Paru en français en mars dernier, "
Le Musée du Dr Moses" rassemble 10 nouvelles parues dans différentes revues entre 1998 et 2006 et signées de l'écrivaine américaine
Joyce Carol Oates, notamment auteure des romans "
Délicieuses pourritures", "
Viol, une histoire d'amour", "
Premier amour" ou encore "
Reflets en eau trouble".
Une séance de jogging dans un parc, un après-midi à la piscine, une sortie de prison, une visite à un fils, à un père, à une mère, à un ex. Un quotidien paisible ?
Croit-on...Mais le lecteur averti sait que les choses finissent toujours par se corser avec Oates, que le drame n'est jamais loin, qu'il existe entre tous les Hommes un rapport de victime à bourreau.
Mais sait-il pour autant à quoi s'en tenir ?
Car si entre les lignes se glissent subrepticement la vengeance, le chantage, la trahison, la violence, le meurtre, la perversion, la dépendance, la culpabilité, nul ne saurait déjouer le sort que réserve à ses proies cet ennemi tapi dans l'ombre et qui, sous les traits d'un enfant, d'un père, d'un amant, d'un mari, d'un proche, attend son heure pour frapper.
Jamais dans ces nouvelles, il ne sera question de transigeance, de remords, de pardon et encore moins de rédemption.
L'auteure ne fait pas dans la demi-mesure, n'épargnant rien à ces êtres, ces couples, ces familles décimées par ce qui ressemble à un cauchemar interminable.
Et toujours en toile de fond, cette Amérique rude, insécurisante, corrompue, ces décors marécageux, hostiles, ces espaces fétides, étouffants, flottants entre vie et mort.
Parmi mes nouvelles préférées : "Surveillance antisuicide" et "Les jumeaux : un mystère" (Lili Galipette, je serais curieuse de connaître ton avis sur ce texte :)) qui mêlent atrocement manipulation et filiation, "Gage d'amour", récit d'une implacable vengeance, et "
Le Musée du Dr Moses" qui reprend ce thème cher à Oates de l'ambivalence affective, de ce troublant mélange de magnétisme et de répulsion éprouvé pour un seul et même être.
Hormis "Dépouillement" (auquel je n'ai strictement rien compris) et "Fauve" (dont la fin fantastique m'a laissée perplexe), j'ai été fascinée/épouvantée/angoissée par ces portraits sombres révélés par le drame et qui décryptent toute la folie des hommes.
Non non, ne pas aimer les nouvelles ne devrait pas vous détourner de ce recueil
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