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Une mère afro-américaine recherche sa fille qui a disparu depuis plusieurs jours à travers les rues de la banlieue du New-Jersey. Elle interpèle tout le monde.
Dans la nuit, une femme la retrouve quasiment morte au fond d'une cave dans un immeuble désaffecté. Sybilla, la fillette accuse des policiers blancs de l'avoir « kidnappée, battue, violée et abandonnée à la mort ». Mais de peur des représailles et de honte, elle ne veut pas porter plainte.

Mais l'affaire est médiatisée et certains vont se charger de mener le combat qui semble perdu d'avance d'autant plus que des doutes planes sur la réalité des faits.
Pourquoi ne veut-elle pas porter plainte. Pourquoi ne veut-elle pas se faire examiner? Pourquoi se cache-t-elle et ne va t-elle plus à l'école? Et bien peut-être car elle se sent honteuse et fortement blessée physiquement et psychiquement et qu'elle n'a plus la force de sortir car elle a été « kidnappée, battue, violée et abandonnée à la mort » et menacée si elle disait ce qui lui était arrivée ? ou peut-être pour cacher son mensonge?

Premier livre de Joyce Carol Oates que je lis, j'ai apprécié les descriptions du quartier pauvre et qui doit faire face à celle-ci et au racisme des autorités entre autre mais aussi des diverses communautés entre elles voire même du sexisme au sein de la police.
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Dans ce quartier délabré du New Jersey, Ednetta Frye cherche sa fille Sybilla, disparue depuis trois jours. L'adolescente sera retrouvée au fond d'une cave, ligotée et souillée ; à l'hôpital, elle accuse des policiers blancs…

Inspiré d'un fait divers sordide survenu à la fin des années 80, « Sacrifice » raconte avec l'habituelle écriture puissante de l'auteure, d'abord l'onde de choc causée par le fait divers sur une communauté déjà méfiante accompagnée d'une exacerbation d'un climat forcément tendu (au point qu'il est devenu quotidien et habituel), puis la récupération politique, médiatique et personnelle de la prétendue agression d'une jeune fille afro-américaine par des policiers blancs.

Se succèdent alors le point de vue de chaque protagoniste : la mère, le beau-père, l'inspectrice, le jeune policier accusé, le pasteur qui voit là l'occasion de devenir le nouveau Martin Luther King, la victime…. le tout compose le tableau d'une certaine Amérique meurtrie de tous les côtés. Rien n'échappe au viseur froid de la romancière et personne n'est épargné, tous sont coupables, tous sont gangrenés, des simples individus aux politiciens : voilà probablement ce qui dérange le plus dans ce roman difficile, où l'indulgence pour les personnages est au point zéro. La lecture se fait sous haute tension, les mots sont brutaux, la description de l'Amérique est implacable, désespérante… et peu surprenante, hélas.
Lien : https://cestquoicebazar.word..
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C'est le premier livre que j'ai lu de cette auteure et je dois dire que je suis agréablement surprise. C'est bien écrit, l'intrigue est subtilement amenée et j'ai découvert grâce à ce livre le fait d'hiver dont s'est inspirée l'auteure qui est très intéressant. Je n'ai juste pas apprécié la fin du roman qui pour moi n'était pas complète, ça m'a laissé sur ma faim.

Challenge SOLIDAIRE 2021
Chalenge PLUMES FEMININES 2021
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Le prix du silence

Ednetta Frye parcourt les rues d'une banlieue du New-Jersey à la recherche de Sybilla, sa fille, qui a disparu depuis plusieurs jours. Une femme va la retrouvée « kidnappée, battue, violée et abandonnée à la mort » dans un immeuble désaffecté. Sybilla accuse des policiers blancs de l'avoir « kidnappée, battue, violée et abandonnée à la mort ».

