolument se lier avec Minette pour qui elle éprouve une réelle affection. Mais Minette l'ignore, la fuit, comme elle le fait avec les autres filles de la résidence. Elle a un caractère plutôt désagréable, elle se montre hautaine, dédaigneuse, renfrognée, solitaire. Bientôt elle va se mettre à dos les autres étudiantes et les attaques racistes vont commencer. Genna veut la défendre, la protéger, mais Minette la repousse et l'ignore.

Joyce Carol Oates fait partie de mes auteurs préférés. Comme la plupart des auteurs prolifiques, elle est assez inégale dans ses écrits, mais jusqu'à maintenant, elle ne m'avait jamais déçue. Une fois n'est pas coutume, je n'ai pas vraiment apprécié Fille Noire, Fille Blanche.
D'abord l'une comme l'autre, les deux jeune filles m'ont été très vite assez antipathiques : Minette à cause de son caractère détestable, sa pédanterie et ses "Par-don", Genna par son immaturité, son obsession à se faire aimer de sa camarade de chambre, à vouloir à tout prix "ne pas être raciste" et faire correspondre Minette à l'idée préconçue qu'elle a des Noirs. Ensuite, Genna la narratrice, interrompt son récit à de nombreuses reprises pour évoquer l'histoire de sa famille, ses souvenirs d' enfance. Cela aide à mieux connaître son environnement, à mieux la comprendre mais amène un certain déséquilibre dans le texte. On sait presque tout de Genna, presque rien de Minette. Leur seul point commun c'est l'attachement à leurs pères respectifs. Minette se conforme en tout point à l'enseignement du pasteur, Genna souffre de ne pas savoir qui est vraiment Max Meade : un héros ou un délinquant traqué par le FBI, et de son absence.
Lien : http://lecturesdebrigt.canal..
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C'est un étrange livre que nous a livré là Joyce Carol Oates : ce n'est pas un des pavés dont elle est coutumière, mais un roman dense et assez dérangeant. Ce récit d'une amitié impossible prend quelques codes du polar et nous donne une vision de la société américaine dans les années 70.

Le récit est fait par Genna Meade, jeune descendante de la bourgeoisie quaker de Pennsylvanie. Cette jeune fille blanche est abreuvée de la pensée progressiste et bien pensante et cherche absolument à ne pas se faire remarquer, à ce que l'on ne fasse pas le lien avec son aïeul, fondateur de l'Univertisté qui l'accueille.

Elle est très fière de partager sa chambre avec Minette Swift, noire, boursière, fille de pasteur, or celle-ci se révèle très distante, renfermée, presque asociale.

L'histoire familiale de Genna la rend fragile, sa mère est une ex-hippie dépressive, son père est un avocat activiste toujours absent, son frère a déserté la maison, et elle cherche à compenser ces vides par une amitié aveugle avec Minette. Tout les sépare et Genna ne supporte pas que le poids des préjugés, racistes ou sociaux, soit plus fort. Elle ne comprend évidemment pas les actes racistes dont Minette fait l'objet et l'impact sur celle-ci qui va petit à petit négliger ses études et en devenir malade.

Genna a un gros complexe de culpabilité qui la rend aveugle et sourde aux réalités, elle se rendra compte trop tard qu'elle a été manipulée, ce qui la rendra malade et déclenchera un autre drame.

Malgré un style assez sec, presque un procès-verbal, ce roman rentre dans l'intimité de Genna et évoque pas mal de choses de façon assez subtile : le poids des non-dits familiaux, de la différence de milieu et d'éducation, l'impact des mouvements activistes des années Vietnam...
Lien : http://jimpee.free.fr/index...
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