Sybilla, afro-américaine, fait partie de cette population totalement laissée pour compte de l'Amérique, tellement rabaissée et humiliée qu'elle ne semble pas avoir la force de se rebeller. Sybilla ne porte d'ailleurs pas plainte, incapable de se révolter ou ne voulant pas rajouter l'humiliation à l'humiliation…

Alors d'autres vont se charger pour elle de mener un combat que l'on imagine perdu d'avance malgré les bonnes et grâce aux mauvaises volontés, d'autant plus qu'un doute plane sur la réalité de ce qui est arrivé à Sybilla. Son silence entretien tout à la fois la possible réalité tragique de l'odieux crime perpétré à son encontre et la probable réalité de son mensonge.

En quelques phrases, les premières du livre, Joyce Carol Oates dépeint un quartier enseveli sous la pauvreté, la honte, le fatalisme avec une force absolument incroyable. Avec une économie de mots, elle rend compte d'une réalité atroce. On est en 1987 et pourtant on se dit que l'Amérique recèle encore aujourd'hui des tableaux au moins aussi sombres que ce que la palette de ses mots décrit si bien.

Au-delà de cette description saisissante d'une Amérique à la marge de la société, civile, humaine, Joyce Carol Oates déconstruit totalement la façon dont l'entourage, d'abord proche (par l'intermédiaire de sa mère) puis plus éloigné (à travers la figure du révérend), dépossède littéralement Sybilla de son propre malheur. Si la famille tente par le black out imposé à Sybilla de la protéger (et de protéger par la même occasion une cellule familiale qui n'a de famille que le nom), le révérend tente de récupérer l'histoire de Sybilla à son profit à la fois médiatique et financier. Il entraîne avec lui son frère avocat et tout une population opprimée. Et dans ce chaos infernal de voies discordantes, Sybilla retient la sienne, reste muette, prisonnière de son mensonge ou de sa vérité, parce qu'aucun des deux ne lui appartient plus.

La privation qui est faite à Sybilla de sa propre douleur n'est qu'un viol supplémentaire de Sybilla. Offerte en sacrifice pour les causes qui voudront la récupérer, Sybilla est une poupée de chiffons qu'on se balance de main en main, sans se soucier qu'elle tombe par terre, qu'elle s'abîme petit à petit, qu'elle perde de son humanité et devienne transparente à force de silences forcés, jusqu'à choisir elle-même une autre forme de silence.

La distance qu'elle marque de plus en plus avec sa propre histoire est accentuée par la répétition par l'auteur de ce leitmotiv que j'ai déjà repris en début de billet. Cette stance répétitive et syncopée « kidnappée, battue, violée et abandonnée à la mort » revient invariablement comme pour inscrire une distance supplémentaire entre le drame et sa victime et surtout entre le drame et les lecteurs : cette répétition instaure un doute dans l'esprit du lecteur tant elle semble factice et forcée.

Il est aussi intéressant de voir comment Joyce Carol Oates parle de racisme. Elle fait en sorte de rendre compte de la bilatéralité de ce racisme. Si le premier racisme sur lequel elle braque ses projecteurs est celui qui a a priori abouti au drame qui frappe Sybilla, celui des blancs (incluant toutes les communautés autres que la communauté noire et englobe donc aussi bien les communautés hispaniques ou asiatiques) à l'encontre des noirs, la figure du révérend Marus Mudrick équilibre le roman en montrant une violence et un rejet tout aussi puissant par certains afro-américains des blancs.

Lien : http://wp.me/p2X8E2-JV
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Assez déçue par ce livre que j'ai trouvé confus et répétitif. On ne sort pas de la tragédie, qui est décrite maintes fois sans aucune valeur ajoutée si ce n'est celle d'alourdir l'oeuvre.
Des passages historiques sont intéressants mais pas assez organisés pour que cela dissipe la confusion ressentie , et la longueur de l'histoire.
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Étroitement lié à "Eux", un précédent roman de Joyce Carol Oates publié en 1969, Sacrifice s'inspire d'un fait divers ayant secoué les États-Unis 20 ans après les "désordres raciaux urbains" de Détroit en 1967.

En octobre 1987 à Pascayne, une ville sinistrée du New Jersey, une jeune fille noire est retrouvée dans une usine désaffectée, ligotée, battue, violée et abandonnée à la mort. Elle accuse des flics blancs d'être à l'origine de cette barbarie. Si elle est dans un premier temps contenue par le fait que la famille semble vouloir faire profil bas, "l'affaire Sybilla" atteint son apogée lorsqu'elle est récupérée
par deux frères qui, sous couvert de la lutte pour les droits civiques, se font un devoir d'haranguer les foules et d'exacerber sans aucun scrupule les tensions raciales.

En alternant fréquemment les points de vue, JCO éclaire différents aspects de l'affaire, semblant dans un premier temps vouloir démêler le vrai du faux avant de délaisser la recherche de la vérité pour se concentrer sur le contexte plus large dans lequel s'inscrit ce crime et sur la manière dont ce dernier sera instrumentalisé. Car instrumentalisation il y aura. La vérité, au final, importe peu. JCO s'attache ainsi à montrer comment, dans une société profondément gangrenée par les questions raciales, la politique et la religion sont utilisées pour justifier les pires bassesses.

En bref: lecture percutante et dérangeante. Elle interpelle, interroge et pousse à la réflexion. À lire.
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1987. A Pascayne, une ville du New-Jersey touchée par le chômage, Ednetta Frye dans son quartier pauvre de Red Rock cherche sa fille Sybilla âgée de quatorze ans disparue depuis trois jours. Maculée d'excréments et avec des inscriptions racistes marquées sur poitrine, elle est retrouvée grâce à ses gémissements dans une usine désaffectée. " Elle avait été abandonnée à la mort. Elle avait été battue, violée et abandonnée à la mort. Elle avait été ligotée comme un animal, battue, violée et abandonnée à la mort. Une enfant, une jeune fille noire. " A l'hôpital, Ednetta refuse que l'on prévienne la police qui viendra pourtant. Et quand la police arrive, Sybilla se mure dans un silence alors que que amère veut qu'elles partent au plus vite. Sybilla écrit juste quelques mots accusant des policiers blancs. Sans qu'aucun examen médical n'ait été effectué, la mère et la fille quittent l'hôpital.

Très vite, ce qui est arrivé à l'adolescente se propage dans la communauté noire de la ville. La méfiance vis à vis de la police est très présente et les tensions existantes sont exacerbées. Sybilla ne porte pas plainte et sa mère refuse que toute personne (service sociaux, police, associations) entre en contact avec sa fille.
L'affaire parvient à un pasteur noir Marus Mudrick. Pour lui, c'est l'occasion de porter haut et fort ses messages contre les blancs. Avec son frère avocat militant pour les droits civiques, il promet à Ednetta de s'occuper de tout et se frotte par avance les mains. Car il est loin d'oublier ses propres intérêts fondés sur l'ambition et l'orgueil.

Roman choral où Sybilla, sa mère, le pasteur, l'avocat mais aussi la policière venue à l'hôpital, le beau–père de Sybilla, tous prennent la parole à tour de rôle de rôle au fur et à mesure que l'histoire progresse.
Beaucoup de zones d'ombre apparaissent très rapidement semant le doute chez le lecteur.
Entre manipulations, récupérations religieuses et profiteurs avides, personne n'est tout blanc ou tout noir. Joyce Carol Oates expose les faits sans prendre parti.
Et même si ce roman se déroule en 1987, certaines scènes et comportements décrits font encore parlés d'eux de nos jours.
Ce roman dérangeant interpelle sur les questions identitaires (toujours d'actualité) de la société américaine.

Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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S'inspirant d'un fait divers réel, l'auteure décrit et dénonce les lignes de faille d'une société toujours troublée par la question de la race .1987, dans un quartier noir délabré d'une ville du New Jersey, une mère cherche partout sa fille, Sybilla, disparue depuis trois jours. L'adolescente sera retrouvée, ligotée, le corps barbouillé d'excréments et d'injures racistes, dans les sous-sols d'une vieille usine abandonnée. Emmenée aux urgences, elle accuse des « flics blancs » de l'avoir enlevée, battue et violée. Ce terrible acte de violence choque profondément sa communauté, où personne ne fait confiance à la police blanche. Un pasteur noir et son frère, avocat militant des droits civiques, récupèrent l'affaire qu'ils exploitent au mieux de leurs intérêts. En fait la vérité reste en suspend. La fille, soutenue par sa mère dissimule la réalité, car le beau père, violent, ayant déjà tué sa première épouse, semble bien impliqué dans la rouste donnée à sa belle-fille. Au lecteur de se faire son opinion. le texte brosse un climat oppressant entre le pouvoir de la police ; les médias et le sensationnalisme ; la victime supposée et le désir de justice ; la religion, le racisme et les droits civiques. Ce roman est avant tout l'histoire d'une manipulation sournoise où le racisme est instrumentalisé pour des raisons pas toujours nobles. La vérité ne compte plus car une croisade est lancée : c'est l'heure pour les Noirs de faire payer leurs crimes aux Blancs. Peu importe les moyens, peu importe les victimes, seuls comptent le pouvoir et l'argent. Un véritable imbroglio où la justice peine à être appropriée au délit commis.


Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Octobre 1987. Dans un quartier noir délabré du New Jersey, implanté d'usines polluantes, Sybilla, une adolescente noire est découverte dans la cave d'une usine désaffectée, dans un état lamentable, ligotée, dénudée, le corps couvert de boue et d'excréments de chien et d'injures racistes, gémissante. Battue, violée et abandonnée à la mort. Sa mère, Ednetta Frye, la cherchait avec angoisse depuis deux jours, les yeux fous, hagards. Lorsque Sybilla est conduite aux urgences, elle accuse des flics blancs de l'avoir mise dans cet état. Peu à peu, l'histoire se répand dans le quartier comme une traînée de poudre. Faut-il la croire ? Où est la vérité ?

Les voix autour de cette affaire se succèdent au fil des pages ; l'affaire secoue la communauté noire et exacerbe les tensions raciales. Après avoir été boycottée par les médias, elle est reprise au compte d'un pasteur – un peu trop – charismatique et de son frère, avocat des droits civiques. Entre indifférence des médias, sensationnalisme et manipulations, mère et fille se retrouvent prises au piège…

On retrouve le style incroyable de Oates. Je suis toujours éblouie devant une telle maîtrise de l'intrigue, de la narration. L'écriture est brute, elle incarne la violence de cette histoire, nous permettant de nous glisser dans la peau de chaque personnage.

Un roman qui met en relief avec talent les conflits raciaux, la haine raciale toujours exacerbée à la fin des années 80 dans la société américaine. On a du mal à croire qu'une telle animosité puisse exister encore à cette époque. Joyce Carol Oates excelle encore une fois dans les portraits psychologiques de ses personnages, la description de l'atmosphère de ce quartier pauvre, où les spectres des émeutes de 1967 et de la loi martiale rôdent à chaque coin de rue.
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le "first" que je lis et l'appât à fonctionner : j'ai accroché sévère. Ce qui me plait surtout, c'est cette écriture très féminine, très classe nous décrivant les déchets de l'âme humaine et de la société. Alors bien sûr, dans ce livre, il y a la condition des noirs, les ghettos, les abus des flics... blancs. Mais pour moi, l'argument principal est que la soif de pouvoir n'a pas de couleur. Blanc, noir, chacun à sa modeste place sur l'échelle social est prêt à tout pour étancher cette soif. Bref, j'ai aimé.
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